jeudi 9 octobre 2025

Pyramidologie sociale - Méthodologie générale

 

Dernière révision le 10/10/2025

Méthodologie générale



Le polyèdre pyramidal représente communément l’organisation de la société humaine aux yeux du plus grand nombre de ses observateurs, n’en déplaise aux inconditionnels d’une particularité de l’espèce qui ne saurait s’en accommoder, en raison des inégalités qu’elle exprime. Et pourtant, tout n’y est-il pas soumis aux relations d’interdépendance hiérarchisée qui s’y créent, y règnent et y perdurent envers et contre tout, la famille par laquelle se « perpétuent par voie de génération La Vie et ses problèmes” (Jean ROSTAND 1939), en ayant été le premier exemple ?

Quoi qu’il en soit, ce modèle s’est ensuite imposé à des groupes de plus en plus nombreux, nés de la multiplication des individus dans une situation où na jamais fait que changer d’échelle leur lutte pour la conquête et la préservation de territoires et de ressources nécessaires à leur survie et à leur développement. C’est dans ce contexte qu’est née et s’est structurée la pyramide sociale de l’humanité que nous connaissons ; aux dimensions et intrications ayant crû et continuant de croître dans l’altérité et la diversité de la population qui l’habite.

Si dans un premier temps l’expérience, la taille, la force, le talent ainsi que des facultés intellectuelles à la mesure des problèmes de chaque époque ont pu suffire pour gouverner des populations peu nombreuses occupant des espaces limités, la complexification de leurs rapports a crue avec leur nombre, dans l’altérité de chacun de leurs membres. D’où la répartition des responsabilités et des tâches de chacun de ceux-ci, selon leurs nécessités, leurs aspirations et leurs capacités individuelles. S’est ainsi progressivement consolidé ce réseau de dépendances et d’interdépendances caractérisant la vie sociale. Mais les groupes se multipliant et s’éloignant à tous égards les uns des autres pour l’occupation d’espaces toujours plus vastes, les liens familiaux, claniques, tribaux , se sont distendus ; des relations toujours plus compliquées se sont tissées, alors que naissaient et se développaient parallèlement, au service de l’homme, des moyens techniques puis scientifiques toujours plus sophistiqués.

Après avoir vécu dans la même précarité que les représentants des autres espèces peuplant la planète, et pratiqué le même partage de ce qui était nécessaire à leur subsistance, selon des lois qui devaient tout à la nécessité et à l’instinct, s’est manifestée puis développée chez les humains infiniment plus que chez les autres espèces, la notion d’échange. D’abord troc, celui-ci évolue en commerce avec l’invention de ses facilitateurs que demeurent les monnaies et le crédit, qui favorisent l’épargne ; d’où le capital, dont il n’est pas exagéré de dire qu’il est devenu le premier instrument de tous les pouvoirs – y compris lorsqu’il arrive qu’il soit honni dans un idéal de partage et d’équité, ou corrompu par la cupidité et la jalousie. Quoi qu’il en soit là encore, la fonction économique de l’être humain devient omniprésente, répondant en cela à des nécessités de production et d’organisation croissant avec la population et ses besoins. Les notions de richesse et de pauvreté matérielles comparées se manifestent et se renforcent par la multiplication et l’accumulation de ces richesses, telles que résultant de leur industrie, pour aboutir à des différences individuelles de statut social, s’exprimant par l’importance des avoirs et des niveaux plus ou moins élevé des conditions de vie de chacun .

La productivité de la société augmente de manière exponentielle avec la multiplication de la main d’œuvre puis la mécanisation et l’industrialisation des tâches. Par le jeu de l’investissement et du réinvestissement systématique d’une partie de ses profits, l’humanité augmente et modernise toujours plus ses moyens ; augmentant d’autant ses richesses, non sans conflits entre intérêts collectifs et individuels.

Aussi peu enclins au partage que la plupart des autres animaux, les hommes peuvent faire preuve d’une avidité sans limites ; se faisant les premiers prédateurs de leur environnement et des ressources, renouvelables ou non, qu’il leur offre, en dépit des conséquences pourtant prévisibles d’un tel comportement qu’ont tenté d’analyser et de comprendre de tous temps bien des penseurs1.

