lundi 4 août 2014

De l'aggravation de la pauvreté par la démographie

De l'aggravation de la pauvreté par la démographie



Tout d'abord, la pauvreté est-elle une fatalité ?

À critères de segmentation constants, il en résulte le développement en nombre de toutes lescatégories sociales, mais selon un mécanisme qu'exprimelafigure 2. Et s'il est possible aux individus qui bénéficient des effets d'un progrès matériel évident de se livrer avec un certain recul à une telle observation, tout se passe dans l'opacité d'une misère aggravée par une démographie galopante pour les autres. L'élite, constituée des nantis, faisant cette opinion qui dénonce la pauvreté, il est plus que temps d'y penser autrement, à l'époque où la population du globe a largement franchi le cap des 7 milliards. Nul doute que ce soit d'autant plus indiqué que cette dénonciation repose sur des critères d'évaluation contestables et contestés, ignorant ou allant jusqu'à nier le rapport existant entre l'accroissement du nombre d'êtres humains et leurmisère.
Au risque de heurter autant les incorrigibles optimistes que ceux dont l'idéologie se réduit à la nier avec une obstination n'ayant d'égal que leur aveuglement, la réponse est OUI, et les deux observations ci-après suffisent à le démontrer. La première se fonde sur des chiffres que nous fournit l'histoire, la seconde sur la structure pyramidale de la société, évidence dont seule la cécité ou le refus doctrinaire de l'admettre peuvent expliquer qu'elle soit le plus souvent ignorée.

Historiquement d'abord. À l'aube de notre ère, la Terre était peuplée d'environ 250 millions d'êtres humains. Deux millénaires plus tard ils sont 7 milliards, dont près de 1,5 milliard vivent dans un état de pauvreté profonde – laquelle est tout autre chose que cette pauvreté relative et codifiée dont toutes les démagogies usent et abusent. L'homme et le progrès dont il est l'auteur, ont ainsi créé, en 20 siècles, 5 fois plus de miséreux qu'il y avait d'êtres humains de toutes conditions sur terre à une époque qui peut être considérée comme le début de leur entreprise de civilisation à l'échelle planétaire. Et la population augmentant de nos jours, quotidiennement, de 250 000 individus, nous serons bientôt plus de dix milliards.

Les objections ne manqueront pas, à commencer par le reproche d'un pessimisme exagéré. Effectivement, alors que le nombre de pauvres a été multiplié par 6 – ce qui est un strict minimum supposant que tous les êtres humains qui vivaient en l'an 1 étaient dans le dénuement –, la population totale, toutes conditions confondues l'a été par 28. De quoi radicalement dédramatiser l'expansion de la pauvreté ! Mais ce qui nous intéresse ici est la progression ininterrompue de celle-ci, en nombre ; manifestation de cette fatalité contestée par ceux qui espèrent depuis 2 000 ans sa disparition, alors qu'elle ne cesse pas d'augmenter.
Que la civilisation ait créé plus de riches que de pauvres est une chose, mais quels ont été et demeurent ses effets sur la pauvreté ? Quand bien même il n'existerait qu'une poignée de miséreux sur terre, c'est leur sort qui nous intéresse, or la réponse est indiscutable et connue de tous : le nombre de pauvres profonds a augmenté d'au moins un milliard et quelques centaines de millions en vingt siècles. Quant à savoir si cette variation a connue des fluctuations etquels en ont été les pics ou les baisses, il s'agit là d'aspectsstatistiques ne changeant rien à une hausse constante du nombre de laissés pour compte. Il s'agit donc de réaliser qu'à un moment donné de l'histoire des hommes – en l'an 2000 – le nombre de ceux-qui sontatteints de misère profonde, et la croissance ininterrompue de ce nombresont inacceptables, même s'il est communément admis que cesmiséreux nereprésententque10 à 20% de la population totale de la planète.

Face à ce constat, s'il peut paraître sensé de croire que l'accroissement de la population est porteurde progrès, n'est-il pas permis de penser qu'il peut avoir d'autres effets ? Il est grand temps d'ouvrir les yeux, d'en débattre sérieusement et surtout d'agir avec pragmatisme, pour autant que nous soyons réellement déterminés àychanger quoi que ce soit.

C'est cette lucidité qui nous permet deconcevoir que la grande majorité des 250 000 êtres humains supplémentaires qui déferlent chaque jour sur la planète pour y surpeupler la pyramide sociale (fig. 1), rejoint la base de celle-ciet augmente principalement la population des pauvres, quelle qu'en soit la proportion. Que certains parviennent ensuite à s'extraire de leur condition est une tout autre affaire.



