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jeudi 21 décembre 2023

De la sérendipité

Mise à jour du 27/01/2024


Sérendipité, de l’anglais sérendipity = don de faire des trouvailles et par extension, d’inventer par intuition, par hasard. Selon Futura-Science : « La sérendipité est l’art ou la capacité de faire une découverte fortuite de résultats que l’on ne cherchait pas ».

Combiné avec l’intelligence, entendue comme « aptitude à franchir les limites du raisonnement sans perdre le contact avec la réalité » - Henri Laborit (1914-1995), le sens de l’observation, et l’imagination, la sérendipité peut conduire à des innovations rivalisant avec celles qui relèvent d’une approche scientifique, bien que nécessitant généralement une validation de cet ordre pour que ses effets soient acceptés par la société.

La sérendipité ne se limite pas à la découverte accidentelle, due au hasard. C’est aussi la sagacité qui permet de faire des découvertes à partir de circonstances ou de faits imprévus. Autrement dit, c’est pouvoir saisir des opportunités qui peuvent s'offrir à chacun alors qu’il ne les attendait pas ou qu'il cherchait totalement autre chose ; comprendre leur importance et en tirer des conclusions et enseignements.

« Le terme fait son apparition en français vers les années 1980, sous forme d’un anglicisme inspiré de serendipity, une notion inventée en 1754 par Horace Walpole, un collectionneur érudit, alors qu’il faisait une découverte fortuite sur des armoiries vénitiennes. Pour lui, la sérendipité signifie : faire des découvertes par accident et sagacité, de choses qu’on ne cherchait pas et qui n’ont rien à voir avec ce que l’on cherchait effectivement. Il parle également de sagacité accidentelle.

La sérendipité, motrice de découvertes scientifiques : D’abord bornée à la littérature, la notion de sérendipité s’étend à la recherche scientifique, plus précisément aux découvertes en science. Elle a été notamment étudiée par le sociologue américain Robert K. Merton – dans l’ouvrage Social Theory and Social Structure -1949 – pour qui la sérendipité consiste en l’observation de faits étonnants, qui semblent contradictoires avec les faits ou la théorie établis, suivie d’une induction (un mode de raisonnement) correcte.

La sérendipité est ainsi source de créativité dans la recherche. Les faits surprenants nourrissent la curiosité du chercheur, qui s’en servira de façon stratégique pour développer une nouvelle piste de recherche fructueuse. Ces faits lui donnent l’occasion de développer une nouvelle théorie ou d’élargir une théorie existante.

La sérendipité s’exerce couramment – et parfois abusivement – dans la recherche et l’innovation scientifique. Les exemples fréquemment cités incluent la découverte de la pénicilline ; l’invention du four à micro-ondes, de la carte à puce, etc. »

La sérendipité joue un grand rôle dans des domaines comme la politique, les art…, au point qu’il soit permis de se demander si un authentique artiste peut ne pas en être doué, pour être considéré comme tel par ceux qui sont seulement intelligents, surtout lorsque leur intelligence est proche de l’IA, c’est-à-dire dépourvue de sensibilité, comme c’est le cas de trop nombreux scientifiques ; ce qui a peut-être fait dire à Rabelais que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Selon les sources, la sérendipité est la conjugaison, dans des proportions très variables, de la connaissance, de l’expérience, de la sensibilité, de l’intelligence, de l’imagination, de l'intuition...

La sérendipité est-elle “artificialisable”, comme l’est l’intelligence » ? Dans la négative, cela ne dénoterait-il pas une faculté supérieure à l’intelligence ?

La sérendipité permet en tous cas à ceux qui en sont détenteurs, de compenser leur manque d’instruction – voire d’intelligence –, par une spontanéité contraire au formatage politique ou religieux, ou résultant de tout académisme, consistant trop souvent à transmettre des savoirs plutôt que d’enseigner à apprendre, ceci au détriment de l’imagination des apprenants, du développement de leur esprit de synthèse, et d’une confusion entre contestation, rébellion et esprit critique.

Sérendipité = faculté de voir au-delà du connu et de soi-même.

La Sérendipité ignore le formatage et favorise l'analyse, l'analogie, la synthèse.

mercredi 27 septembre 2023

Pyramidologie sociale, questions & réponses

Q.1a : La comparaison entre catégories sociales à des siècles et a fortiori à des millénaires de distance n’est-elle pas aberrante, le progrès technique et scientifique ayant considérablement changé les conditions d’existence des pauvres comme des riches ? Q.1b : Même question pour une comparaison entre pays, régions et autres collectivités, alors qu’ils peuvent présenter des différences considérables, tant en termes de population que de richesse ?

