lundi 20 octobre 2025

Méthodologie II - Arguments et schémas



                              Méthodologie II


Arguments et schémas



A – Questions et réponses

relatives au concept de Pyramidologie sociale


Q 1 : Pourquoi le titre et le contenu de ce blog font-ils référence à la pyramide ?

R 1 : Parce que le polyèdre pyramidal étant communément admis comme représentatif de la structure de toute société fondée sur l’altérité de ses membres, dans leur interdépendance hiérarchisée par les hasards de leur naissance et leur héritage génétique, social et culturel, comme c’est le cas des êtres humains, l’étude d’une telle particularité présente un intérêt, d’un point de vue sociologique.

Q 1 : Un tel intérêt ne comporte-t-il le risque d’être suspect, notamment en raison de la part d’ésotérisme héritée de l’égyptologie ?

R 1 : Dans sa “Psychologie des foules” (éditions originale Alcan, Paris 1895) Auguste Le Bon écrit : « Au point de vue de la vérité absolue, un cube, un cercle [une pyramide]* sont des figures géométriques invariables, rigoureusement définies par certaines formules. Au point de vue de notre œil, figurer les objets avec leur forme géométrique exacte serait déformer la nature et la rendre méconnaisable. Si nous supposons un monde dont les habitants ne puissent que copier ou photographier les objets, sans avoir la possibilité de les toucher, ils n’arriveraient que très difficilement à se faire une idée exacte de leur forme. La connaissance de cette forme, accessible seulement à un petit nombre de savants, ne présenterait d’ailleurs qu’un intérêt très faible.

Le philosophe qui étudie les phénomènes sociaux doit avoir présent à l’esprit, qu’à côté de leur valeur théorique ils ont une valeur pratique, et que, au point de vue de l’évolution des civilisations, cette dernière est la seule possédant quelque importance. … Si nous voulons rester dans les limites étroites mais sûres des choses que la science peut connaître, et ne pas errer dans le domaine des conjectures vagues et des vaines hypothèses, il nous faut constater simplement les phénomènes qui nous sont accessibles, et nous borner à cette constatation ».

* Il est d'autant plus curieux que le polyèdre pyramidal soit absent de cette brève énumération, que le sujet auquel elle se rapporte est l'étude de la psychologie des foules par un chercheur, ne pouvant ignorer que la représentation la plus communément admise par l'imaginaire sociologique de celles-ci est précisément la pyramide.

 Quoi qu’il en soit, les propriétés géométriquement définies d’un cercle, d’un cube, ou du polyèdre pyramidal, ne changeant pas avec la vue qu’en a l’observateur, C’est donc précisément parce que ces propriétés sont par définition immuables, qu’elles peuvent garantir l'objectivité et la pérennité d'une étude de la condition de ses occupants.

Il est néanmoins rappelé que pour les besoins de son étude, le volume de la pyramide “sociale“ est conventionnellement admis comme représentatif de l'importance en nombre de son peuplement, constitué de l’ensemble de la société, dans l’altérité hiérarchisée de ses membres, telle qu’elle résulte des hasards de la naissance et de l’héritage génétique, social et culturel de chacun d'entre eux, quels que soient les aléas de son existence par la suite.

De même que dans un esprit de simplification, cette pyramide sociale soit étudiée lissée, sans ignorer ni sous-estimer les innombrables phénomènes pouvant en affecter la régularité.

Q 2 : Démographie : En matière d’un contrôle des naissances, pour ajuster la population humaine mondiale aux ressources limitées de son environnement de répondre à ses besoins, pourquoi ne faut-il pas confondre “mourir” avec “ne pas naître” ?

R 2 : Selon Gaston Bouthoul in “Traité de sociologie”, tome II, page 180 – Petite bibliothèque Payot, 1968. « Tout être humain est avant toute autre activité ou toute autre opinion un consommateur ». Et il l’est, comme tout autre représentation du vivant sur Terre, depuis les germes qui participent à cette consommation à travers l’organisme qui les nourrit avant leur naissance, jusqu’aux morts, par le don des atomes dont ils sont faits, et dont sera fait à son tour le vivant qui les remplacera. Telles sont en conséquence les limites de l’existence sociologique rationnellement envisagées ici.

Q 3 : Comparaisons entre catégories sociales, pays, époques, etc : La comparaison entre catégories sociales à des siècles et a fortiori à des millénaires de distance n’est-elle pas aberrante, le progrès technique et scientifique ayant considérablement changé les conditions d’existence des pauvres comme des riches ? Même question pour une comparaison entre pays, régions et autres collectivités.

R 3 : Si le progrès scientifique et technique a considérablement amélioré les conditions de vie matérielle de l'humanité, richesse et pauvreté existent depuis toujours et continueront d’exister l'une par l'autre, dans une relativité intemporelle, déterminant une pyramide sociale dont le volume peut représenter par convention le peuplement. Sans riches point de pauvres et réciproquement. En conséquence, ce qui compte pour chacun, est son ressenti en tant qu'occupant d’une position dans cette pyramide sociale (à l’échelle de l'humanité ou de chacune des collectivités dont elle est faite), position devant tout aux hasards de sa naissance et à l’héritage génétique, social et culturel en découlant ; quels que soient les aléas de son existence par la suite et la compassion – spontanée ou contrainte – de ses semblables. Or, l'écart existant entre la base et le sommet de cette pyramide ne cesse pas d’augmenter, avec la population et une économie déterminée par ses besoins, vitaux et accessoires ; les inégalités sociales exprimées par cet écart ne cessant de se creuser d’autant. Et ces inégalités sont d’autant plus ressenties que si la richesse n’a pas d’autres limites que les ressources dont la tirent ceux qui la convoitent, la pauvreté ayant la sienne, qui est le niveau zéro de la richesse collective, coïncidant avec sa base ; là où est condamnée structurellement à vivre ou à survivre la multitude des plus déshérités. Cf. https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2023/08/de-la-repartition-structurelle- des.html

R 3’ Comme déjà évoqué, la pyramide sociale dont il est traité sur ce blog se rapporte à toute collectivité humaine – dont l'humanité entière –, mais en allant du général au particulier, en n’importe quels lieux ou époques, sachant qu’étant soumise au caractère structurellement pyramidal de sa structure sociale, chacune vaut dans la relativité de sa richesse collective par rapport à toute autre pyramide à laquelle elle pourrait être comparée, de même que la richesse de chacun de ses occupants l’est, quelle que soit la position qu’il y occupe.

