lundi 19 novembre 2012

L'ascenseur-descenseur social


« Le monde ne vaut que par ses extrêmes et ne vit que par ses moyens »
Paul Valéry

Voir schémas :

Pyramide "riche"
Richesse et pauvreté "verticales"
Écarts amplifiées
Misère circonscrite
Plus de riches
Moins de pauvres "profonds"
L'ascenseur social fonctionne

Pyramide "pauvre"
Richesse et pauvreté "transversales"
Écarts réduits
Moins de riches
Misère plus diffuse
Des pauvres "profonds" plus nombreux
Le "descenseur" social est en service

Il serait curieux de pousser le raisonnement pour obtenir des pyramides différenciées à l'extrême, au point que la pyramide pauvre soit tellement plate que l'ascenseur-descenseur n'y soit plus d'aucune utilité – rêve des égalitaristes–, ou qu'au contraire, l'apex en soit si élevé que pas plus l'appétit que la capacité des hommes ne puissent suffire à l'atteindre. Quel mathématicien se livrera à une telle modélisation ?

Évoquées par ailleurs, les conséquences des variations de la richesse collective et de la croissance démographique sur la pauvreté et le nombre de pauvres, sont ici revisitées en relation avec la notion d'ascenseur social. Il y apparaît que la fonction de ce mécanisme s'inverse et qu'il se transforme en "descenseur" lorsque au lieu de croître, la richesse collective diminue, avec pour effet majeur la réduction des écarts des inégalités sociales, la pyramide conservant aussi implacablement que logiquement sa structure en toutes circonstances.

Toute poussée démographique s'imputant majoritairement aux couches inférieures de la pyramide, par simple proportionnalité, ce sont celles-ci qui ont le plus à souffrir des pannes d'ascenseur social lorsqu'elles se produisent. Et lorsqu'il se transforme en descenseur, sous l'effet d'une paupérisation généralisée de la société, c'est cette même base qui doit accueillir les victimes des déclassements survenant dans les couches moyennes et supérieures.
Sans omettre les effets de ces déclassements infligés particulièrement aux couches médianes (classe moyenne), du simple fait de leur situation intermédiaire. Elles subissent en effet le double impact des déclassements s'opérant aux étages supérieurs et de ceux dont elle est elle-même directement victime.

Compte tenu de ce risque permanent de blocage et d'inversion de l'ascenseur social aggravé par la surpopulation et le poids écologique qui en résulte, il est clair qu'à défaut d'éradication des inégalités, la gestion la moins mauvaise de celles-ci, dans l'intérêt de tous, repose sur l'acceptation et le développement d'une structure sociale médiane, combinant une démographie contrôlée, un niveau de richesse limité, et la tolérance alliée à la solidarité ; sachant qu'à plus de riches moins de pauvres et à  moins de riches davantage de pauvres.

Schéma - L'ascenseur-descenseur social


Le livre La pyramide sociale - Monstrueux défi

vendredi 12 octobre 2012

Pyramide sociale et pyramide des âges

Traitant chacune d'un sujet bien différent – ce qui pourrait expliquer la discrétion des démographes à propos de sociologie et réciproquement –, une comparaison des deux représentations que sont la pyramide sociale et la pyramide des âges a-t-elle un sens ?

En principe sans effet sur la répartition en niveaux de richesse qui structure la pyramide sociale – sauf à y trouver les raisons pour lesquelles les vieux riches sont plus nombreux que les jeunes –, la pyramide des âges peut-elle faire l'objet d'une tentative de rapprochement avec la pyramide sociale, sachant que le volume de l'une et de l'autre sont en permanence représentatifs de la même population, tant en nature qu'en nombre ? Ceci en marge d’éventuelles études déjà effectuées à ce sujet.

Même si une tentative d'enrichissement de la pyramide sociale à partir de données issues de la pyramide des âges risque ne mener qu'à des extrapolations trop hasardeuses pour être non seulement utiles mais sensées, il est dans le rôle de Candide de la tenter, C'est ainsi qu'il peut observer, en prenant pour base de réflexion la pyramide des âges proposée par l'ONU (fig ci-après) :



- Qu’en 1950 la forme générale de la pyramide des âges se rapproche de celle de la pyramide sociale. Puisque la population de l'une est identique à celle de l'autre, il est tentant d'imaginer que cette similitude puisse être autre chose qu'une simple coïncidence. Ne serait-ce pas l'un des signes que les limites démographiques de l'espèce, ou un point d'équilibre entre le nombre et sa richesse et/ou ses ressources, ont été atteints ? La représentation de la société de l'époque – qui est celle des 30 glorieuses – fait en effet état d’écarts de richesses qui n'ont cessé depuis de croître pour atteindre la démesure, en même temps que le nombre d'êtres humains occupant la planète tend vers les dix milliards.

