lundi 22 juillet 2013

Démographie sociale comparée sur 2 000 ans

Démographie sociale comparée sur 2 000 ans


La pyramide sociale : Évolution comparée du nombre de riches, de pauvres  et de représentants des classes moyennes, sur 2000 ans


20 siècles d'histoire devraient suffire à rendre irréfutable la preuve que les pauvres se multiplient inexorablement avec le temps et la croissance démographique, à un rythme nettement supérieur à ce qu'il en est pour les autres catégories sociales. La forme pyramidale de la société humaine, comme le milliard et demi de pauvres profonds qui peuplent sa base en l'an 2 000 – 6 fois la population de la terre au début de notre ère – doivent nous en convaincre, même si certains se refusent à l'évidence ou plus cyniquement relativisent, en rétorquant que dans le même temps la population totale a été multipliée par 26.


Quels que soient les arguments négationnistes, n'est-il pas dès lors aussi vain de prétendre supprimer les inégalités que la pauvreté ? Les inégalités, qu'elles soient sociales ou autres, naissent inlassablement avec chacun d'entre nous, et la pauvreté comme la richesse existent l'une par l'autre. En conséquence, les hommes réellement désireux d'améliorer durablement le sort des plus déshérités d'entre eux doivent faire acte de pragmatisme et adapter leur ambition à la mesure dans laquelle il est possible de réduire ces maux, plutôt que de se taper la tête contre leur mur, à la manière des mouches contre la vitre qu'elles ne voient pas.


Figure dans le tableau ci-dessous une simulation tentant d'évaluer la progression comparée, en nombre, de la population mondiale répartie en fonction de la richesse (ou de la pauvreté) de ses membres. Les proportions de ces populations sont celles généralement admises pour l'an 2000. Toute théorique, leur constance a été arbitrairement supposée pouvoir s'accorder avec l'augmentation de richesse globale due au progrès pendant deux millénaires, indépendamment de ce qui a pu en résulter quant à l'écart entre la base et le sommet de la pyramide sociale. Compte tenu de la controverse sur les estimations et les résultats des recensements aux époques en cause, les chiffres retenus peuvent être considérés comme des ordres de grandeur. Précisons par ailleurs que :
- La population terrestre en l'an 1 de notre ère est celle généralement attribuée à l'époque du Christ.
- La population en l'an 2 000 est celle des chiffrages communément admis à cette date, y compris le milliard et demi de pauvres vivant dans la misère extrême (moins d'un € par jour).

De tels chiffres pourraient bien entendu être soumis à expertise, mais les considérer comme possibles et non certains, n'est pas aller beaucoup plus loin dans une polémique qui ne change rien au fond. D'autant que les richesses considérables découvertes, créées et accumulées par les hommes en 20 siècles et spécialement depuis la révolution industrielle – en dépit d'un gaspillage non moins considérable – et nos conditions de vie doivent se comparer elles aussi à ce qu'elles étaient au début de notre ère. Il en résulte tout au plus des variations de pourcentage dans la répartition des populations chiffrées, ne changeant rien à la prolifération des pauvres, comparée à la croissance des populations des classes moyennes et riches.

La tendance enregistrée à partir de la fin du second millénaire, mettrait toutefois en évidence, selon plusieurs démographes, économistes et démographes, une augmentation significative de la proportion des représentants des classes moyennes, une partie de leurs membres étant déclassée vers le haut et une autre vers le bas, participant à l'augmentation du nombre de pauvres.

Expansion démographique mondiale sur 21 siècles
Populations comparées en nombre
à critères constants de segmentation de la pyramide sociale


Population terrestre
An 1
(X 1)
An 1 800
(X 4)
An 2 000
(X 24)
Progression
en nombre
An 1/An 2 000
Projection
   An 2 100
(X 40)
Total
250 millions1
  1 milliard
6 milliards2
5,75 milliards
11 milliards3
Riches - 3.7%
9,25 millions
37 millions
220 millions
210 millions
407 millions
Cl. moyen. - 26.3%
65,75 millions
263 millions
1,58 milliard
1,514 milliard
2,9 milliards
Pauvres - 70%
175 millions
700millions
4,2 milliards
4,75 milliards
7,7 milliards

1 - évaluation de la population mondiale au début de notre ère
2 - Population mondiale à l'aube du XXIème s. selon l'ONU - Dont 1,5 milliard de pauvres profonds
3 - Estimation de la population mondiale vers l'an 2 100
Nota 1- Les pourcentages retenus pour la segmentation des terriens, en riches, représentants des classes moyennes et pauvres, sont hypothétiquement fondés sur la répartition moyennement admise pour l'an 2000 par les instances publiant des données à ce sujet (ONU, B.M., INED, ONG diverses).
Nota 2 - Compte tenu des différences relevées selon les sources, et de l'approximation des chiffres fournis, ces derniers ont été arrondis par défaut


Concernant la pauvreté, il suffit d'appliquer à ces chiffres et notamment à la projection 2 100, le moindre pourcentage de réduction, pour apprécier la mesure dans laquelle il influencerait le nombre de pauvres, par simple effet de proportions.