Q 4 : Quels sont les partis politiques, religions et courants de pensée qui admettent les principes de la pyramidologie sociale ?

R 4 : Aucun.  Soumis aux sentiments et aux émotions que nourrissent leurs croyances religieuses et les idéologies qui en tiennent lieu pour les laïcs, ils ignorent, négligent, voire nient le caractère incontournablement pyramidal de la structure sociale de l’humanité, pour incompatibilité avec à leur quête d'égalité, voire d'égalitarisme. C’est d’ailleurs ainsi que sans la moindre chance de triompher d’une adversité qu’il refuse de reconnaître pour ce qu’elle est, fondamentalement, l’homme se livre depuis toujours à une lutte entre riches et pauvres n’ayant fait que démontrer son impuissance, attestée par la rémanence des revendications qu'elle prétend faire triompher, sauf à usurper une amélioration de ses conditions matérielles d’existence dont l'humanité est en réalité redevable à ses progrès technique et scientifique.

Q.5 : Spiritualité et pyramidologie sociale ?

R.5 : La relation entre la pyramidologie sociale, théorie tentant d’améliorer la connaissance de la condition humaine, et la spiritualité, considérée comme la faculté par laquelle l’être humain tente de faire face à ses peurs et à son angoisse existentielle, est probablement moins affaire de compatibilité que de pragmatisme et d’exégèse. C’est en effet le dogmatisme religieux, spécialement monothéiste – comme politique – qui posent problème par leurs encouragements à la surnatalité, outre l’exonération scientifique de la loi de sélection naturelle, ayant entraîné puis favorisé jusqu’à la démesure la prolifération des êtres humains, accompagnée de l’accroissement incessant de leurs besoins, au détriment d’eux-mêmes et des autres espèces avec lesquelles ils partagent leur environnement.

Q 6 : Le contrôle de la natalité ne sonne-t-il pas le glas de la famille nombreuse ?

R 6 : Un taux de natalité optimisé, garantissant l’équilibre entre la population humaine mondiale et son environnement étant une moyenne, les familles nombreuses peuvent exister, pour autant que leur nombre n’aille pas jusqu’à rompre ce fragile équilibre.

Q 7 : Ceux qui pensent que la prolifération humaine ayant mené à la surpopulation d’un environnement aux ressources limitées, et qu’en conséquence la démographie humaine doit être contrôlée et stabilisée, ne feraient-ils pas mieux de commencer par se supprimer eux-mêmes ?

R 7 : Éliminer ou inviter à s’éliminer d’eux-mêmes les porteurs d’opinions controversées, relève de l’autodafé et ne change en rien la réalité des faits et des chiffres. Sans compter que c’est en vieillissant que mûrit le savoir utile à la collectivité, que chacun acquiert au cours de son existence par l’expérience et l’étude. Encore faudrait-il d'ailleurs que ceux qui le désirent – et qui doivent être plus nombreux encore que les femmes désireuses d'interrompre leurs grossesses – aient le droit et les moyens adaptés d’y satisfaire, ce qui est loin d'être le cas, la libre disposition de sa propre vie étant frappée d’un tabou de portée au moins égal à celui qui concerne la dénatalité.

Quoi qu'il en soit, la surpopulation humaine est un problème collectif qui ne peut être solutionné que collectivement, par application de mesures consensuelles, expliquées et consenties.

Il est par ailleurs évident que toutes mesures susceptibles de remédier aux problèmes que pose la surpopulation humaine ne pouvant produire leur effet qu’à de dizaines d’années de distance, ceux qui en sont préoccupés ne le sont pas pour eux-mêmes et ne peuvent y œuvrer qu'au profit de la collectivité humaine et de ses générations futures.

À noter enfin, que bien que n'étant pas une pyramide mais un rhomboïde, la représentation de l'humanité par tranches d'âge illustre une problématique elle aussi d'ordre structurel, dont les difficultés de résolution n'ont rien à envier à celles concernant les inégalités sociales, dans la même relation avec une démographie non maîtrisée.

Q 8 : Quelle relation entre démographie de la pauvreté et de la richesse, la pyramidologie sociale permet-elle de démontrer ?

R 8 : La pyramidologie sociale démontre, par référence aux propriétés du polyèdre pyramidal, que ses populations de riches et de pauvres s’y développent à des cadences différentes, selon le niveau de la pyramide sociale où se situent les uns et les autres.

C’est ainsi que toujours structurellement, l'augmentation de la population humaine comme de ses richesses collectives se traduit par une multiplication des pauvres à une cadence qui est plusieurs fois celle des riches. Cf. https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2017/10/plus-sa-population-augmente-plus-la.html

Q 9 : Qu’est-ce que le binôme économie-population, et en quoi est-il indissociable ?

R 9 : Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, « l’homme est avant toute autre considération un consommateur » – Gaston Bouthoul, in Traité de sociologie, Petite bibliothèque Payot, 1968 tome II, page 180 –, qui se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il est de la sorte un agent économique au service de la société, bien avant sa naissance et après sa mort, comme en témoignent la prospérité des marchés du prénatal et du mortuaire. Or plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent et s’ajoutent à ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux. C’est ainsi qu’avec l'aide du progrès scientifique et technique, plus ils produisent, consomment et échangent, plus les êtres humains s’enrichissent, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses entre eux, et les dommages en résultant, en termes de ressources comme de déchets et de pollution, pour leur environnement et l’ensemble du vivant avec lequel ils le partagent. 

Q 10 : Comment un pauvre profond peut-il compter parmi les esclaves de la société moderne, alors que son état est le plus souvent dû à l’absence du revenu qu’il devrait normalement tirer de l’emploi dont il est privé par un marché – du travail – lui étant défavorable. ?

