dimanche 16 juin 2019

Démographes optimistes et climato-sceptiques (en voie de disparition), même combat

Encourager la prolifération humaine,
c'est vouer l'espèce à la paupérisation et à la barbarie,
dans l'épuisement de son environnement terrestre;
toute résilience étant naturellement limitée par ses ressources
et ses coûts, humains comme matériels.
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L'ONU, par la voix de sa Division Population (Département des Affaires Économiques et sociales) nous informe que la population humaine mondiale est à ce jour proche des 8 milliards, pour 7 milliards il y a moins de 20 ans, et de 9 à 13 milliards en 2100 (hypothèse basse : 9,424 - hypothèse médiane : 10,875 - hypothèse haute 12,662 milliards).
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Relevé dans PMC (Population Media Center) https://www.populationmedia.orgd'après UCA News https://www.ucanews.com/
Traduction : « Le président philippin, Rodrigo Duterte, a reproché à l'Église catholique la croissance rapide de la population du paysces dernières années.

Les Philippines sont le 13ème pays le plus peuplé du monde entre le Mexique et l’Éthiopie, avec un taux de croissance de 1,72% entre 2010 et 2015.Après l’Indonésie, c’est le deuxième pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est, région quiaffiche l'un destaux de croissance démographique parmi lesplus élevésdu monde. Les Nations Unies estiment que les Philippinescomptentactuellement 108,11 millions d'habitants. 

"Nous sommes la population dont la croissance est la plus rapide et je blâme carrément l'Eglise catholique", a déclaré Duterte, ajoutant que les dirigeants de l'église "sont les seuls à s'opposer à la planification familiale"."Ils pensent que cracher des millions d'hommes est un cadeau de Dieu", a déclaré le président dans une interview diffusée ce week-end. 

Le père Melvin Castro, ancien responsable de la commission de la famille et de la vie des évêques catholiques, a déclaré que la déclaration de Duterte était "malheureuse".Le prêtre a affirmé qu '"il est moralement inacceptable d'utiliser des contraceptifs", ajoutant que leur distribution "serait complice de l'action".Le père Castro réagissait lorsque Duterte avait demandé aux agents de santé catholiques de démissionner s'ils ne pouvaient pas appliquer la loi du pays sur la santé de la reproduction en raison de leur foi."Vous ne jouez pas? Vous ne suivez pas la politique gouvernementale? Cela entre dans vos croyances religieuses? Alors, démissionnez.

Le prêtre a déclaré que le droit à l'objection de conscience était "même inscrit dans la loi RH.

En juillet 2014, la Conférence des évêques catholiques des Philippines a publié ce qu'elle décrivait comme un" guide pastoral "sur la mise en œuvre de la loi.Selon unévêque, même les personnes travaillant dans les hôpitaux et les dispensateurs de soins de santéet qui s'opposent pour des raisons religieuses ou morales à la fourniture de contraceptifs artificiels à une patiente, ne sont pas obligées de respecter les dispositions de la loi. Cette loi, signée par l'ancien présidentBenigno Aquino en décembre 2012, offre un meilleur accès du public aux options de planification familiale naturelles et artificielles, de meilleurs soins maternels et une éducation des jeunes. Ces dirigeants de l'église sze sont fermement opposés à son adoption, la décrivant comme anti-vie et anti-famille.


Joe Torres, Manille, Philippines - 11 juin 2019»

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Vaut-il mieux le progrès et un bien-être inégalpour 3 milliards d’humains,dans le respect de leurenvironnement,ou une indigence égalitaristeet le saccage de la planète, parbientôt11 milliards et plusde super-prédateurs?

Si le propre de l'homme est bien sa volonté de toujours améliorer sa condition, assortie de sa capacité d'y parvenir, la première option est incontestablement celle qui lui convient le mieux. Car à quoi peuvent aboutir les efforts les mieux intentionnés de décroissance et de frugalité, si dans le même temps le nombre de consommateurs, non seulement ne diminue pas mais ne cesse d'augmenter ?

250 000 êtres humains s’ajoutent en effet chaque jour à la population mondiale, soit annuellement 80% de celle des Philippines ou la population cumulée du Benelux et de la France.