R.1a&b : Si le progrès scientifique et technique a considérablement amélioré les conditions de vie matérielle de l'humanité, richesse et pauvreté existent depuis toujours et continueront d’exister l'une par l'autre, dans une relativité intemporelle, déterminant une pyramide sociale dont le volume peut représenter par convention le peuplement. Sans riches point de pauvres et réciproquement. En conséquence, ce qui compte pour chacun, est son ressenti en tant qu'occupant d’une position dans cette pyramide sociale (à l’échelle de l'humanité ou de chacune des collectivités dont elle est faite), position devant tout aux hasards de sa naissance et à l’héritage génétique, social et culturel en découlant ; quels que soient les aléas de son existence par la suite et la compassion – spontanée ou contrainte – de ses semblables. Or, l'écart existant entre la base et le sommet de cette pyramide ne cesse pas d’augmenter, avec la population et une économie déterminée par ses besoins, vitaux et accessoires ; les inégalités sociales exprimées par cet écart ne cessant de se creuser d’autant. Et ces inégalités sont d’autant plus ressenties que si la richesse n'a pas d'autres limites que les ressources dont la tirent ceux qui la convoitent, la pauvreté à la sienne, qui est le niveau zéro de la richesse collective, coïncidant avec sa base, là où est condamnée – structurellement – à survivre la multitude des plus déshérités. Lire à ce sujet : https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2023/08/de-la-repartition-structurelle- des.html

Q.2 : Quels partis politiques, religions et courants de pensée admettent-ils les principes de la pyramidologie sociale ?

R.2 : Aucun. Soumis aux sentiments et aux émotions que nourrissent leurs croyances religieuses et les idéologies qui en tiennent lieu pour les laïcs, ils ignorent, négligent, voire nient le caractère incontournablement pyramidal de la structure sociale de l’humanité, pour incompatibilité avec à leur utopie égalitariste . C’est d’ailleurs ainsi que sans la moindre chance de triompher d’une adversité qu’il refuse de reconnaître pour ce qu’elle est, l’homme se livre depuis toujours à une lutte entre riches et pauvres n’ayant fait que démontrer ses insuffisances, sauf à usurper une amélioration de ses conditions matérielles d’existence dont il est en réalité redevable au progrès technique et scientifique.

Q.3 : La religion est-elle compatible avec la pyramidologie sociale ?

R.3 : La spiritualité – cette faculté par laquelle l’être humain tente de faire face à ses peurs et à son angoisse existentielles – lui étant aussi nécessaire que le pain et l’eau, c’est probablement moins affaire de compatibilité que de pragmatisme et d’exégèse. C’est en effet le dogmatisme religieux du monothéisme qui pose problème par son intransigeance, notamment en matière de surnatalité, suivi des effets de l’exonération profane de la loi de sélection naturelle ayant favorisé, jusqu’à la démesure, la prolifération humaine accompagnée de l’accroissement incessant de ses besoins, au détriment de son environnement.

Q.4 : Le contrôle de la natalité ne sonne-t-il pas le glas de la famille nombreuse ?

R.4 : Un taux de natalité optimisé garantissant l’équilibre entre la population humaine mondiale et son environnement étant une moyenne, la famille nombreuse peut exister, pour autant que le nombre n’aille pas jusqu’à rompre cet équilibre.

Q.5 : Ceux qui pensent que la prolifération humaine ayant mené à la surpopulation d’un environnement aux ressources limitées, et qu'en conséquence la démographie humaine doit être contrôlée et stabilisée, ne feraient-ils pas mieux de commencer par se supprimer eux-mêmes ?

R.5 : Éliminer ou inviter à s’éliminer d’eux-mêmes les porteurs d’opinions controversées, relève de l’autodafé et ne change en rien la réalité des faits et des chiffres. Sans compter que c’est en vieillissant que mûrit le savoir utile à la collectivité que chacun acquiert au cours de son existence, par l’expérience et l’étude. Encore faudrait-il d'ailleurs que ceux qui le désirent – et qui doivent être plus nombreux encore que les femmes désireuses d'interrompret leurs grossesses – aient le droit et les moyens adaptés d'y satisfaire, ce qui est loin d'être le cas, la libre disposition de sa propre vie étant frappé d'un tabou de portée au moins égal à celui concernant la dénatalité.

Quoi qu'il en soit, la surpopulation humaine est un problème collectif qui ne peut être solutionné que collectivement, par application de mesures consensuelles, expliquées et consenties.

Il est par ailleurs évident que toutes mesures susceptibles de remédier aux problèmes que pose la surpopulation humaine ne pouvant produire leur effet qu’à de dizaines d’années de distance, ceux qui en sont préoccupés ne le sont pas pour eux-mêmes mais pour les générations futures.

À noter enfin, que bien que n'étant pas une pyramide mais un rhomboïde, la représentation de l'humanité par tranches d'âge illustre une problématique elle aussi d'ordre structurel, dont les difficultés de résolution n'ont rien à envier à celles concernant les inégalités sociales, dans la même relation avec une démographie non maîtrisée.  