R 10 : Parce que la notion de servitude ne doit pas être réduite à celle du travail et d’un emploi. Plus encore que réduit à la servitude d’un travail, l’homme peut être par exemple esclave de l’économie, en tant que consommateur, ne serait-ce que pour satisfaire ses besoins strictement vitaux, situation aggravée par le manque de moyens précité.

Q 11 : Á propos du revenu universel (RU) :

Des lecteurs plutôt favorables à l’instauration d’un revenu universel, y deviennent réticents et vont même jusqu’à en rejeter catégoriquement le principe, à l’idée de rémunérer des bénéficiaires à qui il permettra d’exercer impunément leur paresse.

R 11 : N’est-ce pas méconnaître ou oublier au moins trois considérations :

a - Le revenu “universel” doit par définition être alloué à tous les membres de la société, dans l’altérité qui les caractérise, et telle que la revendiquent librement ses représentants les plus atypiques.

b - Tous les bénéficiaires du revenu universel sont des consommateurs, dont il est attendu qu’ils en fassent vivre l’économie, par la satisfaction des besoins dont il a précisément pour objet de satisfaire la partie vitale. Tout citoyen désirant améliorer sa condition, demeure à tout moment libre d’exercer une activité rémunérée, sans perdre le bénéfice du RU.

c - S’agissant d’une mesure dictée par le caractère structurel incontournablement pyramidal et inégalitaire de la société, celle-ci se dote, par l’instauration du revenu universel, d’un moyen d’en atténuer les effets, y compris ceux qui dérogent le plus à ses valeurs traditionnelles, sachant que son revenu universel peut être librement amélioré par quiconque est capable d’exercer une activité rémunérée. Les citoyens privés de cette capacité pour des raisons indépendantes de leur volonté continuent d’être secourus par un dispositif réglementé de santé et d’aide publique.

d - Tout bénéficiaire est libre, à tout moment, de refuser le bénéfice du RU comme d’en demander la restitution s’il y a renoncé.



B – Schémas


Les figures présentées dans les pages qui suivent, assorties chacune d’un bref commentaire, permettent à ceux qui préfèrent l’image au discours, de saisir par de simples schémas la “logique expérimentale”, ou déductive, de la pyramidologie sociale.


Rappel - Sans prétention scientifique, ces schémas ainsi que les données factuelles autant que chiffrées dont ils sont assortis, sont néanmoins empruntés à des disciplines scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références notamment démographiques, sociologiques, statistiques…

Les deux premières illustrations sont la représentation de toute structure, telle que la société des hommes, caractérisée par l’interdépendance hiérarchisée de ses membres, par altérité native.

Cette structure se développe proportionnellement au nombre de ses occupants, dont la segmentation peut avoir lieu par leur différenciation en termes de richesse – quelle qu’en soit la nature. Ce qui n’induit aucun autre jugement de valeur que celui que veulent y porter ceux qui n’en retiennent que la hiérarchisation par la richesse matérielle et le pouvoir que celle-ci peut conférer là où prévaut le matérialisme.

                                            Figure 1


La pyramide sociale est ici représentée dans sa définition originelle, naturelle, fondamentale et universelle, née de la structure sociale élémentaire qu’est la famille, avec à son sommet le chef, généralement le patriarche sous l’autorité duquel se situent, par ordre décroissant d’ancienneté et de pouvoir, l'ensemble de ceux qui la composent : l’aïeul, ses enfants, ses petits-enfants, etc. – jusqu’à ce que le plus ancien, ou puissant, soit atteint par l’incapacité ou la mort.

À la différence près du sexe des protagonistes, le matriarcat présente la même organisation.


                                             Figure 2



La richesse en toutes choses étant le premier signe du pouvoir, le sommet de la pyramide sociale est occupé par le plus riche – ou plus puissant de ses occupants, quelle que soit l’aune à laquelle est mesurée cette puissance. Sa domination – faisant éventuellement autorité – s’étend, à partir de cette position dominante, sur la population de la pyramide, pouvant se segmenter en riches et pauvres, jusqu’aux plus pauvres d’entre eux qui en occupent la base.

Nota : À des fins de simplification, la pyramide sera dorénavant représentée par un triangle, à la manière dont une circonférence peut représenter une sphère. 


                                            Figure 3

Cette figure illustre une vision de la pyramide sociale selon laquelle la plus grande part de la richesse globale de la société est aux mains d’un petit nombre de riches en peuplant le sommet, à commencer par le plus riche d’entre eux situé occupant son apex, par comparaison avec le nombre de moins riches ou plus pauvres qu’eux, d’autant plus nombreux et plus nombreux que leurs strates se rapprochent de sa base.

Une telle représentation est notamment employée par les idéologies qui n’hésitent pas à opposer le 1 % de “grands-riches” détenant la majeure partie des capitaux indispensables au fonctionnement de l’économie, dont elles veulent purement et simplement la disparition, au profit du reste de la population. Elles ignorent ou nient, que la pyramide sociale se reconstituera inévitablement, toujours pour les mêmes raisons d’altérité structurante de ses occupants, hiérarchisés par leurs différents niveaux de richesse.

La pyramide sociale de la figure 4 est segmentée en strates, comme elle pourrait l’être par une différenciation de ses occupants à divers titres, tels que leur niveau de richesse, matérielle ou autre, d’où un degré de précision accrue, mais entraînant sa déformation. Nécessaire à certaines observations, cette précision n’est pas requise ici et le lissage la pyramide peut convenir à sa schématisation régulière, support d’un raisonnement d’ordre général.


                                                Figure 4


                                            Figure 5

La figure 5 veut exprimer la répartition de leur richesse commune entre les membres d’une population, selon le principe ou “loi” de Pareto, stipulant qu’environ 80 % des phénomènes concernant une population se rapportent à 20 % de son effectif et inversement. Ce qui se traduit, en termes de répartition de la richesse de la société, par le fait qu’environ 20 % de ses membres en détiendraient 80 %, et que 80 % se partageraient le reste, soit 20 %.


Nous verrons plus loin que le caractère pyramidal de la structure sociale de l’humanité confère sa “troisième dimension” à cette structure, précisant la répartition de la richesse collective de la société répartie en strates superposées.


