dimanche 9 septembre 2018

Écologie ou politique, il faut choisir

Que François de Rugy soit un politicien engagé, ce dont s’est félicité publiquement le Premier ministre, n'est-il pas ce qui le condamne à être aussi peu efficace que ses prédécesseurs, tant les uns et les autres ignorent que l'écologie n’est d’aucun autre parti que celui de notre planète et de toutes les espèces qui la peuplent, dont l’humanité est le premier prédateur, responsable de surcroît ?

C’est ainsi qu’entraînées par des slogans du type “Tout pour le climat !”, plus incantatoires que propres à les guider, les meilleures volontés manquent de ligne directrice définissant clairement les urgences de notre temps, moyennant quoi, plutôt que d’agir avec le sang-froid requis, elles se contentent de conduire l’humanité au précipice dans le désordre, à la manière d’un troupeau apeuré, ou au mieux, en tirant ses flèches en direction des sombres nuages qui obscurcissent l’horizon.

Une énergie considérable se disperse dans la multitude de revendications toutes louables – aucun effort n’étant à négliger – l’un enfourchant le nucléaire quand l’autre s’en prend plus largement à la transition énergétique en favorisant l’éolien, le marémoteur ou le solaire, selon la puissance des lobbys, groupes et groupuscules prenant parti pour ou contre, dans une cacophonie enlevant toute crédibilité et autorité aux uns comme aux autres ; quand l’écologie ne se confond pas avec la lutte contre le grand capital, comme si toute multinationale n’était pas la réponse à une demande de même ampleur. Le meilleur exemple n’est-il par offert par la lutte contre Monsanto, davantage que contre son herbicide, dans laquelle chacun use de ses arguments en accusant l’autre de mensonge : Cf. risques relatifs : L’amiante + 1770 % d’augmentation du risque de cancer de la plèvre ; Le tabac + 2360% d’augmentation du risque de cancer du poumon. Pour les utilisateurs de glyphosate, le risque de tout cancer est au maximum de 4 %,
https://www.causeur.fr/glyphosate-agriculture-ong-macron-danger-151434)


Deux raisons essentielles expliquent qu’il ne puisse en être autrement :

1° La politique, qu’elle soit libérale ou planifiée, se ramène à l’économie, dès lors que l’être humain est avant toute opinion ou toute autre considération, un consommateur et plus généralement un agent économique ; ce qui la met au service de ce qu’elle prétend combattre.

2° Pour des raisons purement électoralistes, la politique de chaque pays est enfermée dans le carcan de ses intérêts nationaux, quand l’écologie revêt des dimensions inéluctablement planétaires ; véritable tonneau des Danaïdes dont la profondeur est aggravée par la multiplication des pauvres, encourageant la construction de murs impuissants à en maîtriser le flot grossissant, faute de savoir les secourir.

Ces raisons majeures induisent pourtant une feuille de route se réduisant chaque jour davantage à 3 mesures urgentissimes et d’ampleur planétaire, qui permettraient de parer au plus pressé, toutes autres mesures leur étant subordonnées. La première est d’ordre démographique (et par conséquent économique), la seconde d’ordre social et le troisième relève de l’instruction et de l’éducation.

Démographie
Le fait que l’humanité soit en voie de consommer le triple de ce que la planète lui offre pour subvenir à ses besoins indique assez clairement que l’effort à consentir est une réduction des 2/3 de la population existante, alors que nous nous acheminons vers plus de 11 milliards de Terriens dans moins d’un siècle, à la cadence de 230 à 280 000 terriens supplémentaires quotidiennement soit, chaque année, près de 100 millions ou la population de la Belgique, de la France et des Pays-Bas réunis.

Ceci ne requiert-il pas un alignement dans les plus brefs délais des taux de natalité des pays les plus prolifiques sur ceux des pays avancés ; deux à trois générations pouvant suffire à ramener la population mondiale à un niveau compatible avec ses ressources.

