vendredi 22 avril 2022

Éradiquer la pauvreté profonde

Rappel - Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles autant
que chiffrées étayant le raisonnement ci-après, sont néanmoins empruntés à des disciplines
scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références
notamment démographiques, sociologiques, statistiques...


Face aux grandes questions et aux angoisses de son existence, l'être humain s’en remet plus facilement et spontanément à ses sentiments et à ses émotions qu'à sa raison,. C'est ainsi qu'en ce qui concerne la pauvreté, il ignore, néglige, voire nie, qu'elle est avant tout d'ordre structurel. Or non seulement richesse et pauvreté existent l'une par l'autre, mais elles sont indissociables. Sans pauvres point de riches et inversement. Et mis à part LE plus riche de tous et la multitude de ceux qui survivent au niveau zéro de la richesse, chacun est inéluctablement le riche ou le pauvre de plus riche ou de plus pauvre que soi.



Dans la figure ci-après, où elle est réduite à 2 dimensions dans un souci de simplification, à la manière dont un cercle peut représenter une sphère, la pyramide sociale exprime : par son volume le nombre de ses occupants (population totale de la société, toutes conditions confondues), et par l'échelle de richesse qui lui est associée, sa richesse collective* ; chacune des catégories sociales – ici limitées à deux –composant cette population, se positionnant par rapport aux niveaux de cette échelle.
* Richesse collective = Somme des richesses matérielles et immatérielles, naturelles ou résultant de l’ensemble des activités et autres apports de tous les membres de la société.


Est ainsi géométriquement établi le fait qu’en raison du caractère pyramidal de sa structure sociale, l’humanité voit sa richesse collective échoir pour moitié à 14 % de sa population totale – faite des riches occupants de la partie supérieure de la pyramide qui la représente – alors que l’autre moitié se partage entre les 86 % restant, que sont les pauvres en peuplant la partie inférieure.

Mais cette représentation de la relativité en pourcentages de la richesse et de la pauvreté de l'humanité est intéressante à d'autres titres :
— Elle illustre le fait qu’à population constantetout déclassement d’un ou plusieurs de ses occupants – que ce soit par leur enrichissement ou par leur appauvrissement – a pour corollaires : 1°/ le déplacement en sens inverse d’un nombre égal de ses autres habitants. 2°/ que toute augmentation de la population est une condition suffisante de son enrichissement. 3°/ que sa réduction a pour effet inverse de l’appauvrir.
— Elle démontre que les pauvres sont structurellement davantage affectés que les riches par toute variation en nombre de la population de la pyramide sociale. Ainsi, quand 100 Terriens s’ajoutent à cette population, 14 rejoignent les riches et 86 s’ajoutent aux pauvres. Inversement, si la population totale baisse de 100 unités, 14 se soustraient de la population des riches et 86 de celle des pauvres. Ce qui explique que la population humaine étant passée de 250 Millions à 8 Milliards d'individus depuis le début de notre ère, la composition de la pyramide sociale soit passée de 35 Millions de riches pour 215 Millions de pauvres en l’an 1, à 1,12 Milliard de riches pour 6,88 Milliards de pauvres.
— Elle autorise le chiffrage et la comparaison entre époques différentes, de la distribution de la population, comme l'est conventionnellement la nôtre en 3 : les riches, les représentants des classes moyennes, et les pauvres, dont les pauvres profonds (la catégorie des classes moyennes étant rien d'autre qu'une variable d'ajustement entre pauvres et riches, inventée par les économistes).


Le tableau suivant fait état de cette variation sur 2 millénaires, comme le baromètre enregistreur d'une démographie sociale soumise aux variations du binôme économie-population, apparemment ignoré de la plupart des experts en sciences dites humaines.


Y apparaît clairement l'histoire de ce binôme économie-population qui se confond avec celle de l'humanité, pour s'être traduite par le développement jusqu’à l'hypertrophie d'une pyramide sociale dont le sommet s'est sans répit éloigné de sa base, creusant d'autant les inégalités sociales qui y règnent.

Pourtant chacun a sa place dans une société fondée sur l’altérité et l’interdépendance hiérarchisée de tous ceux qui la peuplent selon les hasards de sa naissance et de son héritage génétique, social et culturel, assorti des circonstances et des aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite ; et d'innombrables croyances, doctrines et idéologies – n’en tenant aucun compte – se sont avérées impuissantes à réduire le développement constant d'une pauvreté – dont le premier indicateur est le nombre de pauvres.