                                            Figure 6

La pyramide sociale est ici associée à l'échelle de la richesse de ses occupants ; cette richesse – collective – étant ainsi définie : Somme des richesses matérielles et immatérielles, naturelles et résultant de l’ensemble des activités de tous les membres de la société.

À noter le qualificatif de naturelles, qui souligne le fait que la richesse de la collectivité – ici d’ordre matériel – n’est pas seulement le fruit des activités de ses membres, mais inclut ceux de la prédation, irréversible, qu’ils exercent sur leur environnement, que ce soit pour alimenter leurs activités et satisfaire leurs besoins, vitaux comme superflus.

La partition entre riches et pauvres et leur positionnement dans la pyramide sociale, par rapport à l’échelle de richesse collective de la société, se définissent ici objectivement, dans une totale neutralité sociopolitique.


La figure 7 ci-après illustre le fait que par définition la fortune se répartit fondamentalement en 2 parts égales entre riches et pauvres, indépendamment du nombre des uns et des autres. 50 % de la richesse collective vont ainsi aux riches occupant la partie médiane supérieure de la pyramide sociale, jusqu’à son sommet, et 50 % aux pauvres en occupant la partie médiane inférieure, jusqu’à sa base.

La richesse globale de la société pouvant être divisée par le nombre des individus qui la composent à un moment donné, pour connaître la richesse moyenne de chacun d’entre eux et inversement, la richesse globale est égale à la richesse moyenne individuelle multipliée par le nombre d’individus composant cette société. Pyramide sociale et échelle de richesse expriment donc ici : d'une part, suivant le volume de la pyramide, l’importance en nombre, toutes catégories sociales confondues, de la population qui l’habite à un moment donné, et d'autre part, par la hauteur concomitante de son échelle de richesse, le niveau de richesse collective de dr toute partie de cette population, selon sa position dans la pyramide sociale. Le positionnement de chaque strate de population, ou catégorie sociale (réduite ici à deux : les pauvres et les riches), composant la pyramide sociale, par rapport aux graduations de son 

échelle de richesse, indique le niveau et la part de la richesse collective afférant à chacune des populations constitutives des pauvres et des riches.


                                                    Figure 7



                                            Figure 8

            Rappel des propriétés du polyèdre pyramidal





Étant conventionnellement admis que le volume de la pyramide est représentatif de la population qui l’habite, un calcul simple empruntant les propriétés du polyèdre pyramidal, permet de connaître la répartition en pourcentages de cette population, en pauvres et riches, les uns et les autres détenant chacun la moitié de la richesse collective totale. Par application de ces pourcentages à cette population, il est alors possible de connaître la répartition en nombre de celle-ci, pour une population totale déterminée. C'est ce que schématise la figure 9 ci-après, qui permet par ailleurs de conclure qu'à population totale constante, tout déclassement d'un occupant de la pyramide sociale dans un sens a pour effet le déclassement d'un autre occupant en sens inverse.


                                            Figure 9



Le même calcul que celui afférent à la figure 9, appliqué à la pyramide sociale dont la population est segmentée en 3 catégories (riches, classes moyenne et pauvres) au lieu de 2 (riches et pauvres), permet de déterminer le pourcentage de la population de chacune de ces catégories, face à la part de richesse (1/3) dont chacune est structurellement détentrice.


                                        Figure 10



Quelle que soit la population de la pyramide sociale et l’époque à laquelle elle est observée, il est donc possible de connaître, par application de pourcentages irréfutables, la répartition de la population de la pyramide sociale. Il en est ainsi dans la figure 11 ci-dessous, concernant la population humaine telle qu'estimée avoir été celle de la planète au début de notre ère.


                                            Figure 11



La figure 12 ci-après, fait état du dénombrement par catégories sociales de la population des 7 milliards d’humains en l'an 2000, de la même manière que pour l'an 1 de notre ère à la figure précédente.


                                                Figure 12



La figure 13 peut ainsi représenter les 2 pyramides sociales des figures précédentes (11 & 12) ramenées à l'échelle d'une richesse leur étant communément proportionnelle et ayant cru avec leur population et les fruits de leurs activités au cours de deux millénaires. Une telle représentation met schématiquement en évidence, d’une part l'accroissement dans le temps de l'écart entre sommet et base de la pyramide sociale, du fait de l'élévation de celle-ci, allant de pair avec celle de la richesse collective, et d'autre part l'évolution du niveau de richesse de chaque catégorie sociale, mesurée par rapport à l'échelle de richesse globale de la société : évolution structurelle des inégalités sociales.


                                            Figure 13


                                            Figure 14


Cette figure 14 peut alimenter la réflexion concernant l'incidence sociale de la croissance et de la décroissance économique, souvent sommairement réduite à leurs conséquences environnementales. Y est exprimé, à population totale constante, ce qui en résulte pour chaque catégorie sociale, quant à son enrichissement ou à son appauvrissement, rapporté aux mêmes proportion de la population totale de chacune de ces catégories sociales.



                                            Figure 15


La pyramide sociale Inversée


La pyramide inversée, ou le triomphe de la pauvreté :

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2014/08/la-pyramide-sociale-inversee-ou-le.html






                                        Figure 16

Comme il faut s’y attendre avec l’accroissement de la population et de sa richesse collective, une augmentation s’ensuivra de l’écart entre le sommet – mobile – de la pyramide sociale et sa base – inamovible.

Le même calcul peut être effectué dans cette perspective, avec pour résultats les pourcentages de la population totale, tels qu’indiqués dans la figure ci-dessus, pour une segmentation de la pyramide sociale en 4 strates, du fait de la disproportion atteinte par la variable d’ajustement entre riches et pauvres que constitue la classe moyenne




                                            Figure 17


Courbe d'évolution de la population mondiale

sur 2 millénaires



                                                                                                                         

  Source : ONU


                                            Figure 18



                                                Figure 19

La logique adoptée pour décrire la relation existant entre la condition humaine et le caractère pyramidal de sa structure sociale, peut conduire à illustrer l’instauration d’un revenu universel (RU) et la répartition selon l’une des théories les plus débattues pour améliorer le sort des plus démunis, par distribution structurelle d’une partie de la richesse collective.



