Comment tout peut s'effondrer
De Pablo Servigne et Raphaël Stevens – Éditions Seuil
Note de lecture, en réponse à un article paru récemment dans Le Point.
Classique inventaire des catastrophes qui nous attendent, assorti d'arguments en faveur de la décroissance, suprême recette d'une certaine écologie. Surprise toutefois ! La démographie est mentionnée. De manière rassurante, puisqu'une prochaine transition démographique devrait résulter de la raréfaction des ressources énergétiques de la planète. Ainsi évoquée sans le moindre développement, un peu à la manière dont la poussière est poussée sous le tapis, la surpopulation laisse comme d'habitude la vedette à ses conséquences présentes ou annoncées, que sont la pollution, le réchauffement climatique, la pénurie alimentaire, les désordres et les violences dus aux déséquilibres sociaux ; dans la connivence du politique et du religieux face aux dogmes surnatalistes.
Selon les auteurs, un collapsus est d'autant plus à craindre que la rupture des verrous dont il dépend est proche. Or la rupture du verrou démographique est d'ores et déjà avérée. Ne suffit-il pas pour s'en rendre compte, de voir l'accroissement dramatique des flux migratoires, provoqués par certaines condition de vie ici et là ? C'est donc un déni de réalité en même temps qu'un non-sens coupable que d'attendre le salut en la matière d'un épuisement des énergies fossiles. Déjà exploitées comme le pétrole, ou en cours d'évaluation comme les hydrates de méthane, elles sont encore loin d'être épuisées ; sans compter les progrès à venir dans le domaine des énergies renouvelables, ou ce que la nécessité pourra conduire le génie humain à inventer (Voir à ce sujet, paru depuis la rédaction de la présente note :
https://www.france.tv/documentaires/science-sante/14117-du-sel-dans-mon-moteur.html)
Il n'en demeure pas moins que les autres risques existent, mais là encore les verrous ont déjà été rompus, du seul fait d'une population humaine dont l'appétit dépasse les ressources connues de la planète, ce qui ramène inexorablement aux racines du mal.
https://www.france.tv/documentaires/science-sante/14117-du-sel-dans-mon-moteur.html)
Il n'en demeure pas moins que les autres risques existent, mais là encore les verrous ont déjà été rompus, du seul fait d'une population humaine dont l'appétit dépasse les ressources connues de la planète, ce qui ramène inexorablement aux racines du mal.
La décroissance est alors présentée comme la solution. Promesse d'une frugalité égalitariste, en attendant l'indigence pour tous, elle permettrait à l'humanité de satisfaire sa suprême ambition ; cette immortalité qu'est censée lui assurer une nombreuse descendance. À contre courant d'un progrès dont il est prévisible que l'espèce humaine refuse de se priver, avec en prime la perspective d'un destin de fourmis. De quoi réfléchir avant de s'y résoudre.
Mais il y a encore plus inquiétant dans cet ouvrage que ce choix de la décroissance : la déresponsabilisation des individus, tel que l'exprime la métaphore par laquelle ses auteurs évoquent un véhicule dont les freins, le moteur et la direction sont en train de nous lâcher. N'est-ce pas oublier un peu facilement la responsabilité du conducteur ? Rien de bien étonnant d'ailleurs, à une époque où "la mer tue", "la montagne tue", "la route tue" …, autant d'expressions révélatrices de la manière dont l'homme se défausse de ses responsabilités. À moins qu'il s'agisse de la manifestation de cette compassion Bisounours perpétuant Rousseau.
Pour finir, quelques questions aux auteurs : Y-a-t-il, oui ou non, une relation entre démographie et écologie au sens large ? Dans l'affirmative, quel mal y-a-t-il à souhaiter aux pauvres les taux de natalité des riches et à les aider à y accéder ? Les conditions de vie qui y règnent étant la cause de naissances trop nombreuses dans certaines contrées du monde, qu'attendent les pays riches pour y soutenir des politiques familiales primant la non-naissance, plutôt que d'assister à une prolifération suicidaire, quand ce n'est pas l'encourager ?
Et pour prévenir l'accusation d'égoïsme que ne manque pas de provoquer ces questions : où est l'égoïsme d'une écologie dénataliste, quand les catégories sociales qui peuvent la préconiser y perdront une partie de leur suprématie et de leurs avantages ? Ne s’agit-il pas plutôt de crainte, et pas seulement des plus riches, face au vieillissement de la population avec ses conséquences notamment en matière de retraites et de niveau de vie ? Peut-être en sera-t-il question à COP 21 ? Il n'est pas interdit de rêver. *
* Il n’en a, hélas, pas été question, et pas davantage depuis. Il est maintenant à craindre que le tabou dont est frappé la question de population (et a-fortiori de surpopulation) aidant, il n’en soit pas davantage question lors de la prochaine COP 23. Et pourtant, Pas d’avenir pour la planète Terre et ses habitants, sans dénatalité humaine, pour le rééquilibrage de la population face aux ressources de son habitat et aux limites de sa gouvernance.
Or, pendant que 100 millions d'êtres humains supplémentaires déferlent sur Terre chaque année, la plupart des experts continuent, dans un conformisme affligeant, de proposer des théories qui n’en tiennent aucun compte.
Qui d’autres que ceux dont les pauvres sont le fonds de commerce idéologique peut prétendre raisonnablement traiter de sciences humaines et de l’environnement en omettant – voire en refusant – de considérer et a fortiori de traiter le problème factuel de population humaine comme le préalable incontournable à toute spéculation d’ordre sociologique, économique et écologique, et sa solution comme hautement prioritaire.
Le "Précis de pyramidologie sociale" explique pourquoi.