- Qu’en 2010 La base de la pyramide gonfle, du fait d'une croissance démographique naturellement influencée en premier lieu par les tranches d'âge les plus jeunes. Son élancement se tasse corrélativement, en coïncidence avec une relative réduction des écarts de richesse (mise à part la démesure circonscrite à l'extrême sommet de la pyramide sociale évoquée ci-dessus). Pouvant résulter de la lutte contre la pauvreté, sérieusement renforcée durant la seconde moitié du XXème s., et d’une mondialisation dont l'un des effets incontestables est d'améliorer la diffusion du progrès, celui-ci profitant aussi, contrairement aux idées reçues, aux classes sociales occupant la base de la pyramide sociale.

- Que concernant les projections de population aux horizon 2050 et 2100, le tassement s'accentue sous l’effet de la montée des classes d'âge, ce qui confère sa forme particulière à la pyramide des âges. Compte tenu de la structure générale inéluctable de la pyramide sociale, les représentants de ces tranches d'âge ne pourront que participer à l'atrophie de sa base, quelle que soit la réduction relative de la pauvreté ayant pu être obtenue d'ici là.

Les prévisions de l'accroissement de population propre aux pays en voie de développement (notamment avec une augmentation prévue de plus de 2 milliards et demi pour le seul continent africain) impliquent le renvoi vers la base de la pyramide sociale des populations concernées. Le tassement relatif de celle-ci, tel qu’il en résulte, indique tout à la fois une réduction (relative elle aussi) des écarts de richesse et une paupérisation de la société dans son ensemble (élargissement de la base d’une pyramide sociale perdant en hauteur).

L'allongement de la durée de vie étant une conséquence directe du progrès bénéficiant à tous (même si individuellement cela a lieu dans une mesure variant avec le niveau de richesse) et ce progrès ayant été particulièrement marqué durant le XXème s., il peut être raisonnablement escompté que la tendance perdure pendant le XXIème.

Il est intéressant de noter l'atrophie de la pyramide des âges se déplaçant vers le haut. Ceci implique qu'à terme le nombre des individus inactifs en raison de leur âge devrait proportionnellement participer au gonflement de la base de la pyramide sociale, même si l'espérance de vie est supérieure pour ceux qui en occupent le haut. Autrement dit, leur vieillissement devrait, dans les décennies qui viennent, s'ajouter à leur nombre pour aggraver le sort des plus déshérités. Ceux dont la misère abrégeait les souffrances, ne sont-ils pas ainsi assurés d’être plus nombreux à connaître celles-ci un peu plus longtemps, du fait d’une promesse de vie plus longue ?

Une réelle prise en considération de la démographie et son contrôle s’imposent donc, non seulement en raison du nombre mais de l’évolution de l’âge moyen des individus, ce qu’exprime d’ailleurs l'angoisse de certaines nations au spectacle de de leur propre vieillissement.

jeudi 4 octobre 2012

La pyramide sociale, la crise et les riches

La spoliation ne saurait être épargnée aux riches, puisqu'ils sont sommairement réputés l'avoir exercée eux-mêmes pour être devenus ce qu'ils sont. Et s'il est possible de s'enrichir honnêtement, ceux qui se trouvent dans ce cas ont la malchance d'être contaminés et de dégager cette odeur de soufre qui répugne à certains au point de vouloir la mort de ceux qui en sont porteurs.


En attendant, l'argent qui manque dans les caisses de l'État n'ayant quant à lui pas d'odeur, il s'agit d'aller le prendre là où il est. Dès lors chacun s'accorde sur le fait qu'exiger avec ou sans spoliation, la contribution des plus riches à l'effort de la nation, proportionnellement à leur fortune, demeure le seul moyen du redressement, quand la crise sévit et que cette même nation se refuse à commencer par faire des économies. Le seul fait qu'ils détiennent l'essentiel de la richesse justifie, à la manière d'une lapalissade, que la pression fiscale exercée à l'endroit des plus riches soit ainsi proportionnée, par rapport à l'effort supplémentaire demandé aux autres catégories sociales.



Il importe toutefois de ne pas tuer la poule aux œufs d'or et d'avoir conscience qu'à partir d'un certain niveau de prélèvement, le remède est pire que le mal – ceci étant valable autant pour la richesse immatérielle que matérielle.



La France, plus que toute autre nation peut-être, a connu au cours de son histoire, plusieurs époques durant lesquelles des pans entiers de sa société, peuplés des individus les plus utiles à son développement, persécutés pour des raisons notamment politiques et religieuses, l'ont quittée pour aller se réfugier à l'étranger, dans des pays qui ont su profiter de l'aubaine. Qu'il s'agisse de protestants chassés à plusieurs reprises par l'intolérance religieuse, d'aristocrates chassés par les révolutions, d'entrepreneurs découragés administrativement ou fiscalement , le plus souvent au nom d'un protectionnisme aveugle, ils sont l'exemple dont devrait tenir compte le pouvoir. L'inefficacité comme le coût et les conséquences en termes d'évasion  (pas seulement fiscale) de précieuses ressources, des mesures coercitives prises à leur encontre ont été largement démontrés.