Au début de notre ère, la planète était peuplée de 250 millions d’habitants, soitprès duquart de son augmentation annuelle de nos jours, et au moins le sixième des 1,5 à 2 milliards de pauvres profonds (vivant avec moins de 2 dollarspar jour)qui peuplent des bidonvilles, camps et autres lieux de pauvreté extrême en nombre croissantpartout dans le monde, en attendant qu'elle dépasse les 11 milliards au début du prochain sièclepour autant que rien n'y fasse obstacle entre temps.
Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’homme est un consommateur. Il l’est concrètement depuis sa conception jusqu’après sa mort – comme en attestent les marchés du prénatal et du funéraire – et se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il en est ainsi de tout ce qui vit et plus particulièrement de l'humanité depuis qu'elle existe, ce qui fait de l'être humain, avant toute autre opinion, un agent économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement. Plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent et s’enrichissent collectivement, quelles que soient les conditions du partage de leur richesseet les bienfaits du progrès scientifique et technique. Qu’il s’agisse de ressources non renouvelables ou de pollution, les atteintes à l’environnement suivent cette augmentation,et s’ajoutent à celles d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.Sans compter ce qui en résulte en termes de cacophonie et d'ingouvernabilité croissante, sachant qu'il suffit de deux êtres humains pour que naissent mésententes et conflits.
Comment ignorer par ailleursle caractère incontournablement pyramidal de notre société, dû au fait que richesse et pauvreté existe l’une par l’autre et que quelsque soient les aléas de son parcours durant son existence, un destin aveugle assigne à chacun sa place au sein lors de sa naissance, et que les pauvres se multiplient structurellement à une cadence qui est 6 fois celle des riches ?
La cause première et fondamentale de tous les maux de l'humanité apparaît dès lors pour ce qu'elle est : d'ordre démographique. Or, pas davantage les religions que les grandes doctrines socio-politiques qui mènent le mondene l'admettent, plus préoccupées du nombre que du bien-être de ceux sur lesquelles se fondent et prospèrent leurs pouvoirs.
Jusqu’où ira l'homme, alors que sa pyramide sociales’hypertrophie chaque jour davantage, sous la pression de ceux qui y logent toujours plus nombreux, éloignant ainsi toujours plusson sommet de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusant inéluctablement d’autant? Tant à des fins environnementales que sociétales, une forme d’écologie dont dépendenttoutes les autres s’impose dès lors d’urgence : l’ÉCOLOGIE DÉNATALISTE.

Tous ceux qui prônent et ont prôné sans discernement la prolifération humaine, sont responsables du plus grand crime dont aient jamais été victimes l’humanité et la planètequi l’abrite. Et les religions ne sont pas seules concernées ; le pouvoir politique est en cause, de même que tous des pouvoirs subalternes, les uns et les autres étant motivés par leur désir de toujours devenir plus puissants par le nombre de ceux qui les nourrissent. Qu'il s'agisse de fidèles, de sujets, d'électeurs, etc., tous contribuent d'autant plus à l'épuisement de ressources et d'un environnement limité, qu'ils sont nombreux. 

jeudi 30 mai 2019

Raccourcis (Suite N° 1)

Le lecteur libre-penseur est cordialement invité à s'appropier, adapter, décliner, enrichir, ... ces "raccourcis", et à les partager sans modération, notamment sous forme de tweets.