Q.6 : Quelle relation y a-t-il entre pyramidologie sociale et pauvreté ?

R.6 : La pyramidologie sociale démontre, par référence aux propriétés – parfaitement neutres – du polyèdre pyramidal, que richesse et pauvreté varient proportionnellement à son volume, étant admis par convention que ce volume évolue avec son peuplement.






Q.7 : Qu’est-ce que le binôme économie-population, et en quoi est-il indissociable ?

R.7 : Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’homme est un consommateur*, qui se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il est ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent économique au service de la société, dès avant sa conception jusqu'après sa mort, comme en témoignent des marchés du prénatal et du mortuaire particulièrement prospères. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – s'ajoutant à ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent, consomment, échangent et s’enrichissent aux dépens de leur habitat, avec l'aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses.



Q.8 Comment un pauvre profond peut-il compter parmi les esclaves de la société moderne, alors que son état est le plus souvent dû à l’absence du revenu qu’il devrait normalement tirer de l’emploi dont il est privé par un marché – du travail – lui étant défavorable. ?

R.8 Parce que la notion de servitude ne doit pas être réduite à celle du travail et d’un emploi. Plus encore que réduit à la servitude d’un travail, l’homme peut être par exemple esclave de l’économie, en tant que consommateur, ne serait-ce que pour satisfaire ses besoins strictement vitaux, situation aggravée par le manque de moyens précité.



...

Les curieux sont cordialement invités à poser leurs questions via le formulaire de contact situé en fin de la présente page.

jeudi 21 septembre 2023

Condition humaine et malheurs du monde

Condition humaine et malheurs du monde

« Tout être humain est avant toute autre activité ou toute autre considération un consommateur » Gaston Bouthoul (1896-1980), in Traité de sociologie, éditions Payot 1968, tome II, p.180. Et parce qu’il doit impérativement se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, il l’est depuis sa conception jusqu’après sa mort, comme en attestent les marchés du prénatal et du funéraire. Il se double ensuite d’un producteur, dès qu’il est en âge de travailler, devenant ainsi un agent économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement.

Plus le nombre de ces agents a augmenté au cours des millénaires, plus leurs besoins se sont accrus, outre ceux qu’ils se sont inventés toujours plus nombreux, plus ils ont produit, consommé ; ont échangé et se sont enrichis, avec l’aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses. Qu’il s’agisse de gestion de ressources non renouvelables comme de déchets, ou de pollution, les atteintes à l’environnement ont ainsi toujours augmenté avec la population humaine, ses besoins et leur industrie telle que nécessaire à leur satisfaction, ajoutant de la sorte aux effets des caprices d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.

Tous les malheurs du monde que l’homme a la capacité de maîtriser en découlent et sont aggravés par le caractère incontournablement pyramidal de sa société, selon lequel :

1° – Richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité. Sans riches point de pauvres et réciproquement.

2°– Les hasards de sa naissance et l’héritage génétique, social et culturel qui en résulte, assignent à chacun sa place au sein de cette pyramide sociale, quels que soient : les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite ; les effets de la compassion la plus sincère éprouvée pour les plus déshérités ; les corrections et compensations que puisse leur offrir la société.

3° – Pour des raisons purement structurelles, toujours liées au caractère pyramidal de toute société fondée sur l’interdépendance hiérarchisée de ses membres, comme l’est celle de l’humanité, les pauvres s’y multiplient à une cadence qui est moyennement 6 fois celle des riches.

C’est dans ces conditions, que sous la pression des centaines de milliers d’êtres humains qui viennent de nos jours s’ajouter quotidiennement à leur population mondiale, leur pyramide sociale s’atrophie toujours plus et que son sommet s’éloignant incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusent inéluctablement d’autant.

Or les êtres humains, en dépit de la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes – à moins que ce soit précisément pour cette raison – prêtent peu attention à ces réalités. Sous l’emprise croissante de sentiments et d’émotions que leur dictent d’obscures peurs ataviques et une angoisse existentielle augmentant avec le nombre et les difficultés de gouvernance qui en découlent, ils préfèrent, à l’observation de faits et chiffres incontestables, les dogmes lénifiants de croyances religieuses fondées sur le mystère et les certitudes de doctrines politiques et sociales qui en tiennent lieu pour les laïcs. Ceci d’autant que depuis qu’ils existent, certains d’entre eux ont compris les avantages qu’ils pouvaient tirer, de cette spiritualité – faculté par laquelle chacun tente de s’expliquer ce qui lui est inaccessible et que seule une patiente démarche rationnelle semble en mesure de révéler.