Dans l'incapacité de mettre en cause les tabous et dogmes pouvant expliquer cette faillite générale, une pensée dominante imprégnée de marxisme prétend y remédier en s'en prenant à l'héritage ; mais n’est-ce pas faire trop peu de cas d'autres aspects de la question ?

Comment en effet ignorer les dimensions génétique et sociale de cet héritage, sauf à supposer qu'elles puisse être manipulées dans des conditions aussi risquées qu'attentatoires à une dignité humaine reposant précisément sur les particularités de chacun, par différence avec des espèces dont l'existence est réduite à celle de la fourmilière ou au mieux du troupeau ; dont il ne doit pas être omis qu’ils sont eux aussi constitués en pyramides sociales – aussi plates soient-elles – à la tête ou au sommet desquelles règnent leurs dominants ?

Pour la richesse matérielle, chacun faisant usage de sa part au gré des circonstances de sa propre vie, avec l'aide des facultés dont les hasards de sa naissance l'ont doté. Il s'agirait de la confiscation arbitraire d'une partie plus ou moins importante du fruit de ses efforts, pour les verser à son décès à l'héritière que deviendrait une collectivité ne pouvant que procéder à sa gestion selon l'idéologie dominante du moment, en commençant par se servir elle-même et en s'en remettant pour ce qu'il en resterait, à un égalitarisme aussi illusoire que démagogique, et décourageant talents et initiatives, sans compter le désir de toujours améliorer ses conditions de vie et celles de sa descendance, qui distingue l'être humain des représentants des autres espèces  ?

N'est-ce pas trop facilement négliger que les écarts de richesse entre les individus et les catégories sociales entre lesquelles ils se répartissent, résultent de la croissance incessante de la richesse collective de la société depuis qu'elle existe ? Cette augmentation incessante a-t-elle jamais été autre chose que le résultat d'une productivité croissant avec le nombre de ceux qui y contribuent dans la variété de leurs capacités, de leurs investissements, de leur travail, et de leur consommation, au sens le plus large du terme ; le tout avec l'aide d'un progrès technique et scientifique voulu par le plus grand nombre ?

La démesure de la richesse collective ainsi que de richesses individuelles trop nombreuses pour ceux qui en éprouvent de la frutration, est devenue une insulte, que la lutte des classes n'a fait qu'exacerber sans changer d'un iota la pauvreté dans ce qu'elle a de structurel. La réduction de cette pauvreté étant un tout autre problème, plutôt que la révolte elle nécessite d'être d'abord comprise dans sa vérité intrinsèque, sans idéologie ni sectarisme.

Quelle que soit la compassion qu'elle puisse inspirer, la situation des plus démunis requiert des mesures d'un effet réel et durable et non une assistance vouée à une éternelle insuffisance, sans autre résultats qu'une vaine révolte ou une résignation inacceptable, face à une richesse pourtant indispensable au financement du progrès. S'attacher au caractère incontournablement structurel de la pauvreté pour ce qu'il est, permettrait d'y parvenir par des mesures adaptées ; comme l'instauration d'un revenu universel. La figure ci-après en illustre le principe, qui est d'isoler la société entière du niveau zéro de la richesse, à commencer par ceux qui y survivent pour la plus grande honte d'une humanité ayant accumulé une richesse incommensurable, mais toujours dominée par les pires obscurantismes, dont les pauvres sont structurellement les plus nombreuses victimes.


Liens vers des articles connexes

Le syndrome de l'autruche

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html
Introduction à la pyramidologie sociale
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2021/10/condition-humaine-et-condition-sociale.html
Pauvreté et richesse, esai de définition
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2017/11/pauvrete-et-richesse-essai-de.html
De l'ascenseur social
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La pyramide social inversée ou le triomphe de la pauvreté
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2014/08/la-pyramide-sociale-inversee-ou-le.html
De la pensée dominante au revenu universel
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2021/12/de-la-pensee-dominante-au-revenu.html
À quand l'explosion de la pyramide sociale international(ist)e ?
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2021/07/quand-la-pyramide-sociale-de-lhumanite.html

dimanche 10 avril 2022

R. Condition humaine, démographie, pauvreté et écologie

Rappel - Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles autant que chiffrées étayant le raisonnement ci-après, sont néanmoins empruntés à des disciplines scientifiques, tant en ce qui concerne les propriétés du polyèdre pyramidal que pour toutes références notamment démographiques, sociologiques, statistiques...