Un tel résumé ne contredit en rien l’existence de formes de société plus ou moins agitées par les inégalités de richesse se compliquant de différences transversales telles que de sexes, de générations, de couleurs, d’ethnies, etc. mêlées à des croyances, des idéologies, des considérations sociales et sociétales, ayant pu masquer des inégalités de richesse parfois considérables et expliquer les exigences d’un partage plus équitable de la part des moins favorisés par l’existence après leur naissance.

Autorité, pouvoirs, esprit de lucre, ont pu ou peuvent être plus diffus, souvent à l’état embryonnaire aussi bien que de vestiges, chez des humains primitifs ou de nombreuses autres espèces animales où règnent cependant des formes d’interdépendance, de dépendance et de domination ; même quand leur pyramide sociale est simplifiée à l’extrême et qu’y prévalent des formes de pouvoir bien éloignées de celles que connaît l’homme moderne, comme c’est le cas dans la ruche ou la fourmilière par exemple.

Il est toutefois remarquable que toujours, une population s’organise et ses activités s’exercent prioritairement au service de sa subsistance pour les plus primitives, et plus largement de son économie pour l’humanité entière.

N’est-ce pas la raison pour laquelle l’homme est considéré comme la première richesse de la société à laquelle il appartient ? N’était-il pas de richesse que d’homme pour Jean Bodin, comme encore pour nombre d’experts en économie et autres sciences humaines  ? N’est-ce pas alors affirmer la relation directe existant entre population et richesse, ayant présidé à leur croissance conjointe, accélérée au cours des deux derniers siècles par le progrès technique et scientifique ? « … tout être humain est, avant toute autre activité ou toute autre opinion, un consommateur » a écrit Gaston Bouthoul2, ce que satisfait son autre fonction de producteur, les deux en faisant l’agent économique de l’indissociable binôme économie-population, dont l’histoire se confond avec celle de l’humanité.

Ce qui différencie l’homme de l’animal est le degré de conscience qu’il a de lui-même, allant bien au-delà de l’instinct. Mais il est un autre critère de différenciation, de portée à la fois économique, sociale et écologique. L’homme, animé de cette pulsion jamais assouvie d’améliorer sa condition, ajoute aux besoins vitaux que lui impose la nature, ceux de sa propre invention. Il se fait le producteur de biens nécessaires à leur satisfaction, en puisant sans retenue dans ce que lui offre son habitat et c’est ainsi que homo œconomicus s’avère être, à des fins tant individuelles que collectives, une unité de consommation bien avant sa naissance, puis de production dès qu’il est en âge de travailler, et même après sa mort ; la prospérité des marchés du prénatal et du funéraire en atteste. Micromoteur économique en permanence actionné par ce besoin inné et incessant d’améliorer son sort, l’être humain sert et stimule le progrès par son inventivité, en une spirale le portant à créer et produire toujours plus, avec toutes conséquences sur son environnement, que ce soit en termes d’exploitation des ressources de la Terre – et peut-être un jour d’autres planètes , ou d’accumulation des déchets de sa production comme de sa consommation. « Toutes les choses que nous consommons sont en effet des créations du travail humain, et même celles que nous jugeons en général les plus “naturelles”, comme le blé, les pommes de terre ou les fruits. Le blé a été créé par une lente sélection de certaines graminées ; il est si peu “naturel” que si nous le livrons à la concurrence des vraies plantes naturelles il est immédiatement battu et chassé. Si l’humanité disparaissait de la surface du sol, le blé disparaîtrait moins d’un quart de siècle après elle ; et il en serait de même de toutes nos plantes “cultivées”, de nos arbres fruitiers et de nos bêtes de boucherie ; toutes ces créations de l’homme [ne vivent, telles que nous les connaissons et les consommons],ne subsistent que parce que nous les défendons contre la nature ; elles valent pour l’homme, mais elles ne valent que par l’homme. À plus forte raison les objets manufacturés, des textiles au papier et des montres aux postes de radio, qui sont des produits artificiels, créés par le seul travail de l’homme. Qu’en conclure sinon que l’homme est un être vivant étrange, dont les besoins sont en total désaccord avec la planète où il vit ? Pour le bien comprendre, il faut d’abord comparer l’homme aux animaux, et même aux plus évolués dans la hiérarchie biologique : un mammifère, cheval, chien ou chat, peut se satisfaire des seuls produits naturels : un chat qui a faim ne met rien au-dessus d’une souris, un chien, rien au-dessus d’un lièvre, un cheval, rien au-dessus de l’herbe. Et dès qu’ils sont rassasiés de nourriture, aucun d’eux ne cherchera à se procurer un vêtement, une montre, une pipe ou un poste de radio, L’homme seul à des besoins non naturels. Et ces besoins [qui] sont immenses [,croissent avec la population] »3.