Des pouvoirs se sont ainsi établis, dans une concurrence privilégiant le nombre de leurs adeptes sur leur bien-être ici et maintenant. Et ces pouvoirs ne cessent eux-mêmes de croître et de se multiplier pour faire face à des désordres naturels aggravés par les exigences d’une espèce humaine dont la prolifération, proportionnelle à ses progrès matériels, s’est retournée contre elle.


https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/01/du-binome-economie-population.html


samedi 26 mars 2022

“Réveillez-vous” - Réponse à Edgar Morin

Je ne suis pas comme Edgar Morin un intellectuel, ni n'en possède le non moins glorieux passé de patriote résistant, mais il se trouve que j'ai néanmoins 39/45 et me souviens de cet exode lamentable, qui est aujourd'hui celui de millions d'Ukrainiens – et de tant d'autres populations dans le monde – . Aussi, m'autorisant d'un âge proche du sien, je refuse sa vision, en cela qu'il la qualifie de "subie", alors qu'elle n'est pas celle d'un somnanbule – par définition irresponsable –, mais d'un utopiste trop crédule trop conformiste et trop aveugle pour voir les réalités de la condition humaine pour ce qu'elle sont. Or quelles sont ces réalités ?

Ici et maintenant, parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’être humain plus que tout autre est un consommateur. Et il l’est depuis sa conception jusqu’après sa mort, se doublant d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler (comme en estteste la prospérité des marchés du prénatal et du funéraire). Il est ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement sous toutes ses formes. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent, consomment, échangent et s’enrichissent, avec l’aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses.

Qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, de déchets ou de pollution, le saccage de la planète Terre augmentent d’autant et s’ajoute aux caprices d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

Tous les malheurs du monde, que l’homme a la capacité de maîtriser, en découlent et sont aggravés par le caractère incontournablement pyramidal de la société, dû au fait que richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité – sans riches point de pauvres et réciproquement –, et que les hasards de sa naissance assignent à chacun sa place au sein de cette pyramide sociale, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite et jusqu’à sa mort. Outre le fait qu'en raison de ce caractère pyramidal de notre structure sociale, les pauvres s’y multiplient à une cadence qui est plusieurs fois celle des riches. C’est dans ces conditions, que sous la pression de 220 000 êtres humains qui viennent à notre époque s’ajouter quotidiennement à la population mondiale, la pyramide sociale s’atrophie toujours plus et que son sommet s’éloignant incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusent inéluctablement d’autant.

http://economiedurable.over-blog.com/2022/01/surpopulation-toujours-d-actualite.html

Sous l’emprise croissante de la dictature de ses sentiments et de ses émotions, l’homme prête de moins en moins attention à la réalité. Il préfère, à des faits et chiffres incontestables, les dogmes de croyances religieuses et les certitudes de doctrines politiques et sociales – et désormais écologiques – qui en tiennent lieu pour les laïcs. De tous temps les êtres humains ont compris ce qu’ils pouvaient tirer de la crédulité de leurs semblables ; cette faculté dont ils ont su se doter pour calmer leurs angoisses existentielles et tenter de s’expliquer ce qui leur est inaccessible, et que seule une patiente démarche scientifique semble susceptible de révéler. Des pouvoirs se sont ainsi établis – comme est en train de le faire le pouvoir écologique –, pour le meilleur et pour le pire, sur des croyances codifiées, dans une concurrence privilégiant le nombre de leurs adeptes sur leur bien-être ici et maintenant.

Et ces pouvoirs ne cessent eux-mêmes de croître et de se multiplier sous l’influence de désordres naturels aggravés par ceux qui résultent des exigences d’une espèce humaine dont la prolifération, proportionnelle à ses progrès matériels, se retourne contre elle.

samedi 10 juillet 2021

À quand l'explosion de la pyramide sociale international(ist)e ?

 Rappel - Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles autant que chiffrées étayant le raisonnement qu'ils illustrent, sont néanmoins empruntés à des disciplines scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références notamment démographiques, sociologiques, statistiques...


Des effets biologiques et sociaux de la surpopulation humaine

À commencer par l’auteur de ces lignes, qui se consacre pourtant à l'étude du sujet depuis de très nombreuses années, malthusiens ou anti-malthusiens, dénatalistes comme surnatalistes ; tous ceux qui considèrent que la planète Terre est trop peuplée ou pourrait l’être davantage, se trompent moins qu’ils commettent une grave confusion. Et quand ils disent que la planète ; que tels continents, régions du monde, nations, villes ou campagnes, sont ou non surpeuplées, cette confusion est double, en raison d’un amalgame ne distinguant pas les aspects biologiques et sociaux de la question.

Si l’humanité a usé et abusé de bien des ressources de son habitat, au point de le saccager et d’en bouleverser irrémédiablement certains grands équilibres, mettant ainsi en danger, voire en hâtant la disparition de nombreuses espèces au demeurant promises à cette disparition du simple fait que toute vie a tôt ou tard une fin, le problème se pose en d’autres termes concernant la société des êtres humains.