— L’écologie dépend, avant toute autre considération, de la population humaine mondiale et de sa prédation, telle qu'elle résulte de ses besoins et de ses déchets. Tout rééquilibrage durable du rapport entre cette population et son habitat ne pourra être obtenue que par la dénatalité humaine.
— L'empreinte écologique de l'humanité atteignant le double de ce que peut supporter son habitat, la population humaine mondiale devra être réduite d'au moins la moitié et stabilisée à ce niveau, en même temps que ceux qui bénéficient des meilleures conditions d'existence devont réduire leur train de vie.
— Rien de sérieux ni de durable ne se fera sans lutter contre la surpopulation humaine, qui augmente à une cadence supérieure à 250 000 terriens supplémentaires quotidiennement, soit près de 100 millions par an, ou la population de la France et du Benelux réunis.
— Tous ceux qui de tous temps ont encouragé sans discernement la prolifération humaine, et continuent de le faire, sont responsables des plus grands maux dont aient jamais été victimes l’humanité et la planète qui l’abrite.
— Tout pouvoir s’exerce sur ceux sur lesquels il se fonde et qui le nourrissent, qu'il s'agisse de disciplesde partisansd'électeurs, etc. C'est ainsi que le nombre de ces derniers est naturellement conduit à passer avant leur bien-être.
— Outre ses besoins en chair à boulot et à canons, notre civilisation et la planète paient la promesse faite par les uns de « faire la conquête du monde par le ventre de leurs femmes », après que d'autres aient – dans la même intention – incité l'homme à « croître et multiplier ».
 La vie humaine est devenu uinstrument au service de tous les pouvoirs, lesquels ont pu proclamer cyniquement : “Il n'est de richesse que d'hommes”.
— La cause première des maux dont souffrent notre civilisation et la planète est une population humaine surnuméraire au point de devenir ingouvernable et dont la prédation a atteint la démesure. C’est donc là qu’il faut porter d’urgence tous les efforts, en intensifiant la dénatalité partout où elle s’impose. Toute forme d'écologie doit être avant tout DÉNATALISTE.
— Croissance et progrès sont indissociables et répondent au besoin d’améliorer sa condition qui distingue l’homme des autres espèces. Par contre, la prolifération des humains a ruiné la planète et condamne à disparaître toutes les espèces qui la peuplent.
— La population mondiale continuant d’augmenter de 250 000 individus chaque jour, avec toutes conséquences sur le futur de la planète et de tous ses habitants, ceux-ci partageront plus facilement leurs malheurs à venir que leur  prospérité passée.
— Par les effets de sa prolifération, l'homme a le choix entre continuer de se multiplier sans discernement, ou ajouter sa propre espèce à la longue liste de celles qui sont en voie d'extinction à bref terme, sans parler des conditions de cette extinction.

samedi 18 mai 2019

Raccourcis

Lassé de s'évertuer à proposer des articles suscitant trop peu de réactions, en dépit d'un nombre appréciable de visites (une dizaine de milliers mensuellement), l'auteur a décidé de sacrifier à l’usage des réseaux sociaux, qui véhiculent les idées sous des formes souvent proches de l’aphorisme. Il résumera dès lors de temps à autre sa réflexion, telle qu'elle lui a dicté ce blog, à coups de raccourcis proches du tweet, livrés en vrac et éventuellement assortis de liens.
Chacun est cordialement invité à participer par ses commentaires, selon ses propres idées.

Rappel

« Tout être humain est avant toute autre activité ou toute autre opinion un consommateur » (Gaston Bouthoul in Traité de sociologie, tome II, p. 180 – Payot 1968.) »

Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’homme est un consommateur. Il l’est depuis sa conception jusqu’après sa mort – comme en attestent les marchés du prénatal et du funéraire – et se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il est ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent et s’enrichissent collectivement, quelles que soient les conditions du partage de leur richesse. Qu’il s’agisse de ressources non renouvelables ou de pollution, les atteintes à l’environnement augmentent d’autant et s’ajoutent à celles d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.

Le progrès comme tous les malheurs du monde en découlent.

Comment nier cette évidence, dans son rapport avec le caractère pyramidal de notre société, non moins incontournable que la relativité d'une richesse et d'une pauvreté qui existent existent l'une par l'autre ? Un destin aveugle assigne à chacun, à sa naissance, sa place au sein de cette pyramide sociale dans laquelle les pauvres se multiplient structurellement à une cadence qui peut être 6 à 20 fois celle des riches, selon la partition de la société ? Jusqu’où irons-nous, alors qu'elle s’hypertrophie toujours plus, sous la pression de 250 000 êtres humains supplémentaires qui viennent s'ajouter quotidiennement à sa population et que son sommet s’éloigne ainsi incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusant inéluctablement d’autant ?

10 Raccourcis

- 1 - L'humanité ne vit pas une crise politique ni même de société, comme bon nombre d'entre nous le croient encore ; elle vit les débuts d’un drame qui peut être fatal à la civilisation, à bref terme. Les êtres humains en douteront-ils encore en y succombant ?

