lundi 15 août 2016

Lettre ouverte aux participants à la COP 22

Afin que la question démographique ne soit pas la grande exclue des débats, comme elle l'a été lors des éditions précédentes.


Le réchauffement planétaire, les problèmes énergétiques présents et à venir, le pillage des ressources de la planète, la pollution, les atteintes à l’environnement, la faim dans le monde, les conflits, guerres et violences de toutes sortes, les flux migratoires qui en résultent qu’ils soient de nature ethnique, politique, climatique, économique, etc. avec leur cortège de misères, sont autant d’aspects d’une problématique globale ayant pour cause la multiplication du super prédateur qu’est l’homme.


Nous somme là bien loin de la vision à laquelle Malthus – dont le seul tort est d’avoir eu trop partiellement et trop tôt raison – reconnaissait lui-même le défaut d’être limitée au risque alimentaire. Sa doctrine doit dorénavant céder la place à « l’écologie dénataliste », sans laquelle toutes les tentatives de restauration de notre environnement terrestre sont condamnées à l’échec. À quoi sert en effet le remplacement des énergies fossiles par d’autres – a fortiori renouvelables, ce qui ne peut qu’encourager production et consommation au détriment des velléités les plus sincères de frugalité –, si la prolifération de la population humaine génère des besoins, déchets et désordres croissant avec elle ?

Nous sommes bien loin également de la vision dispersée d’une écologie moderne incapable de synthèse tant elle est prisonnière de politiques qui se la disputent démagogiquement.

1 milliard d’êtres humains en 1900, 7 milliards en 2000, 9 à 10 milliards en 2050 et plus de 11 milliards à l’orée du prochain siècle, suivant une augmentation quotidienne, atteignant à ce jour plus de 280 000 individus. Et 70 % de la population inéluctablement condamnée à une pauvreté qui, pour être relative, n’en demeure pas moins la pauvreté, depuis la pire jusqu’à la moins insupportable ; situation entretenue, voire aggravée par une course à l’emploi faisant que lorsque 100 sont créés dans le monde, 200 demandeurs y prétendent, sans compter les effets du progrès technologique. Avec ou sans pétrole, robots, revenu minimum universel, réchauffement climatique, ... ; ce seront les plus défavorisés qui continueront toujours les premiers et les plus nombreux – Il naît moyennement près de 20 pauvres pour 1 riche – à souffrir de cette évolution, en laissant à d’autres les moindres chances d’aller se réfugier sur Mars pour y échapper.


C’est seulement par la dénatalité qu’il pourra être mis fin, dans des conditions éthiquement acceptables, à cette course au pire, au déséquilibre flagrant et grandissant entre d’une part, une population humaine d’ores et déjà pléthorique, et d’autre part les limites de son habitat, ce qui reste des autres espèces le partageant avec elle, des ressources nécessairement comptées, et une capacité à se gouverner déjà submergée par le nombre et sa cacophonie. C’est la seule chance restant à l’homme d’éviter de se perdre dans ses contradictions, dont l’une des plus flagrantes est bien la course par les uns à de nouvelles sources d’énergie s’opposant objectivement à la décroissance prônée par d’autres – sans compter l’indigence généralisée à laquelle ne peut que conduire cette dernière.

Une seule doctrine, mère et maîtresse de toutes les autres visions du futur des hommes doit présider à celui-ci : la dénatalité. Clé de voûte d’un avenir meilleur offert à une descendance moins nombreuse, pouvant de ce fait continuer à bénéficier d’au moins une part du progrès dont profite encore – pour combien de temps ? – la société. C’est la condition fondamentale d’un développement raisonnable, à défaut de pouvoir être durable et encore moins éternel. Aussi importe-t-il que la démographie ne soit pas la grande oubliée de la COP 22, comme elle l’a été des éditions précédents.

Les représentants de tous les pouvoirs, à qui il arrive d’oublier que l’homme n’est pas seulement chair à production – et à consommation –, ç canons, à boulot, à impôts, à retraites ou à conquêtes spirituelles ou idéologiques, doivent être conscients qu’ils seront jugés – peut-être même de leur vivant, à l’allure où vont les choses. Ils seront comptables devant pauvres et riches, d’un même désastre qui ne sera finalement rien d’autre que démographique.

