mardi 13 mars 2018

Quand les économistes se font Diafoirus


Nobel ou pas, les économistes de toutes tendances se copient entre eux, sans avoir jamais contribué à réduire les inégalités sociales, objectif au service duquel devraient pourtant être mises toutes les sciences dites humaines et les disciplines qui aspirent à en faire partie, telles la démographie et la sociologie, plus proches qu’il n’y paraît de l’économie.

Au contraire les inégalités sociales ont toujours augmenté et continuent de le faire dans l’insuffisance du constat de bien des experts, compliqué d’un arsenal de formules, indices et autres raisonnement, pontifiant dans le respect des pires dogmes et tabous, dont principalement celui dont est frappé toute question de population et a fortiori de surpopulation. C’est ainsi que rares sont ceux qui conçoivent d’autres vérités que celles qui résultent d’idées toutes faites. La pensée unique domine ici comme en tant d’autres domaines.

C’est ce qui les conduit notamment à ignorer, ou à négliger, que les inégalités sociales se soient toujours creusées, et continuent de le faire depuis que la société des hommes existe, dans une mesure directement proportionnelle à deux phénomènes indissociables :
1° L'augmentation de la richesse collective, telle qu’elle résulte de la croissance économique, aidée par le progrès scientifique et technique.
2° La croissance démographique, premier moteur de cette économie, du simple fait que l’être humain est avant toute autre considération un consommateur, et le pourvoyeur de tout ce qui peut contribuer à la satisfaction de ses besoins, vitaux comme superflus.

Ce qui peut se dire autrement en se référant à une pyramide sociale dont le volume est représentatif de l’importance en nombre de ses habitants. Plus ce nombre augmente, plus croît la richesse générée par les activités industrielles et les échanges commerciaux qu’entraînent les besoins de la population. Et plus croît l’enrichissement collectif qui en résulte – quelles que soient les conditions de son partage –, plus se creuse l'écart entre riches et pauvres. Pour s’en rendre compte, point besoin de formules savantes. Un calcul d’une simplicité enfantine y pourvoit et surtout, il suffit d’ouvrir les yeux et de se référer à des faits et à des chiffres incontestables, accessibles à tous : en 20 siècles la population humaine est passée de 250 millions à bientôt 10 milliards d’individus, et elle augmente actuellement de 280 000 chaque jour, soit près de 100 millions par an. C’est ainsi que notre civilisation a créé 1 à 2 milliards de pauvres profonds – vivant avec moins de 2 dollars par jour –, soit de 4 à 8 fois ce qu’était la population totale de la planète il y a 2 000 ans, toutes conditions sociales confondues et quel que soit le nombre de ceux qui échappent de nos jours à la pauvreté.

C’est à partir de la prise de conscience de cette démesure et de l’atrophie de notre société telle qu’elle en résulte, et seulement à partir de là, que des solutions réalistes et durables pourront être envisagées et appliquées pour maîtriser l’économie, réduire les inégalités, et servir au mieux les intérêts de l’humanité à travers ceux de la planète qui l’abrite peut-être encore pour quelque temps.

dimanche 4 mars 2018

La guerre et les épidémies au secours de la justice sociale ?


Dans son numéro du 3 mars 2018, “Le Point” invite ses lecteurs à méditer les propos recueillis par Thomas Mahlerauprès de l'historien de l’université de Stanford, Walter Scheidel, selon qui « seules les guerres et les catastrophes ont fait baisser les inégalités dans l'histoire. ».
Il est fréquent de lire ou d'entendre “qu’une bonne guerre réglerait les problème de l'humanité”, mais il est pour le moins surprenant qu’un avis aussi sommaire puisse être partagé par un historien.

Quel que soit sa portée et son bilan mortuaire, quelle guerre ou épidémie a-t-elle jamais réduit la population humaine dans une mesure suffisante pour influencer les inégalités sociales ? Tout au plus ont-elles pu générer passagèrement un ordre de portée limitée, fondé sur de nouveaux critères de différenciation entre leurs survivants, une nouvelle hiérarchie ayant pu alors se manifester. Mais comme après toute révolution – qui n’est qu’un moyen de changer l’ordre établi par la force –, aussitôt qu’ont pris fin les événements ayant pu la perturber, la structure de la société humaine reprend inéluctablement son caractère pyramidal. Ces événements passés ; une fois que les membres de la société ont retrouvé le plein exercice de leurs fonctions premières qui sont de consommer et de produire, consommation et production connaissent un nouvel essor et l’enrichissement collectif reprend son cours, après qu’il ait été interrompu par une situation dans laquelle les destructions, tant humaines que matérielles, ont pu dépasser leur production. La population poursuit quant à elle sa croissance et la pyramide sociale son inexorable développement, par lequel son sommet s’éloigne toujours plus de sa base, en accroissant leur écart et les inégalités sociales que cet écart exprime.

S’il est vrai que certaines guerres et épidémies ont pu et pourront encore entraîner des réductions sensibles de l’effectif de la société, il suffit de se souvenir que la population humaine mondiale a incessamment augmentée depuis que l’homme existe – en dépit de son caractère belliqueux et de combats incessants, toujours plus meurtriers – et que cette augmentation est actuellement de l'ordre de 280 000 individus chaque jour (cf. estimations de l'INED), soit près de 100 millions par an, ce qui , quelle que soit l'approximation de ces chiffres, suffit pour résorber en bien peu de temps les pertes en vies humaines les plus sévères, quelles qu’en soient les causes. Sans compter qu’une épidémie ou un feu nucléaire capables d’éclaircir les rangs de l’humanité au point d'en faciliter la “régénération”, rendraient probablement notre planète impropre à la vie humaine.

Richesse et pauvreté sont des données relatives, et vouloir traiter d’inégalités au moyen d’indices fondés sur des écarts de revenus individuels (tel le coefficient de Gini), comme le font la plupart des experts, à l’instar des Piketty et Oxfam, revient aux pires amalgames, mêlant allègrement rémunération du travail et du capital, patrimoine et revenu, à des époques et en des lieux où ces notions peuvent aller jusqu’à être ou avoir été sans le moindre rapport avec l'idée que nous nous en faisons de nos jours. Qu’ont de comparable, sinon dans leur relativité, la richesse comme la pauvreté de populations différentes à des siècles, voire à des millénaires, de distance, ou des actuels pays les plus pauvres par rapport aux plus avancés ? Qui peut prétendre que la notion de revenu ait le moindre sens pour les deux milliards d’être humains disposant quotidiennement, aujourd'hui, de moins de deux dollars pour survivre ?

Pour plus de précisions, lire “Précis de pyramidologie sociale”.