Les “foules”, la démographie & la pyramide sociale
Ayant compris dès leurs débuts les effets sociaux de la révolution industrielle et pressenti ceux à venir à plus ou moins long terme, Gustave Le Bon écrivait en préface de sa “Psychologie des foules” (Édition originale Alcan, 1895) :
Page I « L’action inconsciente des foules se substituant à l’activité consciente des individus est une des principales caractéristiques de l’âge actuel. »
Précisant plus loin (pages 3 & 4 de son ouvrage) « L’avènement des classes populaires à la vie politique, c'est–à-dire, en réalité, leur transformation progressive en classes dirigeantes, est une des caractéristiques les plus saillantes de notre époque de transition. Ce n’est pas, en réalité, par le suffrage universel, si peu influent pendant longtemps et d'une direction d'abord si facile, que cet avènement a été marqué. La naissance progressive de la puissance des foules s’est faite d’abord par la propagation de certaines idées qui se sont lentement implantées dans les esprits, puis par l’association graduelle des individus pour amener la réalisation des conceptions théoriques. C’est par l'association que les foules ont fini par se former des idées, sinon très justes, au moins très arrêtées de leurs intérêts et par avoir conscience de leur force. Elles fondent des syndicats devant lesquels tous les pouvoirs capitulent tour à tour ; des bourses du travail qui, en dépit de toutes les lois économiques tendent à régir les conditions du labeur et du salaire. Elles envoient dans les assemblées gouvernementales des représentants dépouillés de toute initiative, de toute indépendance, et réduits le plus souvent à n'être que les porte-parole des comités qui les ont choisis. Aujourd’hui les revendications des foules deviennent de plus en plus nettes, et ne vont pas à moins qu’à détruire de fond en comble la société actuelle, pour la ramener à ce communisme primitif qui fut l’état normal de tous les groupes humains avant l’aurore de la civilisation. Limitation des heures de travail, expropriation des mines, des chemins de fer, des usines et du sol ; partage égal de tous les produits, élimination de toutes les classes supérieures au profit des classes populaires, etc. Telles sont ces revendications. Peu aptes au raisonnement, les foules sont au contraire très aptes à l'action. Par leur organisation actuelle, leur force est devenue immense. Les dogmes que nous voyons naître auront bientôt la puissance des vieux dogmes c'est-à-dire, la force tyrannique et souveraine qui met à l’abri de la discussion. Le droit divin des foules va remplacer le droit divin des rois. »
Pourtant, l’élite des pouvoirs religieux et politiques ayant de tous temps mené le monde s’est obstinée à encourager l’humanité, avec l’aide d’un pouvoir scientifique coupable de l’avoir exonérée de la loi de sélection naturelle qui l’avait jusqu’alors protégée de la surpopulation – à l’égal des autres espèces –, à se multiplier sans autres freins que les guerres, les pandémies et autres catastrophes naturelles, dont les dommages sont inlassablement réparés en quelques semaines ou mois de relance démographique. C’est ainsi que la croissance démographique est devenue continuelle puis a tournée à la prolifération, premier prédateur de l’ensemble du vivant sur Terre, à commencer par lui-même.
Au point qu’il soit permis de se demander si A. Le Bon n’a pas prêté aux foules les intentions et pouvoirs qui pourraient avoir été ceux de leurs meneurs, lorsqu’il déclare page 98 de son livre « Le grand facteur de l’évolution des peuples n’a jamais été la vérité, mais l’erreur. Et si le socialisme voit croître aujourd’hui sa puissance, c’est qu’il constitue la seule illusion vivante encore. […] Sa principale force est d’être défendu par des esprits ignorant assez les réalités des choses pour oser promettre hardiment à l’homme le bonheur » ou encore « Les foules n’ont jamais eu soif de vérité. Devant les évidences qui leur déplaisent elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime. »
À noter, quant aux effectifs des foules, l’émergence récente d’une population venue les grossir, constituée d’une multitude d’adolescents et même d’enfants, s’autorisant du recul de l’autorité parentale et du laxisme de leurs enseignants, conjuguée avec l’apparition des réseaux sociaux ouverts à tous, pour se mêler significativement du débat public.
Toujours est-il qu’évaluée à 250 000 au début de notre ère, la population humaine a atteint 1 Milliard d’individus au cours du XIXᵉˢ s. , pour doubler au cours du siècle suivant, et atteindre 7 milliards à l’entrée dans le troisième millénaire, en attendant les 9 puis 10 milliards et plus prévus au début du XXIIᵉ siècle. Ceci en dépit d’une transition démographique annoncée comme prochaine par les démographes depuis qu’ils existent – en France et ailleurs –, sans qu’elle se soit encore manifestée au moment où ces lignes sont écrites (année 2025).
Ce n’est donc pas par hasard que le pouvoir des croyances et idéologies les plus diverses s’exerçant sur les foules les ont submergées, mais par ignorance, négligence et déni de sa condition, entretenus par leurs meneurs, dans un contexte structurel faisant référence au polyèdre pyramidal en tant que représentation de la société humaine n’ayant pu être ignoré des élites, puisque ses traces se retrouvent dans les sociétés les plus anciennes, notamment en Mésopotamie (Vase d’Uruk, Tour de Babel), mais absent de leurs propos, voire refusé par les experts en sciences humaines, pour cause d’incompatibilité avec la dignité humaine.
Car c’est là qu’interviennent des considérations ayant pu échapper à G. Le Bon, bien qu’il ait formulés, toujours dans sa “Psychologie des foules” (Préface, pages IV & V), les observations ci-après.
« Au point de vue de la vérité absolue, un cube, un cercle [une pyramide*] sont des figures géométriques invariables, rigoureusement définies par certaines formules. Au point de vue de notre œil, ces formes géométriques invariables, rigoureusement définies par certaines formules. Au point de vue de notre œil, figurer les objets avec leur forme géométrique exacte serait déformer la nature et la rendre méconnaisable. Si nous supposons un monde dont les habitants ne puissent que copier ou photographier les objets, sans avoir la possibilité de les toucher, ils n’arriveraient que très difficilement à se faire une idée exacte de leur forme. La connaissance de cette forme, accessible seulement à un petit nombre de savants, ne présenterait d’ailleurs qu’un intérêt très faible.
Le philosophe qui étudie les phénomènes sociaux doit avoir présent à l’esprit, qu’à côté de leur valeur théorique ils ont une valeur pratique, et que, au point de vue de l’évolution des civilisations, cette dernière est la seule possédant quelque importance. … Si nous voulons rester dans les limites étroites mais sûres des choses que la science peut connaître, et ne pas errer dans le domaine des conjectures vagues et des vaines hypothèses, il nous faut constater simplement les phénomènes qui nous sont accessibles, et nous borner à cette constatation ».
* Absence pour le moins curieuse de ce polyèdre, dans le propos de l’auteur.
Quoi qu’il en soit, les propriétés géométriquement définies d’un cercle, d’un cube, (du polyèdre pyramidal), ne changent pas avec la vue qu’en a l’observateur ; c’est donc précisément parce que ces propriétés sont par définition immuables qu’elles peuvent servir de base à un raisonnement tout autant immuable.
Il est toutefois nécessaire, concernant la pyramide “sociale“, qu’elle soit – comme c’est généralement le cas –, conventionnellement admise comme représentative de toute société fondée sur l’altérité hiérarchisée de ses membres, telle que résultant des hasards de la naissance et de l’héritage génétique, social et culturel de ses membres, comme c‘est le cas pour l’humanité.
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Schémas, méthodologie
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