samedi 28 mai 2016

Luttes sociales, démographie et écologie

Durant les trois derniers siècles et notamment pendant celui qui vient de s'achever, les instaurateurs de la lutte des classes et leurs disciples ont vainement plongé l'humanité dans une monstrueuse aventure se soldant par des centaines de millions de victimes, y ayant trouvé la mort ou continuant de vivre dans une misère souvent accrue. Une telle situation et la persistance des revendications sociales les plus élémentaires ne témoignent-elles pas de l'aberration de cette lutte ? Ceux qui s'obstinent à cultiver cette archaïque pensée révolutionnaire qui prône la dictature du prolétariat, comme ceux qui les écoutent et les croient avec plus ou moins de conviction, devraient y réfléchir. C'est d'autant plus nécessaire et urgent que la prolifération de l'espèce humaine aggrave chaque jour l'état de la société, au détriment premier de ceux qui ont déjà le plus à s'en plaindre. Plus d'un milliard et demi de pauvres profonds survivent de nos jours dans l'errance ou dans des bidonvilles, des camps et des villages de fortune qui se multiplient partout sur la planète.
Mais tout se passe comme si nul n'avait encore compris, ou voulu admettre, que les inégalités sociales que certains prétendent réduire à défaut de pouvoir les éradiquer, croissent avec : la population, le progrès et l'enrichissement de la société ; ces facteurs se combinant pour animer un mécanisme inexorable, dont l'étude de la pyramide sociale rend compte.
C'est à sa suprême et légitime volonté d'améliorer sa condition, que chaque homme applique les facultés dont la nature l'a très inégalement pourvu. C'est ainsi que chacun – consommateur et/ou producteur – contribue à un progrès profitable à tous, dans tous les domaines. Et c'est de la sorte que la civilisation progresse, quel que soit le frein devant être mis à la cupidité et à l'égoïsme de certains, dans une confusion générale entre bonheur et richesse. Le progrès, précisément parce qu'il naît de la volonté de l'homme d'améliorer sa condition, ici et maintenant, poursuit sa marche envers et contre tout, avec ses hauts et ses bas, ses abus et ses insuffisances, mais accompagné d'un accroissement de la richesse de la société qui en est la première expression, quelles que soient les difficultés d'un partage équitable de cette richesse.
Alors que chacun doitreconnaîtreau progrès et à l'enrichissement de la société leur caractère inéluctable tout en réprouvant les conditions de leur partage, l'augmentation de la population, troisièmefacteur d'accroissement des inégalitéssociales, estencouragée, auxmotifs qu'« il n'est de richesse que d'homme » et que la vie est une force invincible. Or, quelle que soit la puissance de la vie, l'homme à la faculté d'y mettre un frein, contrairement à ce qu'il en est pour les autres espèces animales, soumises à leur seul instinct. Y compris quand l'amour ou plus communément l'intérêt s'en mêlent, l'être humaina la faculté d'y opposer laraison.
Le facteur démographique estdonc lepremier– voire le seul – sur lequel l'homme puisse agir, sans autre effet sur le progrès que son ralentissement, par réduction du nombre de ceux qui le servent. Ladénatalitéapparaîten conséquence comme le seulmoyen de réduire, durablementet sans violence, lesinégalités sociales et la plupart des maux de l'humanité qui en découlent. Sans compter le bénéfice résultant pour la planète et les autres espèces qui la peuplent, d'une réduction du nombre de leurs premiers prédateurs.




samedi 26 mars 2016

Pyramide sociale et empreinte écologique

La manière dont "Notre empreinte écologique" (Mathis. Wackernagel et William. Rees, éditions écosociété, Montréal), traite des questions de population et a fortiori de surpopulation est significative de la mesure dans laquelle la démographie peut être reléguée à l'arrière plan de l'économique et du social par bon nombre de scientifiques et d'intellectuels. Bréviaire de la décroissance économique, la simple notion de pyramide sociale y est bien entendu superbement ignorée, d'où un livre de plus – pourtant aussi argumenté que savant – écrit sur le futur de l'humanité, sans référence sérieuse au premier des ingrédients de la condition humaine.


Reconnue comme facteur parmi d'autres de l'empreinte écologique, la population humaine y est évoquée avec une telle discrétion qu'il est évident que là encore le tabou touchant ce sujet sévit. Au nom de la compassion portée aux plus défavorisés, préséance est accordée au social, au point qu'aussi louable et fondée qu'elle soit, cette compassion porte les auteurs à exclure de leur réflexion ce qui est considéré ici comme la cause première et fondamentale de l'empreinte écologique humaine, avec pour résultat de porter au niveau des nations une lutte des classes attisée autant que mondialisée, et surtout de faire oublier ce que cette empreinte doit à la conjugaison désastreuse d'une croissance anarchique, tant économique que démographique.


