vendredi 3 juillet 2020

Croissance ? No-croissance ? ou décroissance ?

Alors que le verdissement teinté de rose des municipalités constitue ce qui pourrait être une extension des débats de la Convention citoyenne sur le climat et de la réponse donnée à ses conclusions par le Président de la république, il aura fallu attendre l’entrée dans le XXIe siècle pour que les Français semblent enfin prendre conscience des conséquences de leur excès de prédation.  


À noter toutefois au sujet des municipales, un abstentionnisme et une politisation qui en relativisent les résultats, quelle que soit la nécessité d’y croire comme à une réponse tardive aux avertissements si souvent qualifiés de fantaisistes ou abusivement pessimistes d’experts se heurtant à la cécité de l’opinion, leaders en tête. C’est ainsi que perdure le tabou dont est frappée la dimension pourtant prépondérante de la démographique humaine mondiale et ses retombées sur tous les pays, dont la France.

Sans entrer dans le détail d’orientations et de politiques dont la diversité et les divergences promettent autant de problèmes que de retards qui pourront s’avérer fatals, trois grandes tendances se partageront le paysage politique français. Non dénuées d’arrière-pensées idéologiques, elles réclament le maintien de la croissance, son gel, ou contradictoirement la décroissance. Or, ni l’une ni l’autre de ces options ne sera praticable, précisément parce qu’elles sont toutes trois dépourvues de leur dimension démographique, voire humaine.

Négliger cette dimension, est en effet ignorer que le progrès dont profitent et est porteuses la croissance comme son gel, est ce qui distingue l’humanité des autres espèces animales. C’est par le progrès qu’elle a amélioré sans cesse sa condition, jusqu’à la démesure. Et ce n’est pas le déplacement des êtres humains vers d’autres planètes, ou le transport en sens inverse des matières premières qui commencent à leur manquer qui y changeront quoi que ce soit, le coût de tels voyages en réservant le bénéfice à une infime minorité de Terriens.

L’histoire de l’humanité est, avant toute autre considération, celle du binôme économie-population, celle-ci conditionnant celle-là et non le contraire, ce que les écologistes comme la plupart des économistes semblent ignorer. C’est l’accroissement de l’effectif humain qui est nécessaire et autorise le développement économique, dans une relation indissociable et au détriment d’un environnement dont les ressources peuvent être supposées inépuisables tant qu’elles restent inconnues ou à inventer, donc non chiffrables. Mais il n’en est pas de même des déchets de cette relation, du fait d’une augmentation incessante du nombre de consommateurs-producteurs-pollueurs, en attendant les déchets de ces déchets. Ceux-ci continueront de détruire tout ce qui est indispensable à la vie sur Terre, de l’eau à l’air, en raison des besoins que chaque être humain supplémentaire augmente et sait si bien se créer pour faire tourner ses industries.

La transition démographique est telle qu’après que la population humaine mondiale ait crue, en moyenne, d’environ 10 500 individus quotidiennement depuis le début de notre ère – selon un calcul à la portée du premier venu –, ce chiffre sera, selon hypothèses haute ou basse des projections de l’ONU, de l’ordre de 125 000 à plus de 300 000 dans moins d’un siècle, après 250 000 en l’an 2 030.

La question prioritaire qui se pose aujourd’hui est en conséquence : Vaut-il mieux le progrès et un bien-être inégal pour 3 ou 4 milliards d’humains pratiquant une écologie dénataliste, dans le respect de leur environnement social et environnemental, ou une indigence égalitariste et le saccage de la planète, par bientôt 11 à 16 milliards de super-prédateurs continuant de proliférer dans la frustration du plus grand nombre d'entre eux et ses conséquences mortifères ?

L’équilibre social y trouverait son compte, puisque le nombre de pauvres serait le premier impacté. En effet, pour des raisons structurelles devant tout au caractère incontournablement pyramidal de notre société, sur 100 humains qui naissent, 86 vont grossir les rangs des “pauvres”, pour 14 qui vont rejoindre ceux des “riches”
Quant à ceux qui y trouveraient à redire, au prétexte que les pauvres seraient précisément les plus concernés, dans leur nombre faute de pouvoir l’être dans leur proportion, au nom de quoi contestent-ils qu’une société comportant des pauvres moins nombreux ne soit pas préférable à celle dans laquelle ils le sont toujours plus à se plaindre de souffrir au service des riches, dont les effectifs seraient au demeurant eux aussi réduits, au prorata de leur représentation dans la pyramide sociale.

À noter pour conclure, qu’une écologie dénataliste, acceptée et pour cela enseignée intensivement et d’urgence, partout dans le monde, garantirait l’éthique d’une telle démarche, à laquelle une augmentation quotidienne de la population de 220 000 individus ne peut être que contraire.