mardi 13 mai 2025

La lutte des classes est enterrée

L'autoportrait de Donald Trump coiffé de la tiare du Pape François, renvoie ceux qui comme moi ont surpris le regard ulcéré de l’heureux élu lors de son investiture, au sourire crispé que nul ne s'est donné la peine de commenter, alors qu’il n'a pu qu’être clairement vu par d’innombrables téléspectateurs lors de la messe célébrée en la circonstance. 

Il réagissait ainsi à l'admonestation qu'adressait publiquement l'officiante Mariann Budde, évêque de la schismatique Église épiscopalienne au Président de la nation la plus riche du monde, pour le rappeler à la compassion, en lieu et place de l'Église romaine. Le Pape François en aurait-il dit quelques mots avant de nous quitter ? Mieux vaut en tous cas que le sermon ait eu lieu avant qu’après la prestation de serment de l’impétrant sur la Bible.

Quoi qu'il en soit, ne faut-il pas voir dans ce cocasse épisode la réalité de la cause profonde de la révolution trumpienne ? Ne s'agirait-il pas tout simplement de la manifestation de la peur des plus riches en voulant toujours plus ; et de leur résistance face à la montée d'une pauvreté proliférant partout dans le monde, contrairement à ce qu'en disent les milieux prétendument les mieux informés. Il faut savoir en effet, que pour des raisons structurelles dues aux hasards de la naissance de chacun et à son héritage génétique, social et culturel, quels que soient les avatars de son existence par la suite, sur 100 Terriens qui viennent s'ajouter à la population mondiale – et il s'en ajoute à notre époque plus de 200 000 quotidiennement –, 15 compteront parmi les “riches” alors que 86 iront grossir les rangs des “pauvres”, dont les pauvres profonds.






Bien sûr, la comparaison entre catégories sociales à des siècles et a fortiori à des millénaires de distance peut sembler aberrante, le progrès technique et scientifique ayant considérablement changé les conditions d’existence des pauvres comme des riches.

De même pour une comparaison entre pays, régions et autres collectivités, alors qu’ils peuvent présenter des différences considérables, tant en termes de population que de richesse.

Mais si le progrès scientifique et technique a considérablement amélioré les conditions de vie matérielle de l’humanité, richesse et pauvreté existent depuis toujours et continueront d’exister l’une par l’autre, dans une relativité intemporelle, déterminant une pyramide sociale dont le volume peut représenter par convention le peuplement et dans laquelle sans riches point de pauvres et réciproquement. En conséquence, ce qui compte pour chacun est son ressenti en tant qu’occupant d’une position dans cette structure (à l’échelle de l'humanité ou de chacune des collectivités dont elle est faite), et la compassion, comme la charité ou la solidarité – spontanées ou contraintes – des mieux nantis que lui-même.

Or, l'écart existant entre la base et le sommet de cette pyramide ne cesse pas d’augmenter, avec la population et une économie déterminée par ses besoins, vitaux et accessoires ; les inégalités sociales exprimées par cet écart ne cessant de se creuser d’autant. Et ces inégalités sont d’autant plus ressenties que si la richesse n'a pas d’autres limites que les ressources dont la tirent ceux qui la convoitent, la pauvreté à la sienne, qui est le niveau zéro de la richesse collective, coïncidant avec sa base, là où est condamnée – structurellement – à survivre la multitude des plus déshérités. 


S'agit-il seulement pour Trump de rendre sa grandeur à l'Amérique, ou de permettre aux plus riches de continuer de s'y enrichir aux dépens d’un environnement mondial dont la pauvreté ne cesse de proliférer avec la démographie, en continuant d'y revendiquer sa part de richesse; dont le minimum vital pour les pauvres profonds qui en ont toujours été structurellement privés ?

Est-il abusif de s'interroger, quand il suffit d'imaginer l'aisance économique supplémentaire qui résulterait, pour la nation usant de cette arme aussi inqualifiable que sommaire, d'une simple auto exonération de sa juste part de la grande pauvreté humaine, au détriment des autres pays du monde ?