Pour réduire la pauvreté et les inégalités sociales :
tuer les riches ou supprimer les pauvres ?


La tentation est dès lors de désigner ceux qui sont frappés par la pauvreté comme source de tout allègement significatif de la pyramide sociale, en même temps que premiers responsables de leur propre nombre et de ce qui peut être qualifié d'hérédité de la pauvreté. Quels que soient les effets de la société sur la position de chacun dans la hiérarchie sociale, chacun d'entre nous n'est-il pas avant tout l'héritier de la plus ou moins grande pauvreté (ou richesse) de ses géniteurs ?


Au demeurant, tous les pauvres ne sont pas malheureux de l'être. Mais avec les moyens d'information modernes, qui permettent à quiconque de comparer sa condition à celle d'autrui, à des milliers de kilomètres de distance et à des millions de dollars près, cette comparaison les conduit à s'intéresser à leur propre sort, autant et plus que les philanthropes et autres bonnes âmes qui s'en sont chargés jusqu'ici, avec une insuffisance flagrante, ne semblant pas concevoir que leur lutte, telle qu'ils la mènent, assure davantage la promotion de la pauvreté qu'elle change quoi que ce soit à une relativité incontournable. N'empêche que les pauvres résistent et entendent bien ne pas être sacrifiés au mieux-être général de la société. Qu'est en effet la perspective d'un allègement de la pyramide sociale, comparée au bonheur immédiat de vivre et à cet optimisme qui habitent chacun d'entre nous et lui laisse entrevoir, aux pires moments de son existence, l'éventualité de jours meilleurs ? Qu'ils se rassurent – et leurs protecteurs avec eux –, la réduction du nombre de pauvres peut résulter d'un ajustement démographique ne passant pas par leur extermination. Il s'agirait seulement de les convaincre de naître moins nombreux et de les y aider. Par cet effet purement mécanique selon lequel la pyramide croît en nombre, majoritairement par sa base, son allègement résulterait de l'effet inverse. Les classes aisées et les pays dans lesquelles ces classes sont les mieux représentées, qui tendent à "maigrir" en affichant les plus faibles taux de natalité en fournissent l'exemple. Elles sont d'ailleurs ainsi portées à refuser à leur tour leur propre sacrifice, ce qui devrait conduire la société entière à une lutte de classes toujours aussi vaine, livrée non plus au nom de la domination de l'une sur les autres mais pour la survie de chacune.


Le retour à une population mondiale mieux en rapport avec les capacités de la planète impliquerait toutes les catégories sociales ; les riches comme les classes moyennes et les pauvres, proportionnellement au nombre de représentants de chacune. En accord avec la structure immuablement pyramidale de leur société, les hommes continueraient à s'y répartir dans la même inégalité, seuls se distendant, selon les époques et la conjoncture, les écarts de richesse. L'autre effet éminemment souhaitable de telles orientations serait un moindre impact des pollueurs que sont les hommes sur l'environnement. En cela au moins, la réduction puis la stabilisation de la population générale, profiterait à tous.


Que les défenseurs des pauvres, allant jusqu'à promouvoir la pauvreté par une compassion les encourageant à se multiplier ; comme les ennemis des riches, qui considèrent que l'extermination de ceux-ci éradiquerait la pauvreté et apporterait l'égalité sociale, se fassent une raison, le salut de la société est ailleurs, il est dans un ajustement général de la population, aux ressources de la planète d'une part et aux capacités ainsi retrouvées des hommes à assumer leur propre gouvernance.

Comme déjà précisé, la prétention n'est pas ici de proposer des solutions mais de mettre en évidence une situation et d'imaginer tout au plus quelques grandes orientations pour y répondre. Laissons aux experts le soin d'entrer dans les détails, s'il n'est pas trop tard et pour autant qu'ils conviennent du défi fondamental que leur lance la pyramide sociale. De même, que les élites devront cesser de cultiver la pauvreté pour chercher à réellement la combattre. Refuser le rééquilibrage de la société par la dénatalité au prétexte que celle-ci entraînerait un vieillissement de le population et de moindres performances de la société, c'est d'abord instrumentaliser la pauvreté et reconnaître aux pauvres leur utilité, voire leur nécessité, puisque ce sont eux qui peuplent en grande majorité la pyramide sociale.

