mardi 17 septembre 2013

Pauvreté & démographie - De la responsabilités des élites - 1

Pauvreté & démographie - De la responsabilités des élites - 1


Les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres ... et nombreux ; ceci expliquant peut-être en premier lieu cela.

Pauvreté, inégalités, pillage des ressources naturelles sont autant de maux contre lesquels les politiques économiques et sociales des États, comme des collectivités qui les composent, ne peuvent avoir de sens que si sont pris en compte les fondamentaux de la démographie mondiale et les problèmes de surpopulation qu'elle génère inexorablement, au détriment d'une planète mutilée de toutes parts et par voie de conséquence, des espèces qui la peuplent.

Ceux qui, dans de grands élans de générosité inspirés aussi bien du marxisme que du christianisme et autres idéologies, religions et croyances diverses, veulent imposer la dictature du prolétariat ou pour le moins leur vision strictement compassionnelle de la pauvreté, en sont en réalité les promoteurs, au détriment premier de ceux qui en souffrent. Croyant ou prétendant lutter pour ces derniers, ne s'obstinent-ils pas, dans les sursauts d'une vision archaïque de la société, moins à partager les richesses du monde qu'à rejeter sommairement sur la seule collectivité ou plus restrictivement encore sur les seuls riches, la responsabilité du destin des pauvres, en omettant la part prépondérante qui en incombe à chacun d'entre eux ? Ils négligent ainsi le fait que tout individu, quel que soit son sort, le doit en premier lieu à ses géniteurs, et ne font que retourner la colère des pauvres contre eux-mêmes, les enfonçant toujours plus dans leur condition en perdant de vue qu'elle est avant tout héréditaire et que c'est par conséquent sur ce terrain qu'il faut la combattre.

Ceux qui voient dans la dénatalité, proposée comme moyen de réduire la pauvreté dans le monde, un préjudice causé à des "non nés" et à des parents à la liberté desquels il serait ainsi porté atteinte, feraient bien de dépasser le cadre étriqué et souvent sectaire de leurs convictions. Reprochent-ils aux pays dans lesquels la croissance démographique a été jugulée ou est en voie de l'être, leur faibles taux de natalité ? Les familles auxquelles est dû un tel résultat sont-elles victimes d'une atteinte à leurs libertés fondamentales ? Et pour les plus pauvres d'entre ces familles, sont-elles frustrées de n'avoir pas condamné en plus grand nombre leur progéniture à connaître leurs propres conditions d'existence, s'il leur arrive de s'en plaindre ? À qui viendrait l'idée de reprocher sa naissance à quiconque – du plus pauvre au plus riche ? Qui peut sérieusement imaginer que si demain, au terme de "la lutte finale" ou de n'importe quel grand partage mettant tous les individus à égalité de richesse (ou de pauvreté), la terre ne serait pas peuplée, après demain, de ceux qui sauraient faire fructifier leur avoir et de ceux pour qui il resterait insuffisant ? Ceux qui confondent égalité devant la loi avec égalité de revenu, oublient que richesse et pauvreté sont et seront toujours relatives et que le courage, le talent, l’ambition, la chance, etc. des uns ne sont pas ceux des autres. Comme l'a écrit Jules Renard, cet admirateur et ami sincère de Jaurès : « Les hommes naissent égaux. Dès le lendemain ils ne le sont plus ».

