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mercredi 7 février 2024

Quand le bon sens néerlandais s'exprime

Traduction du 07/02/2024

Pour l'original, voir

https://mail.google.com/mail/u/0/?tab=rm&ogbl#inbox/WhctKKZWdbXpbGgSZgLxPtJRhlrwqrqxqNhjgdnhlvnMhcqHBKPPNjtktTgZhdJvxSNZhVg


Newsletter de la fondation OverBevolking du Club van Tien Miljoen

Édition supplémentaire (suite) Pour un affichage et une navigation optimales, il est préférable d'ouvrir cette newsletter dans un navigateur.

Vue unilatérale des tâches de la commission d'État pour l'évolution démographique à l'horizon 2050

Dans le rapport sur la croissance modérée , la Commission d'État sur l'évolution démographique 2050 conseille au gouvernement de réduire la croissance démographique annuelle aux Pays-Bas entre 40 000 et 60 000 personnes. Dans notre pays, « l’accroissement naturel » (nombre de naissances moins nombre de décès) est négatif, la croissance démographique est donc entièrement imputable au solde migratoire (nombre de personnes qui immigrent moins le nombre de personnes qui émigrent). Le comité estime que la croissance démographique actuelle due à l’immigration ne peut pas être soutenue pour diverses raisons (notamment le manque de logements et d’équipements tels que les soins de santé et l’éducation), mais n’opte pas pour une croissance ou un déclin nul. Cela entraînerait une pénurie de personnel et un ralentissement économique.
 
15 janvier 2024 : le président Richard van Zwol du comité d'État Développement démographique 2050 présente le rapport sur la croissance modérée au gouvernement en présence de la presse.

Prospérité ou bien-être ?

Dans le décret officiel d'établissement , la commission a été chargée d'émettre des avis « dans le contexte d'une approche globale de prospérité ». Il semble que la commission n'était pas consciente du double sens d'une « approche sociale large ». D'une part, ce terme peut être interprété comme « la prospérité pour le plus grand nombre possible », d'autre part, le terme peut également signifier que le concept de prospérité doit être interprété « au sens large » et va au-delà de la prospérité (matérielle). en raison de la croissance économique. . Le sens se déplace alors vers « bien-être ».
 
« Le bien-être est élevé lorsque les gens sont satisfaits de leur vie et se sentent en bonne santé. »
Selon le Bureau central des statistiques (CBS). Leur satisfaction dépend de la mesure dans laquelle leurs besoins peuvent être satisfaits avec les ressources disponibles. Statistics Nederlands appelle ce degré de satisfaction la prospérité. Statistics Pays-Bas écrit également que l'augmentation de la valeur du produit national brut (PIB ou PIB : produit intérieur brut) entraîne une croissance en volume. Cette croissance « est utilisée comme une indication de l’augmentation réelle de la prospérité matérielle, ou de la croissance économique ».
Pour atteindre une croissance en volume, il faut plus de clients pour les produits ou services, ou les gens doivent acheter plus de produits ou de services. Avec de plus en plus de personnes, le nombre de clients augmente, la consommation augmente, la prospérité augmente et de plus en plus de personnes sont de plus en plus satisfaites.

Prospérité matérielle
 
La pensée ci-dessus est profondément enracinée dans notre société. Très profond selon l'historienne Naomi Woltring . Elle écrit dans sa thèse sur l’introduction des idées néolibérales dans notre État-providence : « Les réformes… ont été menées par de hauts fonctionnaires, des hommes politiques et des scientifiques qui appartenaient à une communauté d’hommes principalement formés à l’économie ou au droit économique et partageant les hypothèses néolibérales. » « À partir de la fin des années 1970, de plus en plus d’économistes sont venus travailler pour le gouvernement et, au cours de leur formation, ils ont souvent été initiés aux conceptions économiques néolibérales », affirme également le professeur Visseren-Hamakers . En tant que jeune, vous avez appris en économie que la croissance est le moyen d’accroître notre prospérité. Cette réflexion est ancrée dans l’ensemble de notre société. Avec les enseignants, les médias, les financiers et le monde des affaires. Cela vaut également pour les (hauts) fonctionnaires, les hommes politiques et les scientifiques du gouvernement.

