mardi 30 août 2022

Croire en Dieu au XXIème siècle

Croire en Dieu au XXe siècle

Article révisé le 15/04/2024

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Quand l’humanité atteint un état de dégradation, de violence et de désordre comme jamais n’en ont connu les civilisations ayant laissé des traces de leur passage ; au point d’y entraîner les autres espèces qui peuplent la Terre avec elle, le doute est-il toujours interdit ? Dieu peut-il exister ? Ou alors qu’a-t-Il à voir avec l’harmonie que prêchent les religions et ce qu’en pensent nombre de ceux qui seraient Ses créatures ?

Le Christianisme n’a pas été le premier credo, et n’est pas le seul, dont se soit doté l’homme pour satisfaire sa spiritualité, considérée ici comme cette faculté qu’il porte à son plus haut degré parmi toutes les espèces peuplant la planète, pour tenter d’expliquer ce qu’il ne peut comprendre. Ayant conscience de lui-même au sein d’un tout dont il ignore objectivement l’après et entrevoit péniblement l’avant avec l’aide de la science, il vit depuis qu’il existe dans une angoisse existentielle à laquelle il ne peut répondre que par sa sensibilité et son imagination, assujetties à ses émotions et à ses sentiments, eux-mêmes brouillés par sa crédulité et ses superstitions ; sans omettre une vanité refusant sa propre remise en cause. C’est ainsi qu’entre un bien et un mal conditionnant sa vie en société, il parvient à effectuer le bref parcours allant de sa naissance à sa mort, face aux mystères d’un au-delà que ceux qui s’en font les codificateurs – non sans en tirer un considérable pouvoir temporel – lui présentent puérilement comme la récompense ou la punition d’un comportement social, dont la maîtrise lui échappe chaque jour un peu plus, confisquée par le nombre.

Comme en attestent les innombrables courants de la pensée religieuse, la connaissance de la Vérité n’a jamais manqué de prétendants, qui ont propagé des doctrines, des plus sommaires aux plus élaborées ; aux rites aussi nombreux que variés ; aux dogmes établis sur des références plus discutables les unes que les autres ; qu’elles aient été révélées ou spontanées ; de transmission écrite ou verbale ; avec ou sans les emprunts des unes aux autres, dont ceux du monothéisme à Confucius sont un flagrant exemple. Sous la conduite de leurs prophètes et de leurs prêtres, le nombre et le zèle de leurs adeptes ont fondé concurremment le pouvoir de chacune, la championne étant appelée à faire triompher son Dieu par une fusion de toutes en une seule. Serait ainsi enfin honoré un seul et même Dieu, créateur de lui-même avant d’avoir été celui de l’univers ; dans Son infinie miséricorde. Car c’est là l’essentiel de la métaphysique : si cette miséricorde est absente de la création, qui l’a inventée sinon l’homme ? Et qu’en est-il alors d’un Dieu de bonté et de tout ce qui s’en réclame ?

Cette bonté se déclinant en miséricorde, amour, compassion, mansuétude, pardon, etc. n’existe que par son contraire, l’un neutralisant l’autre. En d’autres termes, la bonté n’existe pas dans l’absolu, comme le démontre à tout instant le vivant, du moins aux yeux de ceux dont la foi n’altère pas le sens de l’observation. Comme pour toutes les espèces peuplant l’univers connu, le sort de chaque être humain est soumis, avant toute autre considération, aux hasards de sa naissance ; à son héritage génétique social et culturel ; et aux circonstances dans lesquelles s’exprimeront ensuite ses faiblesses et ses talents, innés ou acquis. Sachant par ailleurs que tout déclassement dans un sens de l’un des occupants de la pyramide sociale entraîne, à population égale, le déclassement d’un autre en sens inverse, en quoi consiste dès lors la bonté divine, sinon dans la croissance du nombre de ces occupants ? La miséricorde divine se réduirait-elle à la promesse du pardon inconditionnel de péchés qui n’ont pu être commis que selon Sa volonté, laquelle dote chacun de sa capacité de céder ou de résister à la tentation ? La foi répondant à cette question par ses mystères, reste au pragmatique à constater que la vie est donnée pour quelques instants, qu’elle soit accordée au papillon ou à l'être humain, dans un univers où le temps comme l’espace se comptent en années lumières. L’homme, comme tout autre représentation du vivant, naîtrait donc pour mourir aussitôt, en se voyant accordé, de l’enfant au vieillard et du débile au génie, le temps insignifiant à l’échelle de l’univers, de faire un bien et un mal définis par eux-mêmes, en vue d’une récompense ou d’une punition dans l’au-delà ? Une telle occupation paraît bien puérile pour un Dieu ! Et surtout, à quoi se réduit alors cette liberté qu’aurait l’homme de choisir ou simplement d’influencer son propre destin ?

