Qu'elles soient d'ordre ethnique, religieux, politique ... pour n'évoquer que les principales causes au nom desquelles les hommes se font la guerre depuis qu'ils existent, toutes ne sont que secondaires par rapport à ce que rappelle et illustre la pyramide humaine. Elles n'en sont toutes que des reflets ou au mieux des composantes immatérielles. Les strates dans lesquelles s'inscrivent les individus à leur naissance selon leur origine, se jouent en effet – sauf exception confirmant la règle – des idées et des fantasmes que soulèvent la pensée la plus élevée comme la plus libre et défient le romantisme, la superstition, la foi, la compassion, les certitudes, des uns comme des autres. C'est en cela que dans leur réalité concrète, une croissance démographique incontrôlée et les désordres qui en découlent, toujours plus nombreux et amples, tels qu'ils caractérisent le millénaire qui commence, devraient susciter l'intérêt des sociologues, démographes, et autres économistes qui sont censés savoir de quoi ils parlent.
Et pourtant, à la manière des habitants de Pattaya qui voient chaque année leur plage rognée par les eaux qui montent inexorablement, les terriens assistent pour la plupart dans l'insouciance, sans paraître la voir ni en mesurer les conséquences – lorsqu'ils en ont conscience –, à la montée de la marée humaine. Non pas que la place manque – quitte à la céder sous la contrainte –, non pas que les ressources pour la nourrir soient irrémédiablement épuisées, mais tout simplement parce que l'accroissement de la population se fait au détriment de ceux qui ont le plus à en souffrir. C'est pourtant le nombre de ceux-ci qui augmente dans des proportions sans commune mesure avec celles concernant les couches les plus aisées de la sociétés. La grande majorité des 250 000 êtres humains supplémentaires qui naissent chaque jour va s'ajouter aux plus déshérités d'entre eux pour grossir, à la base de la pyramide, la multitude des plus touchés par les inégalités de toutes sortes. Mais la plupart des experts, probablement accaparés par le quotidien, semblent l'ignorer tout autant que le plus arriéré des habitants de la planète. Pour le vulgum pecus passe encore, mais le spécialiste peut-il continuer à se voiler la face, derrière ses chiffres, ses tableaux et ses courbes, dont il connaît au demeurant les insuffisances leur ôtant parfois toute crédibilité ? Ainsi de ces statistiques sur le chômage, la pauvreté, les inégalités (en France), dressées en l'absence de données, pourtant essentielles, relatives à l'implication des pays les plus pauvres, par le biais de flux migratoires qu'une hypocrisie dogmatique impose d'ignorer. La loi n'interdit-elle pas toute référence à l'origine, à la race ou à la religion des populations concernées par une étude ? De même pour cette opiniâtreté avec laquelle le fait démographique est absent de ces mêmes chiffres, tableaux et courbes. Ainsi encore du prisme idéologique à travers lequel de trop nombreux chercheurs voient ce qu'ils observent, quand le champ de leur curiosité n'est pas strictement conventionnel.
La pyramide du savoir serait-elle aussi abominable que la pyramide sociale ?
Contrairement à la pauvreté, la richesse n'a pas de limite et cette réalité ne vaut pas seulement pour la richesse matérielle ; elle s'applique aussi bien à la richesse intellectuelle. La pyramide des connaissances qui la symbolise le met bien en évidence. De la même manière que dans la lutte contre les inégalités de revenu, la lutte contre les inégalités de savoir devient une utopie dont personne ne semble se soucier, au-delà des questions posées par un enseignement minimum, hypocritement libérateur. Qu'une élite détienne les savoirs supérieurs et la puissance qu'ils octroient condamne le reste de l'humanité à vivre sous sa dictature. Mais qui parle des effets de ce type d'élitisme ?
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