Dernière révision : 07/10/2025
Démographie
humaine, foules et pyramidologie sociale
Ayant compris
dès leurs débuts les effets sociaux de la révolution
industrielle et pressenti ceux à venir à venir à plus
ou moins long terme, Gustave Le Bon écrivait en
préface de sa “Psychologie des foules” (Édition originale
Alcan, 1895) :
Page
I « L’action inconsciente des foules se substituant à
l’activité consciente des individus est une des principales
caractéristiques de l’âge actuel. »
Précisant
plus loin (pages 3 & 4 de son ouvrage) « L’avènement
des classes populaires à la vie politique, c'est–à-dire, en
réalité, leur transformation progressive en classes dirigeantes,
est une des caractéristiques les plus saillantes de notre époque de
transition. Ce n’est pas, en réalité, par le suffrage universel,
si peu influent pendant longtemps et d'une direction d'abord si
facile, que cet avènement a été marqué. La naissance progressive
de la puissance des foules s’est faite d’abord par la propagation
de certaines idées qui se sont lentement implantées dans les
esprits, puis par l’association graduelle des individus pour amener
la réalisation des conceptions théoriques. C’est par
l'association que les foules ont fini par se former des idées, sinon
très justes, au moins très arrêtées de leurs intérêts et par
avoir conscience de leur force. Elles fondent des syndicats devant
lesquels tous les pouvoirs capitulent tour à tour ; des bourses
du travail qui, en dépit de toutes les lois économiques tendent à
régir les conditions du labeur et du salaire. Elles envoient dans
les assemblées gouvernementales des représentants dépouillés de
toute initiative, de toute indépendance, et réduits le plus souvent
à n'être que les porte-parole des comités qui les ont choisis.
Aujourd’hui les revendications des foules deviennent de plus en
plus nettes, et ne vont pas à moins qu’à détruire de fond en
comble la société actuelle, pour la ramener à ce communisme
primitif qui fut l’état normal de tous les groupes humains avant
l’aurore de la civilisation. Limitation des heures de travail,
expropriation des mines, des chemins de fer, des usines et du sol ;
partage égal de tous les produits, élimination de toutes les
classes supérieures au profit des classes populaires, etc. Telles
sont ces revendications. Peu aptes au raisonnement, les foules
sont au contraire très aptes à l'action. Par leur organisation
actuelle, leur force est devenue immense. Les dogmes que nous voyons
naître auront bientôt la puissance des vieux dogmes c'est-à-dire,
la force tyrannique et souveraine qui met à l’abri de la
discussion. Le droit divin des foules va remplacer le droit
divin des rois. »
Pourtant,
l’élite des pouvoirs religieux et politiques ayant de tous temps
mené le monde s’est obstinée à encourager l’humanité, avec
l’aide d’un pouvoir scientifique coupable de l’avoir exonérée
de la loi de sélection naturelle qui l’avait jusqu’alors
protégée de la surpopulation – à l’égal des autres espèces
–, à se multiplier sans autres freins que les guerres, les
pandémies et autres catastrophes naturelles, dont les dommages sont
inlassablement réparés en quelques semaines ou mois de relance
démographique. C’est ainsi que la croissance démographique est
devenue continuelle puis a tournée à la prolifération, premier
prédateur de l’ensemble du vivant sur Terre, à commencer par
lui-même. Au point qu’il soit permis de se demander si Auguste Le
Bon n’a pas prêté aux foules les intentions et pouvoirs qui
pourraient avoir été ceux de leurs meneurs, lorsqu’il déclare
page 98 de son livre « Le grand facteur de l’évolution des
peuples n’a jamais été la vérité, mais l’erreur. Et si le
socialisme voit croître aujourd’hui sa puissance, c’est
qu’il constitue la seule illusion vivante encore. […] Sa
principale force est d’être défendu par des esprits ignorant
assez les réalités des choses pour oser promettre hardiment à
l’homme le bonheur » ou encore « Les foules n’ont
jamais eu soif de vérité. Devant les évidences qui leur déplaisent
elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur
les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur
maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur
victime. »
À
noter, quant aux effectifs des foules, l’émergence récente d’une
population venue les grossir, constituée d’une multitude
d’adolescents et même d’enfants, s’autorisant du recul de
l’autorité parentale et du laxisme de leurs enseignants, conjuguée
avec l’apparition des réseaux sociaux ouverts à tous, pour se
mêler significativement du débat public.