Limites à la croissance

Mais la croissance éternelle qui rendrait les gens de plus en plus satisfaits ne s’avère finalement pas si éternelle. Il y a tellement de monde aujourd’hui que la qualité de la vie sur terre s’en trouve affectée. Il n’est plus possible d’accroître la prospérité et le bien-être d’un nombre croissant de personnes. Visseren-Hamakers affirme que nous devons « nous débarrasser de l’idée selon laquelle la croissance économique mène ». « Nous devons adapter notre système économique pour qu’il serve à nouveau notre bien-être, et non l’inverse. Comment est-il possible que nous considérions la croissance économique plus importante que la santé des Néerlandais ? … Depuis des décennies, nous nous concentrons sur la croissance, la croissance, la croissance. Le moment est venu où nous réalisons que les choses doivent changer. »

Valeur réelle

" Une faible croissance est-elle si malsaine ?", s'interroge le présentateur de radio et de télévision Rens de Jong . Il poursuit : « Si l’on en croit les politiques (et aussi les médias), une faible croissance, voire une contraction du produit national brut (PIB), c’est assez mauvais. Et les banques centrales semblent également s’être donné pour mission de ne plus jamais connaître de récession. Du moins si l’on regarde leurs mesures d’incitation, alors que tant de gens travaillent. L’économie ne semble plus pouvoir décliner ! … En bref : le PIB mesure beaucoup, sauf les choses qui ont vraiment de la valeur. «
 
Dans une société qui se concentre sur un environnement vivable, un air pur et la conservation de la nature comme conditions de bien-être, au lieu de la croissance économique et de la prospérité (matérielle), une grande partie du travail de production devra céder la place à des emplois dans les soins de santé, l'éducation et la sécurité nationale. . Des entreprises qui ne peuvent exister que grâce à des travailleurs extérieurs sous-payés disparaîtront. Nous n’avons plus besoin d’attirer les étrangers avec des avantages fiscaux attractifs. Les universités n’ont plus à préparer les étudiants étrangers à des emplois dans notre industrie. Avec un solde migratoire négatif, la population diminue. Davantage de logements seront disponibles, les routes deviendront plus calmes, l'air deviendra plus pur et il y aura plus de place pour la restauration de la nature et la gestion de l'eau.

[merci à Esther Portégies]

Plus de gens avec moins de monde

Nous avons illustré le choix entre plus de bien-être et moins de prospérité dans un court métrage intitulé Plus de gens avec moins de gens, un portrait de Fons Jena, auteur du livre Nous sommes trop nombreux . Hautement recommandé!

mardi 4 juillet 2023

Des vrais dangers d'une dénatalité à contretemps dans les pays avancés.

Article révisé le 03/10/2023


L'inquiétude suscitée par l'état de surpopulation croissante dans lequel se trouve la planète, ainsi que par les désordres qui en résultent à tous propos, de plus en plus nombreux partout dans le monde, pourraient expliquer, au moins partiellement, la baisse de natalité de certains pays parmi les plus avancés. Il en est comme si les géniteurs y perdaient confiance en l'avenir promis à ceux qu'ils mettraient au monde, ce qui est probablement trop compter avec la prévoyance de l'être humain. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une tendance qui interpelle ceux qui n'ont pas encore compris qu'une démographie mondiale galopante est le premier facteur des désordres que connaît la société et des angoisses qu'ils peuvent susciter.

Pour l'Europe, au-delà de nationalismes aussi étriqués que décalés, ce pourrait être le signe d'un repli qui viendrait s'ajouter à ses autres maux, l'affaiblissant au moment où elle a plus que jamais besoin de tous ses moyens. Sa propre défense les requiert sur bien des fronts et les pays en voie de développement ont besoin de son soutien dans de nombreux domaines, à commencer par l'humanitaire, ne serait-ce que pour mettre fin à la prolifération de la partie la plus défavorisée de leurs populations.