Fig. 1










Fig. 2







Mais encore faut-il avoir conscience de cette pyramide sociale dont nous vivons tous prisonniers. Il faut savoiren effet que le terme même de "Pyramide sociale" était encore récemmenttellement ignoré des sociologues qu'il ne figure pas davantage que sa définition dans leDictionnaire de la sociologie (Larousse, 1989), à la rédaction duquel ont pourtant contribué 58 chercheurs, professeurs d'université et autres experts en sciences humaines.
Sauf changement depuis fin 2013 – date de cette observation –, même ignorance du côté du lexique publié sur le site des Sciences Économiques et Sociales :
du glossaire publié sur le site de melchior :
dans l'EcoDico du web pédagogique :http://lewebpedagogique.com;
sur le site BRISES (Banque de Ressources Interactives en Sciences Économiques et Sociales) :
dans le dictionnaire en ligne d'Alternatives Économiques :
parmi les définitions des concepts utilisés par le Centre d'observation de la société :
dans le DicoPo, dictionnaire de théorie politique :http://www.dicopo.fr/spip.php?rubrique2.
Ignoré même du FMI :http://www.imf.org/external/np/term/fra/index.htmautant que dans le Glossaire des sciences sociales (en anglais) du sociologue Frank Elwell:
Il ne figure même pas – comble du dédain – parmi les bourdieuseries du maître :
Et pourtant, le web offre 1 250 000 occurrences en réponse à la question posé à Google et 2 390 000 quand elle est posée à Yahoo. Que ceux qui seraient en mesure de le faire ne manquent pas de contester ces propos.
Soulevant davantage de questions qu'ayant la prétention d'y apporter des réponses, curieux de sociologie et interpellé par une misère omniprésente que la démographie encourage, Candide voudrait pourtant partager les sentiments que lui inspire le croisement de ces deux disciplines. Et c'est précisément l'observation de cette pyramide sociale, par les évidences qu'elle affiche, qui conduit à énoncer les postulats du rééquilibrage dont la société moderne a le plus grand besoin pour parvenir à davantage de justice sociale :
- La structure pyramidale de la société humaine est inéluctable, du simple fait de la diversité et de l'interdépendance de ses membres.
- En tout, richesse et pauvreté sont relatives. Existant l'une par l'autre, l'éradication de l'une comme de l'autre ne relève même pas de l'utopie mais du non sens.
- La pyramide sociale est incontournablement assortie de la distance entre sa base, la pauvreté, et son sommet, la richesse, sauf à concevoir la société des hommes comme une fourmilière réduisant l'individu à sa plus simple expression.
- Si la richesse n'a pas d'autres limites que l'avidité des hommes et les ressources de la planète, la misère a la sienne, qui est la limite inférieure de la condition humaine, là où elle peut descendre au niveau zéro, séparant les individus de l'inexistence sociale.
- Contrairement à l'idée encore plus fausse que généralement admise, réduire la richesse de tous augmente la pauvreté de chacun et réciproquement ... sans pour autant faire bénéficier du partage espéré ceux qui en ont le plus besoin ; ce partage étant une tout autre affaire.



Agnostique et apolitique, la simple observation ainsi faite d’une réalité démographique, mise en relation avec la pauvreté et nos inégalités de toutes sortes, ne peut laisser indifférent, quelles que soient ses propres convictions, aussi bien religieuses que politiques.  

jeudi 12 juin 2014

Du bien et du mal à la démographie


Du bien et du mal à la démographie


« Les fortes émotions naissent de situations fortes : voilà pourquoi, dans les arts, la représentation du bonheur ennuie à la longue, voilà pourquoi on lui préfère la fatigue qu'excite le spectacle d'une grande infortune. » Antoine-Vincent Arnault
« L’homme est plus sensible au mal qu’au bien parce que le bien ne fait pas de bruit et n’est pas spectaculaire. » Jean Delumeau
« Le monde n'a peut-être été créé que pour réaliser le mal. Si, au lieu de contrarier le mouvement, nous le suivions, on obtiendrait un bon résultat. » Jules Renard
« Le mal, d'abord, apparaît toujours en Lucifer, pour ensuite se métamorphoser en Diabolus, et finir en Satanas. » Ersnt Jünger
« Dieu est beaucoup plus impie qu'il n'est saint, puisque le nombre des crimes qu'il opère, surpasse sans comparaison celui des bonnes œuvres qu'il produit. » Le jansénisme dévoilé.


Le bien et le mal sont des inventions de l’homme, en cela qu'il s'agit de notions découlant de la vie en société organisée telle qu'il y a été conduit par la conscience qu'il a de lui-même. Mais les autres espèces démontrent que ces notions ne leur sont pas inconnues, par leur comportement et leurs réactions lorsque tel ou tel de leurs membres enfreint leurs règles de vie, aussi primitives soient-elles.


Outre le fait que tout finit par se corrompre, le naturel serait-il à l'artificiel, l'inné serait-il à l'acquis, ce que le mal est au bien ? Où est-ce le contraire ?