Certes, par simple humanité, la responsabilité collective ne peut être écartée ; des antécédents et le poids de la société peuvent peser sur l'individu au point de le priver de réelles possibilités d'y faire face seul et il est alors du devoir de cette société de lui apporter son aide. Mais elle devient elle-même impuissante lorsque le poids de cette aide atteint la démesure et un degré de complexité que rien ne peut plus démêler. Or, au premier rang des facteurs de ce poids et de cette complexité figure indéniablement le nombre.
Donnons la parole à Alfred Sauvy, qui dénonçait déjà cette situation il y a plus de 50 ans, dans son livre "Malthus et les deux Marx" :
« En 25 ans [en 1963], le Monde a subi la plus grande transformation qu'il ait jamais connue. Dans l'espace d'une génération, sa situation a changé bien plus qu'en un siècle de Moyen Âge ou un millénaire de préhistoire.
Rien de saillant ne peut plus se produire en un point quelconque, qui n'ait sa répercussion sur le tour de la terre. En quelques secondes, se répand une nouvelle qui peut faire tomber des gouvernements nationaux ou ruiner des hommes placés à 10 000 km de là. Nulle autorité ne commande, nul ordre ne règle cet amas de 3 milliards d'hommes [devenus plus de 7 milliards depuis], plus différents de condition qu'ils ne l'ont jamais été, et cela au moment même où ils sont plus proches, plus voisins que jamais.
De ce chaos, de cet enchevêtrement d'intérêt, émergent deux problèmes fondamentaux :
- La menace d'une guerre atomique [... ]
- La croissance rapide de la population dans les pays les moins bien placés pour y faire face ; cette croissance implacable crée une hypothèque sans cesse alourdie, sur les ressources de la planète et risque de provoquer, quelque jour, une immense crise matérielle et morale [n'y sommes-nous pas maintenant plongés ?].
Le premier problème, qui met en présence deux grands adversaires, les E.-U. et l'U.R.S.S. [...] est assez bien connu dans ses lignes essentielles.
Le second a donné lieu à une littérature foisonnante, bourgeonnante qui, malgré d'excellents ouvrages a plutôt contribué à obscurcir la question. [ … ]
Ce qu'on appelle l'explosion démographique est survenu dans un monde ignorant tout de la démographie. Bannie des université, méprisée des économistes, inconnue de "l'honnête homme", cette science capitale a dû, pendant deux siècles, vivre à l'état sauvage. Pas un adulte sur 100 n'avait, vers 1950, reçu les rudiments les plus élémentaires de cette branche fondamentale. Et aujourd'hui encore, dans les milieux universitaires, elle est considérée comme une intruse, plus que comme une personne de la grande famille. Si on lui octroie une place, c'est pour en faire une sorte de pensionnaire, de locataire et, ainsi, éviter de lui donner ses possibilités de développement.
De toutes les responsabilités qui s'ouvrent et se prennent, celle des universitaires [et de l'élite dans son ensemble] est particulièrement lourde. »

Le sort de la démographie et la responsabilité de ceux qui l'ignorent ont-ils changé depuis ? Deux autres citations en font douter :

« Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l'accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l'environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées.»
Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies (1997 - 2006)

« L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable.»
Rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population

Un tableau chiffré valant mieux que toutes les citations, le lecteur doutant du bien fondé de celles qui précèdent pourra méditer ce qui suit.

Histoire et avenir des pauvres
Qui regarde loin dans le passé, peut voir loin dans le futur

Les pourcentages retenus pour la segmentation des humains peuplant la terre en : riches, représentants des classes moyennes et pauvres, sont hypothétiquement fondés sur la répartition moyennement admise pour l'an 2 000 par les instances publiant des données à ce sujet (ONU, B.M., INED, ONG diverses et nombreux sites Web).

Les chiffres ci-après tiennent compte de la révision à la hausse de l'estimation de la population du globe en 2100, telle qu'effectuée notamment par l'ONU et l'INED. Voir à ce sujet : http://economiedurable.over-blog.com/article-le-retournement-des-previsions-demographique-120602366.html

Population terrestre
An 1
(X 1)
An 1 800
(X 4)
An 2 000
(X 24)
Progression
en nombre
An 1/An 2 000
Projection
   An 2 100
(X 40)
Total
250 millions1
  1 milliard
6 milliards2
5,75 milliards
11 milliards3
Riches - 3.7%
9,25 millions
37 millions
220 millions
210 millions
407 millions
Cl. moyen. - 26.3%
65,75 millions
263 millions
1,58 milliard
1,514 milliard
2,9 milliards
Pauvres - 70%
175 millions
700millions
4,2 milliards
4,75 milliards
7,7 milliards

1 - évaluation de la population mondiale au début de notre ère
2 - Population mondiale à l'aube du XXIème s. selon l'ONU - Dont 1,5 milliard de pauvres profonds
3 - Estimation de la population mondiale en l'an 2 100  (ONU, INED)
Nota 1- Les pourcentages retenus pour la segmentation des terriens, en riches, représentants des classes moyennes et pauvres, sont hypothétiquement fondés sur la répartition moyennement admise pour l'an 2000 par les instances publiant des données à ce sujet (ONU, B.M., INED, ONG diverses).
Nota 2 - Compte tenu des différences relevées selon les sources, et de l'approximation des chiffres fournis, ces derniers ont été arrondis par défaut.