Dans ce cas, c’est la pyramide sociale qui est mise en danger de véritable explosion, par son hypertrophie, telle qu'elle résulte de la croissance exponentielle de l’indissociable binôme économie/population qui en détermine le volume et les proportions. De même pour l’échelle de la richesse collective pouvant lui être associée parce que s’élevant avec elle, quelles que soient la nature et les conditions du partage de cette richesse.

L’hypertrophie de la pyramide sociale aboutit alors à une telle distanciation de son sommet par rapport à sa base – et inversement –, que cet écart devient d’autant plus intolérable qu’est élevé le nombre des occupants de cette base, comparé à celui des nantis occupant son sommet, sachant que pour des raisons purement et irrémédiablement structurelles, ceux qui occupent la base de la pyramide sociale se multiplient davantage que ceux qui en occupent le sommet. Sans compter le chômage et son corollaire qu’est la misère, en raison d’une multiplication de la population plus rapide que celle des emplois lui étant fournis, ces derniers étant par ailleurs détruits par le progrès scientifique et technique, dans ses récentes manifestations.







Comment contrer le risque d’explosion de la pyramide sociale ?

En instaurant, alors que la richesse collective de la société existe encore, et tant que les conditions de vie su Terre le permettet, un revenu universel minimum et inconditionnel (RUMI), autorisé autant que rendu indispensable par les nouvelles technologies.


https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2019/09/inegalites-sociales-et-revenu-universel.html

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2019/03/revenu-universel-et-lutte-des-classes.html

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2021/05/lettre-ouverte-aux-partisans-de.html


Lire aussi :

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/01/du-binome-economie-population.html

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

Ainsi qu'à l'intention de celles et ceux dont la colère aggrave les maux dont ils se plaignent :        La grande illusion, ou https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2022/12/quand-les-robots-supprimeront-lesclavage.html


vendredi 5 juillet 2019

Raccourcis (Suite N° 3)

— Encourager la prolifération humaine, c'est vouer l'espèce à la paupérisation et à la barbarie, dans l'épuisement de son environnement terrestre ; toute résilience étant naturellement limitée par ses ressources et ses coûts, humains comme matériels.
—  Ce sont les êtres humains – encouragés à proliférer par ceux qui les dirigent – qui par leur nombre, leurs besoins et leurs activités, engraissent le veau d’or, quelles que soient les inégalités sociales qui en découlent et les dommages en résultant pour l’environnement.
—  La richesse, en tout, se définit par son contraire qu'est la pauvreté, sachant que les fondamentaux de la condition humaine se réduisent aux hasards de notre naissance et de l’héritage génétique et social de chacun, quels que soient les aléas de son parcours durant son existence.
— Juin 2019 : Le Département des Affaires Économiques et Sociales de l'ONU nous informe que la population humaine mondiale est proche des 8 milliards, pour 7 milliards il y a moins de 20 ans, et de 9 à 13 milliards en 2100 (hypothèse basse : 9,424 - hypothèse médiane : 10,875 - hypothèse haute 12,662 milliards).
— Tous ceux qui prônent et ont prôné sans discernement la prolifération humaine, sont responsables du plus grand crime dont aient jamais été victimes l’humanité et la planète qui l’abrite. Et les religions ne sont pas seules concernées ; le pouvoir politique est en cause, de même que tous des pouvoirs subalternes, les uns et les autres étant motivés par leur désir de toujours devenir plus puissants par le nombre de ceux qui les nourrissent. Qu'il s'agisse de fidèles, de sujets, d'électeurs, etc., tous contribuent d'autant plus à l'épuisement de ressources et d'un environnement limité, qu'ils sont nombreux.
 Nous allons dans le mur, faute de maîtriser le binôme économie-population, alors qu’il suffirait (non sans difficultés, mais l’éducation aidant) d’une dénatalité accélérée pour offrir à l’humanité quelques siècles de sursis, et qui sait ...

dimanche 30 juin 2019

Dictature des sentiments et Techno-optimisme

Davantage encore que du “techno-optimisme”, méfions-nous de la “dictature des sentiments” dont il est le sous-produit.

Nicholas Phillips est l’auteur de l’article dont la traduction par Peggy Sastre, telle que reprise ci-après, a été publiée le 29/06/2019 par Le Point.fr. Chercheur associé à l’Heterodox Academy, il vit à New York. et est aussi étudiant en droit et écrivain. Twitter @nicholas_c_p. Cet article, d'un intérêt exceptionnel dans le contexte planétaire actuel, a originalement été publié par “Quillette” le 6 juin 2019.


