mardi 26 janvier 2016

Démographie, progrès et pauvreté profonde

Aux époques pré industrielles, du fait d'un progrès limité, celui-ci profitait à tous sensiblement de la même manière, sinon dans la même mesure. Par ailleurs, s'il existait déjà de "grandes fortunes", elles étaient le plus souvent détenues par ceux qui avaient en même temps le pouvoir politique et/ou religieux, dont ellepouvaient paraître l'accessoire incontesté dans une société à la conscience sociale balbutiante. Les écarts de richesse étaient ressentis comme naturels par des pauvres plus crédules et moins nombreux qu'ils devaient le devenir, et qui se confondaient en une seule pauvreté.

Depuis, le passage de la population humaine de 1 à 7 milliards d'individus a entraîné un développement démesuré de la pyramide sociale. En même temps, la richesse générée par l'activité d'une telle population et une productivité due au progrès et aux nouveaux moyens dont il était porteur a considérablement augmentée. Plus particulièrement au cours des XIXème et XXème siècles, le sommet de la pyramide sociale s'est élevé et sa base s'est étendue. Dans un contexte où le matériel l'emportait sur le spirituel, les pauvres dont le nombre a structurellement crû plus vite que celui des riches, ont progressivement pris conscience de leur condition et se sont organisés pour contester des écarts de richesse dont la croissance n'a fait que suivre celle de la population et de sa richesse globale.

Mais cette amplification des inégalités sociales s'est accompagnée de l'émergence d'une nouvelle pauvreté résultant de l'accès des pays et régions les moins avancées du monde à l'industrialisation et à la modernité. Venu s'ajouter au lumperproletariat de Marx et autres laissés pour compte des avancées sociales, un sous-strate composé de miséreux s'appuyant directement sur l'extrême base de la pyramide sociale – coïncidant avec le niveau zéro de l'échelle de la richesse collective – s'est formé, dont les occupants ont été qualifiés de pauvres profonds.

Alors que s'amélioraient les conditions de vie du plus grand nombre, se sont installées celles de cette sous-catégorie sociale, composée majoritairement de victimes d'un exode vers des lieux (états, villes aussi bien que campagnes) où rien n'était disposé à les accueillir ; répétition à l'échelle mondiale de l'exode rural qu'avaient connu les pays occidentaux lors de leur industrialisation, aggravé par le flot croissant des victimes fuyant d'innombrables crises, désordres et violences économiques, ethniques, politiques, religieux, climatiques…

Ce nouveau mode de vie, qui s'est progressivement ancré partout dans le monde, se caractérise aujourd'hui par une précarité extrême, dont l'aspect le plus visible est l'habitat. Les bidonvilles pourraient compter 900 millions d'habitants en 2020 selon l'ONU, les camps qui se multiplient ne parvenant pas à endiguer le flot de ceux qui les peuplent, pas davantage que des barrières, murs et clôtures toujours plus hauts et plus nombreux. « Loin d’être l’exception que l’on évoque généralement dans un cadre humanitaire ou sécuritaire pour en justifier l’existence, les camps [et les murs] font durablement partie des espaces et des sociétés qui composent le monde aujourd’hui.» ("Un monde de camps" - Clara LECADET et Michel AGIER - éditions La Découverte) ; des vêtements hérités de moins pauvres qu'eux, quand ils ne sont pas faits de haillons ; une nourriture constituée de restes et de déchets, pour ceux qui n'ont pas la chance de bénéficier d'initiatives amplifiant le concept de "soupes populaires" propres aux grandes crises, se multipliant sous les formes et les appellations les plus diverses ; un  manque d'hygiène et de soins, avec pour conséquence un état de santé propice au développement de maladies et à la contagion, que combattent de nombreuses organisations tant privées que publiques hissées, par leur nombre et leurs budgets, au rang de véritables puissances économiques et politiques ; un criant défaut d'éducation. Autant de caractéristiques, d'ailleurs officiellement reconnues par les institutions au plus haut niveau (Banque Mondiale, ONU, UNESCO… ) pour qualifier ce niveau de pauvreté, qui indiquent à quel point la pauvreté, plutôt que de reculer comme le prétendent certains, se développe au contraire – serait-ce dans sa relativité – du fait de la multiplication de crises, toutes plus ou moins directement imputables à l'augmentation de la population humaine ? Le Figaro.fr du 09 nov. 2015 titre : « Climat : 100 millions de pauvres en plus d'ici 2030 si rien n'est fait. À 21 jours de la COP 21, la Banque mondiale alerte dans un rapport sur les risques du changement climatique pour les populations les plus vulnérables.». Ce sont effectivement les plus vulnérables qui feront, les premiers, les frais du réchauffement climatique, comme ils font ceux d'autres "réchauffements", tous résultant d'une démographie planétaire vécue depuis des décennies et des siècles dans l'indifférence et l'aveuglement le plus complet.