Le bien étant entendu comme ce qui concourt à la paix et à l’épanouissement harmonieux de l’individu et du groupe, le mal est ce qui les contrarie. Selon l’universelle dialectique, l’un se définit par l’autre, s’y oppose et n’existe que par cette opposition. Comme Dieu et le Diable, pouvant être présumés par la sagesse, auteurs conjoints de l’univers, le Bien et le Mal sont antagonistes et néanmoins inséparables l'un de l'autre. Pour vivre dans un minimum de tolérance réciproque, l ’homme en a fait ses références au point qu’ils occupent cet univers à la manière dont un gaz ou un liquide occupent les moindres replis et recoins de leur contenant. Mais l'homme va jusqu'à s’y identifier, capable d'être et de faire l'un comme l’autre.


Indissociables, les notions de bien et de mal sont étroitement liées aux religions, dont elles ont été le fondement et demeurent la justification. Pour qui spécule sur l’âme et l’éternité, le mal est le sens même de la vie ici-bas, qui s’y accomplit comme une pénitence, depuis la naissance jusqu’à la mort, même si cette naissance est paradoxalement un bien, en ce sens qu’elle est le début de toute chose, avec sa charge d’espérance et de promesses de futurs pleins de félicités, tenues ou non. A l’opposé, l’aboutissement de toute vie qu’est la mort, ce basculement dans l’au-delà, est néant pour les uns, alors qu’il est pour d'autres l'instant où seront dispensées les suprêmes récompenses et punitions tenant compte du comportement de chacun face à un bien et à un mal temporels ; instant de Vérité pour tous.


En attendant cette échéance de vérité à laquelle nul n'échappe, le bien comme le mal doivent être considérés comme des notions d’ordre strictement terrestre, en cela qu’elles régissent la vie quotidienne et les rapports que les individus entretiennent, de leur vivant, entre eux et avec leur environnement, selon les règles qu’ils se sont en grande partie eux-mêmes fixées. N’est-il pas dès lors légitime d’observer et de chercher à comprendre la rapport existant objectivement entre ce bien et ce mal ?


De ce point de vue, l’une des questions se posant en premier lieu peut être de savoir s’il existe une prédominance de l’un sur l’autre. « Le mal se nourrit autant du bien que de lui-même, mais ne produit que le mal ». Aussi désabusée et réductrice qu'elle soit, cette opinion est assez inquiétante pour suggérer au moins une question : S'il en est ainsi, le bien, qui peut à coup sûr se nourrir du mal, ne produit-il que du bien ? C'est précisément la vocation du mal que de l'empêcher, et il existe d'innombrables démonstrations selon lesquelles les meilleures intentions peuvent aboutir à leur contraire, déviées et perverties, alors que le mal prospère envers et contre tout.


Si le mal est comme le prolongement naturel de lui-même ; s’il est son propre support, à la manière d’un arbre vigoureux aux rejets toujours plus abondants et vivaces, ou comme un cancer aux proliférations aussi spontanées qu’incontrôlables, il est loin d’en être de même pour le bien, si souvent comparé au contraire à cette braise couvant sous la cendre et qu'un souffle doit sans cesse attiser pour qu'en jaillisse une flamme au demeurant d'ardeur variable. Contrairement au mal, le bien ne s'instaure ou ne s'installe pas spontanément, sinon pour céder en fin de compte au mal, à la manière de tout élément dont la disparition est programmée dans la corruption et la déliquescence. Quand le bien par contre, cherche à se développer, à se faire entendre, il se heurte aussitôt à la concurrence d'un mal omniprésent. Il en est comme s'il y avait déperdition, usure du bien ; réduction de son domaine sous l'effet de la progression ou de la simple résistance du mal. Les deux tendances se partageant l'espace dans lequel elles se manifestent, chacune essaie d’y agrandir son domaine au détriment de l'autre. Or, non seulement le mal triomphe à ce jeu mais il le fait avec un succès chaque jour plus affirmé, à en juger par les maux d'une humanité vieillissante, allant s'amplifiant et se multipliant. Le mal touchant tout et tous. Il faut de plus compter avec l'accoutumance, la fatigue, l"usure et les erreurs de ceux qui le combattent ou le subissent, comme avec la perversion de ceux qui le pratiquent et l’encouragent.


