S’il
s’agit d’honorer le sacrifice des combattants et les innombrables
victimes d’une guerre sans précédent par son ampleur sinon par
ses horreurs, la commémoration du 11 novembre 1918 est aussi une
manière de glorifier une cohésion par laquelle la France s’éleva
alors au premier rang des nations qui y prirent part, outre le fait
qu’elle fut principalement livrée sur son sol. Mais nous ne sommes
plus en 14-18, ni même en 40-45, conflit ayant déjà révélé ce
qu’était devenue cette cohésion. De quoi remettre en question une
célébration censée satisfaire un patriotisme qui réclamerait un
tel acte de foi. D’ailleurs, qui sont et seront ceux qui
commémoreront dorénavant l’armistice du 11 novembre 1918 ?
Ne
pas s’en soucier serait se limiter à une nostalgie conduisant les
plus patriotes des Français à s’intéresser davantage au passé
de leur pays qu’à son avenir ; à négliger que la France, comme
d’autres nations, marche à grands pas vers une dilution de son
identité, aussi glorieuse soit-elle, du fait d’une situation
démographique mondiale sans précédent, dont apparemment rares sont
ceux qui en perçoivent les effets ou s’en soucient. Pourtant,
alors que les questions de population et a fortiori de surpopulation
demeurent tabou en dépit des alertes inlassablement lancées par
quelques originaux – bien que 15 000 scientifiques se soient enfin
décidés à faire part de leur inquiétude démographique, en
relation avec le réchauffement climatique –, la seule chance de
bien des pays de ne pas être ravalés au rang des plus faibles du
monde, réside dans leur peuplement tel qu’il sera demain.
Avec
une immigration qui pourrait être un ironique clin d’œil de
l’histoire – Les migrants d’aujourd’hui ne sont-ils pas dans
une forte proportion les descendants des combattants enrôlés il y a
cent ans dans les pays d’où ils viennent ?–, la France comptait
au 1er janvier 2018, 67,2
millions d’habitants, dont 12 millions d’immigrés
et
descendants directs d’immigrés de toutes nationalités, soit 1,13%
d’une
population mondiale se chiffrant à 7,6 milliards d’individus, et
0,73%
sans
immigrants. En 2100, alors que la population de la planète atteindra
au moins 11 milliards d’êtres humains, la France sera peuplée de
76 millions d’humains – dont une proportion d’immigrés qui ne
pourra qu’augmenter d’ici là –, soit 0,68%
de
la population mondiale et 0,57%
hors
population immigrée supposée inchangée. Et ce ne sera pas la
fécondité de 50 millions de Français “de souche”,
prolifèreraient-ils à outrance, qui modifiera la répartition d’une
croissance démographique mondiale de l’ordre de près de 100
millions d’êtres humains par an (250 à 280 0000 terriens
supplémentaires déferlent quotidiennement sur la planète et
l’Afrique verra plus que doubler sa population en 1 siècle,
celle-ci étant appelée à passer de 1 à plus de 2 milliards).
De
tous temps, la vigilance et la clairvoyance de quelques-uns ont
vainement tenté de sensibiliser l’opinion aux dangers d’une
démesure en tout, mais jamais comme de nos jours, l’opinion n’y
a été aussi sourde. Qui sont en effet les responsables et régimes
politiques, ainsi que les démographes, économistes, sociologues …
auxquels ils auraient pu se référer, qui se soucient du rapport
fondamental régnant entre démographie et économie ? Quels sont
ceux qui en reconnaissent l’incidence sur un équilibre social et
environnemental rendu chaque jour plus fragile par une démographie
galopante, alors qu’il s’agit dorénavant de conserver à ces
pays, au premier rang desquels la France, leur rang dans le concert
des nations, en cherchant à maîtriser la composition de leur future
population, promise à être majoritairement composée de citoyens
“hors-sol”.
C’est
faute d’avoir aidé à temps les pays où elles s’imposent depuis
toujours à prendre des mesures en faveur de leur planning familial
et de leur développement économique, que notre pays et quelques
autres sont dans la situation alarmante où ils se trouvent
aujourd’hui, et le souvenir des pages les plus glorieuses de leur
histoire n’y peut lui non plus rien changer. Au point qu’il soit
permis de se demander si nos générations – leurs élites en tête
–, plutôt que de s’en glorifier, ne devraient pas éprouver de
la honte pour avoir à ce point manqué de respect à tous ceux qui
se sont sacrifiés pour laisser à leur descendance un avenir
meilleur.