Quoi qu'il en soit, la pauvreté ayant jusqu'ici participé au peuplement de la pyramide sociale se définit dorénavant d'une nouvelle manière, résultant de la modernité et du progrès. N'est-ce pas en effet ce dernier et plus précisément l'augmentation de richesse de la société qui l'a accompagné qui, par un accroissement constant de l'écart entre le sommet et la base de la pyramide sociale a entraîné la multiplication des pauvres relatifs et l'apparition puis la multiplication parmi eux de pauvres profonds dont le sort n'aurait pas été envié par les plus pauvres des anciens pauvres?

Irions-nous vers une partition de la société, non plus en 3 (pauvres, classes moyennes et pauvres) mais en 4 catégories sociales ? Nul doute que nous soyons sur cette voie, puisque pour une population estimée de 250 millions d'êtres humains au début de notre ère, le nombre de ces pauvres profonds se situe 20 siècles plus tard entre 1 et 2 milliard – l'accord étant loin de régner entre les spécialistes, tant sur les chiffres que sur le fait que cette pauvreté profonde régresse ou augmente.

Trop souvent guidés par leur une compassion dévoyée, combien dsocio-intellectuels ont-ils conscience de cette réalité et de son évolution ? Combien d'entre eux – et non des moindres – ne tiennent aucun compte de la mesure dans laquelle leur idéal de justice sociale dépend de la démographie ? Pourtant, la seule possibilité réelle et durable qu'ont les hommes, non seulement d'accéder à un équilibre social en rapport avec leur condition, mais d'espérer la survie de leur civilisation et peut-être même de l'espèce, réside dans la réduction de leur population à l'échelle planétaire, compte tenu d'une mondialisation elle aussi rançon du progrès. Au-delà de la notion de partage qui ne peut être qu'un palliatif et qui en dépit – ou peut être en raison – de son caractère accusateur est l'arbre qui cache la forêt, le meilleur compromis possible entre richesse et pauvreté doit être atteint d'urgence, et c'est précisément sur les mécanismes qui règlent l'équilibre du nombre des humains – sans omettre son rapport avec leur environnement – qu'il faut insister.








mercredi 23 décembre 2015

En quoi la COP 21 a-t-elle été un simulacre de plus ?

Le réchauffement planétaire, les problèmes énergétiques présents et à venir, le pillage des ressources de la planète, la pollution, les atteintes à l'environnement, la faim dans le monde, les conflits, guerres et violences de toutes sortes, les flux migratoires qui en résultent qu'ils soient de nature ethnique, politique, climatique, économique, etc. avec leur cortège de misères, sont autant d'aspects d'une problématique globale ayant pour auteur premier le super prédateur qu'est l'homme.

Nous somme là bien loin de la vision à laquelle Malthus – dont le seul tort est d'avoir eu raison trop partiellement et trop tôt – reconnaissait lui-même le défaut d'être limitée au risque alimentaire. Sa doctrine doit dorénavant céder la place à "l'écologie dénataliste", sans laquelle toutes les tentatives de restauration de notre environnement terrestre sont condamnées à l'échec. À quoi sert en effet le remplacement des énergies fossiles par d'autres, a fortiori renouvelables – ce qui ne peut qu'encourager production et consommation au détriment des velléités les plus sincères de frugalité –, si la prolifération de la population humaine génère des besoins, déchets et désordres croissant inéluctablement avec elle ?

1 milliards d'êtres humains en 1900, 7 milliards en 2000, 9 à 10 milliards en 2050 et plus de 11 milliards à l'orée du prochain siècle, soit une augmentation quotidienne supérieure à 250 000 individus supplémentaires en moyenne. Et 70 % de la population condamnée à une pauvreté qui pour être relative n'en demeure pas moins la pauvreté, depuis la pire jusqu'à la moins insupportable ; situation entretenue, voire aggravée par une course à l'emploi faisant que lorsque 100 sont créés dans le monde, 200 demandeurs y prétendent, sans compter les effets du progrès technologique. Avec ou sans revenu minimum universel qui seront les pauvres qui qui auront la moindre chance de trouver refuge sur Mars le jour venu ?