Pour avoir négligé de partager leur industrialisation avec des peuples économiquement retardataires, les pays les plus avancés – Europe de l'ouest en tête, eu égard à son exposition à des flux migratoires l'assaillant de toutes part – sont maintenant conduits à accueillir ces mêmes populations, venant y chercher les activités dont ils n'ont pas su les aider à se doter. Mais les effectifs et les qualifications des immigrants ne suffisant pas à compenser le déficit démographique des pays les plus riches, il est à craindre que ce déficit perdure, aggravant le déséquilibre de la démographie mondiale, quand certains migrants ne sont pas plus simplement les instruments d'une stratégie de conquête par la peur et ses désordres.

La pyramide sociale universelle est ainsi faite que sa population est constituée à 86 % par les populations les plus défavorisées et par conséquent, à l'échelle mondiale, celles des pays les moins développés. C'est donc par l'exportation de cette pauvreté – la misère étant plus facile à partager que la richesse – qu'est en voie de se solder l'aveuglement coupable des partisans de la croissance comme de la décroissance, les uns comme les autres n'ayant que faire de la démographie, alors que chaque jour plus 200 000 terriens supplémentaires, parmi les plus pauvres dans leur grande majorité, déferleront encore longtemps sur la planète, soit, chaque année, près de la population cumulée du Benelux et de la France.

Ignorer – quand ce n'est pas rejeter – l'idée d'un contrôle de la démographie mondiale tout en prétendant ajuster la population de la planète aux capacités de cette dernière par une politique d'accueil des immigrés par les pays riches, a pour premier effet de paupériser ces derniers au détriment de tous. Et tant qu'il en sera ainsi, la compassion la plus sincère ainsi que les options politiques les mieux intentionnées n'y changeront rien, quel que puisse être le bénéfice que puissent espèrer en tirer les pays d'accueil.

Si la solidarité à l'égard de ceux qui sont dans la détresse est un devoir humanitaire, c'est un devoir plus impératif encore que d'agir avec discernement. C'est dans cet esprit que toutes réactions et dispositions influençant la démographie des pays les plus riches doivent tenir compte des réalités de la surpopulation mondiale plutôt que d'être dictées par un calcul politique étriqué ou une compassion aussi sommaire que démagogique.

Une telle attitude devrait au demeurant s'inscrire dans une autre, de portée planétaire, dans laquelle sont impliqués les pouvoirs religieux, autant et plus que les pouvoirs politiques. « Paul Ehrlich, biologiste à l'Université de Stanford, et John Harte, spécialiste en ressources naturelle et énergie à l'Université de Berkeley, ont publié dans la revue "Nature Climate Changeun article relevant la contradiction majeure entre le discours du pape François, dans son encyclique "Laudato si" et depuis, sur l'action à conduire pour éviter un dérapage climatique dangereux et celui qu'il tient sur la contraception et le contrôle des naissances. Ils l'appellent à abandonner l'obsession de l’Église catholique sur la contraception et l'avortement, et à soutenir les droits des femmes et le planning familial. En effet, l'encyclique dénonce la « pression internationale » qui s'exercerait sur les pays en développement pour subordonner l'aide économique qu'ils pourraient recevoir à une politique de « santé reproductive », et affirme que « la croissance démographique est complètement compatible avec un développement intégral et partagé ». Les scientifiques répondent : « Un regard attentif à la pleine complexité des interconnexions entre les dimensions démographique, biophysique, économique et sociale de l'environnement planétaire suggère que la croissance démographique n'est pas compatible avec un développement partagé et durable » et soulignent qu'orienter l'Humanité vers la sécurité alimentaire suppose d'abandonner « la fiction d'une croissance démographique perpétuelle ». Or, cette croissance démographique augmente la pression sur les ressources naturelles et les services écosystémiques, au risque de les épuiser ; et cette même pression croissante, par une population plus nombreuse, rend encore plus difficile l'avènement de formes de gouvernance favorables à une distribution plus équitable des ressources»
Wikipedia - https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation






mercredi 1 janvier 2020

De l'indissociable binôme économie-population

Rappel - Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles autant
que chiffrées étayant le raisonnement ci-après, sont néanmoins empruntés à des disciplines
scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références
notamment démographiques, sociologiques, statistiques...