Méthodologie I - Introduction et généralités

 

Méthodologie I

Introduction et généralités


Le polyèdre pyramidal représente communément l’organisation de la société humaine aux yeux du plus grand nombre de ses observateurs, n’en déplaise aux inconditionnels d’une particularité de l’espèce qui ne saurait s’en accommoder, en raison des inégalités qu’elle exprime. Et pourtant, tout n’y est-il pas soumis aux relations d’interdépendance hiérarchisée qui s’y créent, y règnent et y perdurent envers et contre tout, la famille par laquelle se « perpétuent par voie de génération La Vie et ses problèmes” (Jean ROSTAND 1939), en ayant été le premier exemple ?


Quoi qu’il en soit, ce modèle s’est ensuite imposé à des groupes de plus en plus nombreux, nés de la multiplication des individus dans une situation où na jamais fait que changer d’échelle leur lutte pour la conquête et la préservation de territoires et de ressources nécessaires à leur survie et à leur développement. C’est dans ce contexte qu’est née et s’est structurée la pyramide sociale de l’humanité que nous connaissons ; aux dimensions et intrications ayant crû et continuant de croître dans l’altérité et la diversité de la population qui l’habite.

Si dans un premier temps l’expérience, la taille, la force, le talent ainsi que des facultés intellectuelles à la mesure des problèmes de chaque époque ont pu suffire pour gouverner des populations peu nombreuses occupant des espaces limités, la complexification de leurs rapports a crue avec leur nombre, dans l’altérité de chacun de leurs membres. D’où la répartition des responsabilités et des tâches de chacun de ceux-ci, selon leurs nécessités, leurs aspirations et leurs capacités individuelles. S’est ainsi progressivement consolidé ce réseau de dépendances et d’interdépendances caractérisant la vie sociale. Mais les groupes se multipliant et s’éloignant à tous égards les uns des autres pour l’occupation d’espaces toujours plus vastes, les liens familiaux, claniques, tribaux , se sont distendus ; des relations toujours plus compliquées se sont tissées, alors que naissaient et se développaient parallèlement, au service de l’homme, des moyens techniques puis scientifiques toujours plus sophistiqués.

Après avoir vécu dans la même précarité que les représentants des autres espèces peuplant la planète, et pratiqué le même partage de ce qui était nécessaire à leur subsistance, selon des lois qui devaient tout à la nécessité et à l’instinct, s’est manifestée puis développée chez les humains infiniment plus que chez les autres espèces, la notion d’échange. D’abord troc, celui-ci évolue en commerce avec l’invention de ses facilitateurs que demeurent les monnaies et le crédit, qui favorisent l’épargne ; d’où le capital, dont il n’est pas exagéré de dire qu’il est devenu le premier instrument de tous les pouvoirs – y compris lorsqu’il arrive qu’il soit honni dans un idéal de partage et d’équité, ou corrompu par la cupidité et la jalousie. Quoi qu’il en soit là encore, la fonction économique de l’être humain devient omniprésente, répondant en cela à des nécessités de production et d’organisation croissant avec la population et ses besoins. Les notions de richesse et de pauvreté matérielles comparées se manifestent et se renforcent par la multiplication et l’accumulation de ces richesses, telles que résultant de leur industrie, pour aboutir à des différences individuelles de statut social, s’exprimant par l’importance des avoirs et des niveaux plus ou moins élevé des conditions de vie de chacun.

La productivité de la société augmente de manière exponentielle avec la multiplication de la main d’œuvre puis la mécanisation et l’industrialisation des tâches. Par le jeu de l’investissement et du réinvestissement systématique d’une partie de ses profits, l’humanité augmente et modernise toujours plus ses moyens ; augmentant d’autant ses richesses, non sans conflits entre intérêts collectifs et individuels.

Aussi peu enclins au partage que la plupart des autres animaux, les hommes peuvent faire preuve d’une avidité sans limites ; se faisant les premiers prédateurs de leur environnement et des ressources, renouvelables ou non, qu’il leur offre, en dépit des conséquences pourtant prévisibles d’un tel comportement qu’ont tenté d’analyser et de comprendre de tous temps bien des penseurs1.

Un tel résumé ne contredit en rien l’existence de formes de société plus ou moins agitées par les inégalités de richesse se compliquant de différences transversales telles que de sexes, de générations, de couleurs, d’ethnies, etc. mêlées à des croyances, des idéologies, des considérations sociales et sociétales, ayant pu masquer des inégalités de richesse parfois considérables et expliquer les exigences d’un partage plus équitable de la part des moins favorisés par l’existence après leur naissance.

Autorité, pouvoirs, esprit de lucre, ont pu ou peuvent être plus diffus, souvent à l’état embryonnaire aussi bien que de vestiges, chez des humains primitifs ou de nombreuses autres espèces animales où règnent cependant des formes d’interdépendance, de dépendance et de domination ; même quand leur pyramide sociale est simplifiée à l’extrême et qu’y prévalent des formes de pouvoir bien éloignées de celles que connaît l’homme moderne, comme c’est le cas dans la ruche ou la fourmilière par exemple.


Il est toutefois remarquable que toujours, une population s’organise et ses activités s’exercent prioritairement au service de sa subsistance pour les plus primitives, et plus largement de son économie pour l’humanité entière


N’est-ce pas la raison pour laquelle l’homme est considéré comme la première richesse de la société à laquelle il appartient ? N’était-il pas de richesse que d’homme pour Jean Bodin, comme encore pour nombre d’experts en économie et autres sciences humaines  ? N’est-ce pas alors affirmer la relation directe existant entre population et richesse, ayant présidé à leur croissance conjointe, accélérée au cours des deux derniers siècles par le progrès technique et scientifique ? « … tout être humain est, avant toute autre activité ou toute autre opinion, un consommateur » a écrit Gaston Bouthoul2, ce que satisfait son autre fonction de producteur, les deux en faisant l’agent économique de l’indissociable binôme économie-population, dont l’histoire se confond avec celle de l’humanité.

