Article
révisé le 18 juillet 2023
Sans
prétention scientifique, les schémas qui suivent ainsi que les
données factuelles et chiffrées étayant le raisonnement qu’ils
illustrent, sont empruntés en toute simplicité à des disciplines
scientifiquement établies.
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La
pyramidologie sociale est une méthode d’investigation et de
réflexion s’appuyant sur les propriétés géométriques du
polyèdre qu’est la pyramide et des données factuelles chiffrées
vérifiables ; cette méthode pouvant conduire à une théorie à
caractère sociologique, pour qui admet que toute structure
hiérarchisée par l’interdépendance de ses membres – à
commencer par la société des hommes – puisse être ainsi
représentée, le volume de la pyramide variant avec sa population,
et sa hauteur avec la richesse collective pouvant lui être associée.
De
portée universelle, descriptive et réaliste, la pyramidologie
sociale n’est ni une idéologie politique ou sociale, ni faite de
croyances religieuses. Si elle est susceptible de plus ou moins
s’accorder avec l’une d’entre elles ou d’en susciter une
supplémentaire, comme toute spéculation livrée à l’imaginaire
humain, elle est avant tout un instrument « logico-expérimental »
(Wilfredo Pareto) de remise en cause, s’offrant à qui accepte que
la réalité puisse limiter son utopie.
Nota
I : Si la pyramide sociale représente la société humaine
à toutes les époques, dans la relativité intemporelle des notions
de richesse et de pauvreté ; quelle que soit la collectivité
considérée, locale, régionale, nationale, etc., c’est à
l’échelle mondiale qu’elle est étudiée ici. La pyramide
sociale mondiale conditionne en effet toutes celles – nationale par
exemple – dont elle est la combinaison, au-delà de la simple
addition. Et l’inverse est d’autant moins vrai qu’est faible le
poids sociopolitique de chacune des nations concernées, tel que
résultant de sa démographie et de son économie. En d’autres
termes, la condition sociale de toute nation est influencée par
celle régnant mondialement alors qu’à l’inverse cette influence
de chaque nation à l’égard du monde entier est nécessairement
limitée, voire insignifiante.
Nota
II : L’étude de la pyramide sociale faisant intervenir
des considérations d’ordre simplement “structurel”, dans le
sens d’architectural, ce serait lui faire trop d’honneur que d’y
mêler cette science reconnue qu’est le structuralisme.
À
en juger par la persistance des revendications les plus légitimes
émanant de pauvres structurellement toujours plus nombreux, si Marx
et bien d’autres avant lui et depuis, avaient connu ou reconnu la
réalité de la condition humaine, telle que l’exprime la pyramide
sociale, peut-être l’humanité eut-elle pu faire l’économie de
ses multiples tentatives d’instauration d’une dictature du
prolétariat, non moins redoutable que celle du capitalisme. Et ceux
qui s’obstinent à cultiver une pensée totalitaire ne pouvant
conduire qu’à un égalitarisme niant l’individu, devraient y
réfléchir ; comme ceux qui les écoutent et les croient. Ceci
est d’autant plus nécessaire et urgent que la prolifération de
l’espèce humaine aggrave chaque jour sa condition, à commencer
par celle de la majorité de ses représentants les plus défavorisés
par les hasards de leur naissance et les aléas de l’existence qui
y fait suite.
Les
inégalités sociales augmentent inexorablement avec la population,
le progrès, et l’enrichissement de la société ; ces deux
derniers critères, indissociables compagnons de la croissance,
répondant à l’aspiration et à la capacité de l’homme
d’améliorer son sort ; ce qui le distingue des autres espèces
avec lesquelles la nature lui fait partager son habitat. L’humanité
s’y emploie depuis toujours, y appliquant les moyens dont sont
inégalement dotés ses membres, et c’est dans ces conditions que
s’est développée notre civilisation, pour parvenir à son niveau
actuel. C’est aussi de la sorte que le sommet de la pyramide
sociale croissant sans cesse, il s’éloigne toujours plus de sa
base, l’écart entre les deux exprimant une inégalité de
conditions se creusant inexorablement d’autant.
Envers
et contre tout, les efforts du plus grand nombre meuvent un ascenseur
social collectif dont la puissance croît avec le nombre de ceux qui
l’actionnent pour satisfaire leurs besoins, vitaux aussi bien
qu’accessoires. Mais ce nombre et ses besoins ont dorénavant
manifestement atteint et dépassé des limites que leur impose un
vivant partagé, au point d’entraver le fonctionnement de cette
belle mécanique, comme il a pu en être jusqu’au début du XXe
siècle, époque à laquelle la population mondiale atteignait 1
milliard d’individus, soit le huitième de ce qu’elle est devenue
1 siècle plus tard. C’est depuis, que le développement de sa
pauvreté est le plus flagrant, alors que dans le même temps sa
richesse collective est frappée de démesure.