Que font ces élites, qui ont inventé le principe de précaution, pour tenir compte d'une telle évolution, aussi approximative qu'elle puisse être ? Doivent-elles se contenter de l"ignorer ou de la nier, au nom d'un hypothétique transition démographique et d'un optimisme dont il y a lieu de se souvenir  ce qu'en disait deux écrivains bien différents l'un de l'autre :
« . Le pessimisme, c’est la clairvoyance, la prudence, la méfiance. L’optimisme, c’est l’aveuglement, la confiance, pour tout dire d’un mot : la bêtise. » Paul LÉAUTAUD
« ... l'espoir n'est que la méfiance de l'être à l(égard de son esprit. Il suggère que toute conclusion défavorable à l'être doit être une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. » Paul VALÉRY.

vendredi 6 septembre 2013

L'avenir des pauvres

L'avenir des pauvres


Histoire résumée de la pauvreté et avenir des pauvres, par la démographie

Qui regarde loin dans le passé, peut voir loin dans le futur.

Les éléments ci-après annulent et remplacent ceux précédemment publiés sous le même titre.
Ils tiennent compte de la révision à la hausse de l'estimation de la population du globe en 2100, telle qu'effectuée notamment par l'ONU et l'INED. Voir à ce sujet : http://economiedurable.over-blog.com/article-le-retournement-des-previsions-demographique-120602366.html



Pour ceux qui refusent de concevoir ou ne parviennent pas à imaginer la société humaine comme une structure pyramidale, avec son empilement de catégories sociales sur une base dorénavant hypertrophiée, voici une autre manière de la représenter, en même temps que son évolution au cours des siècles.


Population terrestre
An 1
(X 1)
An 1 800
(X 4)
An 2 000
(X 24)
Progression
en nombre
An 1/An 2 000
Projection
   An 2 100
(X 40)
Total
250 millions1
  1 milliard
6 milliards2
5,75 milliards
11 milliards3
Riches - 3.7%
9,25 millions
37 millions
220 millions
210 millions
407 millions
Cl. moyen. - 26.3%
65,75 millions
263 millions
1,58 milliard
1,514 milliard
2,9 milliards
Pauvres - 70%
175 millions
700millions
4,2 milliards
4,75 milliards
7,7 milliards

1 - évaluation de la population mondiale au début de notre ère
2 - Population mondiale à l'aube du XXIème s. selon l'ONU - Dont 1,5 milliard de pauvres profonds
3 - Estimation de la population mondiale vers l'an 2 100
Nota 1- Les pourcentages retenus pour la segmentation des terriens, en riches, représentants des classes moyennes et pauvres, sont hypothétiquement fondés sur la répartition moyennement admise pour l'an 2000 par les instances publiant des données à ce sujet (ONU, B.M., INED, ONG diverses).
Nota 2 - Compte tenu des différences relevées selon les sources, et de l'approximation des chiffres fournis, ces derniers ont été arrondis par défaut


Il y est donc probable qu'il y aura dans moins d'un siècle, si rien n'est fait pour intensifier d'urgence les efforts engagés pour juguler la croissance démographique, 7,7 milliards de pauvres, soit 10% de plus que la population mondiale à ce jour (2013), toutes conditions confondues. Et ceci quels que puissent être les résultats de la lutte spécialement menée contre la pauvreté profonde. Pour convaincre toutes les parties prenantes à lutter pour qu'il n'en soit pas ainsi, il suffit de considérer la réduction considérable du nombre de pauvres qu'aurait la moindre réduction en pourcentage de la population globale annoncée.

Pauvreté de la démographie

Pauvreté de la démographie


Pauvreté, inégalités, pillage des ressources naturelles sont autant de maux contre lesquels les politiques économiques et sociales des États, comme des collectivités qui les composent, ne peuvent avoir de sens que si sont pris en compte les fondamentaux de la démographie mondiale et les problèmes de surpopulation qu'elle génère inexorablement, au détriment d'une planète qui n'en peut plus et par voie de conséquence, des espèces qui la peuplent.