C'est seulement par la dénatalité – elle aussi mondialisée – qu'il pourra être mis fin à cette course au pire ; au déséquilibre flagrant entre d'une part une population humaine d'ores et déjà pléthorique, et d'autre part les limites de son habitat, le respect des autres espèces le partageant avec elle, des ressources nécessairement comptées, et une capacité à se gouverner depuis longtemps vouée à l'impuissance par le nombre et sa cacophonie. C'est la seule chance restant à l'homme d'éviter de se perdre dans ses contradictions, dont la plus stupide est la mise en œuvre par les uns de nouvelles sources d'énergie s'opposant à la décroissance prônée par d'autres – sans compter l'indigence généralisée à laquelle ne peut que conduire cette dernière.

Une seule doctrine, mère et maîtresse de toutes autres visions de l'avenir des hommes doit présider à celui-ci : la dénatalité. Clé de voûte d'un avenir meilleur offert à une descendance moins nombreuse, pouvant de ce fait continuer à bénéficier d'au moins un part du progrès dont profite encore  – pour combien ce temps ? – la société, c'est la condition fondamentale d'un développement raisonnable, à défaut de pouvoir être durable et encore moins éternel.

Les représentants de tous les pouvoirs, qui ne voient en l'homme que chair à canons, à impôts, à retraites ou à luttes idéologiques, doivent être conscients qu'ils seront jugés – peut-être même de leur vivant, à l'allure où vont les choses – par leurs enfants. Ils seront comptables devant pauvres et riches, d'un même désastre qui ne sera finalement rien d'autre que démographique, faute d'avoir eu le courage d'affronter le péril à temps, en dépit des avertissements que leur auront adressés les moins aveugles d'entre eux.

mercredi 11 novembre 2015

Les pauvres s'invitent à la COP 21

La pyramide sociale s'est considérablement développée en 20 siècles, et plus particulièrement au cours des deux derniers, du fait de l'augmentation de la population et par voie de conséquence de la richesse qu'a générée son activité. Corrélativement, son sommet s'est élevé de même que s'est élargie sa base. C'est naturellement que sa partie inférieure, là où logent 70 % des êtres humains, s'est proportionnellement développée. Il faut rappeler que lorsque la population, toutes catégories sociales confondues, croît de 1000 individus, 37 vont augmenter le nombre de riches, 243 vont s'ajouter aux représentants des classes moyennes, quand 700 vont s'ajouter aux pauvres.
Illustration Pyramidologie sociale - 09.jpg

Un tel phénomène n'a pu que favoriser l'émergence d'une nouvelle pauvreté résultant de l'accès des pays et régions les moins avancées du monde à l'industrialisation et à la modernité. Venus s'ajouter au "lumperproletariat" et à l'effectif de prolétaires laissés pour compte des avancées sociales du XIXe s., un sous-strate de miséreux, s'appuyant directement sur l'extrême base de la pyramide sociale s'est ainsi formé, dont les occupants se sont vus attribuer le nom de pauvres profonds.
En même temps que la planète voyait sa population humaine passer de 1 à 7 milliards d'individus en 2 siècles et que s'améliorait la condition du plus grand nombre, s'est développé le mode de vie de cette sous-catégorie sociale, composée majoritairement de victimes d'un exode vers des villes où rien n'était disposé à les accueillir ; répétition à l'échelle mondiale de l'exode rural s'étant produit dans les pays occidentaux lors de leur industrialisation.