« Dans les années 1850, lorsque le télégraphe révolutionnait les communications, Henry David Thoreau y allait de son mépris. « Nous n’avons de cesse que nous n’ayons construit un télégraphe magnétique du Maine au Texas, écrivait-il dans Walden ou la vie dans les bois, mais il se peut que le Maine et le Texas n’aient rien d’important à se communiquer. » Si Thoreau avait tort, son scepticisme vis-à-vis d’une invention en fin de compte bénéfique est une réaction fréquente au changement, tant dans le passé que dans le présent.

On trouve une fascinante collection de ces réactions dans un podcast, Pessimists Archive, dont les épisodes cataloguent les peurs injustifiées suscitées par des innovations comme le téléphone (accusé de nuire à la vie sociale), le vélo (accusé de divers troubles médicaux) et le roman (accusé de corrompre la jeunesse). Dans le podcast, ces réactions excessives sont présentées comme des avertissements envers les aporétiques de la Silicon Valley et son message passionne certaines célébrités. Selon Steven Pinker, le podcast serait ainsi « inestimable dans sa mise en perspective historique des paniques morales technologiques actuelles ».

La mise en perspective est toujours précieuse. Mais je crains que Pessimists Archive et ses fans n’en viennent à un argument plus spécieux : parce que, dans le passé, des peurs étaient injustifiées, alors celle du présent le sont aussi. Si le téléphone, la bicyclette et le roman sont aujourd’hui intégrés dans nos vies, alors [l’intégration] de l’intelligence artificielle, des voitures autonomes et [de] la robotisation couleront aussi de source. Les producteurs du podcast en font la démonstration dans leur tout premier épisode, qui leur tient lieu de manifeste : nous savons tous quel a été le destin du téléphone, du vélo et du roman. Nous les adorons. Les peurs qu’ils ont suscitées étaient absurdes. Alors posons-nous la question : pourquoi recommencer  ? Pourquoi se dit-on toujours : « Non, cette fois c’est différent, nous sommes réellement en danger. » Pourquoi ne pas faire confiance à notre propre histoire  ?

La recette de l’égarement.
On retrouve ici une foi techno-futuriste très en vogue où la nouveauté serait tout le temps et toujours synonyme de progrès destiné à triompher du conservatisme. Comme si l’arc de l’histoire tendait forcément vers la disruption et que nos propres craintes face aux technologies transformatrices allaient un jour paraître aussi irrémédiablement ridicules que celle d’un Thoreau conspuant le télégraphe. Telle est la véritable valeur de Pessimists Archive : révéler comment l’optimisme technologique n’est pas grand-chose d’autre qu’un sophisme, dont la fausseté a de quoi fasciner.

« Faire confiance à notre propre histoire » signifie prendre le passé comme référence pour savoir ce qu’il en sera de notre futur. Soit la recette de l’égarement. Pour prévoir le futur, la seule chose sur laquelle on pourrait sans doute compter est l’émergence d’événements inédits et imprévisibles allant à l’encontre de toutes les tendances connues. En 2008, à la veille de la crise des subprimes, aucun modèle de prédiction de l’évolution des prix ne prévoyait leur effondrement – pour la simple et bonne raison qu’un tel effondrement n’était jamais survenu. Les données de prix étaient historiques et l’extrapolation de cette histoire dans le futur nous a fait ignorer l’éventualité d’un événement anhistorique. Ou, pour reprendre la formule de Pessimists Archive, le « cette fois, c’est différent » est toujours possible.

Sauf que les techno-optimistes vont encore plus loin : ils se fondent sur le destin d’une innovation pour prédire celui d’une autre et dire qu’il sera totalement différent. Ce qui fait passer le raisonnement d’imparfait à absurde. Par exemple, lorsque les techno – optimistes comparent l’angoisse face aux voitures autonomes aux récriminations du secteur des calèches à cheval lors de l’avènement de l’automobile, ils ignorent que les voitures autonomes posent des problèmes radicalement différents de ceux des automobiles en leur temps. Les voitures autonomes sont en passe de recueillir d’immenses quantités de données personnelles sur les habitudes de leurs passagers, et leur structure en réseau crée de sérieux risques pour la sécurité nationale. En quoi les succès des premières automobiles au début du XXe siècle pourraient-ils être d’une quelconque pertinence ?

Les humains débordent de mauvaises idées
Selon le philosophe politique Gerald Gaus, moins il existe de précédents pour le fonctionnement d’une quelconque pratique, moins il y a de raisons de la privilégier. Dans le cas de nouvelles technologies impliquant des problèmes totalement inédits, les données dont nous disposons sur les réussites de technologies passées ne sont tout simplement pas judicieuses. L’histoire ne nous donne aucune raison de préférer un monde dans lequel, par exemple, le gros du travail manuel serait automatisé. Cela n’est encore jamais arrivé.

Pourquoi faire de telles analogies historiques ? Parce que c’est facile. Si nous pouvons dire que le changement A est identique au changement B qui s’est passé sans encombre, alors cela nous évite d’avoir à réfléchir sur les véritables caractéristiques du changement A. L’argument par analogie occulte le fond de l’argument. Il est bien plus commode d’affirmer qu’un changement passé a été bon, qu’un changement actuel est identique au changement passé et que, dès lors, le changement actuel est tout aussi bon.