Ceux qui croient ou prétendent lutter contre la pauvreté ne cherchent-ils pas en fait, non pas un meilleur partage des richesses du monde mais à rejeter sommairement sur la seule collectivité le sort des pauvres, dans les sursauts d'une lutte des classes archaïque ? Ils s'obstinent à négliger ce faisant que chacun – quel que soit son sort, le doit en premier lieu à sa naissance. Par simple humanité, la responsabilité collective ne peut être écartée ; les antécédents et le poids de la société peuvent peser sur l'individu au point de le priver de réelles possibilités de réaction et il importe que cette même société lui apporte alors son aide. Mais elle devient elle-même impuissante lorsque ce poids atteint la démesure et un degré de complexité que rien ne peut plus démêler. Or parmi les facteurs de ce poids et de cette complexité figure indéniablement le nombre.


Donnons la parole à Alfred Sauvy, qui dénonçait déjà cette situation il y a plus de 50 ans, dans son livre "Malthus et les deux Marx" :
« En 25 ans [en 1963], le Monde a subi la plus grande transformation qu'il ait jamais connue. Dans l'espace d'une génération, sa situation a changé bien plus qu'en un siècle de Moyen Âge ou un millénaire de préhistoire.
Rien de saillant ne peut plus se produire en un point quelconque, qui n'ait sa répercussion sur le tour de la terre. En quelques secondes, se répand une nouvelle qui peut faire tomber des gouvernements nationaux ou ruiner des hommes placés à 10 000 km de là. Nulle autorité ne commande, nul ordre ne règle cet amas de 3 milliards d'hommes [devenus plus de 7 milliards en 2 100], plus différents de condition qu'ils ne l'ont jamais été, et cela au moment même où ils sont plus proches, plus voisins que jamais.
De ce chaos, de cet enchevêtrement d'intérêt, émergent deux problèmes fondamentaux :
- La menace d'une guerre atomique [... ]
- La croissance rapide de la population dans les pays les moins bien placés pour y faire face ; cette croissance implacable crée une hypothèque sans cesse alourdie, sur les ressources de la planète et risque de provoquer, quelque jour, une immense crise matérielle et morale [n'y sommes-nous pas maintenant plongés et au-delà ?].
Le premier problème, qui met en présence deux grands adversaires, les E.-U. et l'U.R.S.S. ... est assez bien connu dans ses lignes essentielles.
Le second a donné lieu à une littérature foisonnante, bourgeonnante qui, malgré d'excellents ouvrages a plutôt contribué à obscurcir la question. [ … ]
Ce qu'on appelle l'explosion démographique est survenu dans un monde ignorant tout de la démographie. Bannie des université, méprisée des économistes, inconnue de "l'honnête homme", cette science capitale a dû, pendant deux siècles, vivre à l'état sauvage. Pas un adulte sur 100 n'avait, vers 1950, reçu les rudiments les plus élémentaires de cette branche fondamentale. Et aujourd'hui encore, dans les milieux universitaires, elle est considérée comme une intruse, plus que comme une personne de la grande famille. Si on lui octroie une place, c'est pour en faire une sorte de pensionnaire, de locataire et, ainsi, éviter de lui donner ses possibilités de développement.
De toutes les responsabilités qui s'ouvrent et se prennent, celle des universitaires est particulièrement lourde. ».

Si nous ajoutons à cela la vision étriquée que certains démographes patentés ont de leur discipline, la prédiction rassurante de l'avenir de l'espèce humaine à laquelle les conduit le concept de transition démographique  (avec tout de même une population de l'ordre de la dizaine de milliards de terriens dans moins d'un siècle), le fait que soit excommunié – avec la complicité d'une certaine presse et de sa censure institutionnelle –, le profane ayant l'outrecuidance de contester cet optimisme, nous aurons une idée de ce qu'est cette misère de la démographie, faute de vouloir, ou de savoir, y mêler le minimum de sociologie et d'humanisme qui s'impose.

lundi 22 juillet 2013

Démographie sociale comparée sur 2 000 ans

Démographie sociale comparée sur 2 000 ans


La pyramide sociale : Évolution comparée du nombre de riches, de pauvres  et de représentants des classes moyennes, sur 2000 ans


20 siècles d'histoire devraient suffire à rendre irréfutable la preuve que les pauvres se multiplient inexorablement avec le temps et la croissance démographique, à un rythme nettement supérieur à ce qu'il en est pour les autres catégories sociales. La forme pyramidale de la société humaine, comme le milliard et demi de pauvres profonds qui peuplent sa base en l'an 2 000 – 6 fois la population de la terre au début de notre ère – doivent nous en convaincre, même si certains se refusent à l'évidence ou plus cyniquement relativisent, en rétorquant que dans le même temps la population totale a été multipliée par 26.


