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mardi 1 août 2017

Démographie, économie, écologie, limites du bonheur humain

« Étude des conditions d’existence et des comportements des êtres vivants en fonction de l’équilibre biologique et de la survie des espèces »(cf. TLF, Trésor de la langue française), l’écologie ne peut être inféodée à des pouvoirs qui s’en prétendent les garants, quelles que soient les croyances et les idéologies qui les motivent. Science de la Terre, l’écologie intéresse tout ce qui peuple celle-ci, les hommes constituant l’espèce seule responsable des dommages infligés à un habitat commun, par leur vanité, leur imprévoyante et leurs abus en tous genres, à commencer par leur nombre. Sans celui-ci, précisément, tous des pouvoirs s’effondreraient, alors qu’il est le multiplicateur d’une prédation sans autres limites que celle des ressources de la nature.

Sans en tenir compte, quel que soit son positionnement dans la pyramide sociale, l’être humain attend toujours plus de son environnement, suivant en cela l’instinct qui le porte depuis son origine à toujours améliorer sa condition, comme si cette amélioration ignorant les apports du progrès devait ne jamais être achevée. Ce besoin persistant toutefois chez un nombre croissant d’êtres humains insuffisamment touchés par le progrès, la pensée écologique y a acquis une dimension sociale. Mais l’intérêtporté par les pouvoirsaux plus déshérités, autant sinon davantage par soucide conserver le nombre sur lequel ils se fondent que par compassion, doit-ildonnerla priorité absolue au social, au point d’en brouiller, voire d’en saperles intentionsau détriment de la collectivité, sachant que l’équilibre général de celle-ci estseul à même de procurer le meilleur niveau de vie possible à ses membres ?

La stigmatisationdes pays développéspar le bréviaire del’écologie qu’est – à juste titre, grâce à d’autres argumentsplus crédiblesNotre empreinte écologique1,les accusantd’être coupables à eux seuls de la pollution mondiale est révélateur de cedévoiementet de ses conséquences, dont la principale est de faire douterchacun desa part de responsabilité.Certes, cette pollution est proportionnelle au niveau d’industrialisation de chaque pays et surtout au régime auquel est soumise leur industrie. Mais n’est-ce pas pour le moins faire preuve d’une ingénuité coupable que d’omettre que cette même industrieproduitpour satisfaire à la fois leurs propres besoins et ceux des pays pauvres, qui sans cela seraient encore plus démunis qu’ils le sont ? Si l’empreinte écologique despays riches est ce qu’elle est, ce n’est passeulement pour répondre àleur propre consommation. Leur empreinte écologique intègre celle qui résulte de la pressiondespopulationsdes pays pauvres, en constante augmentation et d’autant plusforte que se manifeste leuraspiration à profiterau plus vitedes mêmes conditions de vie que les pays riches. Il suffit, pour concevoir l’aberration d’un tel procès, d’imaginer letransfert et la répartition sur les pauvres (70 % de la population), del’excédent (?) de la richesse commune détenu par les riches (3,7 %). Il est évident que l’empreinte écologique de l’humanité ne s’en trouveraitpas modifiée d’un iota. Sans compter : 1°- que les pays riches accusés de tous les maux, le sontpour l’essentiel des moyens œuvrant à la satisfaction des besoins de tous.2°- que parmi les pays pauvres ou en voie de développement, certains sont non seulement consommateurs et utilisateurs de ces biens fabriqués ailleurs, mais les obtiennent en échange de produits bruts énergétiques hautement polluants – notamment hydrocarbures – employéspour les fabriquer. Que les uns et les autres puissent économiquement tirer profit d’un tel échange est une autre affaire, affirmant au passagele caractère indissociable de l’écologie, de l’économieet de ladémographie.