- 2 - Vaut-il mieux le progrès et un bien-être inégal pour 3 ou 4 milliards d’humains, dans le respect de leur environnement, ou la stagnation dans une indigence égalitariste et le saccage de la planète, par bientôt 11 milliards et plus de ravageurs ?
Réponse : Si ce qui distingue l'humanité des autres espèces animales est bien sa volonté et sa capacité de toujours améliorer sa condition, la première option est incontestablement celle que nous devons choisir.

- 3 - Toute croissance démographique nécessite plus de développement, entraînant à son tour une perte d’habitat, davantage de pollution et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

- 4 - L’écologie n’a ni parti ni patrie. Toute tentative d’appropriation est contre-productive, une obligation s’imposant à toute proposition, pour lui conférer un caractère viable et durable : Favoriser la réduction et la stabilisation de la population humaine pour les générations futures par la dénatalité, partout où cela est nécessaire.

- 5 - Avant la frugalité de l’espèce humaine, la décroissance énergétique repose sur le nombre de consommateurs qui la représentent. Seule solution viable et durable : Réduire et stabiliser la population humaine par la dénatalité. ÉCOLOGIE DÉNATALISTE

- 6 - Qui peut prétendre faire dans « l’équitable » et le “bio” en quoi que ce soit, quand l’air et de l’eau sont d’ores et déjà pollués au-delà du tolérable en maints endroits de la planète ? Seule solution viable et durable : commencer par réduire et stabiliser la population humaine, par la dénatalité. Tout en dépend.

- 7 - La vérité seule importe face à la réalité sociale et environnementale. Quel qu’en soit le prix, c’est celui à payer par l’humanité pour assumer ses erreurs. Tant à des fins environnementales que sociétales, une forme d’écologie conditionnant toutes les autres s’impose d’urgence : l’ÉCOLOGIE DÉNATALISTE

- 8 - Toutes les générations se sont vu reprocher par leurs suivantes un état des lieux (société et planète) s'étant constamment détérioré, notamment depuis la naissance de l'industie. Reste à souhaiter aux générations qui manifestent aujourd'hui qu'il n'en sera pas de même pour elles.

- 9 - Tout investissement ne donnant pas la priorité à la lutte contre la surnatalité humaine est vain et contraire aux intérêts à terme de la planète et de toutes les espèces qui la peuplent.

- 10 - La remise en cause du régime omnivore de l’espèce humaine est rendue nécessairre par sa prolifération. Et à la cadence de 250 000 consommateurs supplémentaires quotidiennement, nul doute qu’après l’agriculture et l’élevage intensifs, viendra le temps du maraîchage intensif. Quand tout sera bio, plus rien ne le sera.


... À suivre

lundi 6 mai 2019

Notre planète, qui va rétrécissant.


Vaut-il mieux le progrès et un bien-être inégal
pour 3 milliards d’humains,
dans le respect de leur environnement,
ou la stagnation dans une indigence égalitariste
et le saccage de la planète, par 11 milliards et plus ?
That's the question !

Extrait en français de “Our Shrinking Planet" de Livi Bacci Massimo (2017, Cambridge, UK, Medford, MA Polity Press, IX-160 p.), publié sous la signature de Jacques Véron dans Population 2018/4 (Vol. 73), pages 844 à 846; Mis en ligne sur Cairn.info le 03/05/2019

Après avoir fait l’objet de vifs débats, la question de la croissance démographique mondiale a eu tendance à être délaissée. Certes, le taux de croissance n’est plus supérieur à 2 % par an comme en 1965-1970, mais selon la variante moyenne des projections des Nations unies, la population mondiale s’accroîtrait de plus de 4 milliards d’ici la fin du siècle.

Dans son livre à succès The Population Bomb, paru en 1968, Paul R. Ehrlich accusait la population d’être en dernier ressort responsable de tous les maux de la planète. En 1972, le rapport de Barbara Wardet René rappelait que « nous n’avons qu’une terre » pour satisfaire nos besoins et qu’il fallait donc la ménager, tandis que le rapport Meadows mettait en avant « les limites à la croissance », économique comme démographique. En 1987, le rapport Brundtland insistait sur « notre avenir commun » et contribua à populariser le concept de développement durable. En 2014, l’intention affichée d’un livre dirigé par Ian Goldin était de savoir si la planète était « pleine ». Massimo Livi Bacci, quant à lui, s’intéresse à une planète qui « rétrécit ».