L’inéluctable épuisement des ressources non renouvelables d’une population augmentant sans cesse dans un espace fini, est le grand problème du moment posé à l’humanité, mais il existe d’autres raisons de s’inquiéter, toutes en relation avec sa démographie. Autres que d’ordre alimentaire ou énergétique, ces raisons concernent notamment : l’espace terrestre à divers égards ; la paix ; la santé publique ; la gouvernance des peuples ; la démocratie… et surtout la pauvreté.

Pour le risque alimentaire, Malthus lui-même a publiquement reconnu s’être trompé en s’y limitant, offrant à ses adversaires l’occasion d’ironiser trop facilement sur ses images, pourtant des plus pertinentes, qu'il s'agisse d’un repas partagé entre un nombre de convives sans cesse plus nombreux, ou des dimensions d’une salle à manger devenant trop petite pour les accueillir. De nouvelles façons de se nourrir et la frugalité dorénavant admise – au moins dans son principe – comme une nécessité, ne légitiment-elles pas, deux cents ans après, les inquiétudes de Malthus ? Le réchauffement climatique ne les rendra-t-il pas insuffisantes, eu égard à ses effets réducteurs sur l’espace tant habitable que cultivable, alors que l’empreinte d’une population mondiale qui continue d’augmenter dépasse depuis longtemps le point d’équilibre avec ce que son habitat peut lui offrir ? Toujours est-il que des chiffres et un mécanisme vieux comme le monde existent, dont il faut avoir conscience pour répondre à ces questions.
http://economiedurable.over-blog.com/2022/01/surpopulation-toujours-d-actualite.html

Il y a 2 000 ans, alors que naissait ce qui est considéré comme la civilisation occidentale, la Terre était peuplée d’environ 250 millions d’êtres humains, et elle en comptera 8 milliards en l’an 2030, en attendant les 11 au début du prochain siècle. Profitant depuis la première révolution industrielle d’un progrès scientifique et technique ininterrompu, la (sur)population de la pyramide sociale et sa richesse collective sont ainsi devenues les fruits hypertrophiés des activités et investissements humains. Et c’est cette richesse collective qui se répartit, en application des propriétés du polyèdre pyramidal constitué par la société humaine, à raison de 1/3 pour 3,7 % de ses habitants – les riches occupants de son sommet –, un deuxième tiers allant aux représentants des classes moyennes, soit 26,3 % de la population ; le tiers restant allant aux 70 % de la population, faits des “pauvres”, occupant la partie basse de la pyramide sociale, dont aujourd'hui 2,6 milliards de pauvres “profonds” survivent au niveau zéro de la richesse, avec moins de 2 dollars par jour selon des institutions aussi crédibles que l’ONU, la Banque Mondiale, etc.

Richesse et pauvreté – en tout – se perpétuant dans leur relativité, l’homme et le progrès dont il est porteur ont donc multiplié en 20 siècles, sans que nul ne semble en être conscient, les miséreux dont la condition n’a quant à elle rien de relatif, au point que leur nombre soit de nos jours plus de 10 fois ce qu’était celui des individus de toutes conditions vivant sur terre 2 000 ans avant eux. Et la population continue de croître, au rythme de 220 000 individus quotidiennement, en suivant la répartition ci-après schématiquement représentée.

        Fig. 1

        Fig. 2

        Fig. 3

        Fig. 4

Alors que la démographie distribue ainsi, structurellement, les pauvres plus généreusement que les riches et que se perpétuent en se creusant toujours davantage les inégalités sociales, des doctrines sociopolitiques érigée en idéologies, n’en tiennent aucun compte. Elles ignorent obstinément, que le seul combat qui vaille, contre la pauvreté et pour la maîtrise des inégalités sociales, ne peut se livrer et être gagné que démographiquement, par une dénatalité réduisant – toujours structurellement – le nombre de pauvres. Sans compter les effets de cette dénatalité, quand elle soulage la planète de la prolifération du premier de ses prédateurs et aitorise la restauration du fragile équilibre social nécessaire à la gouvernance de l'espèce humaine.