C’est dans ces conditions, qu’avec l’aide d’un progrès scientifique et technique leur ayant permis de s’affranchir dans une large mesure des effets de la loi de sélection naturelle, les êtres humains toujours plus nombreux et dont la durée de vie a constamment augmentée, se sont affirmés comme les premiers prédateurs d’un environnement qu’ils exploitent pour créer d’innombrables courants d’échanges qui, outre la satisfaction de leurs besoins, les enrichissent individuellement et collectivement, jusqu’à la démesure pour certains d’entre eux et pour leur ensemble.

Que ce soit sous forme de productions non consommées (stocks) ; de capitaux non immédiatement réinvestis ; d’infrastructures, équipements et outils utiles à l’exercice de leurs activités et à l’amélioration constante de leurs conditions d’existence ; de biens les plus divers comptant à un patrimoine commun tant matériel qu’immatériel, l’homme crée incessamment par son imagination et son industrie, une richesse collective qui s’est accumulée et croît au fil du temps, par le travail et les investissements de ceux qui y contribuent toujours plus nombreux, aidés par les sciences et les techniques.

Nous reviendrons sur cette richesse globale, pour paramétrer la pyramide sociale, mais sa relation avec le nombre ainsi que la répartition de ceux qui l’habitent, à des niveaux résultant de celui de leur richesse, ou de leur pauvreté, peut d’ores et déjà être établie.

Comme déjà souligné, bien qu’universellement reconnue comme le parfait symbole de toute organisation hiérarchisée par l’interdépendance de ses membres, la pyramide est souvent contestée lorsqu’elle veut représenter la société humaine et les interrelations qui y règnent. Est-ce parce que la richesse s’y répartit à l’inverse de ses proportions ? Est-ce en raison d’un réalisme qui heurte l’esprit, tant la différence de condition des uns et des autres y est mise en évidence ? Est-ce par ce qu’elle met en cause le fait que pouvoirs et prospérité ont pour soubassements sujétion et pauvreté ? Est-ce parce que le pragmatisme d’une telle figure ne laisse aucune place à l’utopie égalitaire, voire égalitariste ? Est-ce parce que « ce modèle décrit sous l’apparence d’expliquer » (Pierre Bourdieu) ? Toujours est-il qu’illustrant parfaitement une situation dans laquelle un nombre réduit de riches se compare à la multitude de ceux qui ne le sont pas, ce sont paradoxalement ceux qui pâtissent le plus de cet ordonnancement qui le scrutent lorsqu’ils sont préoccupés d’inégalités sociales. Guidés par leurs sentiments et leurs émotions ; oubliant les hasards de l’héritage génétique, social et culturel de chacun à sa naissance, ils les imputent d’emblée et sommairement à la volonté cupide de ceux qui en occupent le sommet. Ne prennent-ils pas ce faisant les effets pour la cause ? Ils s’obstinent en tout cas à ignorer que les écarts de richesse existant entre les individus résultent avant tout de la conjugaison du caractère pyramidal de la société avec la richesse collective de ceux qui en habitent les différents étages. Et c’est ainsi l’aspect le plus fondamental et incontournable de la condition humaine qu’ignorent ou refusent de reconnaître les rêveurs de toutes tendances, encouragées par une science qui, là plus qu’ailleurs, ne cesse de compliquer ce qui est simple, au point de le faire oublier. Or, si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, par crainte d’accroître l’angoisse existentielle du plus grand nombre, en est-il une qu’il faudrait moins cacher à ceux qui cherchent à comprendre : ce qu’ils sont ; quel est leur rôle dans une société qui en distribue d’innombrables, selon une hérédité aussi hasardeuse que les circonstances dans lesquelles ils exprimeront leurs facultés et exerceront leurs efforts ; et surtout, quelles sont leurs possibilités et leur liberté de changer  leur sort ? N’est-il pas aussi légitime de la part de l’être humain de vouloir connaître sa propre condition, qu’est indispensable cette connaissance à qui prétend l’améliorer ou cherche à s’en accommoder au mieux ? Et qu’est-il de plus obscurantiste que de s’en désintéresser, ou de s’y refuser, sous prétexte que cette vérité heurte l’idée que l’homme se fait de lui-même ?