N'en déplaise à la plupart des experts en sciences dites humaines, l'histoire de l'humanité n’est rien d’autre que celle de la relation économie-démographie, celle-ci conditionnant celle-là et non le contraire. Et c’est par ignorance, voire négation de cette relation fondamentale ainsi que de son évolution, que l'homme s'interdit, entre autres conséquences, de se réconcilier avec son environnement. À quoi sert en effet la réduction de la consommation d'énergie ; la frugalité et autres mesures ; tout autant vouées à l'échec si la population de consommateurs ne cesse d'augmenter ?

Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’homme est un consommateur*, qui se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il est ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent économique au service de la société, dès avant sa conception jusqu'après sa mort, comme en témoignent des marchés du prénatal et du mortuaire particulièrement prospères. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – s'ajoutant à ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent, consomment, échangent et s’enrichissent aux dépens de leur habitat, avec l'aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses. Qu’il s’agisse de ressources non renouvelables ou de pollution, les atteintes à l’environnement augmentent d’autant et aggravent celles d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques, que la décroissance soit ou non l'aspiration de toujours améliorer sa condition, qui distingue l'homme des autre espèces animales connues.

Si la COP 25 à, comme ses éditions précédentes, ignoré le fait démographique, les pouvoirs qui en décident – au grand jour ou dans l'ombre – doivent savoir que la planète s'en remettra, mais qu'eux-mêmes se sont une fois de plus comportés en fossoyeurs de l'humanité. Car l'augmentation de la population humaine mondiale, avec ses répercussions sur tous les pays, est actuellement, de 250 000 chaque jour, soit en une année, la population de la France et du Benelux réunis.

Et la fameuse transition démographique est telle, qu'après que cette population se soit accrue en moyenne, d'environ 10 500 individus quotidiennement depuis le début de notre ère, ce chiffre sera de 125 000 à 300 000 dans moins d'un siècle, selon les projections haute et basse du Service population de l'ONU et sauf effondrement généralisé entre temps.

http://economiedurable.over-blog.com/2022/01/surpopulation-toujours-d-actualite.html

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2022/04/condition-humaine-demographie-pauvrete.html?zx=6d3b7f05942ed596

* « ... tout être humain est avant toute autre activité ou toute autre opinion un consommateur. » Gaston Bothoul, in Traité de sociologie II, Petite bibliothèque Payot, 1968.


lundi 11 septembre 2017

Croissance ou décroissance ?


La figure ci-dessus exprime, à population constante, la relation démographie volume de la pyramide sociale)/économie (niveau de richesse collective)/écarts de richesse entre catégories sociales, et le fait que quel que soit le niveau de richesse globale de la société, la pyramidale sociale s’y adapte dans ses trois dimensions, chaque catégorie sociale dont elle est faite épousant cette adaptation. Quand la richesse globale de la société croît ou décroît, celle de chaque catégorie sociale suit le même mouvement en conservant ses proportions. Ceci indique clairement que la décroissance a pour effet d’appauvrirl’ensemble de la société, au détriment premierdes plus démunis eu égard à leur proportion.