Au contraire, ces idéologies émanant de pouvoirs plus soucieux du nombre que du bien-être de leurs partisans, ne conçoivent ce combat que sous forme de politiques et de luttes archaïques, bravant une condition humaine qu’elles s’obstinent à méconnaître pour ce qu’elle est – voire à la nier –, au motif que l’homme ne saurait se ranger dans une pyramide, selon les hasards de la naissance de chacun, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite. Et ceci d'autant plus facilement que réduit par ses peurs et son angoisse existentielle à la dictature de ses sentiments et de ses émotions, l’être humain préfère généralement s’en remettre à des religions, à des gouvernements, à des partis et syndicats qui, loin de l’appeler à plus de discernement y ajoutent leur propre ignorance de l'incontournable réalité structurelle de la condition humaine, pour aboutir à l’impasse de ses fondamentaux, rendant intenable toute promesse n'en tenant pas compte. 
https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

Le dogme surnataliste instauré et défendu mordicus par tous les pouvoirs, à commencer par le religieux, est dès lors condamné par la pauvreté dont ils ont inconsidérément favorisé le développement structurel jusqu'à la démesure. Or qui empêchera son abolition ; quelles que soient les difficultés à en attendre, comme le vieillissement de la population, dès lors qu'une pauvreté généralisée aboutira à priver l'humanité de sa capacité de toujours améliorer sa condition ; ce qui la distingue des autres espèces ? Et ce n'est pas davantage le tonneau des Danaïdes des politiques surnatalistes que le « Nous ne sommes pas des lapins » d’un Pape qui y changeront quoi que ce soit. Seule une dénatalité expliquée et consentie peut ramener la population humaine mondiale à des dimensions compatibles avec les capacités de son habitat, première condition de son mieux-être, dans des conditions éthiquement acceptables… pour autant qu’il en soit encore temps.


En résumé, deux problèmes se posent à l'homme, dont la solution conditionne le succès de toutes les mesures pouvant être prises en vue de tirer, sans illusions, le meilleur parti de ce qu'est sa condition :

1° - Revenir aux grands équilibres de sa société, dans le respect de son environnenement, par une réduction de la population mondiale et partant du nombre de pauvres, premier indicateur de son niveau de pauvreté, en instaurant d'urgence et en encourageant une dénatalité expliquée et consentie. Sachant qu'actuellement dans le monde,  alors que la population augmente annuellement d'environ 80 millions de Terriens, dans le même temps 121 millions de grossesses ne sont pas désirées. 

2° - Éradiquer la pauvreté profonde – plus grande honte de l'humanité – par relèvement du niveau zéro de la richesse, de telle sorte qu'en soit isolée la société entière et en premier lieu ses membres les plus déshérités que sont tous les humains vivant à ce niveau zéro et à sa proximité.

    Fig. 5

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2018/01/cause-premiere-et-evolution-de-la.html

vendredi 8 avril 2022

R. La pyramidologie sociale, qu'est-ce que c'est ?

Article révisé le 18 juillet 2023


Sans prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les données factuelles et chiffrées étayant le raisonnement qu’ils illustrent, sont empruntés en toute simplicité à des disciplines scientifiquement établies.

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La pyramidologie sociale est une méthode d’investigation et de réflexion s’appuyant sur les propriétés géométriques du polyèdre qu’est la pyramide et des données factuelles chiffrées vérifiables ; cette méthode pouvant conduire à une théorie à caractère sociologique, pour qui admet que toute structure hiérarchisée par l’interdépendance de ses membres – à commencer par la société des hommes – puisse être ainsi représentée, le volume de la pyramide variant avec sa population, et sa hauteur avec la richesse collective pouvant lui être associée.

De portée universelle, descriptive et réaliste, la pyramidologie sociale n’est ni une idéologie politique ou sociale, ni faite de croyances religieuses. Si elle est susceptible de plus ou moins s’accorder avec l’une d’entre elles ou d’en susciter une supplémentaire, comme toute spéculation livrée à l’imaginaire humain, elle est avant tout un instrument « logico-expérimental » (Wilfredo Pareto) de remise en cause, s’offrant à qui accepte que la réalité puisse limiter son utopie.

Nota I : Si la pyramide sociale représente la société humaine à toutes les époques, dans la relativité intemporelle des notions de richesse et de pauvreté ; quelle que soit la collectivité considérée, locale, régionale, nationale, etc., c’est à l’échelle mondiale qu’elle est étudiée ici. La pyramide sociale mondiale conditionne en effet toutes celles – nationale par exemple – dont elle est la combinaison, au-delà de la simple addition. Et l’inverse est d’autant moins vrai qu’est faible le poids sociopolitique de chacune des nations concernées, tel que résultant de sa démographie et de son économie. En d’autres termes, la condition sociale de toute nation est influencée par celle régnant mondialement alors qu’à l’inverse cette influence de chaque nation à l’égard du monde entier est nécessairement limitée, voire insignifiante.