Malheureusement, et en toute objectivité, la plupart des nouveautés ne sont pas bonnes. Les humains débordent de mauvaises idées. 90 % des start-up et 70 % des petites entreprises terminent le bec dans l’eau. Seulement 56 % des dossiers de brevet sont acceptés et environ 90 % des brevets n’ont pas le moindre intérêt lucratif. Chaque année, 30 000 nouveaux produits arrivent sur le marché et 95 % d’entre eux sont des échecs. Les innovations qui réussissent sont en général issues d’un processus itératif d’essais et d’erreurs où des myriades de mauvaises idées finissent par en générer une bonne qui arrive à triompher. Même l’évolution suit ce modèle : la grande majorité des mutations n’offrent aucun avantage, voire sont proprement délétères. Face à des idées nouvelles, le scepticisme est, de fait, une stratégie parfaitement justifiée.

La nécessité du scepticisme face au changement est d’autant plus grande lorsque l’innovation est sociale ou politique. Pendant des générations, bien des progressistes ont soutenu le marxisme et étaient persuadés que son triomphe était inévitable. Que les générations futures allaient nous traiter d’idiots pour y avoir résisté – comme Thoreau et le télégraphe. Sauf que le marxisme aura été, en fin de compte, une idée réellement mauvaise et y résister, une idée tout à fait excellente. Ce qui peut s’appliquer à quasiment toutes les idées utopiques dans l’histoire de la pensée sociale. Les humains ont toutes les peines du monde à savoir précisément où tendra l’arc historique.

Naïveté
Les techno-optimistes préféreraient sans doute ignorer les produits et les idéologies ratés, et se focaliser à l’inverse sur les innovations ayant fait leurs preuves. Après tout, c’est bien de l’iPhone dont il est question. Est-ce qu’une adoption massive d’une innovation est une raison suffisante pour suspendre son scepticisme ? Non – parce que nous sommes par ailleurs assez mauvais pour prédire l’impact de nos idées les plus heureuses. Mettre du plomb dans l’essence allait augmenter l’efficience du transport automobile, mais aussi causer de graves troubles mentaux et peut-être même être à l’origine d’un pic de criminalité au XXe siècle. Le fréon des réfrigérateurs allait trouer la couche d’ozone avant d’être interdit par la communauté internationale. Les énergies fossiles sont sans doute l’une des innovations les plus triomphales de l’histoire, sauf qu’elles font aujourd’hui l’objet d’une sérieuse réévaluation – pour parler poliment.

Internet est une autre de ces innovations triomphantes aujourd’hui réévaluées. Les optimistes nous avaient promis l’émancipation : la connaissance allait se démocratiser et la civilité devait prospérer. Nous comprenons désormais qu’Internet peut aussi être un système de contrôle redoutablement efficace. Parce que la marchandisation de nos informations personnelles s’est révélée très lucrative, le moindre recoin de notre vie quotidienne en vient à être transformé en donnée collectable, ce qui aura transformé notre économie en écosystème de surveillance. Nos comportements sont dès lors « visibles » aux États, qui peuvent ensuite nous punir – comme le fait la Chine avec son dystopique « crédit social ». Et si tout cela s’avérait une terrible erreur ? Comment le savoir, nous n’avions encore jamais eu à résoudre un tel problème auparavant. Que nous ayons résolu le problème du télégraphe n’a aucune importance. Sans doute qu’on pourrait en faire un podcast – on l’appellerait l’Optimists Archive et on y mettrait toutes les prédictions ridiculement naïves faites sur les « merveilles » de la technologie qui se sont révélées cauchemardesques.

Nous sommes aujourd’hui au beau milieu d’une gigantesque expérience sociale. Pendant 99 % de leur histoire sédentaire, les humains ont vécu dans des sociétés où la vie d’une génération était globalement identique à celle de la précédente. La stagnation, et non le changement, était la règle. Aujourd’hui, pour la première fois, nous vivons différemment et le fossé entre les générations ne cesse de s’élargir à mesure que le rythme du changement ne cesse de s’accélérer. Est-ce possible de continuer indéfiniment ? Comment le savoir ? Nous n’avons aucun précédent historique. Aucun point de repère rendant des analogies possibles – aucune qui ne reviendrait peu ou prou à comparer la voiture autonome avec le biface.

