Avec Robert Badinter, Emmanuel Macron nous dit, à l’occasion de la commémoration de l’abolition de la peine de mort en France, qu’elle est « la plus grande honte de l’humanité ».
Faut-il leur faire observer, ainsi qu’à ceux qui les croient, que les clients privilégiés de la guillotine, de la chaise électrique, de la corde, ou de tout autre moyen d’appliquer cette peine, ont de tous temps majoritairement compté parmi les êtres humains les plus démunis en tout ; et qu’il existe par conséquent un lien aussi avéré qu’étroit entre la misère – morale et matérielle – et le crime ; la société ayant toujours sommairement cherché à se protéger de ce dernier en en supprimant les auteurs, à la manière dont ce bon Monsieur Hollande et tant d’autres, pensent guérir certains maux en soustrayant leur nom des dictionnaires ? Sans compter, concernant la peine de mort, le fait qu’en bien des circonstances, la vie de coupables comme d’innocents, compte si peu.
Louable souci de se comporter en hommes civilisés plutôt qu’en barbares ? Compassion aussi inépuisable que les malheurs qui la suscitent ? Bien-pensance au plus haut niveau ? Sans doute, mais de là à prétendre que la peine de mort est la première honte de l’humanité, c’est ignorer qu’il en existe une dont toutes les autres découlent, et qui est une prolifération humaine développant structurellement cette pauvreté profonde, pouvant conduire à la désespérance un nombre sans cesse grandissant de ceux qui en sont frappés.
Lequel des opposants comme des partisans de l’abolition de la peine de mort s’est-il un jour soucié du niveau zéro de la richesse auquel survivent des centaines de millions, et bientôt des milliards d’êtres humains ? Lequel d’entre eux parlera-t-il de l’ingouvernabilité croissante d’une surpopulation dont les membres ont chacun un avis différent des autres ; encouragés par des savoirs aussi superficiels que largement partagés ainsi que par des pouvoirs plus soucieux du nombre que du bien-être de ceux sur lesquels ils se fondent et prospèrent ?
Origine socioprofessionnelle des forçats en France, en 1848 |
|||
Métiers |
Nombre |
% |
|
Cultivateurs, jardiniers |
1 257 |
15,91 |
88,15 |
Bergers, bouviers, chevriers |
85 |
4,08 |
|
Journaliers |
111 |
14,06 |
|
Domestiques |
251 |
3,18 |
|
Artisans, ouvriers |
4 024 |
50,92 |
|
Marchands |
363 |
4,59 |
11,85 |
Négociants |
13 |
0,16 |
|
Employés |
118 |
1,49 |
|
Militaires |
112 |
1,42 |
|
Professions libérales |
29 |
0,37 |
|
Rentiers et propriétaires |
53 |
0,67 |
|
Sans métier |
161 |
2,03 |
|
Métiers indéterminés |
292 |
3,69 |
|
Divers non classés |
34 |
0,43 |
|
Total |
7 903 |
100,00 |
|
Tableau emprunté à l’étude accessible par le lien suivant (p. 305) :https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1977_num_228_1_4054 |
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2022/01/eradiquer-la-pauvrete-profonde.html
https://www.inegalites.fr/L-origine-sociale-des-detenus?id_mot=99
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