Ce qui différencie l’homme de l’animal est le degré de conscience qu’il a de lui-même, allant bien au-delà de l’instinct. Mais il est un autre critère de différenciation, de portée à la fois économique, sociale et écologique. L’homme, animé de cette pulsion jamais assouvie d’améliorer sa condition, ajoute aux besoins vitaux que lui impose la nature, ceux de sa propre invention. Il se fait le producteur de biens nécessaires à leur satisfaction, en puisant sans retenue dans ce que lui offre son habitat et c’est ainsi que homo œconomicus s’avère être, à des fins tant individuelles que collectives, une unité de consommation bien avant sa naissance, puis de production dès qu’il est en âge de travailler, et même après sa mort ; la prospérité des marchés du prénatal et du funéraire en atteste. Micromoteur économique en permanence actionné par ce besoin inné et incessant d’améliorer son sort, l’être humain sert et stimule le progrès par son inventivité, en une spirale le portant à créer et produire toujours plus, avec toutes conséquences sur son environnement, que ce soit en termes d’exploitation des ressources de la Terre – et peut-être un jour d’autres planètes , ou d’accumulation des déchets de sa production comme de sa consommation. « Toutes les choses que nous consommons sont en effet des créations du travail humain, et même celles que nous jugeons en général les plus “naturelles”, comme le blé, les pommes de terre ou les fruits. Le blé a été créé par une lente sélection de certaines graminées ; il est si peu “naturel” que si nous le livrons à la concurrence des vraies plantes naturelles il est immédiatement battu et chassé. Si l’humanité disparaissait de la surface du sol, le blé disparaîtrait moins d’un quart de siècle après elle ; et il en serait de même de toutes nos plantes “cultivées”, de nos arbres fruitiers et de nos bêtes de boucherie ; toutes ces créations de l’homme [ne vivent, telles que nous les connaissons et les consommons],ne subsistent que parce que nous les défendons contre la nature ; elles valent pour l’homme, mais elles ne valent que par l’homme. À plus forte raison les objets manufacturés, des textiles au papier et des montres aux postes de radio, qui sont des produits artificiels, créés par le seul travail de l’homme. Qu’en conclure sinon que l’homme est un être vivant étrange, dont les besoins sont en total désaccord avec la planète où il vit ? Pour le bien comprendre, il faut d’abord comparer l’homme aux animaux, et même aux plus évolués dans la hiérarchie biologique : un mammifère, cheval, chien ou chat, peut se satisfaire des seuls produits naturels : un chat qui a faim ne met rien au-dessus d’une souris, un chien, rien au-dessus d’un lièvre, un cheval, rien au-dessus de l’herbe. Et dès qu’ils sont rassasiés de nourriture, aucun d’eux ne cherchera à se procurer un vêtement, une montre, une pipe ou un poste de radio, L’homme seul à des besoins non naturels. Et ces besoins [qui] sont immenses [,croissent avec la population] »3.

C’est dans ces conditions, qu’avec l’aide d’un progrès scientifique et technique leur ayant permis de s’affranchir dans une large mesure des effets de la loi de sélection naturelle, les êtres humains toujours plus nombreux et dont la durée de vie a constamment augmentée, se sont affirmés comme les premiers prédateurs d’un environnement qu’ils exploitent pour créer d’innombrables courants d’échanges qui, outre la satisfaction de leurs besoins, les enrichissent individuellement et collectivement, jusqu’à la démesure pour certains d’entre eux et pour leur ensemble.

Que ce soit sous forme de productions non consommées (stocks) ; de capitaux non immédiatement réinvestis ; d’infrastructures, équipements et outils utiles à l’exercice de leurs activités et à l’amélioration constante de leurs conditions d’existence ; de biens les plus divers comptant à un patrimoine commun tant matériel qu’immatériel, l’homme crée incessamment par son imagination et son industrie, une richesse collective qui s’est accumulée et croît au fil du temps, par le travail et les investissements de ceux qui y contribuent toujours plus nombreux, aidés par les sciences et les techniques.

Nous reviendrons sur cette richesse globale, pour paramétrer la pyramide sociale, mais sa relation avec le nombre ainsi que la répartition de ceux qui l’habitent, à des niveaux résultant de celui de leur richesse, ou de leur pauvreté, peut d’ores et déjà être établie.

Comme déjà souligné, bien qu’universellement reconnue comme le parfait symbole de toute organisation hiérarchisée par l’interdépendance de ses membres, la pyramide est souvent contestée lorsqu’elle veut représenter la société humaine et les interrelations qui y règnent. Est-ce parce que la richesse s’y répartit à l’inverse de ses proportions ? Est-ce en raison d’un réalisme qui heurte l’esprit, tant la différence de condition des uns et des autres y est mise en évidence ? Est-ce par ce qu’elle met en cause le fait que pouvoirs et prospérité ont pour soubassements sujétion et pauvreté ? Est-ce parce que le pragmatisme d’une telle figure ne laisse aucune place à l’utopie égalitaire, voire égalitariste ? Est-ce parce que « ce modèle décrit sous l’apparence d’expliquer » (Pierre Bourdieu) ? Toujours est-il qu’illustrant parfaitement une situation dans laquelle un nombre réduit de riches se compare à la multitude de ceux qui ne le sont pas, ce sont paradoxalement ceux qui pâtissent le plus de cet ordonnancement qui le scrutent lorsqu’ils sont préoccupés d’inégalités sociales. Guidés par leurs sentiments et leurs émotions ; oubliant les hasards de l’héritage génétique, social et culturel de chacun à sa naissance, ils les imputent d’emblée et sommairement à la volonté cupide de ceux qui en occupent le sommet. Ne prennent-ils pas ce faisant les effets pour la cause ? Ils s’obstinent en tout cas à ignorer que les écarts de richesse existant entre les individus résultent avant tout de la conjugaison du caractère pyramidal de la société avec la richesse collective de ceux qui en habitent les différents étages. Et c’est ainsi l’aspect le plus fondamental et incontournable de la condition humaine qu’ignorent ou refusent de reconnaître les rêveurs de toutes tendances, encouragées par une science qui, là plus qu’ailleurs, ne cesse de compliquer ce qui est simple, au point de le faire oublier. Or, si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, par crainte d’accroître l’angoisse existentielle du plus grand nombre, en est-il une qu’il faudrait moins cacher à ceux qui cherchent à comprendre : ce qu’ils sont ; quel est leur rôle dans une société qui en distribue d’innombrables, selon une hérédité aussi hasardeuse que les circonstances dans lesquelles ils exprimeront leurs facultés et exerceront leurs efforts ; et surtout, quelles sont leurs possibilités et leur liberté de changer  leur sort ? N’est-il pas aussi légitime de la part de l’être humain de vouloir connaître sa propre condition, qu’est indispensable cette connaissance à qui prétend l’améliorer ou cherche à s’en accommoder au mieux ? Et qu’est-il de plus obscurantiste que de s’en désintéresser, ou de s’y refuser, sous prétexte que cette vérité heurte l’idée que l’homme se fait de lui-même ?