Ce nouveau mode de vie, qui s'est progressivement ancré partout dans le monde, se caractérise aujourd'hui par :
. Un habitat d'une précarité extrême – quand ce n'est pas l'absence du moindre abri. Les bidonvilles pourraient compter 900 millions d'habitants en 2020 selon l'ONU, les camps qui se multiplient ne parvenant pas à endiguer le flot de ceux qui les peuplent, pas davantage que des barrières, murs et clôtures toujours plus hauts et plus nombreux. « Loin d’être l’exception que l’on évoque généralement dans un cadre humanitaire ou sécuritaire pour en justifier l’existence, les camps [et les murs] font durablement partie des espaces et des sociétés qui composent le monde aujourd’hui.» ("Un monde de camps" - Clara LECADET et Michel AGIER - éditions La Découverte).
. Des vêtements hérités de moins pauvres qu'eux, quand ils ne sont pas faits de haillons.
. Une nourriture constituée de restes et de déchets, pour ceux qui n'ont pas la chance de bénéficier d'initiatives renouvelant le concept de "soupes populaires", se multipliant sous les formes et les appellations les plus diverses.
. Un  manque d'hygiène et de soins, avec pour conséquence un état de santé propice au développement de maladies et à la contagion, que combattent de nombreuses organisations tant privées que publiques hissées, par leur nombre et leurs budgets, au rang de véritables puissances économiques et politiques.
. Un criant défaut d'éducation.
Autant de caractéristiques d'ailleurs officiellement reconnues par les institutions au plus haut niveau (Banque Mondiale, ONU, UNESCO ... ) pour qualifier ce niveau de pauvreté, et déterminer le revenu maximum de ceux qui en sont frappés. D'abord fixé à moins de 1 dollar par jour, ce revenu atteint aujourd'hui (2015) 1,9 dollar. Une telle indexation de la pauvreté profonde ne suffit-elle pas à indiquer à quel point la pauvreté, plutôt que de reculer comme le prétendent certains, se développe au contraire – serait-ce dans sa relativité – du fait de la multiplication et de l'amplification de crises, toutes plus ou moins directement imputables à l'augmentation de la population humaine ? Le Figaro.fr du 09 nov 2015 titre : « Climat : 100 millions de pauvres en plus d'ici 2030 si rien n'est fait. À 21 jours de la COP 21, la Banque mondiale alerte dans un rapport sur les risques du changement climatique pour les populations les plus vulnérables. ». Ce sont effectivement les plus vulnérables qui feront, les premiers, les frais du réchauffement climatique, comme ils font ceux d'autres "réchauffements", d'ordre économique, industriel, écologique, ... tous résultant d'une démographie planétaire vécue depuis des décennies et des siècles, dans l'aveuglement le plus complet de l'humanité, à commencer par ses élites.

La pauvreté peuplant le tiers inférieur de la pyramide sociale se définit en conséquence d'une  nouvelle manière, résultant de la modernité et du progrès. N'est-ce pas en effet ce dernier et plus précisément l'augmentation de richesse de la société qui l'a accompagné qui, par un accroissement constant de l'écart entre le sommet et la base de la pyramide sociale a entraîné la multiplication des pauvres et l'apparition parmi eux de pauvres profonds ?

Quantitativement, ceci ne fait aucun doute, puisque pour une population estimée de 250 millions d'êtres humains au début de notre ère, le nombre de pauvres profonds se situe officiellement, 20 siècles plus tard, entre 1 et 1,5 milliard – les spécialistes sont en complet désaccord, tant sur les chiffres que sur le fait que cette pauvreté profonde régresse ou augmente – soit 4 à 6 fois la population de départ, toutes conditions confondues. Et qualitativement, ce dont ont souffert les plus pauvres des anciens pauvres, dans leur contexte quelle que soit l'époque considérée, n'a pas pu être pire que ce dont souffrent nos pauvres profonds actuels.


Irions-nous vers une partition de la société, non plus en 3 mais en 4 catégories sociales ? Dans l'affirmative, il faut considérer les proportions dans lesquelles chacune serait représentée (Fig. 10). Dès lors, sauf à concevoir une classe moyenne élargie, allant puiser une partie de ses effectifs chez les riches et une autre chez les pauvres, pour rassembler  29,7 +10,9 = 30,6% de la population, la pauvreté dans son ensemble représente, non plus 70% de la population totale mais 29.7 + 57,8 = 87,5%.

