vendredi 6 septembre 2013

Pauvreté de la démographie

Pauvreté de la démographie


Pauvreté, inégalités, pillage des ressources naturelles sont autant de maux contre lesquels les politiques économiques et sociales des États, comme des collectivités qui les composent, ne peuvent avoir de sens que si sont pris en compte les fondamentaux de la démographie mondiale et les problèmes de surpopulation qu'elle génère inexorablement, au détriment d'une planète qui n'en peut plus et par voie de conséquence, des espèces qui la peuplent.

Ceux qui croient ou prétendent lutter contre la pauvreté ne cherchent-ils pas en fait, non pas un meilleur partage des richesses du monde mais à rejeter sommairement sur la seule collectivité le sort des pauvres, dans les sursauts d'une lutte des classes archaïque ? Ils s'obstinent à négliger ce faisant que chacun – quel que soit son sort, le doit en premier lieu à sa naissance. Par simple humanité, la responsabilité collective ne peut être écartée ; les antécédents et le poids de la société peuvent peser sur l'individu au point de le priver de réelles possibilités de réaction et il importe que cette même société lui apporte alors son aide. Mais elle devient elle-même impuissante lorsque ce poids atteint la démesure et un degré de complexité que rien ne peut plus démêler. Or parmi les facteurs de ce poids et de cette complexité figure indéniablement le nombre.


Donnons la parole à Alfred Sauvy, qui dénonçait déjà cette situation il y a plus de 50 ans, dans son livre "Malthus et les deux Marx" :
« En 25 ans [en 1963], le Monde a subi la plus grande transformation qu'il ait jamais connue. Dans l'espace d'une génération, sa situation a changé bien plus qu'en un siècle de Moyen Âge ou un millénaire de préhistoire.
Rien de saillant ne peut plus se produire en un point quelconque, qui n'ait sa répercussion sur le tour de la terre. En quelques secondes, se répand une nouvelle qui peut faire tomber des gouvernements nationaux ou ruiner des hommes placés à 10 000 km de là. Nulle autorité ne commande, nul ordre ne règle cet amas de 3 milliards d'hommes [devenus plus de 7 milliards en 2 100], plus différents de condition qu'ils ne l'ont jamais été, et cela au moment même où ils sont plus proches, plus voisins que jamais.
De ce chaos, de cet enchevêtrement d'intérêt, émergent deux problèmes fondamentaux :
- La menace d'une guerre atomique [... ]
- La croissance rapide de la population dans les pays les moins bien placés pour y faire face ; cette croissance implacable crée une hypothèque sans cesse alourdie, sur les ressources de la planète et risque de provoquer, quelque jour, une immense crise matérielle et morale [n'y sommes-nous pas maintenant plongés et au-delà ?].
Le premier problème, qui met en présence deux grands adversaires, les E.-U. et l'U.R.S.S. ... est assez bien connu dans ses lignes essentielles.
Le second a donné lieu à une littérature foisonnante, bourgeonnante qui, malgré d'excellents ouvrages a plutôt contribué à obscurcir la question. [ … ]
Ce qu'on appelle l'explosion démographique est survenu dans un monde ignorant tout de la démographie. Bannie des université, méprisée des économistes, inconnue de "l'honnête homme", cette science capitale a dû, pendant deux siècles, vivre à l'état sauvage. Pas un adulte sur 100 n'avait, vers 1950, reçu les rudiments les plus élémentaires de cette branche fondamentale. Et aujourd'hui encore, dans les milieux universitaires, elle est considérée comme une intruse, plus que comme une personne de la grande famille. Si on lui octroie une place, c'est pour en faire une sorte de pensionnaire, de locataire et, ainsi, éviter de lui donner ses possibilités de développement.
De toutes les responsabilités qui s'ouvrent et se prennent, celle des universitaires est particulièrement lourde. ».

Si nous ajoutons à cela la vision étriquée que certains démographes patentés ont de leur discipline, la prédiction rassurante de l'avenir de l'espèce humaine à laquelle les conduit le concept de transition démographique  (avec tout de même une population de l'ordre de la dizaine de milliards de terriens dans moins d'un siècle), le fait que soit excommunié – avec la complicité d'une certaine presse et de sa censure institutionnelle –, le profane ayant l'outrecuidance de contester cet optimisme, nous aurons une idée de ce qu'est cette misère de la démographie, faute de vouloir, ou de savoir, y mêler le minimum de sociologie et d'humanisme qui s'impose.

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