Peut-être par réaction contre les assauts de ceux qui prétendent lutter contre lui, le mal est-il animé non seulement d'une résistance mais d'une dynamique qui assure son succès final, à la manière d’un virus apprenant à résister aux remèdes les plus efficaces. Il y a indéniable progression du mal ; il est porteur de son propre développement. Même lorsque le bien semble triompher, ce triomphe est toujours de durée limitée alors que le mal s’installe à la manière d’un chancre dont les traitements les plus énergiques ne peuvent venir à bout. L'éradication absolue et définitive du mal est inconnue et semble impossible, comme en témoigne l'histoire des hommes. Et lorsque ses effets sont combattus avec un semblant de succès dans un domaine, il réapparaît dans un autre et dans tous les cas ne s'efface jamais complètement. Il en est comme d'une eau pure qu'une seule goutte d'encre suffit à troubler, alors que toute l'eau du monde ne pourra jamais parvenir à s'exonérer de la trace d'une seule goutte d'encre ; ou de l’obscurité, qui a le pouvoir de recouvrir uniformément toute chose, alors que la lumière la plus éclatante ne peut par contre s’affranchir des zones d’ombre qu'elle génère elle-même. Il ne peut y avoir, dans un un univers peuplé d'êtres et d'objets, de lumière sans ombres, alors qu'il y peut y régner une obscurité totale. Autre analogie avec la mort comparée à la vie : La mort finit par recouvrir toute chose (définitivement pour qui n’a pas la foi), alors que la vie a pour premières évidence son propre caractère, fragmentaire et éphémère.


Propos pessimiste s'il en est, mais résultant de la simple observation et non de l'intuition ; des faits que de l’hypothèse. Est-ce faire preuve de l’esprit du mal ou du bien que de raisonner sur de telles bases pour tenter d'évaluer les chances qu'a l'humanité de connaître un jour le bonheur qu'elle ne cesse de se promettre à elle-même par éradication du mal qui la ronge ? Le constat d'agissements sans cesse contraires à de telles intentions relève en tout cas de la plus élémentaire lucidité, qui précisément ne relève ni du bien ni du mal.


À défaut d'une victoire bien hypothétique du bien sur le mal, si ce dernier existe pour que le bien en soit la réciprocité – ou inversement –, l'espérance d'un compromis fondé sur un équilibre tel qu'il pourrait ou devrait en résulter est-elle fondée ? Mis à part les bienfaits de progrès techniques et scientifiques indéniables, même s'ils se limitent à procurer un confort matériel abusivement vanté comme le bonheur – qui est au malheur ce que le bien est au mal –, il suffit de considérer l’histoire et la satisfaction des hommes quant à leur sort pour en déduire qu'ils semblent y avoir renoncé, en échange d'une illusion. Demeure pourtant, pour nombre d'entre eux, l'espoir en ce “Bien” reposant sous la cendre, à la manière d'une braise apparemment peu soucieuse que l'accumulation de cette cendre conduire à l'impossibilité définitive de sa propre réanimation.


L’homme, agissant envers lui-même à contre sens des lois dictées par la nature pour protéger toutes les espèces, s’affaiblit de génération en génération et paie ainsi spirituellement tous les progrès qu’il réalise sur un plan matériel, au point qu'il soit permis de se demander si ce matériel n'est pas une manifestation du mal, opposée au bien – Là encore le spirituel pouvant sembler être au matériel ce que le bien est au mal. La population des êtres humains s’accroît, grâce notamment aux progrès de la médecine, au détriment de la résistance de chacun de ses membres, et la santé de l’espèce à long terme en est largement compromise. Et il en est de même des espèces domestiquées, proportionnellement au temps depuis lequel elles l'ont été.


Quand les mécanismes qui en règlent naturellement l'existence ne jouent plus, les espèces qui sont demeurées les plus proches de la nature ne tardent pas à se réduire et sont condamnées à la disparition pure et simple. Par les qualités qu’ils démontrent et qui justifient leur domination sur le groupe, ce sont leurs membres dominants qui garantissent à celui-ci son maintien en bonne santé et le niveau de pérennité qui peut en résulter. L’homme, au contraire, investit une part importante de son énergie et de ses ressources dans la protection des membres les plus faibles de son groupe et cette importance va croissant ; chaque individu faible étant naturellement générateur d’autres individus faibles qui accroissent d’autant la charge des forts, dont le nombre décroît proportionnellement et décroîtra jusqu’à l’asphyxie ; jusqu’à ce que les forts soient eux-mêmes affaiblis par un effort dépassant leurs facultés. Exemple phare de la manière dont le mal submerge le bien : c’est au nom de la compassion, de la pitié, de la solidarité, de la générosité, de la charité, etc. – autant de sentiments réputés louables et associés au bien – que s’exerce cette résistance à la loi naturelle, alors que pour survivre et prospérer l'humanité doit impérativement se limiter en nombre, sauf à ce que l’homme admette et cultive l'autoprédation ; mal suprême.

vendredi 25 avril 2014

Réduire la pauvreté par la démographie

Réduire la pauvreté par la démographie


Le combat contre la surpopulation et pour la dénatalité
est aussi la lutte pour les pauvres et contre la pauvreté.