La pyramide sociale (voir figure ci-dessus) exprime clairement une hiérarchie allant de son apex vers sa base, comme il en a toujours été des parents avec leurs enfants, du maître avec ses élèves, de l’élu avec les citoyens, du prêtre avec ses ouailles, du patron avec ses collaborateurs, du chef avec ses subordonnés, etc. Dans les structures les moins formelles, celui qui détient un pouvoir l’exerce sur ceux dont le pouvoir est moindre, dans la concurrence des facultés innées ou acquises de chacun. Il n’est pour s’en rendre compte que de penser à la plus emblématique d’entre elles qu’est de nos jours Internet. Aussi étendu, diversifié et diffus que soit ce réseau, ceux qui le forment s’inscrivent eux aussi dans un enchaînement de dépendances ; sont soumis à des directives venant “d’en haut” ; adoptent des comportements découlant d’orientations et de décisions définies et coordonnées à un sommet ou siègent ceux qui l’ont conçu, se le sont approprié et le dirigent. En émergent des maîtres à penser et des gouvernants d’un nouveau genre, dont le pouvoir doit tout à un droit d’expression quasi illimité offert à tous, sans distinction de savoirs ni de capacités, la force du nombre y faisant la loi, par un assentiment, une indifférence ou un rejet ayant nullement à se justifier. C’est donc encore et probablement pour longtemps la hiérarchie par l’interdépendance qui structurera la société humaine, dans l’altérité de ses représentants.


Comme déjà évoqué, le degré d’autorité comme d’assujettissement qu’exprime la position de chacun dans la pyramide sociale, est d’abord celui dont il hérite à sa naissance. Cette situation peut évoluer ensuite et s’exprimer pour le meilleur et pour le pire, selon les circonstances et les facultés de chacun (talent, force, intelligence, imagination, initiative, ambition, esprit d’entreprise, sens de l’effort ; ou leurs contraires), mais quand il procréera chacun le fera dans sa condition du moment, en transmettant à sa progéniture ce qui la caractérise en termes de positionnement dans la pyramide sociale. Le pauvre, qui loge en un endroit quelconque de la base de la pyramide, procrée à cet endroit ; et il en est de même pour celui qui occupe un point quelconque de son sommet. En d’autres termes, un pauvre ne peut enfanter que des pauvres, comme un riche ne peut enfanter que des riches, tant que la position de l’un comme de l’autre dans la pyramide sociale n’a pas été changée, dans un sens comme dans l’autre, par les aléas heureux ou malheureux de son existence. Nous reviendrons sur les questions particulières que soulève l’héritage matériel, lorsque nous approfondirons les notions comparées de richesse et de pauvreté.

Quoi qu’il en soit, si “corps social” n’est jamais aussi bien employé que lorsque la pyramide le représente, le terme même de “Pyramide sociale” est apparemment tellement ignoré de la plupart des experts en sciences dites humaine, qu’il ne figure pas davantage que sa moindre évocation dans le Dictionnaire de la sociologie (Larousse, 1989), à la rédaction duquel ont pourtant contribué 62 chercheurs, professeurs d’université et autres spécialistes qualifiés. Et encore aujourd’hui (2024), il en est de même sur des sites internet dédiés non seulement à la sociologie, mais à l’économie, à la démographie, etc. comme en témoigne le lexique publié en ligne sur celui de l’Institut des Sciences Économiques et Sociales. Même l’Index des notions, du cours de sociologie général de Pierre Bourdieu au Collège de France (1982-1983), n’en fait pas la moindre mention, alors que la notion de “champ socialdu même expert, emprunte comme la “pyramidologie sociale”, au raisonnement logico-expérimental de Vilfredo Pareto, après qu’il en eut lui-même tiré sa loi des 20/80 %, sommairement illustrée par le schéma suivant, issu de l’article dont lien ci-après, consacré à tous ceux qui expliquent la pyramidologie sociale :

Cf.https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2018/01/pyramidologie-sociale-methodologie.html



Si le principe de Pareto est mis en relation avec la pyramidologie sociale, pour en faciliter la compréhension générale, avant de passer à une série de schémas complémentaires, il doit être noté le constat de cet économiste et mathématicien, selon lequel 80 % des richesses de son pays étaient détenues par 20 % de sa population, ces pourcentages valident ceux auxquels conduit la pyramidologie sociale suivant la même démarche logico-expérimentale. Ces derniers étant de 86% de pauvres pour 14 % de riches, l’écart avec les pourcentages de Pareto peut s’expliquer par l’introduction de la 3ᵉ dimension qu’impose le caractère pyramidal de toute structure sociale, bien que Pareto semble l’avoir ignoré ou négligé.

Nous verrons à ce sujet, que le même principe conduit à s’interroger sur l’application de paramètres tels que notamment : quantiles, déciles, centiles ; indice de Gini… à l’ensemble des sciences sociales, comme si tous les occupants de la pyramide sociale et ceux d’une même catégorie sociale vivaient leur sort dans l’égalité et à effectifs égaux entre eux, ce qui nierait l’altérité de ses occupants, fondement même de son caractère pyramidal.

Nota  Dans le but d’une simplification communément admise, la pyramide sociale sera dorénavant réduite ici à l’image en deux dimensions d’un triangle, comme la sphère peut l’être à un cercle. Par ailleurs, le raisonnement étant d’ordre fondamental, il se satisfera d’une figure lissée, exempte du crénelage inhérent à la multitude de strates en lesquelles peuvent être répartis ses occupants, individuellement comme regroupés en catégories sociales.