5 commentaires:

  1. le tableau ne s'affiche pas correctement.

    pouvez vous faire quelque chose pour que sa lisibilité soit meilleure.

    merci !

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    1. Merci de votre attention et de votre observation. Le mal devrait être maintenant réparé.
      Cordialement.

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  2. Anonyme8/06/2013

    Bonjour, article très intéressant. Je m'étais fait une petite remarque concernant l'évolution de la population mondiale. Plus les moyens de détruire le vivant ( êtres humains,animaux, végétaux, minéraux, eaux) s'accentuent (on est passé de l'épée aux bombes bactériologiques) et plus la population se développe. A mon sens ce n'est pas le "pseudo" progrès scientifique (qui sert les élites) qui a permis d'accroitre la population, mais c'est comme un réflexe d'autoprotection de la Terre; On a jamais autant tué d'êtres humains au XXème siècle et le XXème siècle a été aussi celui de la plus grande croissance de la population mondiale...
    Voilà c'était juste une réflexion. Peut être que plus il y aura d'amour sur cette planète et plus la population se stabilisera.

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    Réponses
    1. Merci pour ce commentaire, d'autant plus qu'il est empreint d'une sérénité qui manque à des intervenants évoquant habituellement moins l'amour d'autrui que l'extermination – des riches pour les uns, des pauvres pour les autres –, le malthusianisme pur et dure et que sais-je encore. Bien qu'agnostique, je pense comme vous qu'un peu d'attention prêtée à son prochain pourrait apporter le partage et la stabilisation démographique indispensables au mieux être et peut-être même à la survie de l'espèce. C'est d'abord une attention sincèrement bienveillante prêtée aux plus déshérités qui pourrait conduire la société à faire en sorte qu'ils naissent moins nombreux et cessent d'atrophier la base de la pyramide sociale.

      Pour ce qui est des carnages des deux siècles écoulés, n'ont-ils pas été insignifiants, comparés à une augmentation de la population mondiale qui à lieu à la cadence de 250 000 individus quotidiennement ? L'espèce de réflexe d'auto protection dont vous évoquez l'éventualité, a été bien au-delà du nécessaire, et perdure.

      Enfin, concernant le comportement de l'élite (et les effets du progrès qui lui est dû), il y aurait beaucoup à dire en regard de ce qui précède. Je compte d'ailleurs y consacrer un prochain article. Mais il faut savoir que comme si la structure pyramidale de la société n'existait pas, avec ses conséquences en termes d'aggravation constante du nombre et du sort des pauvres, le terme même de "Pyramide sociale" est tellement ignoré des sociologues qu'il ne figure pas davantage que sa définition dans le Dictionnaire de la sociologie (Larousse, 1989), à la rédaction duquel ont pourtant contribué 58 chercheurs, professeurs d'université et autres experts en sciences dites humaines.
      Même situation du côté du lexique publié plus récemment en ligne sur le site des Sciences Économiques et Sociales :
      http://ses.ens-lyon.fr/lexiques-et-dictionnaires-33964.kjsp?RH=SES_04 ;
      du glossaire publié sur le site de melchior :
      http://www.melchior.fr/Glossaire-et-biographies.118.0.html ;
      dans l'EcoDico du web pédagogique : http://lewebpedagogique.com ;
      sur le site BRISES (Banque de Ressources Interactives en Sciences Économiques et Sociales) :
      http://terminale.ses.webclass.fr ;
      dans le dictionnaire en ligne d'Alternatives Économiques :
      http://www.alternatives-economiques.fr/dictionnaire_fr_52.html ;
      parmi les définitions des concepts utilisés par le Centre d'observation de la société :
      http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/liste-definitions.htm ;
      dans le DicoPo, dictionnaire de théorie politique : http://www.dicopo.fr/spip.php?rubrique2.
      Ignoré même du FMI : http://www.imf.org/external/np/term/fra/index.htm
      autant que dans le Glossaire des sciences sociales (en anglais) du sociologue Frank Elwell :
      http://www.faculty.rsu.edu/users/f/felwell/www/glossary/Index.htm
      Il ne figure même pas – comble du dédain – parmi les bourdieuseries du maître :
      http://homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/lexique/index2.html
      Et pourtant, le web présente 1 250 000 occurences en réponse à la question posé à Google, et 2 390 000 quand elle est posée à Yahoo-altavista.

      C'est dire l'intérêt porté aux pauvres par l'élite, au-delà de ce qu'autorise le politiquement comme le scientifiquement correct.

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