La réduction du taux de natalité des pauvres et son alignement sur celui des riches, est en effet la condition nécessaire et suffisante d'une victoire la pauvreté.

Mais encore faut-il rappeler que victoire sur la pauvreté ne signifie pas éradication de celle-ci, pour la simple raison qu'elle est relative. Il n'est pas inutile de le souligner à l'intention de ceux qui confondent pauvres et pauvreté : richesse et pauvreté existent l'une par l'autre, comme le bien existe par le mal et le mal par le bien, comme le jour existe par la nuit et la nuit par le jour. Et cette réciprocité s'affirme dans toute société, a fortiori si elle est organisée, voire hiérarchisée. À supposer que les niveaux de dépendance résultant de niveaux de richesse et de pouvoir soient supprimés – par des moyens restant à découvrir –, la nature continuera à imposer aux individus une altérité génératrice d'autres types de hiérarchie, jusques et y compris dans le cas où la pyramide sociale parviendrait à atteindre un degré de tassement comparable à celui régnant dans une ruche ou une fourmilière ... où, là encore, règne une inégalité structurelle née du sacrifice à une reine, en échange de la multiplication par elle des membres de la société qui œuvreront, par leur activité, à son enrichissement et à la continuité de l'espèce, en l'absence de ce progrès qui caractérise la société humaine.

Ceci dit, la victoire sur la pauvreté telle que seule la rend possible la dénatalité, sera d'autant plus affirmée et durable, que toutes les catégories sociales qui composent la pyramide sociale sauront ajuster leur taux de natalité commun au maintien d'une population mondiale compatible avec les ressources de la planète et la meilleure harmonie possible entre ses occupants. Pour une population optimale estimée à 2 ou 3 milliards d'êtres humains, un taux légèrement supérieur à 2 est donné, autant par le bon sens que statistiquement, comme un optimum. Or les pauvres ont comme les autres le pouvoir d'observer un tel taux, évitant ainsi de proliférer comme ils le font ; sauf à vouloir absolument perpétuer le service qu'ils rendent à plus riches qu'eux, du seul fait de leur nombre. Car c'est ce nombre qui a fait de tous temps des plus pauvres des êtres humains le réservoir de main d'œuvre et de consommateurs de ceux qu'ils servent dans une égalité de traitement que par ailleurs ils dénoncent.

Mais qui servent-ils ?
Tous ceux dont ils sont le fonds de commerce idéologique ou économique, qui ne doivent cependant pas s'inquiéter ; les pauvres ne disparaîtront pas. Dans son abomination, notre pyramide sociale leur a toujours réservé et leur réservera toujours sa base, par définition plus vaste que son sommet. Au train où vont les choses, par simple effet de proportion, parmi les 250 000 habitants supplémentaires que compte chaque jour la planète, 150 000 sont des pauvres de tous niveaux.

Comme les chômeurs doivent être conscients qu'il existe des profiteurs de leur situation, que sont les multiples organismes qui existent et vivent par eux (à commencer par ceux qui les organisent et sont censés la aider à vaincre leurs difficultés), les pauvres doivent réaliser que les riches n'ont pas l'exclusivité de leur exploitation. Ils sont aussi la raison d'être de prospères institutions qui trouvent en eux l'occasion d'exprimer leur compassion, d'exercer leur idéologie, et pour le moins de soigner à bon compte leur conscience.

La pauvreté, comme le chômage, est un mal qui doit se combattre et ne peut se vaincre que de l'intérieur. Sans pour autant nier l'utilité de l'aide pouvant leur être apportée par des étrangers à leur sort, c'est aux pauvres à prendre leur destin en main et pour cela, à prendre en premier lieu conscience de leur  prolifération, cause fondamentale du mal dont est frappée la catégorie sociale à laquelle ils ont le malheur d'appartenir, avant tout par hérédité.

Y-a-t-il paradoxe plus étrange que de se plaindre de la pauvreté en faisant par ailleurs valoir le nombre de pauvres comme une force déterminante dans la conquête de plus de justice sociale ? Sans compter qu'il est possible d'être pauvre et heureux, et qu'il existe même des pauvres n'ayant nulle envie de devenir riches. Et ce n'est pas la moindre des difficultés, car où des pauvres dans ce cas trouveraient-ils des raisons de vouloir éviter à leur descendance de sort qui est socialement le leur ?

Lutter contre la pauvreté c'est se battre pour les pauvres et non contre eux. De ce fait, c'est aussi lutter pour la richesse, même si le partage de cette dernière pose d'autres problèmes et si, en tout état de cause, la part de chacun est d'autant plus réduite que ceux qui y prétendent sont nombreux.