La pyramide sociale (voir figure ci-dessus) exprime clairement une hiérarchie allant de son apex vers sa base, comme il en a toujours été des parents avec leurs enfants, du maître avec ses élèves, de l’élu avec les citoyens, du prêtre avec ses ouailles, du patron avec ses collaborateurs, du chef avec ses subordonnés, etc. Dans les structures les moins formelles, celui qui détient un pouvoir l’exerce sur ceux dont le pouvoir est moindre, dans la concurrence des facultés innées ou acquises de chacun. Il n’est pour s’en rendre compte que de penser à la plus emblématique d’entre elles qu’est de nos jours Internet. Aussi étendu, diversifié et diffus que soit ce réseau, ceux qui le forment s’inscrivent eux aussi dans un enchaînement de dépendances ; sont soumis à des directives venant “d’en haut” ; adoptent des comportements découlant d’orientations et de décisions définies et coordonnées à un sommet ou siègent ceux qui l’ont conçu, se le sont approprié et le dirigent. En émergent des maîtres à penser et des gouvernants d’un nouveau genre, dont le pouvoir doit tout à un droit d’expression quasi illimité offert à tous, sans distinction de savoirs ni de capacités, la force du nombre y faisant la loi, par un assentiment, une indifférence ou un rejet ayant nullement à se justifier. C’est donc encore et probablement pour longtemps la hiérarchie par l’interdépendance qui structurera la société humaine, dans l’altérité de ses représentants.

Comme déjà évoqué, le degré d’autorité comme d’assujettissement qu’exprime la position de chacun dans la pyramide sociale, est d’abord celui dont il hérite à sa naissance. Cette situation peut évoluer ensuite et s’exprimer pour le meilleur et pour le pire, selon les circonstances et les facultés de chacun (talent, force, intelligence, imagination, initiative, ambition, esprit d’entreprise, sens de l’effort ; ou leurs contraires), mais quand il procréera chacun le fera dans sa condition du moment, en transmettant à sa progéniture ce qui la caractérise en termes de positionnement dans la pyramide sociale. Le pauvre, qui loge en un endroit quelconque de la base de la pyramide, procrée à cet endroit ; et il en est de même pour celui qui occupe un point quelconque de son sommet. En d’autres termes, un pauvre ne peut enfanter que des pauvres, comme un riche ne peut enfanter que des riches, tant que la position de l’un comme de l’autre dans la pyramide sociale n’a pas été changée, dans un sens comme dans l’autre, par les aléas heureux ou malheureux de son existence. Nous reviendrons sur les questions particulières que soulève l’héritage matériel, lorsque nous approfondirons les notions comparées de richesse et de pauvreté.