Trop souvent guidés par leur compassion, combien d'experts socio-intellectuels ont-ils conscience de cette réalité et de son évolution ? Combien d'entre eux – et non des moindres – ne tiennent aucun compte de la mesure dans laquelle leur idéal de justice sociale dépend de la démographie. La seule possibilité réelle et durable qu'ont les hommes, non seulement d'accéder à un équilibre social en rapport avec leur condition, mais d'espérer la survie de leur civilisation et peut-être même de l'espèce, réside dans la réduction de leur population, dorénavant à l'échelle planétaire, compte tenu d'une mondialisation elle aussi rançon du progrès. Au-delà d'enjeux économiques et de la notion de partage qui est l'arbre qui cache la forêt, le meilleur équilibre possible entre richesse et pauvreté doit être une priorité absolue pour les responsables qui vont siéger à la COP 21.

mardi 20 octobre 2015

Les pouvoirs et la démographie à la veille de la COP 21

COP 21 c'est dans à peine un mois.
Il est encore temps d'inciter les représentants du monde entier à rompre le tabou pesant sur la démographie et à faire preuve de courage face cette question cruciale.
À supposer qu'il n'en aille pas de l'avenir d'une planète qui peut se passer des hommes, il en va de celui de notre civilisation et peut-être même de celui de l'espèce humaine.

Texte emprunté à Abraham Maslow ("Être humain", p.80 – Eyrolles) :
« Il me semble remarquable que des êtres humains limités puissent se mettre au service de grandes causes sans être eux-mêmes de grands hommes. La science est une technique, sociale et institutionnalisée, où même des gens intelligents peuvent s'avérer inutiles au développement de la connaissance. Un scientifique, dès lors qu'il se laisse voguer dans les méandres de l'histoire en s'appuyant sur la cohorte de ses prédécesseurs, s'intègre à un tel point au sein d'une gigantesque équipe de baskett-ball, d'un immense rassemblement de gens, que ses propres idées peuvent passer inaperçues. Il devient digne de révérence, digne du plus grand respect, par sa [seule] participation à une immense et vénérable entreprise. Ainsi je me mets à appréhender toute éventuelle découverte comme le produit d'une institution sociale, d'une collaboration. Ce que l'un ne découvre pas aujourd'hui, un autre le trouvera un jour ou l'autre. Il me semble ainsi que nos scientifiques, même s'ils ont créé, ne constituent pas le meilleur échantillon pour étudier la théorie de la créativité. »

Du même auteur, à la page 44 du même ouvrage : « J'affirme [...] que planifier notre avenir devrait consister à diminuer la population mondiale. »

Je me permets d'y ajouter, avec l'humilité de quelqu'un qui ne possède que sa part de bon sens, que je considère le pouvoir scientifique comme premier responsable de la situation démographique catastrophique dans laquelle se trouve l'humanité, avec la complicité des pouvoirs politiques et religieux.

« Il n'est de richesse que d'homme », tel a été le leitmotiv de ces 3 pouvoirs durant des siècles ; ravis qu'ils étaient de voir croître le nombre de leurs disciples, sujets, partisans ou fidèles. Aucun ne semble s'être rendu compte de l'inflation dégradante à laquelle il ont condamné ce faisant la valeur "homme". Et non seulement ils ont assisté sans réagir à la multiplication effrénée de la population, mais ils l'ont encouragée, ne concevant à aucun moment ce qui ne pouvait qu'en résulter en termes de pillage des ressources de la planète et de dégradation de l'environnement.
Une autre pouvoir, mettant l'écologie aux service des luttes sociales, prône une décroissance qui déboucherait sur l'égalitarisme, dans la négation de la nature humaine voulant que chacun cherche à améliorer ses propres conditions de vie et celles des siens.

Il est pourtant encore temps de redresser la barre, au bénéfice de nos descendants, en réduisant drastiquement le nombre de ceux qui dans le futur pourraient profiter pendant encore longtemps d'un progrès et d'une consommation assagis. Mais ce sont toujours les mêmes pouvoirs qui s'y refusent, par la vanité et l'obscurantisme d'une majorité de leurs représentants.

Au début du XIXe s. la population humaine mondiale était de 1 milliard d'individus.
D'après l'INED (Populations & Sociétés, N° 526, octobre 2015) qui ne fait que reprendre les données de l'ONU :
« 1960 - La population mondiale atteint 3 milliards d'habitants
1974 - La population mondiale atteint 4 milliards d'habitants
1987 - La population mondiale atteint 5 milliards d'habitants
1999 - La population mondiale atteint 6 milliards d'habitants
2011 - La population mondiale s'élève à 7 milliards d'habitants
2024 - La population mondiale atteindrait 8 milliards d'habitants
2036 - La population mondiale atteindrait 9 milliards d'habitants
2056 - La population mondiale atteindrait 10 milliards d'habitants »
Et toujours d'après l'ONU, nous dépasserons largement les 11 milliards au début du prochain siècle, en attendant la décrue que promet une hypothétique "transition démographique".