Moins abscons, la réponse à cette question est peut-être que pour atteindre le niveau de civilisation auquel elle et parvenue, il a fallu que l’humanité fasse un sérieux effort de discipline et d’obéissance. Bien que rigoureusement indispensable à la vie en société, ces traits de caractère n’étant pas son point fort – comme en témoigne la parabole de la perte du paradis terrestre – ils ont pu être obtenus par les premiers codificateurs de ses règles de vie, par application du principe selon lequel « la peur est mère de la sagesse ». Ce serait alors avoir fait appel à cette spiritualité, que l’homme a développé plus que toute autre espèce et qui l'autorise à donner plus ou moins libre-cours à ses croyances ; sachant que faisant appel à un échange neuronal qui cesse dès que le cerveau n’est plus alimenté en énergie, ceci peut expliquer que ces acquis aient tant de mal à perdurer, et avant cela à se stabiliser. Quoi qu’il en soit, la croyance en l’existence comme en la non-existence de dieu(x) repose sur cette fonction cérébrale. Autrement dit, la foi et son contraire qu’est le doute, sont logiquement interrompues par la mort ; même si, pour tenter d’y faire échapper l’esprit, la mémoire de chacun est érigée en âme, avec autant de romanesque vanité que d’inégalité. Sans compter la question subsidiaire à laquelle engage la réalité de cette inéluctable impasse temporelle : Pourquoi l’être humain se distinguerait-il de tout ce qui peuple l’univers, au point de se voir promettre une existence éternelle – quelle qu’en soit la forme – alors que son espèce disparaîtra un jour, avec l’âme qui y serait attachée et son habitat qu’est la Terre, sans que le cosmos n’en manifeste davantage d’émoi que pour l’extinction de n’importe quelle étoile, comme il s’en produit à chaque instant, parmi les milliards offerts à sa vue ?

Le pouvoir politique ayant compris l’avantage qu’il pouvait tirer du procédé pour soumettre les peuples, il en a lui aussi usé et abusé depuis. Et c’est ainsi que la religion ayant d’abord fait les rois, ceux-ci ont avec son soutien dominé les peuples et construit les nations ? D’autres pouvoirs étant nés depuis – dont le scientifique, porteur de l’exonération de la loi de sélection naturelle – un considérable progrès matériel en a résulté, pour le meilleur et pour le pire, à l’égard d’un environnement planétaire fini. Et c’est aujourd’hui cet environnement qui – à l'échelle de la Terre –, saccagé et ruiné par le premier de ses prédateurs, réclame réparation :

— À un obscurantisme ayant amplement fait ses preuves et dont l’exemple le plus préjudiciable a été et demeure le dogme (sur)nataliste par lequel la prolifération humaine a eu lieu au détriment de la planète et de toute la vie qui l’habite. La démesure de la population humaine doit tout en effet à ses encouragements, plus soucieux d’un pouvoir proportionnel au nombre de ceux qui s’y soumettent, que de leur bien-être ici et maintenant. Il n’est pas en effet un de ces pouvoir, à commencer par le religieux et le politique, qui n’ait eu pour premier souci l’accroissement du nombre de ceux sur lesquels il s'est fondé, a prospéré, et continue de le faire. Le “croissez et multipliez” de la première religion du monde et la promesse de “la conquête du monde par le ventre de ses femmes” de la seconde en attestent ; plus de 8 humains sur 10 s'en trouvant structurellement condamnés à la pauvreté par les hasards de leur naissance.