Nota II : L’étude de la pyramide sociale faisant intervenir des considérations d’ordre simplement “structurel”, dans le sens d’architectural, ce serait lui faire trop d’honneur que d’y mêler cette science reconnue qu’est le structuralisme.

À en juger par la persistance des revendications les plus légitimes émanant de pauvres structurellement toujours plus nombreux, si Marx et bien d’autres avant lui et depuis, avaient connu ou reconnu la réalité de la condition humaine, telle que l’exprime la pyramide sociale, peut-être l’humanité eut-elle pu faire l’économie de ses multiples tentatives d’instauration d’une dictature du prolétariat, non moins redoutable que celle du capitalisme. Et ceux qui s’obstinent à cultiver une pensée totalitaire ne pouvant conduire qu’à un égalitarisme niant l’individu, devraient y réfléchir ; comme ceux qui les écoutent et les croient. Ceci est d’autant plus nécessaire et urgent que la prolifération de l’espèce humaine aggrave chaque jour sa condition, à commencer par celle de la majorité de ses représentants les plus défavorisés par les hasards de leur naissance et les aléas de l’existence qui y fait suite.

Les inégalités sociales augmentent inexorablement avec la population, le progrès, et l’enrichissement de la société ; ces deux derniers critères, indissociables compagnons de la croissance, répondant à l’aspiration et à la capacité de l’homme d’améliorer son sort ; ce qui le distingue des autres espèces avec lesquelles la nature lui fait partager son habitat. L’humanité s’y emploie depuis toujours, y appliquant les moyens dont sont inégalement dotés ses membres, et c’est dans ces conditions que s’est développée notre civilisation, pour parvenir à son niveau actuel. C’est aussi de la sorte que le sommet de la pyramide sociale croissant sans cesse, il s’éloigne toujours plus de sa base, l’écart entre les deux exprimant une inégalité de conditions se creusant inexorablement d’autant.

Envers et contre tout, les efforts du plus grand nombre meuvent un ascenseur social collectif dont la puissance croît avec le nombre de ceux qui l’actionnent pour satisfaire leurs besoins, vitaux aussi bien qu’accessoires. Mais ce nombre et ses besoins ont dorénavant manifestement atteint et dépassé des limites que leur impose un vivant partagé, au point d’entraver le fonctionnement de cette belle mécanique, comme il a pu en être jusqu’au début du XXe siècle, époque à laquelle la population mondiale atteignait 1 milliard d’individus, soit le huitième de ce qu’elle est devenue 1 siècle plus tard. C’est depuis, que le développement de sa pauvreté est le plus flagrant, alors que dans le même temps sa richesse collective est frappée de démesure.

Si les pères fondateurs de la République, précurseurs de nos démocraties modernes dorénavant vouées à une globalisation rendue inéluctable par l’expansion de l’espèce humaine, encouragée par le progrès scientifique et technique, avaient déjà prévu que cette forme de gouvernement ne résisterait pas à un accroissement incontrôlé du nombre de ses citoyens, alors même qu’il n’était pas encore marqué par la diversité et la multiplicité de leurs cultures, ce sont de nos jours leurs louables idéaux eux-mêmes qui courent au naufrage. Et bien avant les questions d’espace vital ou de ressources alimentaires, agitées comme autant de chiffons rouges détournant l’attention du premier défi lancé à notre civilisation qu’est la maîtrise de sa démographie, les inégalités sociales atteignent des niveaux records ; le populisme, les extrémismes, l’intolérance ; la multiplication des conflits de toutes natures nés d’une incompréhension inévitable entre des hommes toujours plus nombreux et dont chacun entend plus ou moins démocratiquement faire prévaloir son point de vue, sont autant de signes de désordres sociétaux par lesquels s’exprime l’ingouvernabilité croissante d’une humanité devenue pléthorique, au point d’infliger de manière irréversible à la planète qui l’abrite les effets dévastateurs de ses propres désordres, de sa prédation et de sa pollution ; vouant à l’échec les luttes livrées sur d’innombrables fronts pour tenter de les endiguer, et décourageant la compassion à l’égard des plus démunis.