Quoi qu’il en soit, si “corps social” n’est jamais aussi bien employé que lorsque la pyramide le représente, le terme même de “Pyramide sociale” est apparemment tellement ignoré de la plupart des experts en sciences dites humaine, qu’il ne figure pas davantage que sa moindre évocation dans le Dictionnaire de la sociologie (Larousse, 1989), à la rédaction duquel ont pourtant contribué 62 chercheurs, professeurs d’université et autres spécialistes qualifiés. Et encore aujourd’hui (2024), il en est de même sur des sites internet dédiés non seulement à la sociologie, mais à l’économie, à la démographie, etc. comme en témoigne le lexique publié en ligne sur celui de l’Institut des Sciences Économiques et Sociales. Même l’Index des notions, du cours de sociologie général de Pierre Bourdieu au Collège de France (1982-1983), n’en fait pas la moindre mention, alors que la notion de “champ socialdu même expert, emprunte comme la “pyramidologie sociale”, au raisonnement logico-expérimental de Vilfredo Pareto, après qu’il en eut lui-même tiré sa loi des 20/80 %, sommairement illustrée par le schéma suivant, issu de l’article dont lien ci-après, consacré à tous ceux qui expliquent la pyramidologie sociale : Cf. https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2018/01/pyramidologie-sociale-methodologie.html



Si le principe de Pareto est mis en relation avec la pyramidologie sociale, pour en faciliter la compréhension générale, avant de passer à une série de schémas complémentaires, il doit être noté le constat de cet économiste et mathématicien, selon lequel 80 % des richesses de son pays étaient détenues par 20 % de sa population, ces pourcentages valident ceux auxquels conduit la pyramidologie sociale suivant la même démarche logico-expérimentale. Ces derniers étant de 86% de pauvres pour 14 % de riches, l’écart avec les pourcentages de Pareto peut s’expliquer par l’introduction de la 3ᵉ dimension qu’impose le caractère pyramidal de toute structure sociale, bien que Pareto semble l’avoir ignoré ou négligé.

Nous verrons à ce sujet, que le même principe conduit à s’interroger sur l’application de paramètres tels que notamment : quantiles, déciles, centiles ; indice de Gini… à l’ensemble des sciences sociales, comme si tous les occupants de la pyramide sociale et ceux d’une même catégorie sociale vivaient leur sort dans l’égalité et à effectifs égaux entre eux, ce qui nierait l’altérité de ses occupants, fondement même de son caractère pyramidal.

Nota  Dans le but d’une simplification communément admise, la pyramide sociale sera dorénavant réduite ici à l’image en deux dimensions d’un triangle, comme la sphère peut l’être à un cercle. Par ailleurs, le raisonnement étant d’ordre fondamental, il se satisfera d’une figure lissée, exempte du crénelage inhérent à la multitude de strates en lesquelles peuvent être répartis ses occupants, individuellement comme regroupés en catégories sociales.

C’est la fonction avant tout économique des êtres humains, et l’incidence de chacun d’entre eux sur la richesse de la collectivité – que ce soit en termes de consommation ou de production – qui détermine sa position dans la pyramide sociale, mais dans une prolifération des pauvres trop facilement masquée par la réussite sociale de ceux qui ne le sont pas. Or, les avancées techniques et scientifiques dont les NTIC sont sans effet sur une démographie qui persiste et persistera encore longtemps de croître à la cadence de 200 000 humains quotidiennement. Au point qu’il y ait plus que jamais lieu de s’inquiéter du rythme auquel continueront de se multiplier structurellement les plus pauvres – pour autant que cette multiplication puisse cesser un jour –, d’autant plus qu’il faudra désormais compter avec une perte de libre-arbitre, en voie d’aggravation par l’IA.

Les pouvoirs religieux et politiques, qui mènent le monde, désormais renforcés par le scientifique et le médiatique, continuent quant à eux de fermer les yeux sur le rapport structurel déterminant la répartition de la population entre riches et pauvres. Et ce n’est pas le récent relèvement de l’indice de pauvreté absolue de la Banque Mondiale ou de l’ONU à 2,15 $/jour qui y changera quoi que ce soit.

Les pays du monde entier – à commencer par celui qui a si longtemps été considéré comme offrant le plus de chances aux plus pauvres d’améliorer leur condition, choisissent ce faisant de les y abandonner, apparemment peu soucieux de cette croissance démographique qui pourrait en demeurer pour longtemps encore la cause fondamentale.

Sans compter les effets de cette prolifération humaine sur son environnement, selon lesquels, pauvres et riches confondus en serait à consommer en moins de six mois, ce que leur planète commune peut leur offrir pour les nourrir pendant un an. Cf. “Notre empreinte écologique”, éditions ÉCOSOCIÉTÉ.