Quels que soient les arguments négationnistes, n'est-il pas dès lors aussi vain de prétendre supprimer les inégalités que la pauvreté ? Les inégalités, qu'elles soient sociales ou autres, naissent inlassablement avec chacun d'entre nous, et la pauvreté comme la richesse existent l'une par l'autre. En conséquence, les hommes réellement désireux d'améliorer durablement le sort des plus déshérités d'entre eux doivent faire acte de pragmatisme et adapter leur ambition à la mesure dans laquelle il est possible de réduire ces maux, plutôt que de se taper la tête contre leur mur, à la manière des mouches contre la vitre qu'elles ne voient pas.


Figure dans le tableau ci-dessous une simulation tentant d'évaluer la progression comparée, en nombre, de la population mondiale répartie en fonction de la richesse (ou de la pauvreté) de ses membres. Les proportions de ces populations sont celles généralement admises pour l'an 2000. Toute théorique, leur constance a été arbitrairement supposée pouvoir s'accorder avec l'augmentation de richesse globale due au progrès pendant deux millénaires, indépendamment de ce qui a pu en résulter quant à l'écart entre la base et le sommet de la pyramide sociale. Compte tenu de la controverse sur les estimations et les résultats des recensements aux époques en cause, les chiffres retenus peuvent être considérés comme des ordres de grandeur. Précisons par ailleurs que :
- La population terrestre en l'an 1 de notre ère est celle généralement attribuée à l'époque du Christ.
- La population en l'an 2 000 est celle des chiffrages communément admis à cette date, y compris le milliard et demi de pauvres vivant dans la misère extrême (moins d'un € par jour).

De tels chiffres pourraient bien entendu être soumis à expertise, mais les considérer comme possibles et non certains, n'est pas aller beaucoup plus loin dans une polémique qui ne change rien au fond. D'autant que les richesses considérables découvertes, créées et accumulées par les hommes en 20 siècles et spécialement depuis la révolution industrielle – en dépit d'un gaspillage non moins considérable – et nos conditions de vie doivent se comparer elles aussi à ce qu'elles étaient au début de notre ère. Il en résulte tout au plus des variations de pourcentage dans la répartition des populations chiffrées, ne changeant rien à la prolifération des pauvres, comparée à la croissance des populations des classes moyennes et riches.

La tendance enregistrée à partir de la fin du second millénaire, mettrait toutefois en évidence, selon plusieurs démographes, économistes et démographes, une augmentation significative de la proportion des représentants des classes moyennes, une partie de leurs membres étant déclassée vers le haut et une autre vers le bas, participant à l'augmentation du nombre de pauvres.

Expansion démographique mondiale sur 21 siècles
Populations comparées en nombre
à critères constants de segmentation de la pyramide sociale


Population terrestre
An 1
(X 1)
An 1 800
(X 4)
An 2 000
(X 24)
Progression
en nombre
An 1/An 2 000
Projection
   An 2 100
(X 40)
Total
250 millions1
  1 milliard
6 milliards2
5,75 milliards
11 milliards3
Riches - 3.7%
9,25 millions
37 millions
220 millions
210 millions
407 millions
Cl. moyen. - 26.3%
65,75 millions
263 millions
1,58 milliard
1,514 milliard
2,9 milliards
Pauvres - 70%
175 millions
700millions
4,2 milliards
4,75 milliards
7,7 milliards

1 - évaluation de la population mondiale au début de notre ère
2 - Population mondiale à l'aube du XXIème s. selon l'ONU - Dont 1,5 milliard de pauvres profonds
3 - Estimation de la population mondiale vers l'an 2 100
Nota 1- Les pourcentages retenus pour la segmentation des terriens, en riches, représentants des classes moyennes et pauvres, sont hypothétiquement fondés sur la répartition moyennement admise pour l'an 2000 par les instances publiant des données à ce sujet (ONU, B.M., INED, ONG diverses).
Nota 2 - Compte tenu des différences relevées selon les sources, et de l'approximation des chiffres fournis, ces derniers ont été arrondis par défaut


Concernant la pauvreté, il suffit d'appliquer à ces chiffres et notamment à la projection 2 100, le moindre pourcentage de réduction, pour apprécier la mesure dans laquelle il influencerait le nombre de pauvres, par simple effet de proportions.