Il part du constat que notre planète est 1 000 fois plus petite qu’il y a 10 000 ans, lors de l’apparition de l’agriculture. Chaque être humain disposait alors, en moyenne, de 13 km2 de terre (soit un quart de l’île de Manhattan) alors qu’il doit aujourd’hui se contenter de l’équivalent d’un terrain de football pour se nourrir, se loger, se déplacer, etc. Par ailleurs, on voyage à une vitesse 1 000 fois supérieure à celle de l’expédition de Magellan-Elcano en 1519 (avec le premier tour du monde en un peu plus de 1 000 jours), et un habitant des pays les plus riches consomme 100 fois plus d’énergie qu’au temps de la naissance de l’agriculture. Enfin, le développement économique est particulièrement inégal : le revenu par tête du pays le plus riche est 400 fois supérieur à celui du pays le plus pauvre. Alors, comment croire à « la fin de la démographie », sous le seul prétexte que la croissance démographique mondiale s’est ralentie ?

L’équilibre millénaire entre instinct de survie et instinct reproductif s’est rompu. La biologie ne dicte plus les comportements démographiques. Des innovations ont permis davantage de choix, en matière de reproduction par exemple : la contraception permet de décider du nombre et de l’espacement des naissances. Alors pourquoi un équilibre se maintiendrait-il ? Au demeurant, la basse fécondité de certains pays d’Europe et d’Asie de l’Est joue en faveur d’une seconde transition démographique conduisant à un déséquilibre structurel entre natalité et mortalité et à un vieillissement démographique.

La pression démographique qui s’exerce sur la planète ne peut être considérée indépendamment des modes de vie. Dans un chapitre consacré à la terre, à l’eau et à l’air, Massimo Livi Bacci précise certains enjeux environnementaux liés à la croissance de la population. Aujourd’hui, 46 % des surfaces disponibles sont mobilisées pour nourrir la planète, alors qu’en 1700 il suffisait d’environ 8 %. Avec les terres absorbées par l’urbanisation, les activités économiques et les infrastructures de transports, c’est plus de 54 % de la surface totale des terres disponibles qui se trouvent « anthropisées ».

Le chapitre consacré à l’adaptation et à l’autorégulation conduit l’auteur à envisager la dynamique des populations en se référant au concept de système démographique. Existerait-il une « main invisible » garantissant un retour à l’équilibre lorsqu’il a été rompu ? Les crises démographiques du passé ont été suivies de phases de récupération, mais dans les systèmes démographiques contemporains, l’influence des facteurs naturels est moindre et la liberté de choix des individus plus importante. Par ailleurs, quelle est la signification démographique du principe de durabilité (ou de soutenabilité) ? Durabilité ne signifie ni invariance de la répartition de la population mondiale, ni homogénéisation progressive des comportements démographiques. Pour l’auteur, il ne saurait y avoir de développement durable sans accélération des investissements et transferts technologiques, et sans ralentissement de la croissance démographique.

Disparités démographiques et inégalités économiques sont des facteurs de mobilité des populations. Massimo Livi Bacci présente le défi du développement au regard des migrations internationales sous la forme d’une alternative radicale : soit les pays pauvres deviendront plus riches, soit les pauvres se rendront dans les pays riches. Si les États sont en droit de contrôler les migrations, ils ne le sont pas de fermer leurs frontières aux demandeurs d’asile. La montée de la xénophobie et du racisme comme la venue de migrants de cultures très différentes de celle des pays d’accueil font de la migration une question très sensible. Envisageant le système migratoire global, en lien avec une plus grande facilité des transports et un moindre coût, et avec une information mondialisée, il en vient à constater que la migration prend une place grandissante dans la stratégie socioéconomique des individus. Le système migratoire est global mais il évolue avec de nouveaux lieux de destination : l’Afrique du Sud par exemple. Puisqu’il existe une instance de gouvernance du commerce mondial, pourquoi n’y aurait-il pas une gouvernance des migrations internationales, se demande l’auteur. Il lui incomberait en particulier de veiller au respect des droits des migrants. Rappelons incidemment que le parlementaire français Albert Thomas, premier directeur du Bureau international du travail, tenta lors de la Conférence mondiale sur la population de Genève en 1927 de convaincre la communauté internationale de l’utilité d’une autorité supranationale pour réguler la population et diriger les flux migratoires. Pour l’auteur de The Shrinking Planet, c’est un paradoxe non soutenable et inacceptable que le monde ne puisse être véritablement « mobile ».

