« Étude des conditions d’existence et des comportements des êtres vivants en fonction de l’équilibre biologique et de la survie des espèces »(cf. TLF, Trésor de la langue française), l’écologie ne peut être inféodée à des pouvoirs qui s’en prétendent les garants, quelles que soient les croyances et les idéologies qui les motivent. Science de la Terre, l’écologie intéresse tout ce qui peuple celle-ci, les hommes constituant l’espèce seule responsable des dommages infligés à un habitat commun, par leur vanité, leur imprévoyante et leurs abus en tous genres, à commencer par leur nombre. Sans celui-ci, précisément, tous des pouvoirs s’effondreraient, alors qu’il est le multiplicateur d’une prédation sans autres limites que celle des ressources de la nature.
Sans en tenir compte, quel que soit son positionnement dans la pyramide sociale, l’être humain attend toujours plus de son environnement, suivant en cela l’instinct qui le porte depuis son origine à toujours améliorer sa condition, comme si cette amélioration ignorant les apports du progrès devait ne jamais être achevée. Ce besoin persistant toutefois chez un nombre croissant d’êtres humains insuffisamment touchés par le progrès, la pensée écologique y a acquis une dimension sociale. Mais l’intérêtporté par les pouvoirsaux plus déshérités, autant sinon davantage par soucide conserver le nombre sur lequel ils se fondent que par compassion, doit-ildonnerla priorité absolue au social, au point d’en brouiller, voire d’en saperles intentionsau détriment de la collectivité, sachant que l’équilibre général de celle-ci estseul à même de procurer le meilleur niveau de vie possible à ses membres ?
La stigmatisationdes pays développéspar le bréviaire del’écologie qu’est – à juste titre, grâce à d’autres argumentsplus crédibles– Notre empreinte écologique1,les accusantd’être coupables à eux seuls de la pollution mondiale est révélateur de cedévoiementet de ses conséquences, dont la principale est de faire douterchacun desa part de responsabilité.Certes, cette pollution est proportionnelle au niveau d’industrialisation de chaque pays et surtout au régime auquel est soumise leur industrie. Mais n’est-ce pas pour le moins faire preuve d’une ingénuité coupable que d’omettre que cette même industrieproduitpour satisfaire à la fois leurs propres besoins et ceux des pays pauvres, qui sans cela seraient encore plus démunis qu’ils le sont ? Si l’empreinte écologique despays riches est ce qu’elle est, ce n’est passeulement pour répondre àleur propre consommation. Leur empreinte écologique intègre celle qui résulte de la pressiondespopulationsdes pays pauvres, en constante augmentation et d’autant plusforte que se manifeste leuraspiration à profiterau plus vitedes mêmes conditions de vie que les pays riches. Il suffit, pour concevoir l’aberration d’un tel procès, d’imaginer letransfert et la répartition sur les pauvres (70 % de la population), del’excédent (?) de la richesse commune détenu par les riches (3,7 %). Il est évident que l’empreinte écologique de l’humanité ne s’en trouveraitpas modifiée d’un iota. Sans compter : 1°- que les pays riches accusés de tous les maux, le sontpour l’essentiel des moyens œuvrant à la satisfaction des besoins de tous.2°- que parmi les pays pauvres ou en voie de développement, certains sont non seulement consommateurs et utilisateurs de ces biens fabriqués ailleurs, mais les obtiennent en échange de produits bruts énergétiques hautement polluants – notamment hydrocarbures – employéspour les fabriquer. Que les uns et les autres puissent économiquement tirer profit d’un tel échange est une autre affaire, affirmant au passagele caractère indissociable de l’écologie, de l’économieet de ladémographie.
Quoi qu’il en soit, comme le rappelle le blog http://economiedurablec’esttous ensemble qu’en ce début août 2017, selon les calculs portant sur notre empreinte écologique commune, nous aurons consommé ce que la planète nous offre pour l’année entière et que nous vivrons à crédit en commençant à consommer les ressources que la Terre est en mesure de nous offrir pour en vivre l’an prochain. En d’autres termes, la surpopulation humaine est telle, qu’elle consomme par avance non seulement ce qui sera nécessaire à la satisfaction de ses besoins futurs, mais ceux des générations à venir. Et les compteurs ne sont pas remis à zéro au début de chaque période de calcul – ici l’année –, ce qui signifie que les ressources de la terre qui ne se reconstitueront pas se raréfierontd’autant plus et d’autant plus rapidement que le nombre de ceux à qui elles sont et seront indispensables pour vivre ou simplement survivre continuera d’augmenter. Sans compter la nécessité d’unrééquilibrage des besoins humains par rapport à ce qui reste à ce jour des ressources planétaires, soit par une réduction de la population, soit par celle de sa consommation, à supposer que l’espèce humaine puisse se passer d’un autre équilibre, biologique celui-là et d’ores et déjà en perdition.
Mais réjouissons-nous, la science démographique semble enfin sortir de sa réserve par la voie de l’un de ses éminents représentants, sans aller toutefois jusqu’à aborder les conséquences de la surpopulation, le partage des tâches réservant ce soinauxexperts en sociologie, économie et autres sciences dites humaines. Le tabou dont est frappé la question serait-ilen voie d’êtrelevé ? Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?ose demander Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris et chercheur associé à l’INED, dans une interview récemment publiéepar Le Pointhttp://www.lepoint.fr/tiny/1-2145872. Intéressant article à lire absolument, sans manquer de prendre connaissance d’un autre, publié comme en contrepoint par La Tribune – International, du 29 juillet 2017, signé Grégoire Normandet intitulé : Infrastructures : Des besoins d’investissements en forte expansion – Une hausse de la population entraîne des besoins d’investissements (en attendant la hausse des besoins de fonctionnement réclamant une augmentation de la population … ou des robots). Pour déterminer les besoins en investissements, l’auteur et ceux du rapport dont il s’inspire, s’appuient notamment sur les dernières projections démographiques de l’ONU qui indiquent que la population mondiale pourrait s’élever à 9,2 milliards d’habitants en 2040, selon un scénario central qui annonce 11,2 milliards d’être humains à l’orée du prochain siècle). Il pourrait donc y avoir environ 2 milliards d’habitants en plus sur terre dans seulement une trentaine d’années, et 4 milliards dans 80 ans.