Quoi qu’il en soit, comme le rappelle le blog http://economiedurablec’esttous ensemble qu’en ce début août 2017, selon les calculs portant sur notre empreinte écologique commune, nous aurons consommé ce que la planète nous offre pour l’année entière et que nous vivrons à crédit en commençant à consommer les ressources que la Terre est en mesure de nous offrir pour en vivre l’an prochain. En d’autres termes, la surpopulation humaine est telle, qu’elle consomme par avance non seulement ce qui sera nécessaire à la satisfaction de ses besoins futurs, mais ceux des générations à venir. Et les compteurs ne sont pas remis à zéro au début de chaque période de calcul – ici l’année –, ce qui signifie que les ressources de la terre qui ne se reconstitueront pas se raréfierontd’autant plus et d’autant plus rapidement que le nombre de ceux à qui elles sont et seront indispensables pour vivre ou simplement survivre continuera d’augmenter. Sans compter la nécessité d’unrééquilibrage des besoins humains par rapport à ce qui reste à ce jour des ressources planétaires, soit par une réduction de la population, soit par celle de sa consommation, à supposer que l’espèce humaine puisse se passer d’un autre équilibre, biologique celui-là et d’ores et déjà en perdition.

Mais réjouissons-nous, la science démographique semble enfin sortir de sa réserve par la voie de l’un de ses éminents représentants, sans aller toutefois jusqu’à aborder les conséquences de la surpopulation, le partage des tâches réservant ce soinauxexperts en sociologie, économie et autres sciences dites humaines. Le tabou dont est frappé la question serait-ilen voie d’êtrelevé ? Sommes-nous trop nombreux sur Terre ?ose demander Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris et chercheur associé à l’INED, dans une interview récemment publiéepar Le Pointhttp://www.lepoint.fr/tiny/1-2145872. Intéressant article à lire absolument, sans manquer de prendre connaissance d’un autre, publié comme en contrepoint par La Tribune – International, du 29 juillet 2017, signé Grégoire Normandet intitulé : Infrastructures : Des besoins d’investissements en forte expansion – Une hausse de la population entraîne des besoins d’investissements (en attendant la hausse des besoins de fonctionnement réclamant une augmentation de la population … ou des robots). Pour déterminer les besoins en investissements, l’auteur et ceux du rapport dont il s’inspire, s’appuient notamment sur les dernières projections démographiques de l’ONU qui indiquent que la population mondiale pourrait s’élever à 9,2 milliards d’habitants en 2040, selon un scénario central qui annonce 11,2 milliards d’être humains à l’orée du prochain siècle). Il pourrait donc y avoir environ 2 milliards d’habitants en plus sur terre dans seulement une trentaine d’années, et 4 milliards dans 80 ans.

1- Par Mathis Wackernagel et William Rees – Éditions écosociété – 1999

samedi 4 février 2017

Inégalités sociales et démographie

L'amalgame est un procédé dialectique tellement séduisant qu'il en est abondamment fait usage, ce qui n'est pas sans tromper l'opinion. Il en est ainsi pour les inégalités sociales, sujet d’autant plus flou que les réactions qu’il suscite sont passionnées et nombreuses. La confusion est ainsi plus ou moins volontairement introduite entre égalité sociales et égalité devant la loi – voire égalité tout court. Mais le pire est quand l'amalgame est pratiqué entre inégalités et différences, les pourfendeurs des premières n'hésitant pas à ignorer les secondes. De même qu’en en sont ignorées ou négligées les causes profondes ou quand sont comparées des fortunes qui n’ont plus rien de personnel à des salaires individuels, voire à des allocations, dans une totale confusion entre patrimoine, investissement, revenu, etc. Rien de surprenant dès lors à ce que la lutte contre les inégalités sociales ne mène qu’à exacerber la frustration de ceux dont les talents, l'ambition ou la volonté sont insuffisantes pour changer leur sort. Un essai de recentrage n’est donc peut-être pas inutile.

