Article
révisé le 12/03/2025
Quand
l’humanité atteint un état de dégradation, de violence et de
désordre comme jamais n’en ont connu les civilisations ayant
laissé des traces de leur passage, au point d’y entraîner
les autres espèces qui peuplent la Terre avec elle, Dieu peut-il exister ? Et dans l'affirmative, qu’a-t-Il à voir avec l’harmonie que prêchent les religions et
ce qu’en pensent les humains qui seraient Ses créatures ?
Le
Christianisme n’a pas été le premier credo, et n’est pas le
seul dont se soit doté l’homme pour satisfaire sa spiritualité,
considérée ici comme cette faculté qu’il porte à son plus haut
degré parmi toutes les espèces connues, pour tenter
d’expliquer ce qu’il ne peut comprendre. Ayant conscience de
lui-même au sein d’un tout dont il ignore objectivement l’après
et entrevoit péniblement l’avant avec l’aide de la science, il
vit depuis dans une angoisse existentielle à laquelle
il ne peut répondre que par une sensibilité et une imagination assujetties à ses émotions et à ses sentiments, eux-mêmes
brouillés par sa crédulité et ses superstitions. C’est ainsi
qu’entre un bien et un mal conditionnant sa vie en société, il
parvient à effectuer le bref parcours allant de sa naissance à sa
mort, face aux mystères d’un au-delà que ceux qui s’en font les
codificateurs – non sans en tirer un considérable pouvoir temporel
– lui présentent puérilement
comme la récompense ou la punition d’un comportement social, dont
la maîtrise lui échappe chaque jour un peu plus, confisquée par le nombre.
Comme
en attestent les divers courants de la pensée religieuse, la
connaissance de la Vérité n’a jamais manqué de prétendants, qui
ont propagé des doctrines, des plus sommaires aux plus élaborées ;
aux rites aussi nombreux que variés ; aux dogmes établis sur
des références plus discutables les unes que les autres ;
qu’elles aient été révélées ou spontanées ; de
transmission écrite ou verbale ; avec ou sans les emprunts des
unes aux autres, dont par exemple celles du Livre à Confucius sont flagrantes. Sous la conduite de leurs prophètes et de leurs
prêtres, le nombre et le zèle de leurs adeptes ont fondé
concurremment le pouvoir de chacune, la championne étant peut-être appelée à
faire triompher son Dieu par une fusion de toutes en une seule.
Peut-être un seul et même Dieu en émergerait-Il, créateur
de lui-même avant d’avoir été celui de l’univers ; dans
Son infinie miséricorde. Mais c’est là l’essentiel de la
métaphysique, car si cette miséricorde est absente de la création,
qui l’a inventée sinon l’homme ? Et qu’en est-il alors
d’un Dieu de bonté et de tout ce qui s’en réclame ?
Qu'en est-il de cette bonté se déclinant en miséricorde, amour, compassion,
mansuétude, pardon, etc. qui n’existe que par son contraire, l’un
neutralisant l’autre ? Elle n’existe
pas dans l’absolu, comme le démontre à tout instant le vivant ; du
moins aux yeux de ceux dont la foi n’altère pas le sens de
l’observation. Comme pour toutes les espèces peuplant l’univers
connu, le sort de chaque être humain est soumis, avant toute autre
considération, aux hasards de sa naissance ; à son héritage
génétique social et culturel ; et aux circonstances dans lesquelles
s’exprimeront ensuite ses faiblesses et ses talents, innés ou
acquis. Sachant que tout déclassement dans un sens de
l’un des occupants de la pyramide sociale entraîne, à
population égale, le déclassement d’un autre en sens inverse,
en quoi consiste dès lors la bonté divine, sinon dans la croissance
du nombre de ces occupants ? La miséricorde divine se réduirait-elle à la promesse
du pardon inconditionnel de péchés qui n’ont pu être commis que
selon Sa volonté, laquelle dote chacun de sa capacité de céder ou
de résister à la tentation ? La foi répondant à cette
question par ses mystères, reste au pragmatique à constater que la
vie est donnée pour quelques instants, qu’elle soit accordée au papillon
ou à l'être humain, dans un univers où le temps comme l’espace se
comptent en années lumières. L’homme, comme tout autre
représentation du vivant, naîtrait donc pour mourir aussitôt, en
se voyant accordé, de l’enfant au vieillard et du débile au
génie, le temps insignifiant à l’échelle de l’univers, de
faire un bien et un mal définis par eux-mêmes, en vue d’une
récompense ou d’une punition dans l’au-delà ? Une telle
occupation paraît bien puérile pour un Dieu ! Et surtout, à
quoi se réduit alors cette liberté qu’aurait l’homme de choisir
ou simplement d’influencer son propre destin ?