« dire que personne ne peut se désintéresser de l’avenir de son pays ne signifie pas que toute famille ait le devoir de procréer. Cela veut dire que l’évolution de la population mérite considération. Par évolution nous n’entendons pas nécessairement accroissement a priori ni même maintien mais seulement que la question existe, que les gouvernements et les personnes soucieuses d’intérêt public ne peuvent s’en désintéresser » Alfred Sauvy in Planning familial, septembre 1960*

« La mortalité millénaire commandait le passé. Il fallait alors qu’une femme mariée, au cas où elle n’était pas morte avant sa 45e année, ait eu en moyenne près de sept enfants pour que le nombre des humains se maintiennent (…). Avec la mortalité nouvelle, il suffit aujourd’hui de 2,2 enfants (…). Avec une fécondité maintenue de sept enfants par femme et la mortalité actuelle, le nombre des humains triplerait tous les trente ans : il y aurait donc deux cent quarante fois plus d’hommes sur la terre qu’aujourd’hui, c’est-à-dire près de mille milliards (…). Tel est l’avertissement des démographes » Jean Fourastié*

Sans tenir compte de ce qui précède, l’homme, s’en remet à ses démographes « ...qui se meu[ven]t dans un décor d’équations, de statistiques, de programmes types, de tables clés. [Leur] univers consiste à mettre en garde la planète contre le surpeuplement dans un espace, le dépeuplement dans un autre. Il[s] nous rappelle[nt] les lois de Malthus, stigmatise[nt] la chute démographique des démocraties populaires et brandi[ssen]t la formule de Pearl pour calculer les échecs de [leur] contraception. Métastasé[s] dans tout l’univers administratif, il brandi[ssent]t [leurs] statistiques qui pour reprendre la formule de Fournier, servent à [leurs] discours savants [à l’instar de bien des économistes et autres sociologues]comme les réverbères aux ivrognes. Ils le[s] soutiennent au lieu de les éclairer. ».
Docteur Pierre Simon - Le Figaro littéraire, 18 novembre 1966*

Social
Revenu universel (RU). https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pyramide-sociale-et-revenu-206010
Mesure à généraliser mondialement pour limiter rapidement et dans toute la mesure du possible, les effets inévitables d’une réduction drastique de l’emploi avec son cortège de misère suite, sinon à une décroissance économique interdite par le progrès, du moins à une plus grande frugalité humaine et surtout à l’émergence de nouveaux moyens de production se passant de main d’œuvre.

Le reste suivra, non sans que surgissent les problèmes que provoquera le vieillissement de la population, mais ce ne sera là que moindre mal et affaire d’adaptation de la société que le temps aidera à résoudre.

Autrement plus à craindre sera la résistance des pouvoirs – en particulier religieux –, à l’obscurantisme desquels l’humanité doit le maître de ses maux qu’est sa surpopulation. Il s’agit donc d’y répondre d’ores et déjà par l’instruction. Des efforts émanant de structures privées comme publiques portent déjà leurs fruits en de nombreux pays, planning familial, lutte contre la corruption, éveil et émancipation des femmes et de filles

Éducation & instruction

Ouvrir les esprits et par là les rendre moins peureux, plus tolérant ; les libérer de la superstition et de l’obscurantisme conduisant à tous les intégrismes et replis identitaires.

Toujours plus d’instruction, pour un meilleur partage de la richesse immatérielle qu’est le savoir. Comme il pourrait en être concernant la richesse matérielle par l’instauration du RU.

L’instauration d’un revenu universel est en mesure d’éradiquer la pauvreté profonde par des mesures purement fiscales consistant à injecter à la base de la pyramide sociale une part de la richesse collective de la société, et d’isoler ainsi les plus pauvres de son niveau zéro. Comme la richesse matérielle, la richesse intellectuelle à son niveau zéro, qu’il s’agit donc de relever par l’instruction, en partageant avec ceux qui en sont dépourvus une part de cette richesse collective propre à les isoler pareillement de son niveau zéro.




*Cités par Virginie.Barrusse.univ-paris1.fr In Population 2018/1 Le complexe de la dénatalité. L’argument démographique dans le débat sur la prévention des naissances en France (1956-1967).
https://www.ined.fr/fichier/rte/General/Publications/Population/2018/2018-1/POPF_1801_DeLuca.pdf

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