Quant au taux mondial de natalité, il est passé de 1.91 en 2012 à 1.87 en 2014, pour un taux de fécondité passé de 2.58 en 2009 à 2.42 en 2015.

Conclusion : Le recul de la natalité n'est pas suffisant eu égard à la progression de l'empreinte écologique de la population mondiale existante.

Solutions : a/ Tuer les riches, qui seraient les plus gourmands, ou b/ freiner la naissance des plus pauvres, qui sont à coup sur les plus nombreux. Pour ma part, j'aime bien les pauvres mais je refuse la pauvreté, dont le nombre de pauvres est le premier indicateur. Ce faisant je pense me comporter en être humain raisonnable, dont le premier objectif est d'améliorer sa condition et celle des siens, contribuant ainsi à l'amélioration du sort de l'espèce humaine et à sa longévité.

mardi 4 août 2015

COP 21 et la démographie

À la veille de COP 21(Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015), il convient de rappeler combien l'avenir de notre planète est entre nos mains, bien en-decà de ses conditions climatiques. Les problèmes majeurs qui sont posés à l'humanité ne sont-ils pas en effet le résultat de l'aveuglement et du manque de courage des responsables de tous les pouvoirs, face aux problèmes que pose notre démographie ? Il suffit pour s'en rendre compte de considérer le mutisme obstiné de la plupart d'entre eux à propos d'une population mondiale passée, en un peu plus d'un siècle, de 1 à 7 milliards d'êtres humains et promettant de ne pas en rester là. Car qui consomme, détruit, dégrade, et pollue, sinon ces êtres humains, alors que leur multiplication se complique de l'abolition des frontières et des distances résultant d'un progrès et d'une mondialisation accélérée ?

Chacun peut se prendre à rêver à l'harmonie et aux réels bienfaits d'une croissance qu'une régulation de cette population eut pu assurer à l'humanité, pour des générations. Au lieu de cela, notre planète est devenu le théâtre de désordres, de violences et de gaspillages augmentant sans cesse et se généralisant.

Les peuples et les classes sociales en sont à former un tout hypertrophié, dans lequel les individusayant le moindre statut social font figure de nantis. Un peuplede miséreux, auxquels la notion de revenu est étrangère, erre d'un continent à l'autre ou s'entasse dans des bidonvilles et des camps de réfugiés pour former un nouveausous-prolétariat.Socrate doit en remuer dans sa tombe, lui qui prévoyait déjà que le nombre de citoyens dans la cité poserait problème. Toujours est-il que modernes damnés de la terre, êtres humains inférieurs soustraits au double asservissement de l'industrie et de l'économie modernes, les nouveaux miséreux sont les laissés pour compte d'un matérialisme partout triomphant. Mais ces sous-prolétaires sont-ils les victimes de notre avidité, de notreimprévoyance, ou d'une fatalité ?

Ils ne sont en tout cas pas les seuls à en souffrir. Une pauvreté moindre se développe, puisant ses effectifs dans les classes moyennes pour augmenter le nombre de pauvres n'allant pas jusqu'à être qualifiés de "profonds". Là encore la question se pose : fatalité ?

Car la fatalité existe. Notre vieillissement, bien des maladies, nos antécédents, les cataclysmes naturels et bien d'autres événements sont là pour nous le rappeler, à tous les instants de notre existence qu'elle est inscrite dans la structure irrévocablement pyramidale de la société. C'est l'un des mérites de l'homme que de la reconnaître afin de lutter contre elle, quelles que soient les chances de la vaincre, plutôt que de la nier, que ce soit par vanité ou par crainte. Prendre conscience de la fatalité, là où elle se manifeste, ce n'est pas s'y soumettre mais commencer à agir contre elle, en évitant de le faire à la manière de ces insectes prisonniers derrière la vitre à laquelle ils se cognent obstinément pour retrouver leur liberté. C'est aussi refuser l'attitude de l'autruche se cachant pour échapper à ce qui l'effraie. C'est encore dépasser la résignation et cette désespérance qui ne font qu'aggraver la gangrène de la misère.

