jeudi 4 octobre 2012

La pyramide sociale, la crise et les riches

La spoliation ne saurait être épargnée aux riches, puisqu'ils sont sommairement réputés l'avoir exercée eux-mêmes pour être devenus ce qu'ils sont. Et s'il est possible de s'enrichir honnêtement, ceux qui se trouvent dans ce cas ont la malchance d'être contaminés et de dégager cette odeur de soufre qui répugne à certains au point de vouloir la mort de ceux qui en sont porteurs.


En attendant, l'argent qui manque dans les caisses de l'État n'ayant quant à lui pas d'odeur, il s'agit d'aller le prendre là où il est. Dès lors chacun s'accorde sur le fait qu'exiger avec ou sans spoliation, la contribution des plus riches à l'effort de la nation, proportionnellement à leur fortune, demeure le seul moyen du redressement, quand la crise sévit et que cette même nation se refuse à commencer par faire des économies. Le seul fait qu'ils détiennent l'essentiel de la richesse justifie, à la manière d'une lapalissade, que la pression fiscale exercée à l'endroit des plus riches soit ainsi proportionnée, par rapport à l'effort supplémentaire demandé aux autres catégories sociales.



Il importe toutefois de ne pas tuer la poule aux œufs d'or et d'avoir conscience qu'à partir d'un certain niveau de prélèvement, le remède est pire que le mal – ceci étant valable autant pour la richesse immatérielle que matérielle.



La France, plus que toute autre nation peut-être, a connu au cours de son histoire, plusieurs époques durant lesquelles des pans entiers de sa société, peuplés des individus les plus utiles à son développement, persécutés pour des raisons notamment politiques et religieuses, l'ont quittée pour aller se réfugier à l'étranger, dans des pays qui ont su profiter de l'aubaine. Qu'il s'agisse de protestants chassés à plusieurs reprises par l'intolérance religieuse, d'aristocrates chassés par les révolutions, d'entrepreneurs découragés administrativement ou fiscalement , le plus souvent au nom d'un protectionnisme aveugle, ils sont l'exemple dont devrait tenir compte le pouvoir. L'inefficacité comme le coût et les conséquences en termes d'évasion  (pas seulement fiscale) de précieuses ressources, des mesures coercitives prises à leur encontre ont été largement démontrés.



La richesse profite à tous et il n'est pas de pire situation que celle conduisant irrémédiablement à l'appauvrissement généralisé d'une société. Sa structure pyramidale est incontournable, quel qu'en soit le régime politique. Il existe des riches sous tous les pouvoirs, le désir de le devenir relevant d'une volonté strictement individuelle qu'il faut se garder de décourager, sauf à se condamner à une paupérisation généralisée, au détriment premier des classes les plus défavorisées. Nul besoin d'avoir l'esprit libéral pour savoir que la culture pas davantage que la satisfaction d'un sentiment égalitariste ne saurait priver ceux qui ont envie de devenir riches de s'y exercer, la première condition de leur réussite étant précisément de la vouloir, quelles que soient les difficultés leur étant opposées. Tous les individus ne sont pas sujets à l'envie d'être riches, mais la réussite de ceux qui en ont envie profite à tous, quand bien même ce serait d'abord à eux en premier lieu. Et la croissance démographique incontrôlée apparaît là encore comme la source d'une situation dans laquelle la prolifération des plus malheureux nécessite le recours à un partage des plus problématiques qui ne manquera pas de provoquer des réactions préjudiciables aux ressources de la société dans l'immédiat et à ses forces vives à plus long terme.
Le livre La pyramide sociale - Monstrueux défi