Obsédé par la richesse matérielle qui oppose entre eux les individus peuplant la pyramide sociale, au détriment de leur complémentarité et de leur interdépendance, n’est-ce pas en négligeant les considérations ci-dessus que l’homme cherche vainement à vaincre une adversité sociale attachée à sa condition, ainsi que les maux qui en découlent, dont en premier lieu la pauvreté extrême, dont il n’est as exagéré de dire qu’elle est la première plaie de l’humanité ?

L’histoire nous apprend en tous cas que guidé par des sentiments et l’émotion que peut susciter un manque d’équité aussi inhumain que flagrant, l’homme a opté pour une lutte des classes ayant partout et de tous temps fait la preuve de son impuissance – à en juger par la rémanence des revendications des plus démunis,– tout en lui attribuant abusivement une amélioration de ses conditions d’existence, due avant tout au progrès scientifique et technique. S’en tenant sommairement à un antagonisme entre pauvres et riches, il n’est pas tenu compte du fait qu’ils existent fatalement les uns par les autres, avec chacun ses facultés, inégalement réparties mais interdépendantes et les obligeant à la solidarité envers et contre tout, et non à une lutte sans issue. Est-il trop tard pour agir en conséquence, plutôt que de s’obstiner dans un combat primitif n’ayant pour résultat que d’aggraver frustrations et tensions ? D’autant qu’avant même sa condition sociale, l’homme doit dorénavant compter, dans une urgence sans cesse grandissante, avec son environnement planétaire et les conséquences écologiques de son aveuglement et de son imprévoyance.

C’est la conception d’une société évoluée et fondée sur la raison, comme est censée l’être celle d’êtres supérieurs que prétendent être les hommes, qui doit les inspirer, dès lors qu’ils peuvent s’accorder sur des faits et des chiffres irréfutables. Or, un raisonnement méthodique, se référant à des propriétés empruntées à la pyramide, conduit à un constat d’une vérité n’ayant d’égal que son évidence : À ses dimensions près, qui croissent et décroissent avec sa population et la richesse y étant associée, la structure générale de la pyramide sociale est aussi incontournable qu’immuable.

Après que riches et pauvres se soient différenciés pendant des millénaires dans une société dont les membres se comptaient en centaines de millions et étaient organisés de manière relativement simple, ils s’y comptent par milliards aujourd’hui et y sont organisés de manière infiniment plus complexe, et chaque jour plus globalisée. La partition entre riches et pauvres n’en demeure pas moins, mais elle requiert, pour être dénombrée et analysée, une segmentation allant au-delà du binaire. C’est la raison pour laquelle la pyramide sociale est associée ci-après à une échelle de richesse à laquelle puisse être rapportée sa stratification.



Comme déjà souligné, la pyramide sociale a toujours été habitée, quels que soient l’époque et le lieu considérés, par deux parties d’une population se différenciant par leurs niveaux de richesse… ou de pauvreté : Les riches (dominants, puissants) occupent le sommet de la pyramide sociale, mobile et s’élevant depuis les origines de la société, proportionnellement à l’accroissement de son volume, représentatif de son peuplement total. Le plus fortuné de tous loge à son apex, dominant tous les autres jusqu’aux moins riches d’entre eux, qui voisinent avec les moins pauvres des pauvres.

Ces pauvres occupent quant à eux la partie inférieure de la pyramide sociale, jusqu’à sa base qui contrairement à son sommet est inamovible. C’est à cette base, ou à première proximité, que se situe la multitude des plus démunis ; c’est que le niveau zéro de l’échelle de richesse coïncide avec la limite inférieure de la pyramide sociale, au-dessous de laquelle nul ne peut descendre, sauf à en être exclus.


Richesse et pauvreté s’entendant ici au sens le plus large, une définition, applicable aux membres et catégories d’une population aussi diversifiée qu’elle puisse l’être, est proposée à l'adresse ci-après :

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2017/11/pauvrete-et-richesse-essai-de.html


1— CondorcetEsquisse d’un tableau historique de l’esprit humain, première époque

2Traité de sociologie II, p. 180 - Payot 1968

3— Jean FourastiéPourquoi nous travaillons – PUF

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