Outre les luttes sociales – aux résultats dérisoires, comparés à ce qu'ils ont coûté et à une insatisfaction qui perdure –, la conscience et la compassion d'une société qui n'a jamais été aussi opulente se manifestent par des politiques et avec des moyens tant publics que privés toujours distancés. Pour qu'il en soit autrement, ne faudrait-il pas avoir la vision d'une situation et d'un destin communs lucide, et non pas déformée par des croyances et des idéologies ayant fait pendant des siècles la preuve de leur impuissance ?

Quand la population du globe est en voie de dépasser les 11 milliards d'individus selon les dernières prévisions de l'ONU http://esa.un.org/unpd/wpp/Publications/Files/Key_Findings_WPP_2015.pdf, alors que l'humanité n'a jamais produit ni accumulé autant de richesses, le chômage, la pauvreté et les violences qui en sont l'aboutissement n'ont jamais été aussi préoccupants. Dans quelle mesure cette situation et son évolution sont-elles en relation, ici avec le nombre, là avec le surnombre ? Si les démographes sont dans leur rôle en se montrant statisticiens plutôt que sociologues, ils sont souvent d'une neutralité, voire d'un optimisme, méconnaissant les effets néfastes d'une dynamique des populations vantée comme condition première du progrès. Par ce principe sacralisé, et certaines pratiques aberrantes – dont l'une des plus emblématiques est l’ukase idéologique interdisant de prendre en compte des données à caractère ethnique, religieux, etc. dans les études menées en son nom –, la démographie renseigne bien peu sur l'avenir qualitatif de la vie sur terre. Et ce n'est pas la promesse d'une transition démographique qui y changera quoi que ce soit, compte tenu du niveau mondial de peuplement d'ores et déjà atteint.

« Que savons-nous de la pauvreté [démographie qualitative] dans le monde ? ». Ainsi s'interrogeait le philosophe Thomas Pogge (Columbia University, New York) en 2006, doutant de l'efficacité des instruments employés par la Banque Mondiale pour la mesurer à l'échelle planétaire.
À en juger par la bataille de chiffres à laquelle continuent de se livrer les experts, notre savoir a-t-il évolué depuis ? Il est permis d'en douter en lisant la déclaration du millénaire de la même Banque Mondiale, qui énumère comme suit les huit objectifs de sa lutte contre l'extrême pauvreté :
« 1 - Les huit ODM listés ci-dessous guident les efforts de presque toutes les organisations travaillant dans le domaine du développement et sont devenus un cadre communément accepté pour mesurer les progrès en matière de développement : Réduire l’extrême pauvreté et la faim
2 - Assurer l’éducation primaire pour tous
3 - Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
4 - Réduire la mortalité infantile
5 - Améliorer la santé maternelle
6 - Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
7 - Préserver l’environnement
8 - Mettre en place un partenariat mondial pour le développement »
Quels qu'en soient les résultats aujourd'hui – dont il est permis de penser qu'ils sont autant sinon davantage un partage de la pauvreté que de la richesse –, n'est-il pas significatif qu'aucun de ces objectifs ne fasse clairement et directement référence à la démographie ? Si les objectifs 2 & 3 peuvent donner lieu à une interprétation qui en tient compte, dans le sens où une meilleure éducation et l'autonomisation des femmes – à commencer par celles qui sont concernées par la polygynie – pourraient les conduire à prendre conscience du sort réservé à leur progéniture, il ne s'agit là que de mesures dont les résultats ne peuvent se situer que dans le long terme. Résultats d'ailleurs aussitôt contrebalancés par ceux d'actions ayant pour effet contraire d'augmenter la population. Cf. objectifs 4, 5 & 6.
Tout aussi significatif est le fait qu'en janvier 2012, parmi les thèmes cités comme étant abordés sur son site Internet, la Banque Mondiale ne fasse pas la moindre mention de la démographie et a fortiori de son éventuel contrôle. Voir :

Et pourtant :

« Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l'accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l'environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées.» - Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies (1997 - 2006)

« L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable.» - Rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population.


Est-ce trop espérer, que COP 21 manifeste une prise de conscience de nos problèmes démographiques, en inscrivant leur examen à son ordre du jour ? L'homme, qui se soucie de protéger certainesespèces en cherchant à équilibrerleurs populations, ferait bien de commencer parcelle à laquelle il appartient.