« Ainsi l’homme a depuis des siècles ressenti l’angoisse ou au moins l’étrangeté, la bizarrerie de son existence. Cependant nous n’avons pas encore un traité quelque peu consistant de la condition humaine. J’atteignais l’âge d’homme lorsque parut le roman d’André Malraux. Je me rappelle l’étonnement, l’irritation, presque la colère, qu’un tel titre ait pu être disponible pour un roman, si poignant puisse-t-il être. Quoi ? La condition humaine1 n’était pas le titre d’un grand ouvrage de philosophie ? Il pouvait, sans que personne s’en étonne désigner le récit d’un obscur épisode révolutionnaire exotique à personnages fictifs ? Cela me fit savoir combien l’humanité a peu conscience d’elle-même, et par quels moyens anecdotiques elle commence à se découvrir. L’âge mental de l’humanité est comparable à celui d’un enfant de dix ans. La condition humaine, ou Les malheurs de Sophie. » Jean Fourastié (1907-1990), in "Ce que je crois", Éditions Grasset 1981, p. 42. 

L’homme a-t-il mûri depuis que Jean Fourastié a écrit ces lignes ? Bien peu, à en juger par des revendications sociales croissant en dépit d’un progrès aussi indéniable que considérable. Mais peut-être nous en fournit-il la raison, quand il poursuit : « ce qui manque le plus à l’homme ce sont les synthèses ». Dans un monde dont la complexité croît indéfiniment avec le nombre, quelle synthèse est-elle encore permise quand les experts eux-mêmes sont confrontés à l’amoncellement de savoirs aussi divers qu’approfondis ; à leur enchevêtrement les rendant de plus en plus impénétrables. Et comme si cela ne suffisait pas, chacun est enfermé dans sa spécialité, voire son langage, ce qui ne peut conduire qu’à des savoirs partiels, éloignant autant et davantage de la Connaissance qu’ils en rapprochent.

D’ailleurs, l’être humain est-il autant préoccupé de son sort qu’il le devrait pour réellement prétendre à ce qui le distinguerait des autres espèces peuplant son univers connu ? Victime de son angoisse existentielle, de ses émotions et de ses pulsions, il s’en remet le plus souvent à des croyances et idéologies rassurantes, en attendant que la science l’en libère comme elle y tend patiemment… ou sans s’en soucier tant l’exercice lui paraît vain. « J’y pense et puis j’oublie, c’est la vie c’est la vie ! » comme l’a écrit Jacques Lanzmann et le chante Jacques Dutronc. Mais le danger est alors que certains de ses semblables s’en chargent pour lui, trouvant leur compte dans la multiplication des plus vulnérables.

L’auteur n’a pas en tout cas la prétention de fournir ce traité de la condition humaine dont Jean Fourastié regrettait qu’il soit absent des bibliothèques. Il lui semble par contre que la mise en évidence des aspects fondamentaux de cette condition, telle qu’elle résulte de l’observation la plus simple, pourrait utilement contribuer à son avènement.

Bien que Wikipédia – ce réseau social aux prétentions encyclopédiennes cooptées – indique que « La pyramidologie [soit] un terme utilisé, parfois avec mépris, pour se référer aux diverses spéculations concernant les pyramides… » et que les occurrences mentionnant ce vocable ne manquent pas sur internet, Pyramidologie sociale n’y a pas davantage été trouvé que dans les dictionnaires faisant autorité.

Dénuée de mépris autant que d’ésotérisme, pyramidologie sociale s’offre donc ici comme un néologisme désignant l’étude de la représentation pyramidale de la société des hommes, hiérarchisée par une altérité et une interdépendance de ses membres devant tout aux hasards de l’héritage génétique, social et culturel de chacun, ainsi qu’aux aléas de son existence par la suite.

Avec l’espoir d’en tirer le moyen d’éradiquer la pauvreté profonde, plaie honteuse ouverte depuis toujours au flanc de l’humanité.

1— La condition humaine, roman d’André Malraux, prix Goncourt 1933

jeudi 7 avril 2022

R. Pyramidologie sociale - Définition et méthodologie

Pour comprendre sur quoi repose précisément la pyramidologie sociale.


La pyramidologie sociale a pour objet l'observation et l'analyse de la représentation pyramidale de la société humaine ainsi que de faits et chiffres lui étant associés, en vue d'étudier la relation existant entre démographie, économie et richesse de cette société. Est de la sorte mis en évidence par le raisonnement, soutenu par des calculs simples, faisant référence aux propriétés du polyèdre qu'est la pyramide, le caractère de cette relation, ainsi que ses conséquences économiques sociales et environnementales.

