Je ne suis pas comme Edgar Morin un intellectuel, ni n'en possède le non moins glorieux passé de patriote résistant, mais il se trouve que j'ai néanmoins 39/45 et me souviens de cet exode lamentable, qui est aujourd'hui celui de millions d'Ukrainiens – et de tant d'autres populations dans le monde – . Aussi, m'autorisant d'un âge proche du sien, je refuse sa vision, en cela qu'il la qualifie de "subie", alors qu'elle n'est pas celle d'un somnanbule – par définition irresponsable –, mais d'un utopiste trop crédule trop conformiste et trop aveugle pour voir les réalités de la condition humaine pour ce qu'elle sont. Or quelles sont ces réalités ?
Ici
et maintenant, parce
qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir,
se loger et se soigner, l’être
humain plus que tout autre est un consommateur. Et
il l’est depuis
sa conception jusqu’après sa mort, se doublant d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler (comme en estteste la prospérité des marchés du prénatal et du funéraire). Il est
ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent
économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement sous toutes ses formes. Et plus le nombre de ces agents
augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils
s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent,
consomment, échangent et s’enrichissent, avec l’aide du progrès
scientifique et technique, quelles que soient les conditions du
partage de leurs richesses.
Qu’il
s’agisse de ressources non renouvelables, de
déchets ou
de pollution, le saccage
de la planète Terre augmentent d’autant et s’ajoute aux
caprices d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html
Tous les malheurs du monde, que l’homme a la capacité de maîtriser, en découlent et sont aggravés par le caractère incontournablement pyramidal de la société, dû au fait que richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité – sans riches point de pauvres et réciproquement –, et que les hasards de sa naissance assignent à chacun sa place au sein de cette pyramide sociale, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite et jusqu’à sa mort. Outre le fait qu'en raison de ce caractère pyramidal de notre structure sociale, les pauvres s’y multiplient à une cadence qui est plusieurs fois celle des riches. C’est dans ces conditions, que sous la pression de 220 000 êtres humains qui viennent à notre époque s’ajouter quotidiennement à la population mondiale, la pyramide sociale s’atrophie toujours plus et que son sommet s’éloignant incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusent inéluctablement d’autant.
http://economiedurable.over-blog.com/2022/01/surpopulation-toujours-d-actualite.html
Sous l’emprise croissante de la dictature de ses sentiments et de ses émotions, l’homme prête de moins en moins attention à la réalité. Il préfère, à des faits et chiffres incontestables, les dogmes de croyances religieuses et les certitudes de doctrines politiques et sociales – et désormais écologiques – qui en tiennent lieu pour les laïcs. De tous temps les êtres humains ont compris ce qu’ils pouvaient tirer de la crédulité de leurs semblables ; cette faculté dont ils ont su se doter pour calmer leurs angoisses existentielles et tenter de s’expliquer ce qui leur est inaccessible, et que seule une patiente démarche scientifique semble susceptible de révéler. Des pouvoirs se sont ainsi établis – comme est en train de le faire le pouvoir écologique –, pour le meilleur et pour le pire, sur des croyances codifiées, dans une concurrence privilégiant le nombre de leurs adeptes sur leur bien-être ici et maintenant.
Et
ces pouvoirs ne cessent eux-mêmes de croître et de se multiplier
sous l’influence de désordres naturels aggravés par ceux
qui résultent des exigences d’une espèce
humaine dont
la prolifération,
proportionnelle à ses progrès matériels, se
retourne contre elle.
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