Comment évolue la durée de la vie humaine et quels sont les effets de cette évolution sur les sociétés ? L’âge au décès maximal (celui de la personne qui meurt la plus âgée chaque année) s’accroît. Si les progrès passés se poursuivent dans l’avenir, le record de Jeanne Calment de 122 ans pourrait être égalé à la fin du siècle. Existe-t-il une limite à la progression de l’espérance de vie ? Peut-on imaginer qu’on atteigne ou même dépasse à terme une espérance de vie de 100 ans ? Grâce à la lutte contre les maladies liées au grand âge, la survie de ces personnes s’est accrue. Mais les rendements peuvent être décroissants. Comment évoluera la durée de la vie ? Quels progrès attendre de la biologie ? Et qu’en est-il de la qualité de la vie aux grands âges ? Y-a-t-il « compression » (les individus souffriraient de handicaps surtout en toute fin de vie) ou « expansion » (avec un progrès médical permettant à des gens fragiles de survivre sans que leur état de santé soit bon) ? Et dans quelle mesure une importante augmentation de la durée de vie est-elle « soutenable » ? Pour y répondre, différentes dimensions doivent être prises en compte, en gardant à l’esprit qu’il existe des relations d’interdépendance entre variables relevant de différents champs (démographique, biologique, économique, politique, etc.). Sur un plan biologique, le constat peut être fait de maladies émergentes (Sars, Ebola, etc.). D’autres maladies sont liées au mode de vie, comme le tabagisme. L’accès à un système de santé universel et gratuit est un enjeu, d’autant plus que les progrès technologiques dans le domaine médical augmentent considérablement les coûts de la santé. Avec une espérance de vie de 80 ans et a fortiori de 100 ans, la part des plus de 60 ans est très élevée (respectivement plus de 30 % et près de 50 %) : qu’en serait-il de la répartition des activités économiques et des rôles sociaux ? S’il convient d’introduire un maximum de flexibilité, comme le souhaite l’auteur, dans quelle mesure est-ce vraiment possible ? Comment peuvent coexister « durablement » quatre, voire cinq générations dans des sociétés qui se renouvellent très lentement ?

En fin de volume, l’auteur en vient à critiquer le rôle joué par des institutions internationales qui se sont bureaucratisées et ont pu, comme l’ONU, adopter des objectifs de développement durable (ODD) déclinés en 169 objectifs et 302 indicateurs, faisant de la gouvernance mondiale une « science-fiction ». Et dans le même temps la planification familiale ou les migrations internationales sont négligées. Dans l’épilogue, l’auteur résume en sept points ce qui doit préoccuper les sociétés et les institutions internationales : la basse ou très basse fécondité dans certains pays, la persistance d’une fécondité élevée dans d’autres, le déséquilibre des sexes à la naissance dans certains pays d’Asie, le piège malthusien dans lequel se trouve encore une grande partie de l’humanité, les conséquences environnementales du développement économique et social indispensable pour que des populations nombreuses échappent au piège malthusien, l’ « anthropisation » du monde et la répartition en partie désordonnée des individus sur terre, enfin une migration internationale qui, en l’absence d’encadrement, n’est pas régulée et ne permet pas que les droits des migrants soient respectés.

Dans cet ouvrage de format relativement réduit mais très documenté, Massimo Livi Bacci invite à ne pas sous-estimer l’importance du « facteur démographique » lorsqu’il est question de développement et d’environnement, sans pour autant être tenté par le catastrophisme. Une position plus difficile à défendre qu’il n’y paraît : reconnaître la complexité des relations sans dissuader d’agir. Le développement se doit d’être durable mais aussi partagé. Et pour promouvoir un tel développement, les dynamiques démographiques doivent être prises au sérieux. C’est ce dont nous convainc Massimo Livi Bacci.