Si
les pères fondateurs de la République, précurseurs de nos
démocraties modernes dorénavant vouées à une globalisation rendue
inéluctable par l’expansion de l’espèce humaine, encouragée
par le progrès scientifique et technique, avaient déjà prévu que
cette forme de gouvernement ne résisterait pas à un accroissement
incontrôlé du nombre de ses citoyens, alors même qu’il n’était
pas encore marqué par la diversité et la multiplicité de leurs
cultures, ce sont de nos jours leurs louables idéaux eux-mêmes qui
courent au naufrage. Et bien avant les questions d’espace vital ou
de ressources alimentaires, agitées comme autant de chiffons rouges
détournant l’attention du premier défi lancé à notre
civilisation qu’est la maîtrise de sa démographie, les inégalités
sociales atteignent des niveaux records ; le populisme, les
extrémismes, l’intolérance ; la multiplication des conflits
de toutes natures nés d’une incompréhension inévitable entre des
hommes toujours plus nombreux et dont chacun entend plus ou moins
démocratiquement faire prévaloir son point de vue, sont autant de
signes de désordres sociétaux par lesquels s’exprime
l’ingouvernabilité croissante d’une humanité devenue
pléthorique, au point d’infliger de manière irréversible à la
planète qui l’abrite les effets dévastateurs de ses propres
désordres, de sa prédation et de sa pollution ; vouant à
l’échec les luttes livrées sur d’innombrables fronts pour
tenter de les endiguer, et décourageant la compassion à l’égard
des plus démunis.
« Ainsi
l’homme a depuis des siècles ressenti l’angoisse ou au moins
l’étrangeté, la bizarrerie de son existence. Cependant nous
n’avons pas encore un traité quelque peu consistant de la
condition humaine. J’atteignais l’âge d’homme lorsque parut le
roman d’André Malraux. Je me rappelle l’étonnement,
l’irritation, presque la colère, qu’un tel titre ait pu être
disponible pour un roman, si poignant puisse-t-il être. Quoi ? La
condition humaine
n’était pas le titre d’un grand ouvrage de philosophie ? Il
pouvait, sans que personne s’en étonne désigner le récit d’un
obscur épisode révolutionnaire exotique à personnages fictifs ?
Cela me fit savoir combien l’humanité a peu conscience
d’elle-même, et par quels moyens anecdotiques elle commence à se
découvrir. L’âge mental de l’humanité est comparable à celui
d’un enfant de dix ans. La condition humaine, ou Les malheurs de
Sophie. » Jean Fourastié (1907-1990), in "Ce que je crois", Éditions Grasset 1981, p. 42.
L’homme
a-t-il mûri depuis que Jean Fourastié a écrit ces lignes ? Bien
peu, à en juger par des revendications sociales croissant en dépit
d’un progrès aussi indéniable que considérable. Mais peut-être
nous en fournit-il la raison, quand il poursuit : « ce qui
manque le plus à l’homme ce sont les synthèses ». Dans un
monde dont la complexité croît indéfiniment avec le nombre, quelle
synthèse est-elle encore permise quand les experts eux-mêmes sont
confrontés à l’amoncellement de savoirs aussi divers
qu’approfondis ; à leur enchevêtrement les rendant de plus en
plus impénétrables. Et comme si cela ne suffisait pas, chacun est
enfermé dans sa spécialité, voire son langage, ce qui ne peut
conduire qu’à des savoirs partiels, éloignant autant et davantage
de la Connaissance qu’ils en rapprochent.
D’ailleurs,
l’être humain est-il autant préoccupé de son sort qu’il le
devrait pour réellement prétendre à ce qui le distinguerait des
autres espèces peuplant son univers connu ? Victime de son
angoisse existentielle, de ses émotions et de ses pulsions, il s’en
remet le plus souvent à des croyances et idéologies rassurantes, en
attendant que la science l’en libère comme elle y tend patiemment…
ou sans s’en soucier tant l’exercice lui paraît vain. « J’y
pense et puis j’oublie, c’est la vie c’est la vie ! »
comme l’a écrit Jacques Lanzmann et le chante Jacques Dutronc.
Mais le danger est alors que certains de ses semblables s’en
chargent pour lui, trouvant leur compte dans la multiplication des
plus vulnérables.
L’auteur
n’a pas en tout cas la prétention de fournir ce traité de la
condition humaine dont Jean Fourastié regrettait qu’il soit absent
des bibliothèques. Il lui semble par contre que la mise en évidence
des aspects fondamentaux de cette condition, telle qu’elle résulte
de l’observation la plus simple, pourrait utilement contribuer à
son avènement.
Bien
que Wikipédia – ce réseau social aux prétentions
encyclopédiennes cooptées – indique que « La pyramidologie
[soit] un terme utilisé, parfois avec mépris, pour se référer aux
diverses spéculations concernant les pyramides… » et que les
occurrences mentionnant ce vocable ne manquent pas sur internet,
Pyramidologie sociale n’y a pas davantage été trouvé que dans
les dictionnaires faisant autorité.
Dénuée
de mépris autant que d’ésotérisme, pyramidologie sociale s’offre
donc ici comme un néologisme désignant l’étude de la
représentation pyramidale de la société des hommes, hiérarchisée
par une altérité et une interdépendance de ses membres devant tout
aux hasards de l’héritage génétique, social et culturel de
chacun, ainsi qu’aux aléas de son existence par la suite.
Avec
l’espoir d’en tirer le moyen d’éradiquer la pauvreté
profonde, plaie honteuse ouverte depuis toujours au flanc de
l’humanité.