vendredi 12 octobre 2012

Pyramide sociale et pyramide des âges

Traitant chacune d'un sujet bien différent – ce qui pourrait expliquer la discrétion des démographes à propos de sociologie et réciproquement –, une comparaison des deux représentations que sont la pyramide sociale et la pyramide des âges a-t-elle un sens ?

En principe sans effet sur la répartition en niveaux de richesse qui structure la pyramide sociale – sauf à y trouver les raisons pour lesquelles les vieux riches sont plus nombreux que les jeunes –, la pyramide des âges peut-elle faire l'objet d'une tentative de rapprochement avec la pyramide sociale, sachant que le volume de l'une et de l'autre sont en permanence représentatifs de la même population, tant en nature qu'en nombre ? Ceci en marge d’éventuelles études déjà effectuées à ce sujet.

Même si une tentative d'enrichissement de la pyramide sociale à partir de données issues de la pyramide des âges risque ne mener qu'à des extrapolations trop hasardeuses pour être non seulement utiles mais sensées, il est dans le rôle de Candide de la tenter, C'est ainsi qu'il peut observer, en prenant pour base de réflexion la pyramide des âges proposée par l'ONU (fig ci-après) :



- Qu’en 1950 la forme générale de la pyramide des âges se rapproche de celle de la pyramide sociale. Puisque la population de l'une est identique à celle de l'autre, il est tentant d'imaginer que cette similitude puisse être autre chose qu'une simple coïncidence. Ne serait-ce pas l'un des signes que les limites démographiques de l'espèce, ou un point d'équilibre entre le nombre et sa richesse et/ou ses ressources, ont été atteints ? La représentation de la société de l'époque – qui est celle des 30 glorieuses – fait en effet état d’écarts de richesses qui n'ont cessé depuis de croître pour atteindre la démesure, en même temps que le nombre d'êtres humains occupant la planète tend vers les dix milliards.

- Qu’en 2010 La base de la pyramide gonfle, du fait d'une croissance démographique naturellement influencée en premier lieu par les tranches d'âge les plus jeunes. Son élancement se tasse corrélativement, en coïncidence avec une relative réduction des écarts de richesse (mise à part la démesure circonscrite à l'extrême sommet de la pyramide sociale évoquée ci-dessus). Pouvant résulter de la lutte contre la pauvreté, sérieusement renforcée durant la seconde moitié du XXème s., et d’une mondialisation dont l'un des effets incontestables est d'améliorer la diffusion du progrès, celui-ci profitant aussi, contrairement aux idées reçues, aux classes sociales occupant la base de la pyramide sociale.

- Que concernant les projections de population aux horizon 2050 et 2100, le tassement s'accentue sous l’effet de la montée des classes d'âge, ce qui confère sa forme particulière à la pyramide des âges. Compte tenu de la structure générale inéluctable de la pyramide sociale, les représentants de ces tranches d'âge ne pourront que participer à l'atrophie de sa base, quelle que soit la réduction relative de la pauvreté ayant pu être obtenue d'ici là.

Les prévisions de l'accroissement de population propre aux pays en voie de développement (notamment avec une augmentation prévue de plus de 2 milliards et demi pour le seul continent africain) impliquent le renvoi vers la base de la pyramide sociale des populations concernées. Le tassement relatif de celle-ci, tel qu’il en résulte, indique tout à la fois une réduction (relative elle aussi) des écarts de richesse et une paupérisation de la société dans son ensemble (élargissement de la base d’une pyramide sociale perdant en hauteur).

L'allongement de la durée de vie étant une conséquence directe du progrès bénéficiant à tous (même si individuellement cela a lieu dans une mesure variant avec le niveau de richesse) et ce progrès ayant été particulièrement marqué durant le XXème s., il peut être raisonnablement escompté que la tendance perdure pendant le XXIème.

Il est intéressant de noter l'atrophie de la pyramide des âges se déplaçant vers le haut. Ceci implique qu'à terme le nombre des individus inactifs en raison de leur âge devrait proportionnellement participer au gonflement de la base de la pyramide sociale, même si l'espérance de vie est supérieure pour ceux qui en occupent le haut. Autrement dit, leur vieillissement devrait, dans les décennies qui viennent, s'ajouter à leur nombre pour aggraver le sort des plus déshérités. Ceux dont la misère abrégeait les souffrances, ne sont-ils pas ainsi assurés d’être plus nombreux à connaître celles-ci un peu plus longtemps, du fait d’une promesse de vie plus longue ?

Une réelle prise en considération de la démographie et son contrôle s’imposent donc, non seulement en raison du nombre mais de l’évolution de l’âge moyen des individus, ce qu’exprime d’ailleurs l'angoisse de certaines nations au spectacle de de leur propre vieillissement.