La richesse profite à tous et il n'est pas de pire situation que celle conduisant irrémédiablement à l'appauvrissement généralisé d'une société. Sa structure pyramidale est incontournable, quel qu'en soit le régime politique. Il existe des riches sous tous les pouvoirs, le désir de le devenir relevant d'une volonté strictement individuelle qu'il faut se garder de décourager, sauf à se condamner à une paupérisation généralisée, au détriment premier des classes les plus défavorisées. Nul besoin d'avoir l'esprit libéral pour savoir que la culture pas davantage que la satisfaction d'un sentiment égalitariste ne saurait priver ceux qui ont envie de devenir riches de s'y exercer, la première condition de leur réussite étant précisément de la vouloir, quelles que soient les difficultés leur étant opposées. Tous les individus ne sont pas sujets à l'envie d'être riches, mais la réussite de ceux qui en ont envie profite à tous, quand bien même ce serait d'abord à eux en premier lieu. Et la croissance démographique incontrôlée apparaît là encore comme la source d'une situation dans laquelle la prolifération des plus malheureux nécessite le recours à un partage des plus problématiques qui ne manquera pas de provoquer des réactions préjudiciables aux ressources de la société dans l'immédiat et à ses forces vives à plus long terme.
Le livre La pyramide sociale - Monstrueux défi

mardi 4 septembre 2012

La pyramide sociale et le savoir

Qu'elles soient d'ordre ethnique, religieux, politique ... pour n'évoquer que les principales causes au nom desquelles les hommes se font la guerre depuis qu'ils existent, toutes ne sont que secondaires par rapport à ce que rappelle et illustre la pyramide humaine. Elles n'en sont toutes que des reflets ou au mieux des composantes immatérielles. Les strates dans lesquelles s'inscrivent les individus à leur naissance selon leur origine, se jouent en effet – sauf exception confirmant la règle – des idées et des fantasmes que soulèvent la pensée la plus élevée comme la plus libre et défient le romantisme, la superstition, la foi, la compassion, les certitudes, des uns comme des autres. C'est en cela que dans leur réalité concrète, une croissance démographique incontrôlée et les désordres qui en découlent, toujours plus nombreux et amples, tels qu'ils caractérisent le millénaire qui commence, devraient susciter l'intérêt des sociologues, démographes, et autres économistes qui sont censés savoir de quoi ils parlent.

Et pourtant, à la manière des habitants de Pattaya qui voient chaque année leur plage rognée par les eaux qui montent inexorablement, les terriens assistent pour la plupart dans l'insouciance, sans paraître la voir ni en mesurer les conséquences – lorsqu'ils en ont conscience –, à la montée de la marée humaine. Non pas que la place manque – quitte à la céder sous la contrainte –, non pas que les ressources pour la nourrir soient irrémédiablement épuisées, mais tout simplement parce que l'accroissement de la population se fait au détriment de ceux qui ont le plus à en souffrir. C'est pourtant le nombre de ceux-ci qui augmente dans des proportions sans commune mesure avec celles concernant les couches les plus aisées de la sociétés. La grande majorité des 250 000 êtres humains supplémentaires qui naissent chaque jour va s'ajouter aux plus déshérités d'entre eux pour grossir, à la base de la pyramide, la multitude des plus touchés par les inégalités de toutes sortes. Mais la plupart des experts, probablement accaparés par le quotidien, semblent l'ignorer tout autant que le plus arriéré des habitants de la planète. Pour le vulgum pecus passe encore, mais le spécialiste peut-il continuer à se voiler la face, derrière ses chiffres, ses tableaux et ses courbes, dont il connaît au demeurant les insuffisances leur ôtant parfois toute crédibilité ? Ainsi de ces statistiques sur le chômage, la pauvreté, les inégalités (en France), dressées en l'absence de données, pourtant essentielles, relatives à l'implication des pays les plus pauvres, par le biais de flux migratoires qu'une hypocrisie dogmatique impose d'ignorer. La loi n'interdit-elle pas toute référence à l'origine, à la race ou à la religion des populations concernées par une étude ? De même pour cette opiniâtreté avec laquelle le fait démographique est absent de ces mêmes chiffres, tableaux et courbes. Ainsi encore du prisme idéologique à travers lequel de trop nombreux chercheurs voient ce qu'ils observent, quand le champ de leur curiosité n'est pas strictement conventionnel.

La pyramide du savoir serait-elle aussi abominable que la pyramide sociale ?
Contrairement à la pauvreté, la richesse n'a pas de limite et cette réalité ne vaut pas seulement pour la richesse matérielle ; elle s'applique aussi bien à la richesse intellectuelle. La pyramide des connaissances qui la symbolise le met bien en évidence. De la même manière que dans la lutte contre les inégalités de revenu, la lutte contre les inégalités de savoir devient une utopie dont personne ne semble se soucier, au-delà des questions posées par un enseignement minimum, hypocritement libérateur. Qu'une élite détienne les savoirs supérieurs et la puissance qu'ils octroient condamne le reste de l'humanité à vivre sous sa dictature. Mais qui parle des effets de ce type d'élitisme ?