C’est la fonction avant tout économique des êtres humains, et l’incidence de chacun d’entre eux sur la richesse de la collectivité – que ce soit en termes de consommation ou de production – qui détermine sa position dans la pyramide sociale, mais dans une prolifération des pauvres trop facilement masquée par la réussite sociale de ceux qui ne le sont pas. Or, les avancées techniques et scientifiques dont les NTIC sont sans effet sur une démographie qui persiste et persistera encore longtemps de croître à la cadence de 200 000 humains quotidiennement. Au point qu’il y ait plus que jamais lieu de s’inquiéter du rythme auquel continueront de se multiplier structurellement les plus pauvres – pour autant que cette multiplication puisse cesser un jour –, d’autant plus qu’il faudra désormais compter avec une perte de libre-arbitre, en voie d’aggravation par l’IA.

Les pouvoirs religieux et politiques, qui mènent le monde, désormais renforcés par le scientifique et le médiatique, continuent quant à eux de fermer les yeux sur le rapport structurel déterminant la répartition de la population entre riches et pauvres. Et ce n’est pas le récent relèvement de l’indice de pauvreté absolue de la Banque Mondiale ou de l’ONU à 2,15 $/jour qui y changera quoi que ce soit.

Les pays du monde entier – à commencer par celui qui a si longtemps été considéré comme offrant le plus de chances aux plus pauvres d’améliorer leur condition, choisissent ce faisant de les y abandonner, apparemment peu soucieux de cette croissance démographique qui pourrait en demeurer pour longtemps encore la cause fondamentale.

Sans compter les effets de cette prolifération humaine sur son environnement, selon lesquels, pauvres et riches confondus en serait à consommer en moins de six mois, ce que leur planète commune peut leur offrir pour les nourrir pendant un an. Cf. “Notre empreinte écologique”, éditions ÉCOSOCIÉTÉ.

Obsédé par la richesse matérielle qui oppose entre eux les individus peuplant la pyramide sociale, au détriment de leur complémentarité et de leur interdépendance, n’est-ce pas en négligeant les considérations ci-dessus que l’homme cherche vainement à vaincre une adversité sociale attachée à sa condition, ainsi que les maux qui en découlent, dont en premier lieu la pauvreté extrême, dont il n’est as exagéré de dire qu’elle est la première plaie de l’humanité ?

L’histoire nous apprend en tous cas que guidé par des sentiments et l’émotion que peut susciter un manque d’équité aussi inhumain que flagrant, l’homme a opté pour une lutte des classes ayant partout et de tous temps fait la preuve de son impuissance – à en juger par la rémanence des revendications des plus démunis,– tout en lui attribuant abusivement une amélioration de ses conditions d’existence, due avant tout au progrès scientifique et technique. S’en tenant sommairement à un antagonisme entre pauvres et riches, il n’est pas tenu compte du fait qu’ils existent fatalement les uns par les autres, avec chacun ses facultés, inégalement réparties mais interdépendantes et les obligeant à la solidarité envers et contre tout, et non à une lutte sans issue. Est-il trop tard pour agir en conséquence, plutôt que de s’obstiner dans un combat primitif n’ayant pour résultat que d’aggraver frustrations et tensions ? D’autant qu’avant même sa condition sociale, l’homme doit dorénavant compter, dans une urgence sans cesse grandissante, avec son environnement planétaire et les conséquences écologiques de son aveuglement et de son imprévoyance.

C’est la conception d’une société évoluée et fondée sur la raison, comme est censée l’être celle d’êtres supérieurs que prétendent être les hommes, qui doit les inspirer, dès lors qu’ils peuvent s’accorder sur des faits et des chiffres irréfutables. Or, un raisonnement méthodique, se référant à des propriétés empruntées à la pyramide, conduit à un constat d’une vérité n’ayant d’égal que son évidence : À ses dimensions près, qui croissent et décroissent avec sa population et la richesse y étant associée, la structure générale de la pyramide sociale est aussi incontournable qu’immuable.

Après que riches et pauvres se soient différenciés pendant des millénaires dans une société dont les membres se comptaient en centaines de millions et étaient organisés de manière relativement simple, ils s’y comptent par milliards aujourd’hui et y sont organisés de manière infiniment plus complexe, et chaque jour plus globalisée. La partition entre riches et pauvres n’en demeure pas moins, mais elle requiert, pour être dénombrée et analysée, une segmentation allant au-delà du binaire. C’est la raison pour laquelle la pyramide sociale est associée ci-après à une échelle de richesse à laquelle puisse être rapportée sa stratification.

Comme déjà souligné, la pyramide sociale a toujours été habitée, quels que soient l’époque et le lieu considérés, par deux parties d’une population se différenciant par leurs niveaux de richesse… ou de pauvreté : Les riches (dominants, puissants) occupent le sommet de la pyramide sociale, mobile et s’élevant depuis les origines de la société, proportionnellement à l’accroissement de son volume, représentatif de son peuplement total. Le plus fortuné de tous loge à son apex, dominant tous les autres jusqu’aux moins riches d’entre eux, qui voisinent avec les moins pauvres des pauvres.




Ces pauvres occupent quant à eux la partie inférieure de la pyramide sociale, jusqu’à sa base qui contrairement à son sommet est inamovible. C’est à cette base, ou à première proximité, que se situe la multitude des plus démunis ; c’est là que le niveau zéro de l’échelle de richesse coïncide avec la limite inférieure de la pyramide sociale, au-dessous de laquelle nul ne peut descendre, sauf à en être exclus.

Richesse et pauvreté s’entendent ici au sens le plus large, une définition, applicable aux membres et catégories d’une population aussi diversifiée qu’elle puisse l’être, est proposée ici :

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2017/11/pauvrete-et-richesse-essai-de.html

1— CondorcetEsquisse d’un tableau historique de l’esprit humain, première époque

2Traité de sociologie II, p. 180 - Payot 1968

3— Jean FourastiéPourquoi nous travaillons – PUF