Moins
abscons, la réponse à cette question est peut-être que pour
atteindre le niveau de civilisation auquel elle et parvenue, il a
fallu que l’humanité fasse un sérieux effort de discipline et
d’obéissance. Bien que rigoureusement indispensable à la vie en
société, ces traits de caractère n’étant pas son point fort –
comme en témoigne la parabole de la perte du paradis terrestre –
ils ont pu être obtenus par les premiers codificateurs de ses règles
de vie, par application du principe selon lequel « la peur est
mère de la sagesse ». Ce serait alors avoir fait appel à
cette spiritualité, que l’homme a développé plus que toute autre
espèce et qui l'autorise à donner plus ou moins libre-cours à ses
croyances ; sachant que faisant appel à un échange neuronal
qui cesse dès que le cerveau n’est plus alimenté en énergie,
ceci peut expliquer que ces acquis aient tant de mal à perdurer, et avant cela à se stabiliser.
Quoi qu’il en soit, la croyance en l’existence comme en la
non-existence de dieu(x) repose sur cette fonction cérébrale.
Autrement dit, la foi et son contraire qu’est le doute, sont interrompues par la mort ; même si, pour tenter d’y
faire échapper l’esprit, la mémoire de chacun est érigée en
âme, avec autant de romanesque vanité que d’inégalité. Sans
compter la question subsidiaire à laquelle engage la réalité de
cette inéluctable impasse temporelle : Pourquoi l’être
humain se distinguerait-il de tout ce qui peuple l’univers, au
point de se voir promettre une existence éternelle – quelle qu’en
soit la forme – alors que son espèce disparaîtra un jour, avec
l’âme qui y serait attachée et son habitat qu’est la Terre,
sans que le cosmos n’en manifeste davantage d’émoi que pour
l’extinction de n’importe quelle étoile, comme il s’en produit
à chaque instant, parmi les milliards offerts à sa vue ?
Le
pouvoir politique ayant compris l’avantage qu’il pouvait tirer du
procédé pour soumettre les peuples, il en a lui aussi usé et abusé
depuis. Et c’est ainsi que la religion ayant d’abord fait les
rois, ceux-ci ont avec son soutien dominé les peuples et construit
les nations ? D’autres pouvoirs étant nés depuis – dont
le scientifique, porteur de l’exonération de la loi de sélection
naturelle – un considérable progrès matériel en a résulté,
pour le meilleur et pour le pire, à l’égard d’un environnement
planétaire fini. Et c’est aujourd’hui cet environnement qui – à l'échelle de la Terre –,
saccagé et ruiné par le premier de ses prédateurs, réclame
réparation :
— À
un obscurantisme ayant
amplement fait ses preuves et dont l’exemple le plus préjudiciable a
été et demeure le
dogme (sur)nataliste par lequel la prolifération humaine a eu lieu au
détriment de la planète et de toute la vie qui l’habite. La démesure
de la population humaine doit tout en effet à ses encouragements,
plus soucieux d’un pouvoir proportionnel au nombre de ceux qui s’y
soumettent, que de leur bien-être ici et maintenant. Il n’est pas
en effet un de ces pouvoir, à commencer par le religieux et le politique,
qui n’ait eu pour premier souci l’accroissement du nombre de ceux
sur lesquels il s'est fondé, a prospéré, et continue de le
faire.