Ce qui précède revient à concevoir que démographie et pauvreté sont tellement liées, qu'une variation de la population en nombre est sans effets sur sa répartition en pauvres et riches.La catégorie sociale à laquelle appartiennent les uns et les autres ne peut se réduire sans que les autres se réduisent dans la même proportion.

De même pour toutes les bonnes âmes soucieuses du bonheur et du respect des pauvres, au point de se révolter à la seule idée d'en réduire le nombre, et qui s'obstinent à vouloir la mort des riches pour en tirer une amélioration du sort des pauvres. Ils doivent prendre conscience qu'en en restant à la lutte des classes – demandant plutôt un renforcement de celle des pauvres, donc une augmentation de leur nombre et de la pauvreté – ils ne font qu'exacerber le sentiment de frustration des plus défavorisés d'entre nous


Naître moins nombreux ou mourir plus jeunes, tel est le choix qui seul permettra à l'espèce de prolonger son existence dans les limites de ce qu'autorisera, en tout état de cause et inexorablement, une planète maltraitée. Mais c'est aussi et peut être surtout, la garantie d'un retour au seul degré d'équilibre social qu'il soit permis à l'homme d'espérer.





Représentation de la pyramide sociale à population totale réduite (trait rouge), sans changement du niveau de richesse global. Chaque catégorie y occupe une place relative inchangée et les écarts de richesse ne changent pas. Les populations sont toutes réduites en nombre, proportionnellement à la réduction de la population totale.








Le retour plusieurs siècles en arrière
Ici la population – réduite dans une mesure censée être la même que dans la figure précédente – est représentée en supposant que le niveau de richesse globale a lui-même été fortement abaissé (suite par exemple, à une forte récession, telle que peut la faire imaginer une pénurie de ressources et/ou une forte diminution des moyens humains et matériels de production). Les écarts de richesse s'en trouvent réduits de même que les niveaux de richesse de chaque catégorie sociale, au point que les plus riches sont ramenés à un niveau qui était précédemment celui des pauvres les moins pauvres, avec répercussion sur les autres catégories sociales, toutes "déclassées" et entraînées vers le bas.

jeudi 6 février 2014

Toujours à propos de "COMPTE à REBOURS", de Alan Weisman.

L'intérêt suscité par mon article publié ici et par plusieurs média en ligne sous le titre :
"À lire ABSOLUMENT : COMPTE À REBOURS, de Alan Weisman"*,
m'engage à partager avec ceux qu'intéressent les question de développement, de démographie et d'environnement, un certain nombre de citations et d'extraits tirés de ce livre, dans l'espoir qu'ils leur donneront l'envie de le lire en entier.
Je précise qu'il ne s'agit pas uniquement de lignes émanant de l'auteur, mais aussi bien de propos tenus par divers personnages qu'il lui a été donné d'interviewer


Citations
- C'est Dieu qui engendre les enfants. Et il leur trouve une place à tous ...
- Dieu a créé ce problème [la surpopulation] et Il lui apportera une solution.
- Dieu ne dit pas : « Soyez féconds et multipliez-vous à l'infini ou autant que vous pouvez ... ». Il dit : « Soyez féconds, multipliez-vous et remplissez la Terre ».
- En 2020 tous les Israéliens boiront de l'eau d’égout recyclée, mais il n'y en aura peut-être pas pour tout le monde.
- Dans l'histoire de la biologie, toute espèce qui a surexploité ses ressources a vu sa population s'effondrer.
- Ce sont essentiellement les pays pauvres qui contribuent à l'accroissement de la population.
- Le moteur de l'agriculture n'est pas la volonté de nourrir l'humanité, mais le profit.
- Les progrès de la production alimentaire ont pour conséquence que la Terre abrite plus d'affamés que jamais.
- ... chacun de nous est en compétition avec tout être vivant de la planète pour se nourrir et s'assurer un espace vital.
- Dans le Coran, le Prophète conseille aux parents de ne pas faire plus d'enfants qu'ils n'ont les moyens d'en élever.
- Si nous voulons un monde plus riche, nous devons faire baisser les chiffres de la population. Les deux choses vont ensemble.
- Soit tout le monde, en moyenne, consomme moins, soit nous avons moins de consommateurs.
- La transition vers [un monde]à la population réduite impliquera, au moins pendant un temps, une proportion très élevée de gens âgés.
- La vie moderne requiert une planification moderne.
- à propos du préservatif : No Glove, No Love. (Pas de capote, pas d'amour). In Rubber We Trust. (Nous avons foi en la capote). Weapons of Mass Protection. (Armes de protection massive).
- ... il n'y a pas un seul problème sur la Terre qui ne serait moins grave si nous étions moins nombreux.
- Chacun a le souvenir d'un monde qui était meilleur. Moins peuplé. Plus agréable. Où l'on se sentait plus libre.