Prérequis
- Voir par ailleurs, sur ce blog, essai de définition de la richesse et de la pauvreté :
https://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.fr/2017/11/pauvrete-et-richesse-essai-de.html
où il est notamment souligné que la dimension matérielle la richesse ne doit pas en ignorer d'autres, notamment intellectuelle et morale, dont il peut être déploré qu’elles soient reléguées à l’arrière-plan d'un matérialisme sur lequel se fonde principalement la hiérarchie d’une société en déficit d’humanisme.
Quoi qu’il en soit :
- Richesse et pauvreté – en tout – existent et se définissent l’une par l’autre dans leur relativité.
- Chacun est le pauvre, ou le riche, de plus riche ou de plus pauvre que soi (cf. figure ci-après).
- Si la pauvreté a une limite, aussi irrémédiable qu'exécrable, qui est le niveau zéro de la richesse, cette dernière n’en a pas d’autres que les ressources de la planète et l’ambition de ceux qui la convoitent – très inégalement.
- Son désir d’améliorer sa condition et son aptitude à améliorer sa condition etcelle de sa descendance, distingue l’homme des autres espèces animales. 


Nota - Pour des raisons de simplification, il est conventionnellement admis que la pyramide* – universellement reconnue comme représentative de toute structure hiérarchisée et bâtie sur l'interdépendance de ceux qui la constituent – soit représentée ci-après par un triangle, comme la sphère peut l’être par une circonférence. Le même souci de simplification explique le lissage des représentations schématiques qui suivent


- Catégorie sociale, qu’est-ce que c’est ?
Alors que les “classes sociales” regroupent les individus dans une logique de différenciation par niveaux de vie, pouvoir d’achat, revenus, et catégories socio-professionnelles (CSP), les “catégories sociales” se positionnent par rapport à une échelle de richesse globale de la société associée à la pyramide sociale.




- Richesse globale, ou collective, de la société = Somme des richesses ; matérielles et immatérielles, naturelles et résultant de l’ensemble des activités et autres apports de tous les membres de la société, quelle qu'en soit l'étendue : locale, nationale, mondiale
Quelle que soit son importance, cette richesse globale est par définition, en toutes circonstances, partout et à toutes les époques, égale à la richesse moyenne par individu, multipliée par leur nombre (et inversement) ; ce qui autorise à la rapporter à la société considérée ainsi qu’à la pyramide qui en est une représentation schématique généralement reconnue.


- Échelle de richesse et répartition fondamentale de celle-ci : À partir de la relation richesse-population évoquée ci-dessus, une représentation de la richesse globale peut être associée à tout moment à la pyramide sociale, sous forme d’une échelle graduée allant d’un niveau zéro, inamovible, coïncidant avec sa base, jusqu’à un maximum sans limites aligné avec son sommet, lui-même mobile et croissant sans cesse avec la population et/ou sa richesse collective.


Parts de richesse globale par catégoriesociales- Le volume de la pyramide sociale étant conventionnellement admis comme représentatif du nombre total de ses occupants (population), les pourcentages indiqués dans les schémas suivants, expriment le rapport entre la population de chaque catégorie sociale et la population de la société considérée (par exemple mondiale) ; la part de la richesse globale revenant à chaque catégorie sociale correspondant aux divisionde l’échelle de richesse collective. C’est ainsi que dans une partition de la société en deux catégories sociale, la moitié de la richesse collective située au-dessus de sa médiane échoit à 14 % de la population (les “riches”) et l’autre moitié, située au-dessous de cette même médiane, aux 86 % restant (les “pauvres”).



Nota 1 - Ce constat a pour corollaires qu'à population constante, tout déclassement de l'un des occupants de la pyramide sociale entraîne le déclassement d'un autre en sens contraire.
Nota 2 - Une augmentation de la population de la pyramide sociale et/ou le progrès, notamment scientifique et technique, sont les conditions indispensables de l'amélioration de la condition de ses occupants.

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Quel que soit le nombre de catégories sociales considérées, le calcul de la part de richesse collective revenant à chacune relève de la même logique. Il est ainsi possible d'appliquer les pourcentages obtenus à la population totale d’une pyramide sociale à une époque déterminée, pour connaître l'importance en nombre, à ladite époque, de chaque catégorie sociale dont elle est arbitrairement constituée.