Le “croissez et multipliez” de la première religion du monde et la promesse de “la conquête du monde par le ventre de
ses femmes” de la seconde en attestent ; plus de 8 humains sur 10 s'en trouvant structurellement condamnés à la
pauvreté par les hasards de leur naissance.
— À
une
pensée unique, bâillonnant la liberté
de pensée au
profit de
la montée du sentiment religieux partout dans monde, face à son
insécurité croissante, se traduisant par la soumission à des
croyances d’une intolérance qui menace chaque jour un peu plus
ceux qui prétendent penser par eux-mêmes. L’athéisme et
l’agnosticisme ne sont-ils pas passibles de prison, voire de la
peine de mort, sous certains régimes où le religieux ne “fait
pas les rois” mais s’approprie le pouvoir politique ?
— À
l’ignorance sous toutes ses formes, parce que cause première du
dérèglement des émotions et sentiments de l’être humain, au
point de lui faire perdre son peu de
raison et de se soumettre inconditionnellement à ses utopies.
À
l’exemple du religieux, dont le pouvoir se mesure à ses effectifs,
respectueux du dogme (sur)nataliste, en est-il un seul autre qui se
jauge autrement – sauf impératif de rentabilité – qu’au
nombre de ses citoyens, électeurs, contribuables, partisans,
soldats, salariés… ? La maîtrise de la prolifération
humaine et le respect de son environnement, ne consisteraient-ils pas
au contraire à s’abstenir de produire toujours plus de chair à
boulot, à canon, à conso, à obole et à impôt – ne seraient-ce
qu’indirects pour les plus pauvres, lesquels sont aussi faiblement
que ce soit des consommateurs toujours plus nombreux ? –
N’est-ce pas cette invitation que la nature lance à sa manière
quand se rompent ses grands équilibres, à commencer par le
biologique ?
Sachant
que le pire dommage pour l’être humain, réside en tout état de cause dans la confiscation de sa liberté de disposer de lui-même,
depuis sa conception jusqu’à sa mort, du fait de l’interdiction
dogmatique lui étant imposée par le pouvoir religieux en accord avec le politique, faut-il souhaiter la disparition des religions ?
Les erreurs de l’humanité auraient-elles été pires en l’absence
de cette férule ? Il est possible d’en douter autant que d’y
croire, ceux qu’elle s’est donnée pour guides étant eux-mêmes
des hommes et des femmes faillibles, mais raisonnablement, non. Ce serait nier les beautés et autres attraits dont la vie peut
aussi être faite et surtout : priver l’être humain d’un aliment
autant indispensable à son esprit que le pain l’est à son corps.
Il n'en demeure pas moins que croire en Dieu au XXIe siècle sans exégèse, comme cela a été le cas pendant des millénaires, notamment en matière de (sur)population :
— C’est
nier les enseignements de ce passé et souffrir que les pires
abominations soient perpétrées en Son nom, aux dépens de la Terre
et de l’ensemble du vivant qu’elle abrite, sans préjuger de ce
qui pourra en advenir sur d’autres planètes.
— C’est
voir et accepter pour ce qu’il est, le caractère
incontournablement pyramidal de toute structure fondée sur
l’interdépendance hiérarchisée de ses membres, comme l’est
celle de la société humaine, avec toutes conséquences sur son
environnement.
— C’est
purement et simplement condamner à mort cet espoir d'harmonie qui demeure envers et contre tout dans la démocratie.
Autant
de dangers
qu’exprime d'ailleurs l’ultime espoir que place encore
l’humanité
dans l’arlésienne d’une transition démographique, porteuse du
rééquilibrage de l’indissociable binôme population/économie, à condition qu'il lui en soit laissé le temps.