— À une pensée unique, bâillonnant la liberté de pensée au profit de la montée du sentiment religieux partout dans monde, face à son insécurité croissante, se traduisant par la soumission à des croyances d’une intolérance qui menace chaque jour un peu plus ceux qui prétendent penser par eux-mêmes. L’athéisme et l’agnosticisme ne sont-ils pas passibles de prison, voire de la peine de mort, sous certains régimes où le religieux ne “fait pas les rois” mais s’approprie le pouvoir politique ?

— À l’ignorance sous toutes ses formes, parce que cause première du dérèglement des émotions et sentiments de l’être humain, au point de lui faire perdre le peu de raison qu'il lui reste et de se soumettre inconditionnellement à ses utopies.

À l’exemple du religieux, dont le pouvoir se mesure à ses effectifs, respectueux du dogme (sur)nataliste, en est-il un seul autre qui se jauge autrement – sauf impératif de rentabilité – qu’au nombre de ses citoyens, électeurs, contribuables, partisans, soldats, salariés… ? La maîtrise de la prolifération humaine et le respect de son environnement, ne consisteraient-ils pas au contraire à s’abstenir de produire toujours plus de chair à boulot, à canon, à conso, à obole et à impôt – ne seraient-ce qu’indirects pour les plus pauvres, lesquels sont aussi faiblement que ce soit des consommateurs toujours plus nombreux ? – N’est-ce pas cette invitation que la nature lance à sa manière quand se rompent ses grands équilibres, à commencer par le biologique ?

Sachant que le pire dommage pour l’être humain, réside en tout état de cause dans la confiscation de sa liberté de disposer de lui-même, depuis sa conception jusqu’à sa mort, du fait de l’interdiction dogmatique lui étant imposée par le pouvoir religieux en accord avec le politique, faut-il souhaiter la disparition des religions ? Les erreurs de l’humanité auraient-elles été pires en l’absence de cette férule ? Il est possible d’en douter autant que d’y croire, ceux qu’elle s’est donnée pour guides étant eux-mêmes des hommes et des femmes faillibles, mais raisonnablement, non. Ce serait nier les beautés et autres attraits dont la vie peut aussi être faite et surtout : priver l’être humain d’un aliment autant indispensable à son esprit que le pain l’est à son corps.

Il n'en demeure pas moins que croire en Dieu au XXIe siècle sans exégèse, comme cela a été le cas pendant des millénaires, notamment en matière de (sur)population :

— C’est nier les enseignements de ce passé et souffrir que les pires abominations soient perpétrées en Son nom, aux dépens de la Terre et de l’ensemble du vivant qu’elle abrite, sans préjuger de ce qui pourra en advenir sur d’autres planètes.

— C’est voir et accepter pour ce qu’il est, le caractère incontournablement pyramidal de toute structure fondée sur l’interdépendance hiérarchisée de ses membres, comme l’est celle de la société humaine, avec toutes conséquences sur son environnement.

 C’est purement et simplement condamner à mort la démocratie. 

Autant de dangers qu’exprime d'ailleurs l’ultime espoir que place encore l’humanité dans l’arlésienne d’une transition démographique, porteuse du rééquilibrage de l’indissociable binôme population/économie.

Une réorientation de la spiritualité est-elle au demeurant impossible, pour la mettre au service d’un objectif temporel d’amélioration de la condition humaine, ici et maintenant ? Ceci ne saurait en tous cas nuire, pour tous les croyants, à l’atteinte du bonheur qu’ils visent dans l’au-delà auquel ils croient.


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