Si les recommandations des auteurs aux terriens, les engageant à modérer leur prédation, s'adressent en bonne logique d'abord à ceux qui consomment le plus, les mettre en accusation de façon aussi sommaire renvoie à l'idée fausse que la situation se réduirait à une différence de comportement entre riches et pauvres, qu'il s'agisse d'individus ou de nations. Or l'empreinte écologique est le fait de tous. Elle s'est constituée au cours du temps partout et à tous les niveaux, avec l'aide d'un progrès qui s'étend à l'ensemble de la société. Et si l'empreinte des pauvres est plus faible que celle des riches, c'est précisément parce qu'ils sont pauvres, dont légitimement désireux de l'être moins, avec pour perspective d'augmenter en conséquence leur propre empreinte. Dans les régions les plus reculées de la planète, l'homme sait ou finit d'apprendre ce qu'est le moteur à explosion, la voiture, l'électricité, la télévision, le téléphone, etc. Même s'il reste beaucoup à faire, il est généralement mieux nourri, habillé, abrité qu'il ne l'a jamais été, et accède chaque jour un peu plus à ce qui améliore sa condition, au moins matérielle. Pour cette raison, c'est l'empreinte écologique moyenne qui augmente, celle des pauvres tendant vers celle des riches, même si l'enrichissement général de la société distend les écarts entre les uns et les autres.


Faut-il rappeler que la croissance démographique – 280 000 individus s'ajoutent quotidiennement à la population humaine de la planète – a pour effet d'accroître plus fortement le nombre des plus défavorisés que celui des riches et que sur 1 000 terriens supplémentaires, 700 vont augmenter le nombre des pauvres, 273 celui des représentants des classes moyennes et 27 celui des riches ? C'est dans ces conditions qu'à l'horizon 2100 ce ne sera plus les ressources d'une planète et demie qui seront nécessaires à l'humanité mais celles de 2 planètes.

Dans une telle situation, s' il doit être exigé davantage des plus favorisés, nul ne peut pour autant être exonéré de sa part de responsabilité, aussi faible soit-elle, au motif que d'autres en portent une part plus grande, et c'est une grave erreur que de donner à penser qu'il puisse en être autrement. Il faut laisser aux idéalistes le soin de traiter au mieux une iniquité proportionnelle à la richesse de la société et au nombre de ceux qui se la partagent, sachant qu'elle est d'abord due à notre structure sociale en ce qu'elle a de plus ancré. Il est grand temps d'aborder avec pragmatisme l'avenir tel qu'il se présente. S'il est éminemment regrettable que des abus aient été commis, il importe que soient sanctionnés ceux qui se commettent encore, mais l'heure n'est pas à la repentance, aussi fondée puisse-t-elle être, et encore moins à une expiation quasi mystique par la décroissance. Renoncer au progrès c'est se montrer incapable de le maîtriser et de punir ses abus en niant ses bienfaits ; c'est se tourner vers le passé quand il est requis, dans la plus grande urgence, que les efforts de tous soient tournés vers l'avenir pour en tirer le meilleur.


Il n'est pas question de contester ici l'utilité de l'empreinte écologique en tant qu'instrument de diagnostic et de sensibilisation aux excès de prédation de l'humanité, ni de nier que les plus riches en soient les premiers responsables, et encore moins de contester le droit que ce concept a acquis de s'ajouter à ceux qui inspirent déjà les chercheurs et experts, mais d'attirer l'attention sur le fait que pendant qu'ils en fouillent les détails et les retournent en tous sens, la population ne cesse de croître à un rythme jamais atteint, dans la quasi indifférence générale. Raison suffisante pour paraphraser William Rees clôturant la préface de ce livre, pour proclamer : « Regarder en face [sereinement], tous ensemble, la réalité du dépassement écologique démographique nous forcera à découvrir et mettre en pratique ces qualités uniques qui distinguent le genre humain des autres espèces sensibles pour nous réaliser pleinement comme êtres humains. En ce sens, la changement écologique démographique mondial est la dernière grande occasion de prouver que la vie intelligente existe réellement sur la Terre. »


Une démographie voulue et non subie est la condition première et incontournable du rééquilibrage de notre empreinte écologique, aussi bien par tête que globale, et toute démarche visant à harmoniser cette empreinte avec les capacités de portage de la planète, sans ajustement de notre population – indépendamment des inégalités sociales qui puissent y régner –, est d'avance condamnée à l'échec par le nombre.

« J'affirme que planifier notre a­venir devrait consister à diminuer la population mondiale.» Abraham Maslow in "Être humain" (Eyrolles, 2013).