Article révisé le 03/022024
Contrairement à la pauvreté, qui a pour limite le niveau zéro de la richesse, au-dessous duquel règne l’exclusion sociale, la richesse n’en connaît pas d’autre que l’appétit de ceux qui la convoitent et les ressources dont ils la tirent, avec toutes conséquences sur un environnement commun et l’inexorable creusement des inégalités sociales, depuis que l’humanité existe.
Quelle
que soit l’idée que chacun puisse se faire de la justice sociale,
nul ne peut être indifférent au fait qu'après vingt siècles de civilisation, le nombre de pauvres
profonds dans le monde soit devenu plusieurs fois ce qu’était la
population humaine totale de la planète, toutes conditions
confondues, quel que soit le nombre de ceux qui échappent de nos
jours à la misère ; outre les effets d'un progrès scientifique et technique qui a
considérablement changé les conditions d’existence de tous, partout dans le monde.
Mais
se satisfaire de ce constat pour prétendre en changer les effets ne
suffit pas. C’est ignorer d’une part l’aspiration de chacun à
améliorer sa condition et d’autre part le fait que richesse et
pauvreté existant l’une par l’autre, chacun est le riche ou le
pauvre de plus pauvre ou de plus riche que lui. Là est ce qui
rend les inégalités sociales inéluctables, tout en
renvoyant aux termes de l’équation à résoudre pour les
réduire autant que possible ; les termes de cette équation
étant les suivants :
— Richesse
collective de l’humanité, entendue comme la somme des
richesses naturelles et résultant de l’ensemble des activités et
autres apports de tous les membres de la société. À noter le
qualificatif naturelles, qui souligne le fait que la
richesse de la collectivité n’est pas le fruit de la seule
industrie de ses membres, mais inclut ceux de la
prédation irréversible qu’ils exercent sur leur environnement commun.
— Population
humaine concernée, dans son intégralité, par le
partage de cette richesse collective.
— Activités
nécessaires à la satisfaction des besoins de l’ensemble de
la population ; « Tout être humain
[étant] avant toute autre activité ou toute autre opinion un
consommateur » (Gaston Bouthoul in Traité de sociologie, tome
II, p. 180 – Payot 1968.), la condition sociale de l’être humain
est le fruit de la relation existant entre ses besoins – vitaux et
superflus, puisqu’à la différence des autres animaux l’homme
s’en invente – et les innombrables activités notamment
économiques, contribuant à l’accroissement incessant de la
richesse collective.
— Caractère
incontournablement pyramidal de toute structure sociale fondée sur l'interdépendance hiérarchisée de ses membres comme l’est la société humaine,
Plus
les être humains sont nombreux, – ce qui est le cas depuis qu’ils
existent –, plus l’économie est prospère et plus s’accroît
l’enrichissement collectif, les plus riches étant par définition
les premiers servis. C’est ainsi que s’est développée jusqu’à
la démesure l'indissociable binôme économie/population – celle-ci conditionnant celle-là et non l'inverse – ainsi
que le volume de la pyramide sociale en représentant le peuplement,
entraînant l’éloignement incessant de son sommet par rapport à
sa base, le creusement des inégalités entre riches et pauvres
augmentant d’autant, quelle que soit la vision aussi partiale que romantique
qu’a proposé Marx de l’opposition entre riches et prolétaires ; vision à laquelle se réfèrent depuis, avec davantage d’obstination
que de discernement, autant les partisans du capitalisme que ceux d'une archaïque lutte des classes.
Avec
l’augmentation prévue de la population mondiale (cf.
projections de l’ONU), les inégalités sociales ne
pourront que se creuser encore – dans leur intemporelle relativité –, du simple fait de l'augmentation de la population mondiale, compliqué de sa globalisation.
La pauvreté
étant infiniment plus facile à partager que la richesse, les
flux migratoires qui se sont maintenant solidement établis, sont
irréversibles et ne feront que gonfler, les nations ne
pouvant indéfiniment rester indifférentes au sort de
populations pléthoriques fuyant les désordres et
violences
de natures politique, religieuse, ethnique, économique,
climatique, etc. qui s’amplifient et se
multiplient partout dans le monde. Tous les pays sont
concernés, les politiques et les digues les plus protectionnistes
étant vouées à céder sous la force de la déferlante
démographique à attendre spécialement d’Afrique,
continent dont la population miséreuse est appelée à
doubler avant la fin du présent siècle.
Et
s’il est encore possible de limiter les inégalités
sociales et d’en compenser les effets, autrement que par
des moyens comme la redistribution par l’impôt
notamment, sachant qu’il s’agit là de
palliatifs toujours insuffisants et qui ne changent rien aux
causes fondamentales de ce qu’ils combattent, nous devons être
conscients du fait que l'origine de tous les maux dont souffre l'humanité est avant tout d'ordre démographique.
L’effectif de l’humanité n’a jamais été régulé au-delà de ce qu’ont pu provoquer les guerres et les épidémies petites et grandes, contrairement à ce qu’il en a été pour d’autres espèces peuplant la planète, placées sous le régime de la sélection naturelle, parfois avec l’aide de l’homme qui aurait été avisé de penser à lui-même. Mais rares sont les leaders politiques qui ont le courage d’aborder cette question, et inexistants les responsables religieux à qui le dogme interdit d’en traiter, les uns et les autres étant au demeurant plus soucieux du nombre de leurs fidèles et électeurs que de leur bien-être.
Sans
compter la réponse qu’attendent dorénavant un
environnement saccagé et pillé ; une biosphère vouée à un
déséquilibre compromettant la survie de toutes les espèces, et des ressources en voie d’épuisement, une population moins
nombreuse aurait pour effet la réduction de ses besoins et par
conséquent celle de sa production et de son enrichissement. C’est
seulement sur ces bases que pourrait être obtenu le rapprochement de
la base et du sommet de la pyramide sociale, exprimant une réduction
des écarts de richesse, donc des inégalités sociales, et que
l’effet de celles-ci pourrait être corrigé, dans les conditions
d’une meilleure gouvernance à tous les niveaux de la société.
Certains
prônent la frugalité pour tous dans une société dont la
démographie est abandonnée à une hypothétique transition par
laquelle la population mondiale décroîtrait d’elle-même après
être passée par un maximum au cours du siècle prochain. Mais il y a lieu de tenir compte de
l’aspiration de l’homme à améliorer sa condition et celle de
ses enfants, espérant en cela dans le progrès et visant les
conditions de vie des mieux lotis que lui-même et non celles des
plus pauvres. À quoi servirait l’effort de
frugalité d’une population croîssant sans cesse ?
Les
inégalités sociales sont avant tout liées à notre démographie et
leur réduction passe par une dénatalité qui s’impose au monde,
massivement et d’urgence, pour bien d’autres raisons mettant en
cause la survie de l’espèce humaine. Ceci requiert en premier lieu
une prise de conscience générale, ce qui est loin d’être le cas,
et un effort d’éducation sans précédent bien qu'insuffisant, partout où règnent les
taux de natalité les plus élevés. Faute de
cela, nous serons 9 milliards dans 25 ans et plus de 11 au
début du prochain siècle, avec les déséquilibres sociaux dont
chacun peut imaginer les conséquences désastreuses, au détriment
premier des plus défavorisés.