Extraits
- Comme aimait à dire Yasser Arafat : La meilleure arme de l'Organisation de libération de la Palestine, c'est l'utérus des Palestiniennes.
- Les haredim sont encore minoritaire en Israël, mais ils s'acharnent à changer cet état de fait. Et leur tactique est simple : ils procréent. Les familles ultra-orthodoxes comptent en moyenne près de sept enfants ; les fratries de dix ou plus ne sont pas rares ... un quotidien de Jerusalem cite un haredi qui se vante d'avoir 450 descendants.
- Rio 1992 - Sommet de la Terre :
Invoquant le caractère sacré de la vie humaine, le Vatican affirma que les pauvres étaient les victimes et non les responsables de la dégradation de l'environnement.... L’Église eut aussi une influence considérable sur les négociations préliminaires et réussit à faire supprimer l'expression planification familiales et le mot contraception des ébauches de la déclaration commune ... Le Saint-Siège n'a pas cherché à éliminer les questions relatives à la population ; il a simplement tenté d'en améliorer la formulation, déclara le Vatican lorsqu'il eut obtenu satisfaction.
Pour les multinationales qui étaient les principaux sponsors du Sommet, l'accroissement des populations était synonymes à la fois de main d'œuvre peu coûteuse et de marchés toujours plus vastes.
- La population optimale ne signifie pas le nombre maximal d'individus susceptibles d'être entassés dans les différents pays comme des poulets en batterie, mais le nombre d'humains qui peuvent mener en même temps une vie confortable, agréable, et sans compromettre les chances des générations futures de connaître le même sort. Dans cette optique, chaque membre de cette population optimale doit avoir au minimum la garantie d'être nourri, logé, scolarisé, soigné, de ne souffrir d'aucun préjugé, racial, ou autre, et de gagner sa vie.
Il ne s'agi[ssai]t pas là de mettre fin aux inégalités, les forces économiques qui les produisent sont trop puissantes, [de même que] l'égoïsme et le nombrilisme propres aux humains
- Il est impératif que les émissions de carbone des riches diminuent radicalement. mais si l'on veut voir s'instaurer un semblant d'égalité, les pauvres émettront quant à eux davantage de carbone. Et plus nous serons nombreux, plus ce chiffre sera élevé.
- [Au Pakistan] e taux de chômage, à deux chiffres, croît avec la population. ... Une nation remplie de jeunes gens en colère n'est pas une nation stable, et une nation déstabilisée où trop de citoyens manquent d'eau et sont entraînés dans le chaos est une source d'inquiétude pour toute la planète.
- En 1947 [Karachi] comptait moins d'un demi-million d'habitants. Ce chiffre a été multiplié par 42 : ils sont aujourd'hui [en 2013] 21 millions.
- L'étalon de mesure de presque toutes les économies a toujours été celui de la croissance. Les exceptions – les communautés coopératives ou les sociétés qui pratiquent le potlatch [Cérémonie, pratiquée notamment par les tribus indigènes d'Amérique du Nord, au cours de laquelle des clans ou des chefs de clans rivalisent de prodigalité, soit en détruisant des objets, soit en faisant des dons au rival qui est contraint à son tour à donner davantage (ATILF). Par ext. : Système de dons/contre-dons dans le cadre d'échanges non marchands (Wikipedia)] ont peut-être beaucoup à nous apprendre, mais elles sont si rares qu'elles semblent confirmer la règle. Pour jauger l'état de santé de l'économie, les medias regardent si l'immobilier a grimpé ou chuté. Peu importe que chaque nouvelle maison amplifie le mouvement d'étalement urbain, supprime un morceau supplémentaire de l'environnement naturel et exige des ressources considérables pour être raccordée aux différents réseaux urbains – eau potable, égouts, électricité, routes, etc. Peu importe car cette maison [désirée par celui qui la fait construire ou l'achète] représente un profit pour les promoteurs et les agents immobiliers, ainsi que du travail pour les menuisiers, les maçons, les plombiers, les électriciens, les peintres, les poseurs de parquet, les jardiniers, les terrassiers et les marchands de meubles. Sans compter les emplois que son entretien contribuera à maintenir.
Mais que se passe-t-il, alors, si nous sommes moins nombreux et avons besoin de moins de maisons, de moins de biens ? Comment s'opère la transition vers une société de plus petite taille, avec moins de consommateurs chaque année – et moins de travailleurs, aussi, qui remplissent les coffres des services sociaux, nécessaires pour faire vivre et soigner les gens âgés, improductifs, de cette société contractée ?
Qu'arrive-t-il ensuite, si nous parvenons bel et bien à un nombre optimum d'humains qui utiliseront et recycleront les ressources de la nature à un rythme plus lent, qui permettra à ces ressources de se reconstituer – si nous trouvons en somme le juste équilibre avec la planète qui nous fait vivre ? Maintenir un tel niveau idéal impliquerait de ne jamais plus croître pour le dépasser.
Cet objectif est-il réaliste ? Pourrons-nous un jour avoir la prospérité sans la croissance ?
- La science économique traditionnelle prêche la croissance perpétuelle, qui implique non seulement l'invention permanente de nouveaux produits mais aussi la recherche constante de nouveaux consommateurs. C'est une des raisons pour lesquelles la plupart des économistes sont traditionnellement favorables à l'augmentation des populations. L'autre raison, c'est que plus il y a de gens, plus il y a de réserve de main-d'œuvre, plus il y a de travailleurs pour occuper les emplois disponibles et moins cher ils peuvent être payés.
Malheureusement, sur une planète dont les ressources sont par définition limitées, une économie fondée sur la croissance sans fin n'est pas plus perpétuelle qu'une chaîne de lettres ou une pyramide de Ponzi, deux arnaques qui nécessitent toujours davantage de participants ... jusqu'à ce que l'édifice tout entier s'effondre.
- Certains Japonais ont recours à une forme extrême de contraception : [ils n'ont] pas de relations sexuelles. Ce n'est pas aussi dramatique qu'il y paraît ...
- L'appauvrissement des sols et des océans, bien réel et inéluctable, se manifeste pour l'essentiel [à l'égard] d'une frange croissante du bas de la société humaine : des gens affamés, qui sont aujourd'hui, au début du XXIe siècle, plus nombreux que ne l'était l'ensemble des humains vivant sur terre avant que l'industrialisation n'accélère la multiplication de nos populations ...