C'est ainsi qu'est apparue, dans une partition en trois catégories sociales qualifiée ici de “moderne”, la “classe moyenne”, variable d'ajustement entre riches et pauvres rendue nécessaire par l'augmentation d'une population creusant toujours plus l'écart entre base et sommet de la pyramide sociale. Ceci en attendant une partition en 4 catégories – “post-moderne” –, telle que le nécessitera la croissance attendue de la population dans un proche avenir.












La pyramide sociale de l’humanité, deux mille ans après le début de notre ère, comparée à ce qu’elle était à son début.
Répartition structurelle de la population mondiale en catégories sociales, et répartition de sa richesse et de sa pauvreté, collectives – dans leur relativité –, entre ces catégories.
De 7 milliards à l’entrée dans le XXIe siècle, cette population est encore passée à 8 milliards aujourd’hui, soit + 14%, en une vingtaine d’années ; sachant que la richesse n’a pas d’autres limites que les ressources dont elle est tirée et l’ambition de ceux qui la convoitent, alors que la pauvreté connaît celle de l’inéluctable niveau zéro de cette même richesse, ou survit avec moins de 2$ par jour, la multitude des pauvres profonds.

samedi 26 mars 2022

“Réveillez-vous” - Réponse à Edgar Morin

Je ne suis pas comme Edgar Morin un intellectuel, ni n'en possède le non moins glorieux passé de patriote résistant, mais il se trouve que j'ai néanmoins 39/45 et me souviens de cet exode lamentable, qui est aujourd'hui celui de millions d'Ukrainiens – et de tant d'autres populations dans le monde – . Aussi, m'autorisant d'un âge proche du sien, je refuse sa vision, en cela qu'il la qualifie de "subie", alors qu'elle n'est pas celle d'un somnanbule – par définition irresponsable –, mais d'un utopiste trop crédule trop conformiste et trop aveugle pour voir les réalités de la condition humaine pour ce qu'elle sont. Or quelles sont ces réalités ?

Ici et maintenant, parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, l’être humain plus que tout autre est un consommateur. Et il l’est depuis sa conception jusqu’après sa mort, se doublant d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler (comme en estteste la prospérité des marchés du prénatal et du funéraire). Il est ainsi, avant toute autre opinion ou considération, un agent économique au service de la société, mais aux dépens de son environnement sous toutes ses formes. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux –, plus ils produisent, consomment, échangent et s’enrichissent, avec l’aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses.

Qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, de déchets ou de pollution, le saccage de la planète Terre augmentent d’autant et s’ajoute aux caprices d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.

https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html

Tous les malheurs du monde, que l’homme a la capacité de maîtriser, en découlent et sont aggravés par le caractère incontournablement pyramidal de la société, dû au fait que richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité – sans riches point de pauvres et réciproquement –, et que les hasards de sa naissance assignent à chacun sa place au sein de cette pyramide sociale, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite et jusqu’à sa mort. Outre le fait qu'en raison de ce caractère pyramidal de notre structure sociale, les pauvres s’y multiplient à une cadence qui est plusieurs fois celle des riches. C’est dans ces conditions, que sous la pression de 220 000 êtres humains qui viennent à notre époque s’ajouter quotidiennement à la population mondiale, la pyramide sociale s’atrophie toujours plus et que son sommet s’éloignant incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusent inéluctablement d’autant.

http://economiedurable.over-blog.com/2022/01/surpopulation-toujours-d-actualite.html

Sous l’emprise croissante de la dictature de ses sentiments et de ses émotions, l’homme prête de moins en moins attention à la réalité. Il préfère, à des faits et chiffres incontestables, les dogmes de croyances religieuses et les certitudes de doctrines politiques et sociales – et désormais écologiques – qui en tiennent lieu pour les laïcs. De tous temps les êtres humains ont compris ce qu’ils pouvaient tirer de la crédulité de leurs semblables ; cette faculté dont ils ont su se doter pour calmer leurs angoisses existentielles et tenter de s’expliquer ce qui leur est inaccessible, et que seule une patiente démarche scientifique semble susceptible de révéler. Des pouvoirs se sont ainsi établis – comme est en train de le faire le pouvoir écologique –, pour le meilleur et pour le pire, sur des croyances codifiées, dans une concurrence privilégiant le nombre de leurs adeptes sur leur bien-être ici et maintenant.

Et ces pouvoirs ne cessent eux-mêmes de croître et de se multiplier sous l’influence de désordres naturels aggravés par ceux qui résultent des exigences d’une espèce humaine dont la prolifération, proportionnelle à ses progrès matériels, se retourne contre elle.