Pour réduire la pauvreté et les inégalités sociales :
tuer les riches ou supprimer les pauvres ?


La tentation est dès lors de désigner ceux qui sont frappés par la pauvreté comme source de tout allègement significatif de la pyramide sociale, en même temps que premiers responsables de leur propre nombre et de ce qui peut être qualifié d'hérédité de la pauvreté. Quels que soient les effets de la société sur la position de chacun dans la hiérarchie sociale, chacun d'entre nous n'est-il pas avant tout l'héritier de la plus ou moins grande pauvreté (ou richesse) de ses géniteurs ?


Au demeurant, tous les pauvres ne sont pas malheureux de l'être. Mais avec les moyens d'information modernes, qui permettent à quiconque de comparer sa condition à celle d'autrui, à des milliers de kilomètres de distance et à des millions de dollars près, cette comparaison les conduit à s'intéresser à leur propre sort, autant et plus que les philanthropes et autres bonnes âmes qui s'en sont chargés jusqu'ici, avec une insuffisance flagrante, ne semblant pas concevoir que leur lutte, telle qu'ils la mènent, assure davantage la promotion de la pauvreté qu'elle change quoi que ce soit à une relativité incontournable. N'empêche que les pauvres résistent et entendent bien ne pas être sacrifiés au mieux-être général de la société. Qu'est en effet la perspective d'un allègement de la pyramide sociale, comparée au bonheur immédiat de vivre et à cet optimisme qui habitent chacun d'entre nous et lui laisse entrevoir, aux pires moments de son existence, l'éventualité de jours meilleurs ? Qu'ils se rassurent – et leurs protecteurs avec eux –, la réduction du nombre de pauvres peut résulter d'un ajustement démographique ne passant pas par leur extermination. Il s'agirait seulement de les convaincre de naître moins nombreux et de les y aider. Par cet effet purement mécanique selon lequel la pyramide croît en nombre, majoritairement par sa base, son allègement résulterait de l'effet inverse. Les classes aisées et les pays dans lesquelles ces classes sont les mieux représentées, qui tendent à "maigrir" en affichant les plus faibles taux de natalité en fournissent l'exemple. Elles sont d'ailleurs ainsi portées à refuser à leur tour leur propre sacrifice, ce qui devrait conduire la société entière à une lutte de classes toujours aussi vaine, livrée non plus au nom de la domination de l'une sur les autres mais pour la survie de chacune.


Le retour à une population mondiale mieux en rapport avec les capacités de la planète impliquerait toutes les catégories sociales ; les riches comme les classes moyennes et les pauvres, proportionnellement au nombre de représentants de chacune. En accord avec la structure immuablement pyramidale de leur société, les hommes continueraient à s'y répartir dans la même inégalité, seuls se distendant, selon les époques et la conjoncture, les écarts de richesse. L'autre effet éminemment souhaitable de telles orientations serait un moindre impact des pollueurs que sont les hommes sur l'environnement. En cela au moins, la réduction puis la stabilisation de la population générale, profiterait à tous.


Que les défenseurs des pauvres, allant jusqu'à promouvoir la pauvreté par une compassion les encourageant à se multiplier ; comme les ennemis des riches, qui considèrent que l'extermination de ceux-ci éradiquerait la pauvreté et apporterait l'égalité sociale, se fassent une raison, le salut de la société est ailleurs, il est dans un ajustement général de la population, aux ressources de la planète d'une part et aux capacités ainsi retrouvées des hommes à assumer leur propre gouvernance.

Comme déjà précisé, la prétention n'est pas ici de proposer des solutions mais de mettre en évidence une situation et d'imaginer tout au plus quelques grandes orientations pour y répondre. Laissons aux experts le soin d'entrer dans les détails, s'il n'est pas trop tard et pour autant qu'ils conviennent du défi fondamental que leur lance la pyramide sociale. De même, que les élites devront cesser de cultiver la pauvreté pour chercher à réellement la combattre. Refuser le rééquilibrage de la société par la dénatalité au prétexte que celle-ci entraînerait un vieillissement de le population et de moindres performances de la société, c'est d'abord instrumentaliser la pauvreté et reconnaître aux pauvres leur utilité, voire leur nécessité, puisque ce sont eux qui peuplent en grande majorité la pyramide sociale.