De quoi donner à réfléchir à ceux qui voient la croissance comme un phénomène dont le ralentissement peut s’obtenir par un freinage autoritaire de la production consommée par lesseuls nantis.Négligeant le fatal enchaînement démographie-économie, ilsnient les motivations profondes de l’homme et ses fonctions motrices, tant à l’égardde la consommation quede la production,d’autant plus déterminantesque la population est nombreuse. La démographie impose sa loiprépondérante en toutes circonstances, richesse et pauvreté conservant leur relativité ; de sorte que si réduire la demandeet le gaspillage n’est probablement pas impossible, il y a lieudese demanderà quoi bon s’yefforcerdès lors que le nombre de consommateurs-producteurs ne cesse d’augmenter.

La croissance au contraire, œuvre au progrès et à l’amélioration du sort de tous, même s’il est vrai qu’elle conforte la situation des plus riches – fait rédhibitoire aux yeux de certains – qu’une redistribution par la fiscalité se montre impuissante à maîtriser. Tout au plus cette redistribution parvient-elle à proportionner tant bien que mal à la richesse de chacun, des impôts (directs et indirects) faisant de tous les citoyens des contribuables, dont rares sont ceux qui considèrent le système comme équitable. Et ceci au prix exorbitant d’une administration alimentant les caisses de la collectivité, donc contribuant à augmenter la richesse commune, avec pour conséquence le creusement des inégalités sociales.

À cette dimension sociale de leur raisonnement, les partisans de la décroissance ajoutent celle concernant l’environnement et plus précisément les limites des ressources de la planète. Mais ce que le bon sens de quiconque invite à considérer, ne fait qu’accentuer les inégalités entre catégories sociales, l’accès des pauvres à ces ressources étant pénalisé par leur nombre. D’ailleurs, cet argument se fondant à juste titre sur les atteintes portées par la croissance au bien le plus précieux de l’humanité, toutes catégories sociales confondues, ainsi que de tout ce qui peuple la planète, est largement partagé par les “croissantistes”. Mais la croissance ne peut-elle pas précisément respecter la planète et tous ses habitants ? Le développement humain doit-il inéluctablement se produire dans la prolifération, l’anarchie et le gaspillage ? Plutôt que de sommairement recourir à une régression contraire à ses aspirations, l’homme serait-il incapable de mettre son génie au service d’un progrès maîtrisé, en commençant par agir sur lui-même ? D’autant que s’il est un domaine que l’homme a le pouvoir de contrôler, c’est bien celui de sa propre multiplication.

L’équilibre nécessaire repose sur une maîtrise de la population humaine. C’est pourtant sans remettre en cause une croissance démographique structurellement porteuse de tous les maux de l’humanité que la décroissance voudrait s’imposer, inspirée par un égalitarisme ignorant le surnombre. Mais l’économie, ne saurait se soumettre durablement aux réglementations auxquelles elle est ainsi soumise et qui s’avèrent, non seulement impuissantes mais en entravent le développement inéluctable. Confrontée au tonneau des Danaïdes, la société ne peut obtenir des résultats que passagers dont l’insuffisance est systématiquement imputée au seul égoïsme des hommes, alors que – sans le méconnaître – ceux-ci font d’abord preuve d’ignorance, allant jusqu’à nier l’influence fondamentale de leur pullulement.

La meilleure preuve de ce déni de réalité, que masque la compassion accordée par toutes les bonnes âmes aux déshérités et par extension aux pays pauvres et en voie de développement, est dans la stigmatisation outrancière des pays développés, accusés d’être coupables à eux seuls de la pollution planétaire. Certes, cette pollution est proportionnelle au niveau d’industrialisation de chaque pays et surtout, au régime auquel est soumise leur industrie, mais celle-ci tourne indifféremment pour satisfaire leurs propres besoins et ceux des pays pauvres, qui sans cela seraient encore plus démunis qu’ils le sont. Ceci a bien entendu pour conséquence d’aggraver l’empreinte écologique des pays riches, au prorata de l’augmentation de la population des pays pauvres, en même temps que de l’aspiration légitime des peuples de ces derniers à connaître de meilleures conditions d’existence. Sans compter que parmi les pays pauvres ou en voie de développement, certains sont non seulement consommateurs et utilisateurs de ces biens fabriqués ailleurs, mais les obtiennent en échange de produits bruts énergétiques hautement polluants – notamment hydrocarbures – nécessaires pour les produire.