Au lieu de faire des analogies vides de sens, la seule manière de survivre au changement est un débat vigoureux sur les mérites des idées nouvelles – précisément le genre de débat que les techno-optimistes veulent éviter avec leur recours fallacieux à l’histoire. Nous pourrions nous demander : qu’est-ce que cette nouveauté fait pour nous ? Est-ce nous la comprenons suffisamment bien pour répondre à cette question ? Dans le cas contraire, sur quelle base notre confiance repose-t-elle  ? Un débat sur le fond des innovations est crucial si l’on veut trier les bonnes idées des mauvaises. Et, pour cela, vous avez besoin des gens que les techno-optimistes détestent : les conservateurs.

Contrôle-qualité
Les libéraux et les conservateurs ne se contentent pas de voter pour des partis différents – ils sont des gens différents. Leurs différences psychologiques sont géographiquement et culturellement stables. Par exemple, les libéraux ont des scores élevés en « ouverture à l’expérience » et recherchent la nouveauté. Les conservateurs préfèrent l’ordre et la prédictibilité. Leur attachement au statu quo entrave la réorganisation de la société autour des nouvelles technologies. Parallèlement, si les technologues de la Silicon Valley peuvent se méfier des réglementations gouvernementales, ils comptent cependant parmi les individus les plus libéraux au monde. Tous les libéraux ne sont pas techno-optimistes, mais quasiment tous les techno-optimistes sont libéraux

Permettre à ces deux profils psychologiques de débattre des mérites du changement est une garantie de le voir profiter à la société au lieu de la ruiner. Les conservateurs agissent comme un contrôleur qualité sur les idées des progressistes : ils laissent passer les bonnes (comme la démocratie) et écartent les mauvaises (comme le marxisme). Les conservateurs ont souvent eu tort de s’opposer aux bonnes idées, mais, lorsqu’il est nécessaire d’en convaincre une masse critique, cela assure que les changements les mieux étayés soient les seuls à être mis en œuvre. Étrangement, lorsque le changement en question est plutôt d’ordre technologique que social, un tel processus est stérilisé. Il n’y a plus que de « l’inévitabilisme » – on nous dit qu’il ne sert à rien de s’opposer au changement technologique, qui se produira que nous le voulions ou non, comme si nous étions captifs de l’histoire et non pas ceux qui la façonnent.

L’attitude est d’autant plus bizarre qu’elle n’a pas toujours été vraie. Lorsque l’Armageddon nucléaire était envisageable, nous avons tout fait pour limiter au mieux nos arsenaux. Il est possible que l’IA ou la robotisation provoque un Armageddon social. Personne ne peut vraiment le savoir, mais si les pessimistes ont raison, aurons-nous seulement la possibilité de faire marche arrière  ? Le commandement des optimistes – leur injonction à « mettre les choses en perspective » et à « faire confiance à notre histoire » – semble l’emporter.

Qu’est-ce qu’une vie bonne  ?
Face au changement, les critiques conservateurs ont souvent été ridicules – tout comme les optimistes. Ce qui, en fin de compte, n’est pas très intéressant, car les humains ne peuvent pas prédire l’avenir. Plus intéressantes sont les époques où les prédictions des critiques se sont avérées vraies. Les luddites étaient des artisans chevronnés qui craignaient que la technologie industrielle ne détruise leur mode de vie et ne supplante leurs professions statutairement élevées par une succession de corvées d’usine accessibles à tous. Ils avaient raison. Les pharisiens du XXe siècle avaient peur que la voiture ne facilite la débauche et les aventures extraconjugales. Ils avaient raison. Mais, s’ils se sont trompés, ce n’est pas dans leurs prédictions, mais parce qu’ils croyaient que de tels effets n’étaient pas compatibles avec une bonne société. Ce qui exige, encore, de débattre du fond – de ce que signifie une vie bonne.

Nous nous réveillerons peut-être un matin en découvrant que nos innovations les plus triomphales ne sont en réalité pas compatibles avec une vie bonne. Sauf qu’il sera peut-être trop tard. Nous ne sommes plus des capitaines qui s’assurent que leur navire arrive à bon port, nous sommes les passagers de voitures autonomes filant sur l’autoroute d’un arc historique. Vers où tend-il ? Nul ne le sait. »



Le risque est d’autant plus grand de s’enfoncer aveuglément dans la confusion entre conditions passées et présentes (a fortiori futures), que les hommes usent et abusent, comme d’une drogue dont ils sont désormais dépendants, de leurs facultés intellectuelles plus ou moins développées. Sous l’emprise croissante de la dictature de leurs sentiments, ils prêtent de moins en moins attention à la réalité. Ils préfèrent aux faits et aux chiffres – y compris quand ils sont scientifiquement établis –, les dogmes de leurs de croyances religieuses et les certitudes laïques des doctrines politiques et sociales qui en tiennent lieu pour les laïcs.

Tellement plus confortable de se laisser porter par la vague d'une pensée dominante ! Mais notre civilisation – peut-être même l'espèce humaine – est en train d'en mourir, dans le saccage de ce qu'il reste de la planète qui l'a abritée et nourrie jusqu'à ce jour.