Toujours
est-il qu’évaluée à 250 000 au début de notre ère, la
population humaine a atteint 1 Milliard d’individus au cours du
XIXᵉˢ s. pour doubler au cours du siècle suivant, et
atteindre 7 milliards à l’entrée dans le troisième millénaire,
en attendant les 9 puis 10 milliards et plus prévus au début du
XXIIᵉ siècle. Ceci en dépit d’une transition démographique
annoncée comme prochaine par les démographes, depuis qu’ils
existent – en France et ailleurs –, sans qu’elle se soit encore
manifestée au moment où ces lignes sont écrites (2025).
Ce
n’est donc pas par hasard que le pouvoir des croyances et
idéologies les plus diverses s’exerçant sur les foules les ont
submergées, mais par ignorance, négligence et déni de sa
condition, entretenus par leurs meneurs, dans un contexte structurel
faisant référence au polyèdre pyramidal en tant que représentation
de la société humaine n’ayant pu être ignoré des élites,
puisque ses traces se retrouvent dans les sociétés les plus
anciennes, notamment en Mésopotamie (Vase d’Uruk, Tour de Babel),
mais absent de leurs propos, voire refusé par les experts en
sciences humaines, pour cause d’incompatibilité avec la dignité
humaine.
Car
c’est là qu’interviennent des considérations ayant pu échapper
à Gustave Le Bon, bien qu’il ait formulés, toujours dans sa
“Psychologie des foules” (Préface, pages IV & V), les
observations ci-après.
«
Au point de vue de la vérité absolue, un cube, un cercle [une
pyramide]* sont des figures géométriques invariables,
rigoureusement définies par certaines formules. Au point de vue de
notre œil, ces formes géométriques invariables, rigoureusement
définies par certaines formules. Au point de vue de notre œil,
figurer les objets avec leur forme géométrique exacte serait
déformer la nature et la rendre méconnaisable. Si nous supposons un
monde dont les habitants ne puissent que copier ou photographier les
objets, sans avoir la possibilité de les toucher, ils n’arriveraient
que très difficilement à se faire une idée exacte de leur forme.
La connaissance de cette forme, accessible seulement à un petit
nombre de savants, ne présenterait d’ailleurs qu’un intérêt
très faible.
Le
philosophe qui étudie les phénomènes sociaux doit avoir présent à
l’esprit, qu’à côté de leur valeur théorique ils ont une
valeur pratique, et que, au point de vue de l’évolution des
civilisations, cette dernière est la seule possédant quelque
importance. … Si nous voulons rester dans les limites étroites
mais sûres des choses que la science peut connaître, et ne pas
errer dans le domaine des conjectures vagues et des vaines
hypothèses, il nous faut constater simplement les phénomènes qui
nous sont accessibles, et nous borner à cette constatation ». *
Absence pour le moins curieuse de ce polyèdre, dans le propos de
l’auteur.
Quoi
qu’il en soit, les propriétés géométriquement définies d’un
cercle, d’un cube ; du polyèdre pyramidal, ne changent pas
avec la vue qu’en a l’observateur ; c’est donc précisément
parce que ces propriétés sont par définition immuables, qu’elles
peuvent garantir l'objectivité et la pérennité d'une étude de la
condition de ses occupants dans sa réalité fondamentale.
Il
est précisé que pour les besoins d'une telle étude, le volume de
la pyramide “sociale” est lui-même conventionnellement
considérée comme représentatif de l'importance en nombre de la
population constituant la société dont elle est la figuration, dans
l’altérité hiérarchisée de ses membres, telle que résultant
des hasards de la naissance et de l’héritage génétique, social
et culturel de chacun d’entre eux, quels que soient les aléas de
son existence par la suite.