L'article ci-après se rapporte à "Penser la justice climatique", livre de Michel Bourban, Docteur en philosophie, chercheur et chargé d'enseignement en éthique de l'environnement, et à la promotion qui en est faite, récemment relevée dans HuffPost.
«
Ce serait en priorité aux habitants des pays riches de faire moins
d’enfants. »
«
Choisir d’avoir un enfant de moins permettrait aux individus dans
les pays développés d’économiser en moyenne 58,6 tonnes de
CO2-équivalent (tCO2) par année, ce qui est considérable. Les
autres actions à haut impact sur les émissions individuelles, à
savoir vivre sans voiture, éviter un vol transatlantique et adopter
un régime alimentaire végane, permettent d’économiser
respectivement 2,4 tCO2, 1,6 tCO2 et 0,8 tCO2 par année.
»
«
Un Américain émet en moyenne autant que 10 Indiens; un Français,
autant que 7 Kiribatiens; et un Suisse, autant que 9 Bengalis. Les
10% les plus riches sont responsables d’environ 50% des émissions
de gaz à effet de serre, tandis que les 50% les plus pauvres ne sont
responsables que de 10% de ces émissions, d'après un rapport
d'Oxfam. »
«
Si la plupart des habitants des pays développés décidaient d’avoir
un enfant en moins, la réduction des émissions mondiales de GES
serait donc considérable. Un changement climatique abrupt causé
par une continuation des trajectoires d’émissions actuelles serait
beaucoup plus nuisible à nos économies et à nos systèmes de
retraite qu’une réduction de la croissance démographique.
»
En
quoi Michel Bourban et Oxfam se trompent-ils ?
Au-delà
du fait que l'émission de GES par un pays riche soit le plus souvent
liée à sa consommation énergétique, proportionnelle à son niveau
d'industrialisation, l'auteur tient-il compte de la part de cette
pollution correspondant à ce qu'il produit pour satisfaire les
besoins de pays pauvres, dont les populations seraient sans cela
encore plus démunies qu'elles le sont ? La compassion de doux
rêveurs ayant rarement été jusqu'à aider ces pays pauvres à se
doter des industries qui leur manquent, ils seraient avisés de
considérer l'assistance considérable qui leur est couramment
accordée, sous de multiples formes, précisément grâce aux
richesses produites par les pays riches.
S'agissant
de réduire la population mondiale en commençant par celle des pays
les plus riches, ces mêmes rêveurs devraient réfléchir au fait
que c'est la vitalité de ces pays, fondée sur le niveau de leur
richesse en moyens humains et matériels, qui permet à leurs
industries de produire pour satisfaire – de manière toujours
insatisfaisante en raison d'une augmentation incessante de la
population – les besoins de l'immense majorité des habitants de la
planète. Ce serait donc scier la branche sur laquelle l'humanité
est assise que de commencer par réduire ses moyens.
Et
pourquoi se trompent-ils ?
-
Parce que l'aspiration de tout individu est légitimement d'accéder
aux conditions de vie de plus favorisé que lui, le remplacement
des riches étant ainsi garanti en toutes circonstances.
-
Parce qu'ils sont plus soucieux d'une archaïque lutte des classes
que d'environnement, soumis à une pensée dominante aussi sommaire
que le marxisme dont ils s'inspirent. Oxfam en donne souvent la
preuve, notamment à propos du fameux “1% des plus riches” par
rapport au reste de la population, dans les pires amalgames entre
revenu et patrimoine comme en ce qui concerne la nature de la
richesse de chacun, en oubliant son rôle moteur et vital, pour tous.
-
Parce qu'ils se trompent de combat. Ce ne sont pas à des inégalités
sociales – qui ne sont qu'une résultante – qu'il faut
s'attaquer, mais au binôme démographie-économie, dont la
croissance démesurée éloigne toujours plus le sommet de la
pyramide sociale de sa base, aux frais de l'environnement.
Le
rapport Meadows et ses prolongements auxquels travaillent sans
relâche une équipe tout autant crédible que Oxfam ou Michel
Bourban, indiquent que l'humanité – toutes populations et
conditions sociales confondues – a consommé à mi-parcours de
l'année 2019, ce que la nature lui offrait pour l'année entière.
Il s'agit donc, si l'objectif est bien le rééquilibrage de la
population humaine par rapport à ses ressources, de raisonner
mondialement, en moyenne par être humain, et d'agir d'urgence par
dénatalité généralisée pour réduire notre population au moins
de moitié. La décroissance qui découlera inévitablement d'une
telle dépopulation se chargera de répartir l'effort de frugalité –
demeurant indispensable – sur les différentes catégories
sociales, sachant que bien évidemment ceux qui consomment le moins
seront les moins concernés.
La
seule question qui se pose n'est-elle pas de savoir s'il vaut
mieux le progrès et un bien-être inégal
pour
3 ou 4 milliards d’humains,
dans
le respect de leur
environnement,
ou
la stagnation dans une indigence égalitariste
et
le saccage de la planète, par
bientôt
plus
de 11 milliards de super-prédateurs
se
répartissant les rôles?
Plus
brièvement,
préférons-nous
être 11 milliards à survivre jusqu'à sombrer à bref terme dans
les
souffrances
d'un
chaos généralisé, ou 3 ou 4 milliards à continuer de vivre selon
notre condition ?