Qui aurait imaginé que ce soit possible au sein du Pentagone, et qui plus est en pleine investiture ?
Ceux qui en auront été comme moi surpris, comprendront mieux le regard ulcéré de l’heureux élu, que nul ne s’est donné la peine de commenter, alors qu’il n’a pu qu’être clairement perçu par d’innombrables téléspectateurs de la cérémonie et plus précisément de la messe célébrée en la circonstance.
Ainsi, une schismatique prélate – le néologisme s’imposant – a pu donner publiquement une leçon de morale, et peut-être même de compassion à défaut de charité, au Président de la nation la plus riche du monde, et ceci au nez et à la barbe de l'Église romaine. Le Pape François en aurait-il dit quelques mots avant de nous quitter ? Mieux vaut en tous cas que le sermon ait eu lieu avant qu’après la prestation de serment de l’impétrant sur la Bible.
Quoi qu'il en soit, ne faut-il pas voir dans ce cocasse épisode la réalité de la cause profonde de la révolution trumpienne ? Ne s'agirait-il pas tout simplement de la manifestation de la peur des plus riches en voulant toujours plus ; et de leur résistance face à la montée d'une pauvreté proliférant partout dans le monde, contrairement à ce qu'en disent les milieux prétendument les mieux informés. Il faut savoir en effet que pour des raisons structurelles dues aux hasards de la naissance de chacun et à son héritage génétique, social et culturel ; quels que soient les avatars de son existence par la suite, sur 100 Terriens qui viennent s'ajouter à la population mondiale – et il s'en ajoute à notre époque plus de 200 000 quotidiennement – 14 compteront parmi les “riches” alors que 86 iront grossir les rangs des “pauvres”, dont les pauvres profonds.
Bien sûr, la comparaison entre catégories sociales à des siècles et a fortiori à des millénaires de distance peut sembler aberrante, le progrès technique et scientifique ayant considérablement changé les conditions d’existence des pauvres comme des riches.
De même pour une comparaison entre pays, régions et autres collectivités, alors qu’ils peuvent présenter des différences considérables, tant en termes de population que de richesse.
Mais si le progrès scientifique et technique a considérablement amélioré les conditions de vie matérielle de l’humanité, richesse et pauvreté existent depuis toujours et continueront d’exister l’une par l’autre, dans une relativité intemporelle, déterminant une pyramide sociale dont le volume peut représenter par convention le peuplement. Sans riches point de pauvres et réciproquement. En conséquence, ce qui compte pour chacun, est son ressenti en tant qu’occupant d’une position dans cette pyramide sociale (à l’échelle de l’humanité ou de chacune des collectivités dont elle est faite, quel qu’en la dimension et la puissance) ; position devant tout aux hasards de sa naissance et à l’héritage génétique, social et culturel en découlant, et les aléas de son existence par la suite et la compassion – spontanée ou contrainte – de ses semblables.
Or, l'écart existant entre la base et le sommet de cette pyramide ne cesse pas d’augmenter, avec la population et une économie déterminée par ses besoins, vitaux et accessoires ; les inégalités sociales exprimées par cet écart ne cessant de se creuser d’autant. Et ces inégalités sont d’autant plus ressenties que si la richesse n’a pas d’autres limites que les ressources dont la tirent ceux qui la convoitent, la pauvreté à la sienne, qui est le niveau zéro de la richesse collective, coïncidant avec sa base, là où est condamnée à proliférer, démographiquement et structurellement, la multitude des plus déshérités.
S’agit-il pour l’Amérique de Trump de lui rendre sa grandeur, ou de tenter de permettre aux plus riches de continuer de s’enrichir, alors que la pauvreté ne cesse de croître avec la démographie, en revendiquant sa part, et ceci aux dépens d’un environnement commun ?
N’assistons-nous pas à la résistance de ceux qui n'en ont jamais assez face à ceux qui, tout en proliférant envers et contre tout, ont toujours été privés du minimum ?
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