La manière dont – par exemple – Notre empreinte écologique1traite des questions de population et a fortiori de surpopulation est significative du parti-pris idéologique avec lequel bon nombre d’experts relèguent la démographie à l’arrière-plan de l’économique et du social. Bréviaire de la décroissance, la simple notion de pyramide sociale y est bien entendu superbement ignorée, d’où un livre de plus – pourtant aussi argumenté que savant – écrit sur le futur de l’humanité, sans référence sérieuse à ce qu’est fondamentalement la condition humaine. Reconnue comme facteur parmi d’autres de l’empreinte écologique, la population y est évoquée avec une telle discrétion qu’il est évident que là encore sévit le tabou touchant ce sujet. Au nom de la compassion portée aux plus défavorisés, préséance est accordée au social, au point qu’aussi louable et fondée qu’elle soit, cette compassion pousse les auteurs à exclure de leur réflexion ce qui est la cause première de l’empreinte écologique humaine globale, avec pour résultat de porter au niveau des nations une archaïque lutte des classes attisée autant que mondialisée, au détriment de ce que cette empreinte doit à la conjugaison désastreuse d’une croissance anarchique, tant économique que démographique, toutes nations et classes sociales confondues.

La seule façon de réduire significativement et durablement le nombre des pauvres, tout en permettant à l’humanité de poursuivre son chemin vers un progrès incluant un meilleur équilibre social et le respect dû à la planète, est d’être globalement moins nombreux. “On n’arrête pas le progrès” n’est pas une vaine formule, contrairement à ce qu’en pensent les inconditionnels d’une sagesse simpliste méconnaissant les aspirations suprêmes de l’homme. Il y a fort à parier que soumis plus qu’à tout autre à cet instinct qui le pousse inexorablement à affronter depuis qu’il existe les défis que lui lance la nature, il choisira – éventuellement avec l’aide plus ou moins brutale de celle-ci – de poursuivre son chemin vers une fin inéluctable, qu’il tentera de retarder dans toute la mesure de cette intelligence et d’aspirations qui le différencient des autres espèces. Mais en état de croissance comme de décroissance économique, la pyramide sociale ne peut que peser de tout son poids sur une planète qui le supporte chaque jour plus difficilement ; jusqu’à ce que la nature se débarrasse de l’excédent de ses prédateurs les plus menaçants, au prorata de leur représentativité sociale. À défaut d’une dénatalité choisie par l’homme, elle le fera par des moyens dont elle est seule maîtresse, après avoir fait preuve de beaucoup de patience.

C’est dans ces conditions que l’avenir de la planète ainsi que le partage des richesses de la société entre ses membres, se réduit à deux options :
1° – Un monde d’indigence, composé de riches devenant de moins en moins riches et de pauvres devenant de plus en plus pauvres, les uns et les autres continuant de proliférer jusqu’au collapsus2 ; ou
2° – Un monde à la population maîtrisée et par conséquent aux pauvres moins nombreux, dont les richesses ne cesseront de croître au bénéfice de tous, indépendamment des conditions de leur partage, jusqu’à un éventuel exil vers d’autres planètes ou l’extinction sur Terre.