La pauvreté – comme la richesse – et les inégalités sociales sont des composantes structurelles de la société, inévitables dans leur relativité. En prendre conscience serait le premier pas à faire pour espérer les maîtriser, à défaut de pouvoir les éradiquer. La preuve en est largement administrée par une histoire sociale au cours de laquelle les raisonnements, les doctrines, les méthodes et les moyens appliqués pour les combattre ont nullement empêché qu'elles augmentent et s'exacerbent. Pourtant, l'homme refuse d'ouvrir les yeux sur ce qu'est aussi fondamentalement qu'irrémédiablement sa condition et la mesure dans laquelle la vie sociale de chacun en dépend. Il préfère, avec une obstination sommaire devant tout à sa vanité, tenter d'obtenir par la force ce que la nature lui refuse. Et les plus éminents experts que ces questions interpellent n'échappent pas à ce véritable déni de réalité.

En occident comme ailleurs, dans les pays développés comme dans les autres, la société des hommes est, a toujours été et sera jusqu’à sa fin, faite d’inégalités. L’exception y domine la masse ; le pouvoir y domine le peuple, la force la faiblesse, l’intelligence la sottise, le savoir l’ignorance , la richesse la pauvreté etc. ; dans tous leurs aspects. Et plus les richesses augmentent – qu’elles soient d’ordre matériel ou immatériel –, plus s’accroît l’écart entre le sommet d'une pyramide sociale qui
n’a pas d’autres limites que l'ambition humaine et les capacités de la planète et une base reposant sur la pauvreté absolue, au-dessous de laquelle nul ne peut descendre. Il négligent simplement ce faisant, que la richesse de la société augmente avec sa population, dont le premier rôle est de la produire, donc de s'enrichir.


Il existe des chiffres et un mécanisme vieux comme le monde, dont il faudrait avoir
clairement conscience avant de tenter quoi que ce soit d’utile pour secourir durablement les plus nécessiteux d’entre nous, qu'il s'agisse de continents, de nations, de régions, comme d'individus : À l’aube de notre ère, la Terre était peuplée d’environ 250 millions d’êtres humains. Elle en compte bientôt 8 milliards, dont 1 à 2 milliards vivent dans un état de pauvreté profonde. La pyramide sociale planétaire s'est développée du fait de l'activité des hommes et la richesse collective qui en résulte a crû de même, l'une et l'autre jusqu'à l'atrophie. Et la croissance démographique a affectée la structure de la pyramide sociale proportionnellement à la part de la population de chacune des catégories sociales qui l'occupent et s'y répartissent à raison de 3,7 % de riches, 26,3 % de représentants des classes moyennes et 70 % de pauvres*. L’homme et le progrès dont il est porteur ont ainsi multiplié en 20 siècles, sans que nul ne semble en être conscient, le nombre de miséreux, au point qu'ils représentent de nos jours plusieurs fois ce qu'était celui des individus de toutes conditions vivant sur terre au début de leur entreprise. Et la population continue d'augmenter, au rythme quotidien actuel de 280 000 âmes, en suivant cette incontournable répartition. C'est ainsi que la démographie partage la pauvreté plus généreusement que la richesse et que s'accroissent les inégalités sociales, dans un foisonnement de doctrines les plus alambiquées les unes que les autres n'en tenant aucun compte, alors que le seul combat qui vaille, contre la pauvreté et pour la réduction des inégalités sociales, est d'abord d'ordre dénataliste, avec pour autre conséquence salutaire de soulager la planète de ses premiers prédateurs et de redonner à la société des dimensions qu'exigent sa saine gouvernance
Pourtant les hommes, dans leur immense majorité n'envisagent ce combat que sous forme de luttes plus ou moins violentes contre un ordre qu'ils s'obstinent à méconnaître, voire nier, au motif qu'ils ne sauraient se ranger dans une pyramide, à la manière de n'importe quelle espèce hiérarchisée. Et loin de les appeler à plus de circonspection, leurs guides politiques, religieux, scientifiques, en rajoutent à grand renfort de théories toutes oublieuses de ce qu'est notre condition première. Or à quoi servent les plus brillantes spéculations si elles font l'impasse sur les fondamentaux d'une condition qu'elles se donnent pour objectif de maîtriser ?

* Surpopulation Mondiale – La cause de tous nos maux