- Nous ignorons si la fin de l'humanité est proche. Nous savons qu'elle pourrait survenir ... Mais ce ne sera pas la fin de la Terre même si c'est notre fin à nous. La nature poursuivra son chemin après nous.

* Flammarion - Déc. 2013

lundi 3 février 2014

À lire ABSOLUMENT : COMPTE À REBOURS, de Alan Weisman

COMPTE À REBOURS (Alan Weisman - Flammarion Déc 2013)
À lire ABSOLUMENT.

Il est d'autant plus malaisé de tirer de ce tour du monde des misères de l'humanité et de celles qu'elle inflige à son environnement, autre chose que nostalgie et résignation, que les meilleures intentions pour y remédier sont souvent antagonistes. À défaut d'admettre « Qu'il n'y a pas un seul problème sur la Terre qui ne serait moins grave si nous étions moins nombreux. », « Chacun en effet a le souvenir d'un monde qui était meilleur. Moins peuplé. Plus agréable. Où l'on se sentait plus libre. »

Face au foisonnement de nos maux, reste à espérer que ce livre, par les « questions simples et de bon sens » qu'il pose en préambule :
- « Combien d'êtres humains notre planète peut-elle contenir ... ? »
- « Existe-t-il un moyen pacifique et moralement acceptable de convaincre les humains de toutes les cultures, religions, nationalités, tribus du monde, qu'il est de leur intérêt de faire moins d'enfants ? »
- « ... quelles espèces et quels processus écologiques sont essentiels à notre survie ? »
- « ... comment concevoir ... une économie capable de prospérer sans dépendre d'une croissance infinie ? »,
soit suffisamment lu pour accélérer la prise de conscience de ce qu'est la réalité de notre prolifération ainsi que la nature et l'urgence des mesures à mettre en œuvre pour l'enrayer et stabiliser la population mondiale à un niveau acceptable.

C'est aussi un hommage mérité à de nombreuses ONG, ainsi qu'aux communautés universitaires et scientifiques, qui ne doit pas faire oublier que ces dernières ne sont pas toutes d'accord, tant sur les bilans que sur les mesures à prendre telles qu'elles en découlent. Il n'en demeure pas moins que leurs travaux contrastent avec l'inertie des religions ainsi qu'avec l'absence de réactivité, – voire l'opposition – des politiques, faisant de ceux-ci comme de celles-là les vrais responsables de la situation dans laquelle s'est enfoncée l'humanité au cours des derniers siècles, par leur incapacité à accompagner le progrès.

Quoi qu'il en soit, si contrairement à ce que peuvent faire croire leur crédulité et leurs superstitions, leur condition n'est pas la première préoccupation des hommes, il est grand temps qu'ils réalisent que « La foi stupide ne peut que déplaire à Dieu. » (Jules Renard)


Tout les moyens respectueux de la morale étant bons pour parvenir à la dénatalité, ne faut-il pas craindre toutefois que le foisonnement des faits et leur relation dans un style journalistique atteignant les limites de la vulgarisation, puissent porter atteinte à l'efficacité de "COMPTE À REBOURS" ? À chacun de ceux qui partagent les préoccupations de Alan Weisman de faire en sorte qu'il n'en soit rien.