Un grand nombre de scientifiques et parmi eux des démographes – premiers comptables en la matière –, considérant probablement comme simpliste l'avertissement pressant que nous délivre la courbe de croissance de la population mondiale depuis la révolution industrielle, préfèrent projeter l'espèce humaine dans ce qu'ils nomment la transition démographique. Or, appliquée au niveau mondial, cette théorie conduit non seulement à des chiffres instables pour ce qui est de l'immédiat, mais à des hypothèses à long terme défiant les esprits les plus perspicaces. C'est ainsi que le nombre des humains, aux alentours de l'an 2 500, pourrait s'inscrire dans une fourchette allant de quelques dizaines ... à des milliers de milliards.
Rappelons que « La transition démographique désigne le passage d’un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également. » (INED -08/2014).
Par conséquent, aussi rassurante que puisse être l'annonce de l'équilibrage de nos décès et de nos naissances il ne peut en être attendu, au mieux, qu'une stabilisation (?) de la population – à une époque sur laquelle nul ne se prononce –, à un niveau bien supérieur à 10 milliards d'êtres humains. Au regard des conditions d'existence régnant aujourd'hui sur la planète, avec ses 8 milliards de prédateurs , la transition démographique ne laisse donc entrevoir qu'une aggravation de ces conditions, au détriment premiers des plus défavorisés d'entre nous.
Le volume de la base d'une pyramide est en effet, par définition, plus important que son sommet ; nul n'est besoin d'être grand clerc pour s'en rendre compte. Mais il est un autre constat non moins évident, si nous faisons de la pyramide la représentation de notre structure sociale. La partie la plus pauvre de sa population, peuplant sa base, est non seulement supérieure en nombre à celles occupant son sommet, mais condamnée à croître mathématiquement dans une mesure sans cesse plus importante que ces dernières, du seul fait de cette structure pyramidale à laquelle même l'émigration de l'humanité partant coloniser l'espace sidéral ne changera rien.
Si nous ajoutons,– non limitativement – à ces considérations :
- le fait que les taux de natalité des plus pauvres d'entre nous sont le double ou le triple de ceux observés chez les plus riches,
- le mécanisme de distanciation constante des riches par rapport aux pauvres, en raison de l'enrichissement collectif de la société tel qu'il découle de l'activité de tous ceux qui y concourent, il est facile de concevoir quelles en seront les conséquences en termes de développement de la misère à l'échelle planétaire ainsi que les désordres et violences en tous genres à en attendre.
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Tabler sur la transition démographique , est-ce assez compter avec :
- La nature humaine dans ses calculs, l’imprévisibilité de ses réactions et son inconstance ?
- Les politiques natalistes – parfois hypocritement présentées comme un bienveillant moyen de lutter contre la pauvreté – des pays les plus avancés, qu'angoissent la moindre baisse de leur population, au nom de la défense de leur propre croissance et de leur performance dans la compétition mondiale ?
- Les obstacles à la propagation de l'idée de contraception, dans les pays en ayant le plus besoin, auxquels s'ajoute le fait que la démographie compte parmi les armes désignées par certains pour contribuer à leur survie ou à leur expansion ?
- L'augmentation continue de l'espérance de vie partout dans le monde ?
- les niveaux de surexploitation des ressources de la planète et de pollution de cette dernière, d'ores et déjà atteints ?
Tous ceux qui refusent d'envisager la catastrophe démographique vers laquelle nous allons à grands pas, ont du souci à se faire quant au jugement que l'histoire portera sur eux en raison de la responsabilité qu'ils n'auront pas eu le courage d'assumer, qui consisterait à dénoncer la condamnation à la misère d'un nombre sans cesse croissant d'individus qu'ils ne peuvent ignorer.
Richesse et pauvreté sont des données relatives, inséparables, et qui existent l'une par l'autre . Mais si la richesse n'a pas d'autres limites que l'avidité des hommes et les ressources de la planète, la pauvreté à la sienne, qui est le niveau zéro de la pyramide sociale. Or le seul moyen compatible avec la dignité humaine dont nous disposions pour limiter durablement le nombre des hommes entraînés vers cette limite est la régulation de la population par la dénatalité, quelles que soient les perspectives d'une hypothétique transition démographique.