En attendant, si les recommandations des auteurs de “Notre empreinte écologique” aux terriens les engageant à modérer leur prédation, s’adressent en bonne logique d’abord à ceux qui consomment le plus, les mettre seuls en accusation, et de façon aussi grossière, renvoie à l’idée fausse que la situation se réduirait à une différence de comportement entre riches et pauvres, qu’il s’agisse d’individus ou de nations. Or l’empreinte écologique est le fait de tous. Elle s’est constituée au cours du temps partout et à tous les niveaux, avec l’aide d’un progrès qui s’étend à l’ensemble de la société. Si l’empreinte des pauvres est plus faible que celle des riches, c’est précisément parce qu’ils sont pauvres ; mais ne sont-ils pas légitimement désireux de l’être moins, avec pour perspective d’augmenter d’autant leur propre empreinte ? Dans les régions les plus reculées de la planète, l’homme sait ou finit d’apprendre ce qu’est la voiture, l’électricité, la télévision, le téléphone, etc. Même s’il reste beaucoup à faire, il est généralement mieux nourri, habillé, abrité, soigné, qu’il ne l’a jamais été, et accède chaque jour un peu plus à ce qui améliore sa condition, au moins matérielle. Pour cette raison, c’est l’empreinte écologique moyenne qui augmente, celle des pauvres tendant vers celle des riches, même si l’enrichissement général de la société distend les écarts entre les uns et les autres.

280 000 êtres humains supplémentaires chaque jour – soit annuellement 100 millions, ou la population de la Belgique, de la France et des Pays-bas réunis – ont pour effet d’accroître plus fortement le nombre des plus défavorisés que celui des riches ? C’est dans ces conditions qu’à l’horizon 2100 ce ne seront plus les ressources de 1,7 planète qui seront nécessaires à l’humanité pour survivre, mais celles de 3 et davantage. Dans une telle situation, s’il doit être exigé un meilleur comportement des plus favorisés, nul ne peut pour autant être exonéré de sa part de responsabilité, aussi faible soit-elle, au motif que d’autres en portent une part plus grande ; et c’est une grave erreur que de donner à penser qu’il puisse en être autrement. Il faut laisser les idéalistes gloser sur une iniquité proportionnelle à la richesse de la société et au nombre de ceux qui se la partagent. Pour d’autres, sachant qu’elle est d’abord due à notre structure sociale en ce qu’elle a d’incontournable, il est plus que temps d’aborder avec pragmatisme l’avenir tel qu’il se présente. S’il est éminemment regrettable que des abus aient été commis, il importe que cessent ceux qui se commettent encore. L’heure n’est pas à la repentance, aussi fondée puisse-t-elle être, et encore moins à une expiation quasi mystique par la décroissance, mais à l’action. Renoncer au progrès serait se montrer incapable de le maîtriser et punir nos abus en niant ses bienfaits ; ce serait se tourner vers le passé quand il est requis, dans la plus grande urgence, que les efforts de tous soient tournés vers l’avenir pour en tirer sans abus le meilleur.

Il n’est pas question de contester ici l’utilité de l’empreinte écologique en tant qu’instrument de diagnostic et de sensibilisation aux excès de prédation de l’humanité, ni de nier que les plus riches en soient les premiers responsables ; encore moins de douter du droit que ce concept a acquis de s’ajouter à ceux qui inspirent déjà les chercheurs et experts, mais d’attirer l’attention sur le fait que pendant qu’ils en fouillent les détails et les retournent en tous sens, la population ne cesse de croître à un rythme jamais atteint, dans la quasi-indifférence générale. Raison suffisante pour paraphraser William Rees clôturant la préface de ce livre, pour proclamer : « Regarder en face [sans tabou], tous ensemble, la réalité du dépassement démographique – et non pas simplement écologique, comme il l’écrit[avec ses conséquencesécologiques], nous forcera à découvrir et mettre en pratique ces qualités uniques qui distinguent le genre humain des autres espèces sensibles pour nous réaliser pleinement comme êtres humains. En ce sens, le changement démographique – et non seulement écologique, comme il persiste à l’écrire en refusant ostensiblement la priorité du fait démographique sur tout autre – mondial est la dernière grande occasion de prouver que la vie intelligente existe réellement sur la Terre. »

Claude Courty




Extrait de “Précis de Pyramidologie sociale”


1— de Mathis. Wackernagel et William. Rees, éditions Écosociété, Montréal

2–  “Comment tout peut s’effondrer” de Pablo Servigne & Raphaël Stevens. Petit manuel de collapsologie évoquant trop succinctement la surpopulation comme facteur de cet effondrement.